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91. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Ce sont Des murs que la flamme ravage ; Un vainqueur fumant de carnage ; Un peuple au fer abandonné ; Des mères pâles et sanglantes, Arrachant leurs filles tremblantes, Des bras d’un soldat effréné. […] Aussi naïf qu’un enfant, quand il était abandonné à la seule nature, il semblait avoir tout oublié ou ne rien connaître du monde, de ses grandeurs, de ses peines, de ses plaisirs ; mais quand Dieu descendait dans son âme, Paul devenait un génie inspiré, rempli de l’expérience du présent et des visions de l’avenir. […] Suivant la différence du pays qu’il parcourt, un fleuve Gronde ou se tait, suit sa route ou serpente, Tourne avec le terrain, s’abandonne à sa pente, Arrose des champs mûrs ou des bocages verts, S’attriste dans d’affreux déserts, Se plaît dans de riches campagnes, Traverse les vallons, tourne aux pieds des montagnes. […] S’il n’est jamais permis de prendre un ton de hauteur avec des égaux, s’il faut se comporter avec eux avec honnêteté et franchise, il importe de ne pas se départir des règles de la prudence, et de ne pas se livrer sans précaution et sans prévoyance. — Entre amis, on peut s’abandonner au sentiment, et laisser courir la plume avec liberté et abandon ; c’est au cœur seul à dicter les lettres d’amitié.

92. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Je veux que la surveillance de l’un des délégués du peuple ne l’abandonne pas dans les opérations les plus importantes de la politique ; et mes adversaires veulent que l’un des délégués possède exclusivement la faculté du droit de la guerre, comme si, lors même que le pouvoir exécutif serait étranger à la confection de la volonté générale, nous avions à délibérer sur le seul fait de la déclaration de la guerre, et que l’exercice du droit n’entraînât pas une série d’opérations mixtes, où l’action et la volonté se pressent et se confondent. […] Les arbres, qui balancent tristement leurs cimes dépouillées, ne portent que de noires légions, qui se sont associées pour passer l’hiver ; elles ont leurs sentinelles et leurs gardes avancées : souvent une corneille centenaire, antique sibylle du désert, se tient seule perchée sur un chêne avec lequel elle a vieilli : là, tandis que ses sœurs font silence, immobile, et comme pleine de pensées, elle abandonne aux vents des monosyllabes prophétiques. […] À l’instant la chaleur abandonne les membres de la vierge victorieuse ; ses paupières se ferment ; elle demeure suspendue aux bras de son époux, ainsi qu’un flocon de neige aux rameaux d’un pin du Ménale ou du Lycée. […] Il avait posté des corps de troupes pour arrêter les confédérés au passage de la Moselle ; mais à l’approche de l’armée ennemie, tous ses soldats prirent la fuite ; et lui-même apprenant que ses deux frères marchaient sur la capitale de l’empire, il l’abandonna en grande hâte, après avoir enlevé le trésor et les ornements impériaux. […] Son premier mouvement fut d’abandonner et de laisser périr, faute de soins et de nourriture, l’enfant qu’elle regardait comme une nouvelle cause de danger ; mais ce ne fut qu’une mauvaise pensée, et l’instinct maternel reprit le dessus.

93. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Telle est dans l’Énéide la situation de Didona abandonnée par Énée. […] C’est encore Joad qui parle : Grand Dieu, si tu prévois qu’indigne de sa race, Il doive de David abandonner la trace ; Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché, Ou qu’un souffle ennemi dans sa tige a séché.

94. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent très-bien, écrivent mal1 ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. […] Ce sentiment divin, se répandant partout, réunira les nations ennemies ; l’homme ne craindra plus l’aspect de l’homme ; le fer homicide n’armera plus sa main, le feu dévorant de la guerre ne fera plus tarir la source des générations ; l’espèce humaine, maintenant affaiblie, mutilée, moissonnée dans sa fleur, germera de nouveau et se multipliera sans nombre ; la nature, accablée sous le poids des fléaux, stérile, abandonnée, reprendra bientôt avec une nouvelle vie son ancienne fécondité ; et nous, Dieu bienfaiteur, nous la seconderons, nous la cultiverons, nous l’observerons sans cesse, pour vous offrir à chaque instant un nouveau tribut de reconnaissance et d’admiration2 L’oiseau-mouche De tous les êtres animés1, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs.

95. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

Mais si, en restreignant ce mot au sens où il se prend pour l’ordinaire, on l’abandonne exclusivement à la poésie proprement dite, on ne concevra plus ce qu’il peut avoir de commun avec l’éloquence de la chaire, par exemple, ou avec celle du barreau.

96. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords : mon âme s’y abandonne ; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres : elle s’élève avec leur cime vers les cieux ; elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive.

97. (1873) Principes de rhétorique française

Sans doute l’homme a toujours le droit d’abuser de sa liberté et de s’abandonner au désordre sous prétexte d’indépendance ; mais il n’en reste pas moins vrai que cette division loin d’être une œuvre factice, une création de l’école, est l’expression même de la nature. […] Louis le reconnut ; il le dit : J’avais autrefois entrepris la guerre légèrement, et Dieu avait semblé me favoriser ; je la fais pour soutenir les droits légitimes de mon petit-fils à la couronne d’Espagne, et il m’abandonne : il me préparait cette punition que j’ai méritée. […] L’assassin écumant de rage, respirant le crime et n’ayant plus d’intérêt que celui de la cruauté, lève le bras, et tandis que Gracchus doute encore, mais n’abandonne pas la tribune, il le frappe à la tempe. […] Vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnés. Voyez maintenant si vous voulez aussi les abandonner pour toujours.

98. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

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