On craint Dieu dans ces modestes demeures, et on espère en lui2. Tous les jours, sauf le dimanche, des amis viennent faire visite, et le feu, toujours allumé dans la principale pièce, permet de leur offrir le thé ; mais le dimanche chacun reste chez soi, et Dieu est le seul hôte. […] Cette solitude-là est permise1, elle est bonne ; les écrits et les exemples des sages nous apprennent que Dieu en est toujours le compagnon.
Hymne à Dieu. Grand Dieu qui vis les cieux se former sans matière, A ta voix seulement Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière Le vaste firmament. […] Règne, ô Père éternel, Fils, sagesse incréée ; Esprit saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée, Et ne changes jamais. Ta sagesse, grand Dieu, dans tes œuvres tracée, Débrouilla le chaos ; Et fixant sur son poids la terre balancée La sépara des flots. […] Règne, ô Père éternel, Fils, sagesse incréée, Esprit saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée Et ne changes jamais 1.
« Pensez, maintenant, comment aurait pu prendre un tel ascendant une créature si faible, et si exposée, selon le corps, aux insultes de toutes les autres, si elle n’avait en son esprit une force supérieure à toute la nature visible, un souffle immortel de l’esprit de Dieu, un rayon de sa face, un trait de sa ressemblance : non, non, il ne se peut autrement. […] Dieu a fabriqué le monde comme une grande machine que sa seule sagesse pouvait inventer, que sa seule puissance pouvait construire. […] Assemblons-nous pour combattre les ennemis du Dieu vivant ; renversons les remparts superbes de ces nouveaux Samaritains, etc. » Ces morceaux, et tous les sermons de Bossuet, en général, ne sont point sans doute exempts d’incorrections ; mais il n’y aurait pas plus de mérite que de difficulté à les relever.
Cette poésie antique était la plus vraie et la plus complète ; c’était un cri d’amour et de reconnaissance envers Dieu, un transport d’admiration pour des vertus héroïques ou des actions sublimes ; elle fut le plus ancien de tous les arts, le produit de l’imagination et de l’inspiration réunies. […] Pleure, Jérusalem ; pleure, cité perfide, Des prophètes divins malheureux homicides ; De son amour pour toi ton Dieu s’est dépouillé ; Ton encens à ses yeux est un encens souillé… Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? Le Seigneur a détruit la reine des cités ; Ses prêtres sont captifs, ses rois sont rejetés ; Dieu ne veut plus qu’on vienne à ses solennités.
Ma première maxime était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant1 constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés2 de ceux avec lesquels j’aurais à vivre ; car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je voulais les remettre toutes à l’examen, j’étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés. […] Ceux que Dieu a mieux partagés de ses grâces auront peut-être des desseins plus relevés ; mais je crains bien que celui-ci ne soit déjà que trop hardi pour plusieurs. […] Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2.
Richelieu Il n’y a que Dieu qui puisse subsister par lui seul. […] La providence de Dieu y pourvut ; car le cardinal Mazarin, qui prit sa place, ne devait causer aucun ombrage à l’État du côté de l’usurpation. […] Fléchier disait avec plus de raison : « Déjà, pour l’honneur de la France, était entré dans l’administration des affaires un homme plus grand par son esprit et par ses vertus que par ses dignités et par sa fortune ; toujours employé, et toujours au-dessus de ses emplois ; capable de régler le présent et de prévoir l’avenir ; d’assurer les bons événements et de réparer les mauvais ; vaste dans ses desseins, pénétrant dans ses conseils, juste dans ses choix, heureux dans ses entreprises, et, pour tout dire en peu de mots, rempli de ces dons excellents que Dieu fait à certaines âmes qu’il a créées pour être maîtresses des autres, et pour faire mouvoir ces ressorts dont sa providence se sert pour élever ou pour abattre, selon ses décrets éternels, la fortune des rois et des royaumes. » 1.
Dieu n’avait sans doute donné à ses premiers enfants qu’un langage proportionné à leurs besoins, et la capacité de le perfectionner comme le reste de leurs facultés. […] Quelquefois on réunissait un certain nombre de caractères hiéroglyphiques : ainsi un serpent, avec une tête d’épervier, désignait la nature et Dieu qui veille sur cite. […] Grand Dieu ! […] Est-il une idée plus sublime et plus féconde que celle de ce Dieu caché qui échappe à nos sens, mais qui se révèle à la raison ? […] Le prince fléchit le genou, et, dans le champ de bataille, il rend au Dieu des armées la gloire qu’il lui envoyait.
Comme exemple de la période à quatre membres, citons ces paroles du grand-prêtre Joad au sujet de Joas, dans l’Athalie de Racine : 1° Grand Dieu ! […] Rien n’est plus simple que ce mot de Moïse racontant la création : « Dieu dit : Que la lumière soit ; — et la lumière fut. » C’est pourtant un trait sublime, admiré par Longin. Elle ne croyait pas être sublime, cette mère qui avait perdu son fils, et à qui l’on citait, pour la consoler, l’exemple d’Abraham obligé de sacrifier son fils Isaac, quand elle s’écriait : « Dieu n’aurait jamais commandé ce sacrifice à une mère ! […] Bossuet nous en donne un exemple dans son oraison funèbre de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu de deux grandes grâces : l’une, de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ? […] Qu’il est grand à cette heure où, prêt à voir Dieu même, Son œil qui s’éteint roule une larme suprême !