L’emploi de τὸ θέατρον pour οἱ θεαταί est fréquent et d’ailleurs bien naturel.
Or, le moyen le plus simple, le plus naturel, nous disons même le moyen unique pour atteindre ce but, est de se familiariser avec les auteurs qui ont le mieux écrit en cette langue, de bien saisir le caractère propre et les formes diverses de leur style, de concevoir une idée exacte de la propriété des mots, de leur élégance, de leur disposition dans la phrase, de l’harmonie des périodes… Nous conseillons aux jeunes élèves de porter principalement leur attention sur les passages les plus saillants des modèles qu’ils auront sous les yeux, et d’en faire l’objet d’une étude toute spéciale.
Qu’on ne soit donc pas étonné que, dans des temps bien postérieurs, le tableau désolant des malheurs qu’avait entraînés l’abus de ce qu’il y a de mieux au monde, ait fait prendre à un philosophe célèbre le parti rigoureux de se déclarer contre les sciences en général, et contre celles en particulier qui avaient le plus contribué à pervertir les lumières naturelles.
Les épithètes tirées de la nature des choses, sont celles qui expriment quelques propriétés naturelles, comme la matière, la forme, la couleur, etc. […] Le poëte, par cette réflexion toute naturelle, intéresse en faveur de ce jeune captif. […] En saisissant les plumes et en amollissant la cire, amusement qui lui plaisait beaucoup, il avait le sourire sur les lèvres, chose si naturelle à un enfant au milieu de ses jeux.
Quels soins pour disposer dans l’ordre naturel tant de pensées qui se présentent isolément et avant leur tour, pour reconnaître les points par où elles se touchent, pour faire un tissu indestructible de tous ces fils dispersés ! […] Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise .
Partout le naturel, la force, l’érudition, la solidité s’adaptent et se fondent heureusement dans les sujets qu’il traite.
Naturel heureux, génie ardent, sagesse dans les conseils, vigueur dans l’exécution, désintéressement dans les circonstances les plus délicates, justice, humanité, prudence, il a tout réuni à un degré éminent ; et il n’est pas un de ces points où le panégyriste ne courre le danger de rester au-dessous de son sujet ».
Ils portent avec eux de quoi se défendre contre le froid ; ils ont des armes qui leur sont naturelles ; ils trouvent leur nourriture sous leurs pas ; et pour toutes ces choses, que n’en coûte-t-il pas aux hommes ?
Dans cet ouvrage, Horace ne s’asservit à aucune méthode, s’exprime avec familiarité et abandon, et se contente de donner à ses préceptes de la chaleur et de l’agrément et d’inspirer partout le goût du simple, du beau et du naturel.
Il est évident qu’il doit être au théâtre comme partout ailleurs, pur, correct, élégant, animé, naturel, etc. ; mais ce qui le caractérise particulièrement, c’est la simplicité. […] Ce n’est pas assez, en effet, que le ridicule soit vrai ; il faut qu’il soit chargé, c’est-à-dire poussé au-delà des limites naturelles. […] Ses dispositions naturelles, son caractère observateur, son talent de style sont certainement pour beaucoup dans le succès qu’il a obtenu ; mais les mœurs françaises, nos habitudes de société, le ton de notre conversation, notre langue enfin y sont aussi pour quelque chose ; et ce qui le prouve, c’est cette suite de poètes comiques du plus grand talent, que nous avons eus depuis sa mort, et cette innombrable quantité de comédies qu’ils nous ont données et dans lesquelles on trouve toujours, jusque dans les plus faibles, plus ou moins des qualités qu’il a mises dans les siennes.
Dans sa correspondance à la fois militaire, politique, diplomatique et intime, nous voyons tour à tour le chef de parti, le roi reconnu par une moitié de la France, combattu par l’autre, le vainqueur, le souverain populaire, mais surtout l’homme lui-même nous offrant toujours le parfait modèle d’un caractère habile et chevaleresque, d’un naturel ouvert et généreux, d’une imagination preste et originale.
