Nous n’étions pas nés dans la république de Platon, ni même sous les premières lois d’Athènes, écrites de sang, ni sous celles de Lacédémone, où l’argent et la politesse étaient un crime ; mais dans la corruption des temps, dans le luxe inséparable de la prospérité des états, dans l’indulgence française, dans la plus douce des monarchies, non seulement pleine de liberté, mais de licence.
L’homme en qui n’est pas développé le goût littéraire, a comme un sens de moins : il ne peut participer aux plus douces et aux plus pures jouissances de la vie intellectuelle.
Son style, élégant et nombreux, malgré ses négligences et ses incorrections trop fréquentes, a cette mollesse gracieuse et cette mélancolie douce qui conviennent au genre de la pastorale, dont Racan est demeuré l’un des modèles.
Il y a un ton, un accent pour la colère, et cet accent doit être vif, prompt et coupé ; il y en a un autre pour la douleur et la plainte : il est touchant, égal, mêlé de quelques interruptions, accompagné de gémissements ; un autre encore pour la crainte, humble, hésitant, bas et faible le ton de la violence est pressant, véhément, menaçant, impétueux ; l’accent du plaisir est doux, tendre, plein d’abandon ; le chagrin qui ne cherche point à inspirer la pitié, prend un ton grave, sombre, uniforme. » Telles sont les recommandations générales de Cicéron qui nous semblent fort utiles aux lecteurs ou aux orateurs qui ne veulent point affecter désagréablement leur auditoire par une prononciation froide ou monotone.
. — « Sage de nature et de praticque, dit un contemporain2, point sévère sinon bien à propos, équitable quand il falloit, non-point chagrineux et rebarbatif, ni séparé des douces conversations, entendant les raisons, ni bizarre ni fantastique comme estoit ce Caton », il est de ces personnages dont la gloire grandit avec la raison publique.
A mesure que je me détache de moi-même, et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens.
Non ; le sage vous doit ses moments les plus doux… Delille.
Je suppose, ce qu’à Dieu ne plaise, que toute notre Angleterre soit athée par principes, je conviens qu’il pourra se trouver plusieurs citoyens qui, nés tranquilles et doux, assez riches pour n’avoir pas besoin d’être injustes, gouvernés par l’honneur, et, par conséquent, attentifs à leur conduite, pourront vivre ensemble en société. […] S’il en montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir : il me tient trop tendu, la lecture de ses vers me devient une étude ; tant d’éclairs m’éblouissent ; je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux. » (Lettre à l’Académie, V.)
Beaucoup d’esprit naturel et facile l’y seconda, et beaucoup de qualités aimables lui attachèrent les cœurs, tandis que sa situation personnelle avec son époux, avec le roi, avec Madame de Maintenon, lui attira les hommages de l’ambition1 Douce, timide, mais adroite, bonne jusqu’à craindre de faire la moindre peine à personne, légère et vive, elle était pourtant capable de vues et de suite2.
Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme Journal inutile.
Soyez doux et indulgent à tous ; ne le soyez pas à vous-même.
L’élégant Anacréon embellit ses badinages de toutes les grâces d’une poésie douce et légère.
Mais un superbe regard, un sourire doux, une expression habituelle de bienveillance, l’absence de toute affectation minutieuse et de toute réserve gênante, des mots flatteurs, des louanges un peu directes, mais qui semblent échapper à l’enthousiasme, une variété inépuisable de conversation, étonnent, attirent, et lui concilient presque tous ceux qui l’approchent.
2º De circonstances triviales et familières qui avilissent l’objet comparé, comme ce vieux poète français qui dit que le doux Zéphyr Refrise mollement la perruque des prés. Dans un autre endroit, que le doux Soleil poudre les cheveux de sa femme, la Terre. […] Pour nous ces globes d’or qui roulent dans les cieux Épuraient leurs rayons et choisissaient leurs feux ; Les oiseaux par leurs chants, l’onde par son murmure, À fêter ce beau jour invitaient la nature ; Les coteaux, les vallons semblaient se réjouir, Les arbres s’incliner, les fleurs s’épanouir ; Zéphyre nous portait ses fleurs fraîches écloses ; De son aile embaumée il secouait les roses ; Des plus douces vapeurs l’encens délicieux En nuage odorant s’élevait vers les cieux47.
