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49. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Quelques-uns des livres, que le critique judicieux et délicat avait choisis, sont dans les mains de nos élèves. […] Il est temps qu’on mette à leur portée les pages les plus exquises qu’on réservait jadis aux élèves de nos lycées. […] Mais il faut que l’élève apprenne à les connaître, et non pas à les employer. […] On s’élève pour y arriver, et on s’en éloigne : il faut le plus souvent s’abaisser. […] L’un élève, étonne, maîtrise, instruit ; l’autre plaît, remue, touche, pénètre.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Soit qu’il élève les trônes, ou qu’il les abaisse ; soit qu’il communique sa puissance aux princes, ou qu’il la retire à lui-même, et ne leur laisse apercevoir que leur propre faiblesse, il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui ». […] « Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » !

51. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

Cette manière de louer était digne du maître et de l’élève ; mais, peu content de cet hommage tacite rendu partout à la vertu sublime de Socrate, Platon crut devoir à sa mémoire un monument plus éclatant encore, où Socrate lui-même figurât, dans les circonstances les plus intéressantes pour nous, et les plus glorieuses pour lui, son jugement et sa mort. […] Il était dans la destinée de Socrate de faire des élèves et de trouver des panégyristes dignes de lui.

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Ils semblent animés de passions1 Quelquefois un vieux chêne élève au milieu d’eux ses longs bras dépouillés de feuilles et immobiles. […] Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords : mon âme s’y abandonne ; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres : elle s’élève avec leur cime vers les cieux ; elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive.

53. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

» Un de leurs contemporains, incapable peut-être du sublime qui élève l’âme, et du sentiment qui l’attendrit, mais fait pour éclairer ceux à qui la nature accorda l’un et l’autre ; laborieux, sévère, pur, harmonieux, il devint le poète de la raison : — il égala et surpassa peut-être Horace dans la morale et dans l’art poétique. […] Mais s’il imite la nature dans sa marche et dans son travail, s’il s’élève par la contemplation aux vérités les plus sublimes, s’il les réunit, s’il les enchaîne, s’il en forme un tout, un système par la réflexion, l’établira, sur des fondements inébranlables, des monuments immortels.

54. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Quand les élèves connaîtront suffisamment la structure des vers, et seront habiles à les retourner, il faudra les amener peu à peu à la composition écrite, en introduisant dans la matière des difficultés qui croîtront par degrés, selon les progrès et la force relative du plus grand nombre. […] Ces sortes d’épithètes, n’énonçant que des généralités, ne sont le plus souvent, sous la plume de jeunes élèves, qu’un remplissage inutile, une sorte de pléonasme vicieux que l’on doit éviter. […] Un jeune élève, dont les idées sont si restreintes et le sentiment si peu développé, se trouvera bien embarrassé ; et si, après de vains efforts, on lui met sous les yeux ces beaux vers de Virgile, quel ne sera pas son étonnement ? […] Les jeunes élèves négligent trop souvent le sens des mots et la liaison des idées, pour s’attacher uniquement au mécanisme du vers.

55. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Amyot, 1513-1593 » pp. -

Nommé grand aumônier de France par Charles IX, son élève favori, il lui dédia les Œuvres morales de Plutarque, aux approches de la Saint-Barthélemy, en 1572. […] Traduit de l’Iliade, I, 223, ce distique justifie le jugement que le royal élève d’Amyot, Charles IX, bon juge en matière de poésie, portait sur les vers de son précepteur.

56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

« Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.

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