Nous n’avons rien négligé pour donner à toutes les réponses, et surtout aux définitions, autant de justesse que de lucidité, pour établir des divisions aussi claires que naturelles, et pour renfermer dans notre plan tous les principes et toutes les règles des compositions poétiques.
Or, les mœurs, sous ce rapport, varient suivant diverses conditions : le pays, l’éducation, les dispositions naturelles, les âges, les conditions12. […] Mettons ensemble aujourd’hui (car nous le pouvons dans un si noble sujet) toutes les plus belles qualités d’une excellente nature ; et, à la gloire de la vérité, montrons dans un prince admiré de tout l’univers que ce qui fait les héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble : valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité du génie, voilà pour l’esprit, ne seraient qu’une illusion, si la piété ne s’y était jointe ; et enfin que la piété est le tout de l’homme. […] si l’esprit divin, l’esprit de force et de vérité, avait enrichi mon discours de ces images vives et naturelles qui représentent la vertu et qui la persuadent tout ensemble, de combien de nobles idées remplirais-je vos esprits, et quelle impression ferait sur vos cœurs le récit de tant d’actions édifiantes et glorieuses ! […] Elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte.
C’est comme je l’entends ; Et, certes, le seul bien auquel je veux prétendre, Est qu’avant mon trépas vous me donniez un gendre, Dont le bon naturel, me venant à propos4, Me donne le moyen de mourir en repos.
Cicéron, dans son livre de l’Orateur, nous recommande ainsi cette dernière qualité : « Chaque passion, chaque affection a son expression naturelle, sa physionomie, son accent.
Au milieu des discours qui plaisent, ne jugeons rien de digne de nous que les enseignements qui édifient ; et accoutumons-nous tellement à aimer Jésus-Christ tout seul dans la pureté naturelle de ses vérités toutes saintes, que nous voyions encore régner dans l’Eglise cette première simplicité, qui a fait dire au divin apôtre : Quum infirmor, tunc potens sum : « Je suis puissant parce que je suis faible » ; mes discours sont forts, parce qu’ils sont simples ; c’est leur simplicité innocente qui a confondu la sagesse humaine2. […] A la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre4.
Je m’ôte tous les jours, pour eux, les choses de la bouche ; et c’est être, monsieur, d’un naturel trop dur que de n’avoir nulle pitié de son prochain4. […] Molière laisse entendre que le naturel est préférable à tous les raffinements.
En les condamnant, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui par sa prestesse et sa justesse prête de l’agrément à toutes les idées. […] La loi naturelle De nos désirs fougueux la tempête fatale Laisse au fond de nos cœurs la règle et la morale.
Le naturel a résisté à la condition. » C’est peut-être la condition qui a marqué d’un cachet d’afféterie et de mignardise son ami Melin de Saint-Gelais, fils de gentilhomme, abbé et aumônier de cour, poète de cour, organisateur des fêtes et des mascarades de la cour, toujours pourvu d’un dixain, d’un quatrain, d’un rondeau, d’une chanson pour amuser tous et chacun, toujours en veine et en verve, rimant d’une main légère une bluette pour la belette d’une dame, une folie pour le psautier d’une demoiselle, spirituel, galant, mordant, aiguisant la pointe de l’épigramme gauloise ou affinant celle du madrigal italien, qu’il, rapporta de l’Italie avec le sonnet. […] Et sans vouloir, comme eux, voler si haultement, Ton simple naturel tu suives seulement. […] Ainsi, ainsi mourront, non de mort naturelle, Ceux qui voudront bastir leur puissance nouvelle Dessus la liberté, car ainsi les tyrans Finent313 le plus souvent le dessein de leurs ans. […] Sus doneques, suyvez moy, et donnez tesmoignage De vostre naturel et de vostre courage Pour Cesar ; ne craignons de tomber au danger De vostre propre mort pour la sienne venger314. […] Son style se sent, il le reconnaît lui-même, du « naturel ramage » ; c’est un mélange d’audace fanfaronna dans l’étrangeté, d’imagination brillante et de grandeur, parfois tendue et guindée.