Les manières, que l’on néglige comme de petites choses, sont souvent ce qui fait que les hommes décident de vous en bien ou en mal : une légère attention à les avoir douces et polies prévient leurs mauvais jugements. […] La véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire.
Mais je garde à ce prince un traitement plus doux ; Madame, il va bientôt paraître devant vous5. […] O grâce3, ô rayon salutaire, Viens me mettre avec moi d’accord ; Et domptant, par un doux effort, Cet homme qui t’est si contraire.
Elle ne fera point de révolution violente ; mais elle amènera des réformes utiles, des changements inespérés ; elle rendra du moins l’autorité plus douce, l’obéissance plus facile, le souverain plus cher encore, les peuples plus intéressants. […] C’est prendre le change et cultiver un mauvais goût que de dire, comme l’on fait, que la machine n’est qu’un amusement d’enfants, et qui ne convient qu’aux marionnettes : elle augmente et embellit la fiction, soutient dans les spectateurs cette douce illusion qui est tout le plaisir du théâtre, où elle jette encore le merveilleux. […] Les esprits justes, doux, modérés, non-seulement ne les atteignent pas, ne les admirent pas, mais ils ne les comprennent point et voudraient d’ailleurs encore moins les imiter. […] Ce sont de belles cloches dont le son est clair, plein, doux et agréable, mais, après tout, des cloches qui ne signifient rien, qui n’ont point de variété, ni par conséquent d’harmonie et l’éloquence. […] Le doux mais faible Pavillon fait sa cour humblement à madame Deshoulières, qui est placée fort au-dessus de lui.
« Craignez les Dieux, ô Télémaque ; cette crainte est le plus grand trésor du cœur de l’homme ; avec elle, vous viendront la justice, la sagesse, la paix, la joie, les plaisirs purs, la vraie liberté, la douce abondance, la gloire sans tache. […] Réfléchis que nous sommes venues ici, accablées par le malheur, puisque la fortune nous force à craindre ce qui devrait être pour nous le plus doux à contempler : moi, ta mère, je vois mon fils, et ton épouse voit son époux prêt à mettre le siège devant les murs de sa patrie ! […] Ils ont privé des gages de leur tendresse la plus chère, de leurs liaisons les plus douces, tous ces citoyens qui ne leur avaient fait aucun mal ! […] Il est doux de vivre avec honneur et de mourir en laissant le souvenir immortel de son nom. […] Si vous rendez aux affranchis le titre de citoyens, sénateurs, cette égalité procurera, à eux de douces consolations, à nous d’immenses avantages.
L’explication de ce passage se trouve dans Théophraste, περὶ φυτῶν ἱστορίας, II, 2, et περὶ φυτιϰῶν αἰτιῶν, I, 9 : il affirme que la grenade acide, semée ou plantée en Égypte, prend une saveur douce et οἰνώδη.
Tantôt douce et tendre, tantôt piquante et moqueuse, elle prend tous les tons, elle joue en passant avec tous les sentiments du cœur ; mais elle aime surtout le plaisir, l’enjouement et l’esprit.
Appropriée au caractère de son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort.
Sur cet avis ne sois point hérétique ; Car je te fais un serment authentique Que si tu crains ce doux médicament, Ton médecin, pour ton soulagement, Fera l’essai de ce qu’il communique Pour te guérir.
Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.
L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter.
Madame, j’ai beaucoup de grâces à vous rendre ; Un tel avis m’oblige, et, loin de le mal prendre, J’en prétends reconnaître à l’instant la faveur, Par un avis aussi qui touche votre honneur ; Et, comme je vous vois vous montrer mon amie2 En m’apprenant les bruits que de moi l’on publie, Je veux suivre, à mon tour, un exemple si doux, En vous avertissant de ce qu’on dit de vous. […] Il est doux de trouver dans une épouse chère Des arts consolateurs qui sachent nous distraire ; De pouvoir, sans quitter son modeste séjour, Se reposer le soir des fatigues du jour.