Chez eux, un philosophe était un ami vrai de la sagesse, un partisan naturel de l’ordre et des lois, et non point un empesé déclamateur de vérités triviales, et bien moins encore un frondeur cynique de tout ce qui était l’objet de la croyance ou du respect public.
Aidant à ses progrès naturels.]
Dans le Style comme dans le reste du Cours, nous nous efforçons d’offrir un plan complet, de suivre une marche logique, de présenter des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes, et, cherchant à former le cœur en même temps que l’esprit, nous faisons ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le christianisme.
La Bible, au contraire, est tellement vraie, les sentiments en sont si naturels, que trop d’embellissement poétique les défigure, et tombe devant l’auguste simplicité de la version littérale. […] Ce qui rend ces regrets plus vifs encore, c’est qu’il est impossible de se dissimuler que Lebrun eût pu faire à notre poésie un honneur immortel ; c’est qu’il est pur, naturel, harmonieux sans effort, quand il a voulu l’être ; qu’il eût vraiment fait faire à la langue poétique un pas de plus, et qu’il a le premier essayé de plier au ton didactique sa dédaigneuse inflexibilité.
Que dites-vous de ces marques naturelles d’une affection fondée sur un mérite extraordinaire ? […] C’est un sentiment naturel à tous les peuples. […] Il faut encore observer qu’il y a des naturels d’enfants auxquels on se trompe beaucoup. […] (Histoire naturelle : Quadrupèdes ; animaux domestiques.) […] (Histoire naturelle.
Mais il doit s’accommoder à la faiblesse de l’entendement de ses auditeurs, quand il vient pour les instruire ; à la trempe de leur esprit, quand il veut les persuader ; au naturel enfin de leur âme, quand il cherche à les émouvoir.
Il a l’ampleur des périodes savantes, le ton grandiose et volontiers solennel, le tour naturel, l’expression simple et forte, la touche hardie, le dessin large et lumineux.
Elle se laisse toucher et manier ; elle ne perd rien à être vue de près : plus on la connaît, plus on l’admire ; elle se courbe par bonté vers ses inférieurs, et revient sans effort dans son naturel ; elle s’abandonne quelquefois, se néglige, se relâche de ses avantages, toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir ; elle rit, joue et badine, mais avec dignité. […] Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et que ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris4.
Il est vrai que les lois de Rome devinrent impuissantes pour gouverner la république ; mais c’est une chose qu’on a vue toujours, que de bonnes lois, qui ont fait qu’une petite république devient grande, lui deviennent à charge lorsqu’elle s’est agrandie : parce qu’elles étaient telles que leur effet naturel était de faire un grand peuple, et non pas de le gouverner. […] Montesquieu, qui dans son système donne de l’importance à tous les faits, les exprime tous avec soin, et son style est aussi achevé que naturel et rapide. » 1.
Vous savez l’inclination naturelle que j’avais pour elle. […] Voiture aurait pu se mettre mieux, en restant par exemple dans le naturel. […] (Histoire naturelle.) […] Il était bien naturel que Delille, devenu aveugle et pauvre, parlât de ses infortunes. […] Il serait plus naturel de dire je te donnerai sur les oreilles.
Il est plus probable qu’Aristote oppose le caractère sérieux et sincère de l’ancienne éloquence, soit en vers, soit en prose, à l’éloquence plus savante, mais moins naturelle, dont les rhéteurs donnaient les préceptes et l’exemple.
« Je ne sais, a dit La Bruyère, si l’on pourra mettre jamais dans les lettres plus de tour, d’agrément et de style que l’on n’en voit dans celles de Voiture1. » Son plus grand défaut est de manquer de naturel : toutefois on l’excusera, en songeant que l’on ne pouvait arriver à la grâce qu’en passant par la subtilité et la recherche.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier.
La légèreté dans le comique, une ironie tempérée de belle humeur et de bonhomie, l’agilité du récit, des mots vifs et piquants, nulle prétention, l’horreur du solennel et du faux, le bon sens, la franchise, le naturel, une langue nette et saine : tels sont ses traits distinctifs.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier.
Racine appartient à la famille des génies studieux, tendres et épris de la perfection, qui ont cherché le naturel dans les formes les plus nobles et les plus choisies : c’est notre Virgile français.
Sans doute le poète compose ses tableaux avec les éléments que lui fournit la nature ; mais, en l’imitant, il lui donne une grandeur, une beauté qu’elle n’a pas réellement, et, en cela, il répond encore à une disposition naturelle.
« Ce fut le 8 juillet de l’année 1709 que se donna cette bataille décisive de Pultava, entre les deux plus singuliers monarques qui fussent alors dans le monde ; Charles XII, illustre par neuf années de victoires ; Pierre Alexiowitz, par neuf années de peines prises pour former des troupes égales aux troupes suédoises ; l’un glorieux d’avoir donné des états, l’autre d’avoir civilisé les siens ; Charles aimant les dangers, et ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne fuyant point le péril, et ne faisant la guerre que pour ses intérêts : le monarque suédois libéral par grandeur d’âme ; le Moscovite ne donnant jamais que par quelque vue : celui-là d’une sobriété et d’une continence sans exemple, d’un naturel magnanime, et qui n’avait été barbare qu’une fois ; celui-ci n’ayant pas dépouillé la rudesse de son éducation et de son pays, aussi terrible à ses sujets qu’admirable aux étrangers, et trop adonné à des excès qui ont même abrégé ses jours.
Contraires à l’ordre naturel.]
La France est par excellence le pays de la chanson : c’est comme un fruit naturel de cette terre où l’on aime avant tout l’esprit et la gaieté.
Voici celle de notre vieux satirique Regnier, qui la fit aussi lui-même : J’ai vécu sans nul pensement, Me laissant aller doucement À la bonne loi naturelle, Et si m’étonne fort pourquoi La mort osa songer à moi, Qui ne songeai jamais à elle.
Je m’ôte tous les jours, pour eux, les choses de la bouche ; et c’est être, monsieur, d’un naturel trop dur que de n’avoir nulle pitié de son prochain.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste2.
c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel, la vérité, la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ?
Or, je vous demande s’il est rien qui, selon les sentiments naturels, doive plus attirer notre aversion et notre indignation1 ?
« Si je venais déplorer ici la mort imprévue de quelque princesse mondaine, je n’aurais qu’à vous faire voir le monde avec ses vanités et ses inconstances ; cette foule de figures qui se présentent à nos yeux et s’évanouissent ; cette révolution des conditions et de fortunes qui commencent et qui finissent, qui se relèvent et qui retombent ; cette vicissitude de corruptions tantôt secrètes, tantôt visibles, qui se renouvellent ; cette suite de changements en nos corps par la défaillance de la nature, en nos âmes par l’instabilité de nos désirs ; enfin ce dérangement universel et continuel des choses humaines, qui, tout naturel et tout désordonné qu’il semble à nos yeux, est pourtant l’ouvrage de la main toute-puissante de Dieu, et l’ordre de sa providence. […] Bouhours, qui trouve le tour du poète latin plus figuré et plus vif, et celui du Français, plus naturel et plus fin. […] La simplicité n’admet que les ornements naturels, et rejette les figures hardies, les périodes travaillées avec beaucoup de soin, en un mot, le style pompeux et magnifique. […] et vous, source du juste discernement, lumières naturelles et acquises, par lesquelles nous démêlons le bien d’avec le mal, je vous en atteste ; j’ai de mon mieux secouru l’état, et de mon mieux plaidé sa cause.
Le style sera clair, précis, grave et naturel ; il variera dans ses formes, suivant le sujet et les circonstances.
On peut rapprocher ce passage de quelques idées de Bossuet (dans sa lettre sur l’éducation du grand Dauphin) : ce grand homme voulait aussi que l’éloquence « ne fût pas une discoureuse, dont les paroles n’ont que du son ; qu’elle ne fût pas enflée et vide de choses, mais saine et vigoureuse ; qu’elle ne fût pas fardée, mais qu’elle eût un teint naturel et une vive couleur, et, pour tout éclat, celui qui sort de la vérité même ».
Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme.
Il n’avait que huit mille fantassins et mille cavaliers ; il fallait se soutenir contre une armée supérieure, contre le nom du roi de Suède et contre la crainte naturelle que tant de défaites inspiraient aux Saxons.
Si elle n’eut pas, comme madame de Sévigné, l’intimité, l’enjouement, le caprice, l’éloquence expansive et primesautière, elle a l’aisance, le naturel, la délicatesse et l’autorité que donne l’expérience du cœur humain, j’allais dire la science de la direction.
Avec un naturel gracieux, une morale aimable et bienveillante, Florian avait l’esprit railleur.
Un habitant de Damas, nommé Hussein, avait un enfant unique, nommé Ali, encore très-jeune, dont l’heureux naturel faisait tout le bonheur de son père. […] On donnait le nom d’Indiens aux naturels des Antilles et de tous les pays qu’on découvrait alors à l’ouest de l’Europe. […] Charmés de son bon naturel et de son repentir, Élisa et Édouard supplient leur père en sa faveur. […] Ce Mainfroi était fils naturel de l’empereur Frédéric II, roi de Naples et de Sicile ; il s’était fait couronner roi après la mort de Conrad II, fils légitime de Frédéric, et au préjudice du Conradin, fils de Conrad. […] Cet homme raisonnait de manière à prouver que son action lui paraissait toute naturelle.
Au milieu des discours qui plaisent, ne jugeons rien de digne de nous que les enseignements qui édifient ; et accoutumons-nous tellement à aimer Jésus-Christ tout seul dans la pureté naturelle de ses vérités toutes saintes, que nous voyions encore régner dans l’Église cette première simplicité, qui a fait dire au divin Apôtre : Quum infirmor, tunc potens sum : « Je suis puissant parce que je suis faible » ; mes discours sont forts, parce qu’ils sont simples ; c’est leur simplicité innocente qui a confondu la sagesse humaine. […] Ainsi, encore que les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraints de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant deçà et delà leurs désirs vagues et incertains1 Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour. […] Voilà le mot de l’énigme, voilà le dégagement de tout l’embarras : la foi nous a rendus à nous-mêmes, et nos faiblesses honteuses ne peuvent plus nous cacher notre dignité naturelle.
Telle est la justice de Dieu : telle est l’infirmité naturelle des hommes.
Voltaire a été plus juste pour Mme de Maintenon que beaucoup de ses contemporains, en disant « qu’elle rejetait bien loin ce qui avait la plus légère apparence d’intrigue et de cabale », et en trouvant dans son style « un caractère de naturel et de vérité qu’il est presque impossible de contrefaire ». — Parmi tant de publications dont Mme de Maintenon a été le sujet, nous citerons avant tout celle de M. le duc de Noailles, qui résume et efface toutes les précédentes : Histoire de Mme de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV, 1848.
Ainsi, eu égard à nous-mêmes, nous divisons les objets naturels en objets laids et en objets beaux ; autrement dit, il y a pour nous une nature laide, et une nature belle ; c’est dans celle-ci qu’il faut prendre nos sujets d’imitation.
Tout est sain, franc, naturel et pathétique dans ce discours qui semble un écho de l’antique forum, et réduit aux abois les passions d’une meute affolée.
On lit dans Rousseau sur le même sujet : « Le ton de la bonne conversation est coulant et naturel ; il n’est ni pesant ni frivole.
Ces hautes fictions vous sont bien naturelles. […] Le langage de la douleur doit être plus simple et plus naturel : il repousse ces faux brillants.
Il faut donc nous en tenir à l’idée du philosophe grec ; et, en la renfermant dans ses bornes naturelles, nous verrons que Platon n’a rien dit de trop, et que cette diction presque poétique est le plus ordinairement celle du genre d’éloquence qui nous occupe pour le moment ; et c’est Platon lui-même qui va nous le prouver.