Chaque chose occupe la place qui lui convient ; il s’efforce de convaincre, avant de songer à émouvoir ; c’est sur les passions douces qu’il a en général le plus d’empire.
La Judée, par exemple, dont il est question ici, ne présente partout qu’un sol aride, coupé de ravins, hérissé de rochers : pendant les chaleurs de l’été, la terre était impitoyablement dévorée de l’ardeur du soleil ; la privation d’eau y était donc le plus grand malheur que l’on eût à redouter, et la découverte d’une source ou d’un peut ruisseau changeait pour un moment la face entière de la nature, et ramenait aux idées douces de plaisir et de bonheur.
Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse1.
« Endoctriné en route par un vieux matelot, dit l’illustre naturaliste, il avait pris sa voix rauque, mais si parfaitement qu’on pouvait s’y méprendre : quoiqu’il eût été donné ensuite à une jeune personne et qu’il n’eût plus entendu que sa voix, il n’oublia pas les leçons de son premier maître, et rien n’était si plaisant que de l’entendre passer d’une voix douce et gracieuse à son vieux enrouement et à son ton de marin. » 3.
Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore.
Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.
Tout cela doit se faire d’une manière simple et naturelle, sans étude et sans affectation ; l’air, l’extérieur, le geste, le ton, le style, tout doit respirer je ne sais quoi de doux et de tendre, qui parte du cœur et qui aille droit au cœur. […] Rome triomphe d’Albe, et c’est assez pour nous ; Tous nos maux à ce prix doivent nous être doux. […] Une composition dure et rude la blesse, au lieu qu’elle est agréablement flattée de celle qui est douce et coulante. […] Horreur, terreur, doux, suave, rugir, soupirer, pesant, léger, ne viennent pas seulement pour nous du latin, mais du sens intime qui les a reconnus et adoptés, comme analogues à l’impression de l’objet… Plus une langue cultivée conserve cette richesse des langues primitives, plus elle est énergique et juste. […] Aujourd’hui, vieux lion, je suis doux et traitable.
En vain les peuples s’empressaient pour le voir ; en vain sa seule présence, sans train et sans suite, faisait sur les âmes cette impression presque divine qui attire tant de respect, et qui est le fruit le plus doux et le plus innocent de la vertu héroïque : toutes ces choses, si propres à faire rentrer un homme en lui-même par une vanité raffinée, ou à le faire répandre au dehors par l’agitation d’une vanité moins réglée, n’altéraient en aucune manière la situation tranquille de son âme ; et il ne tenait pas à lui qu’on n’oubliât ses victoires et ses triomphes ».
Ce même homme qui nous transporte d’admiration, soit qu’il étonne la sagesse de l’Aréopage, soit qu’il réfute ses accusateurs à Césarée, ou qu’il confonde le prince des prêtres à Jérusalem, sait encore nous pénétrer des émotions les plus douces et nous faire partager l’attendrissement des fidèles de Milet, lorsque, prêt à les quitter pour ne plus les revoir, il leur fait ces touchants adieux : Adieux aux Habitans de Milet.
» On retrouve dans ses lettres « ce langage doux, juste, en bons termes, naturellement éloquent et court », que Saint-Simon, son ennemi, a loué dans ses conversations.
Salut, champs que j’aimais, et vous, douce verdure, Et vous riant exil des bois !
Il faut que celles-ci soient toujours nobles, riches, douces, gracieuses, agréables, selon la diversité des sujets, et qu’elles n’aient jamais rien de commun ni de trivial.
Quelle belle et douce chose que cet Oxford !
Il en est de ces gradations comme de celles du son, de la lumière et des couleurs : rien n’est heurté, mais il y a partout transition naturelle et harmonieuse, comme dans l’arc-en-ciel dont les couleurs ne sont si douces à la vue que parce qu’elles s’allient par un doux mélange. […] Pour exciter l’attention, piquer la curiosité et amuser le lecteur, la narration badine demande des traits heureux et spirituels, des tours choisis mais naturels, des descriptions agréables, de l’esprit sans recherche, un style simple et piquant, une sorte de négligence douce et facile, mais sans trivialité et sans incorrection. […] Il est des peines et des revers dans lesquels la douce influence de la religion et les consolantes espérances de la foi peuvent seules ranimer nos forces et relever notre courage.