) Voilà qui s’éloigne bien d’Aristote l’auteur s’en rapproche lorsqu’il veut justifier sa définition en la développant : « La malice naturelle aux hommes est le principe de la comédie.
Soit que le sujet admette par sa nature même deux genres opposés, comme le tragique et le comique, le roman et l’histoire, la prose et la poésie, la dissertation et la narration, soit qu’il y ait disparate entre le genre d’esprit de l’auteur et le genre du sujet, le résultat pour le style est un défaut d’unité, de naturel, de solidité.
Grâce à elle, grâce à sa plume naturelle et fine, délicate et ferme, courant toujours et ne s’égarant jamais, la Lettre, écrite jusqu’alors avec emphase, négligence ou affectation, est devenue l’un des genres dont la littérature française a le plus droit d’être fière.
Grattez du peigne à la porte De la chambre du roi ; Ou si, comme je prévoi, La presse s’y trouve forte, Montrez de loin votre chapeau, Ou montez sur quelque chose Pour faire voir votre museau ; Et criez, sans aucune pause, D’un ton rien moins que naturel : « Monsieur l’huissier, pour le marquis un tel. » Jetez-vous dans la foule, et tranchez du notable ; Coudoyez un chacun, point du tout de quartier ; Pressez, poussez, faites le diable Pour vous mettre le premier.
La Phrase et la Proposition Après avoir exposé en quelques lignes la formation du langage, c’est-à-dire la création des mots, des langues, de l’écriture et de la grammaire, il est naturel de faire connaître que l’habitude fut bientôt prise d’assembler plusieurs mots pour exprimer une idée quelconque et représenter un sens complet : la phrase fut trouvée, et la proposition lui vint en aide pour lui servir à exprimer un jugement.
Une lettre courageuse La paix se fit5 et Aubigné se retirant escrivit un à Dieu au Roy son maistre, en ces termes : « Sire, vostre mesmoire vous reprochera douze ans de mon service, douze playes sur mon estomac6 : elle vous fera souvenir de vostre prison et que ceste main qui vous escrit en a desfaict les verrouils et est demourée pure en vous servant, vuide de vos bien-faits et des corruptions de vostre ennemy et de vous ; par cet escrit, elle vous recommande à Dieu à qui je donne mes services passez et vouë ceux de l’advenir, par lesquels je m’efforceray de vous faire cognoistre qu’en me perdant vous avez perdu vostre très fidele serviteur. » Le télégraphe électrique en 15981 Mon secret n’estant point de magie, mais par moyens naturels, est difficile et de coust2 selon ce qu’il entreprend.
Ainsi les verbes amare et diligere expriment tous deux l’action d’aimer ; mais ils diffèrent en ce sens que amare signifie aimer d’un amour naturel, de cet amour que Dieu a mis dans le cœur des hommes en les unissant par les liens du sang et de la parenté.
« Il n’est pas étonnant, mes amis, que vous soyez pénétrés de douleur, en me voyant dans une telle situation ; car il est naturel aux hommes d’éprouver de la compassion pour leurs semblables, et les malheurs que nous avons sous les yeux excitent une pitié plus vive. […] Il n’y a qu’une révolution soudaine et violente qui puisse ramener dans son naturel une puissance débordée, et quelquefois le coup qui pourrait la modérer l’abat sans ressource. […] Il faut incendier toutes les places qui ne sont pas assez défendues par l’art ou par leur position naturelle ; car elles peuvent devenir des retraites dans lesquelles se réfugieront ceux qui ne veulent pas du service militaire, ou elles peuvent être utilisées par les Romains, pour y amasser des vivres et du butin. […] Je ne puis donc agir ainsi, en consultant la gloire de la Macédoine et mon penchant naturel à affronter les périls. […] Tes parents ne me sont pas inconnus ; dès ton enfance, j’ai étudié ton heureux naturel et j’en ai conçu les plus belles espérances.
Les mots sont pris dans leur sens propre, lorsqu’ils signifient la chose pour laquelle ils ont été créés ; et ils sont pris au figuré, lorsqu’on les dépouille de leur signification primitive ou naturelle, pour les revêtir d’une signification nouvelle. […] 3° Hyperbate L’Hyperbate renverse l’ordre naturel des mots, et ne se dit que de petites inversions qui ne dépassent pas un membre de phrase. […] Au lieu de créer un mot nouveau pour exprimer une pensée nouvelle, pour représenter un homme cruel, par exemple, on prit une expression déjà usitée, telle que tigre, on la détourna de sa signification naturelle pour lui en donner une autre et on la désigna sous le nom de trope.
Mais acceptez-les, ne les cherchez pas ; ne courez pas à eux, ils viendront à vous ; qu’ils soient dans votre vie un accident, prévu, naturel, mais un accident, jamais le but.
Celle-ci ne serait pas correcte : cet homme avait plus de talents naturels, et acquis plus de connaissances. […] Ces sortes de constructions rendent souvent la diction aisée, vive, naturelle, comme on le voit dans les charmantes lettres de madame de Sévigné. […] L’Hyperbate ou inversion, est un tour particulier, qu’on donne à une phrase, et qui consiste principalement à faire précéder des mots ou une proposition, par d’autres, qui, dans l’ordre naturel, auraient dû les suivre : = déjà prenait l’essor, pour se sauver dans les montagnes, cet aigle, dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces : = le tribut d’admiration qui est refusé aux grands hommes par leurs contemporains, la postérité sait le leur rendre. La construction naturelle de ces phrases est : cet aigle, dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces, prenait déjà l’essor, pour se sauver dans les montagnes. = La postérité sait rendre aux grands hommes le tribut d’admiration, qui leur est refusé par leurs contemporains.
[Notice] Si la simplicité, le naturel, la grâce et la délicatesse sont des mérites classiques par excellence, on ne s’étonnera pas de voir figurer ici quelques pages du cahier où Eugénie de Guérin notait ses plus intimes pensées, sans songer qu’elle aurait des lecteurs.
Les caractères doivent être soutenus et variés en même temps, sans jamais sortir du naturel.
L’esprit de société est le partage naturel des Français : c’est un mérite et un plaisir dont les autres peuples ont senti le besoin.
Mais il savait que les places les plus fortes sont des prix jetés au milieu des combattants, et la récompense du conquérant : il savait que les domaines de l’absent sont le butin naturel de ceux qui voudront s’armer pour les prendre. […] Ce rapprochement est naturel, et plein d’art cependant : cette manière d’argumenter par les faits, de fortifier les circonstances les unes par les autres, constitue essentiellement la logique de l’orateur public, et personne ne l’a possédée comme Démosthène.
Je suis né avec un amour naturel pour la solitude, qui n’a fait qu’augmenter à mesure que j’ai mieux connu le monde. […] Voilà, monsieur, je vous le jure, la véritable cause de cette retraite, à laquelle nos gens de lettres ont été chercher des motifs d’ostentation, qui supposent une constance, ou plutôt une obstination à tenir à ce qui me coûte, directement contraire à mon caractère naturel.
. — Sur les mœurs, qui, dans l’art dramatique, embrassent, comme dit Marmontel, le naturel, l’habitude et les accidents passagers qui se combinent avec l’un et l’autre, on peut voir un morceau intéressant de cet auteur dans les Eléments de littérature (article Mœurs).
Il veut dire le naturel sombre et cruel d’un prince soupçonneux.
Le goût des spectacles est universel ; car la plupart des hommes ont plus d’imagination qu’ils ne croient, et ce qu’ils considèrent comme l’attrait du plaisir, comme une sorte de faiblesse qui tient encore à l’enfance, est souvent ce qu’ils ont de meilleur en eux : ils sont, en présence des fictions, vrais, naturels, émus, tandis que, dans le monde, la dissimulation, le calcul et la vanité disposent de leurs paroles, de leurs sentiments et de leurs actions.