Ce chant ne peut donc être placé que dans les endroits où le personnage se livre aux transports d’une passion douce ou violente. […] L’opéra demande des vers libres et inégaux, parce que la versification ne saurait y être trop douce, trop coulante, trop gracieuse, le dialogue trop vif, trop aisé, trop naturel. […] Le second, c’est d’opposer le ridicule ou le vice à l’honnête et au décent, de représenter à côté d’un misanthrope, un homme doux et poli, à côté d’un flatteur, un homme sincère et vrai. […] Il doit pour cela varier autant que possible le caractère des ariettes, c’est-à-dire placer après une ariette qui exprime une passion douce, une ariette qui exprime une passion contraire ou différente.
Les Grecs, hommes d’action avant tout, étaient moins portés que les Asiatiques à faire et à entendre ces longs récits qui supposent les doux loisirs d’une vie somnolente et contemplative.
Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, Dis tes expressions enfante les merveilles ; Quels, charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Et quelle force il mêle à ses plus doux attraits.
Le rameau auquel pendait son fruit représentait la douce paix avec l’abondance, préférable aux troubles de la guerre dont ce cheval était l’image.
Vivant sous la tente patriarcale, éprouvant peu de besoins, trouvant la terre docile à leurs désirs et produisant sans culture les fruits les plus délicieux, entourés de nombreux troupeaux qui leur assuraient une existence facile, exempte de soucis, ne soupçonnant pas l’existence des honneurs et des richesses, n’abandonnant leurs cœurs qu’à des passions douces et innocentes, les hommes durent nécessairement se contenter d’un langage fort limité pour l’expansion de leurs sentiments et l’expression de leurs idées.
Sa chaleur est douce et innocente, supportable aux têtes les plus malades.
J’allumais du feu avec des cailloux, Cette vie, tout affreuse qu’elle est, m’aurait paru douce, loin des hommes ingrats et trompeurs, si la douleur ne m’eût accablé et si je n’eusse sans cesse repassé dans mon esprit ma triste aventure. […] Quand ces impressions sont légères elles produisent tout ce qu’on appelle passions douces, sentiments, comme l’amitié, la gaîté, le goût, etc., etc. […] Ô doux nom de liberté !
Lorsque le substantif de ce pronom, est le régime simple du verbe qui a pour sujet, ou le substantif auquel se rapporte ce même pronom, ou un pronom relatif de ce substantif : = Cette solitude a sa beauté : = un ruisseau limpide roule ici ses petits flots avec un doux murmure : = voyez cette haute montagne, qui montre, dans le cœur même de l’été, son sommet tout couvert de neige : = nous avons vu cette année ces arbres porter (ou qui portaient) leurs fruits de bien bonne heure. […] Verbes neutres : = dans cette douce espérance, tous les cœurs avaient tressailli de joie ; et cette joie avait éclaté sur tous les visages. […] Que cet heureux instant me doit être bien doux ! Il aurait fallu, que cet heureux instant me doit être doux !
La véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire. […] S’il faut périr, c’est par là que je veux périr ; il m’est plus doux de nier Dieu que de l’accorder1 avec une tromperie si spécieuse et si entière : mais je l’ai approfondi, je ne puis être athée ; je suis donc ramené et entraîné par ma religion, c’en est fait.
Ronsard lui-même en prit ombrage. « Les beaux dicts des Grecs et Romains, rémémorés par le doux Plutarchus », mirent en oubli les fades romans de chevalerie que lisait encore la cour dissolue des Valois.
Ce sera un excellent guide et un répertoire bien utile pour les maîtres et les élèves des écoles secondaires, ainsi qu’un agréable vade-mecum pour les gens du monde qui tiennent à entretenir avec les belles-lettres ce doux commerce si bien vanté par l’orateur romain : Litteræ adolescentiam alunt, juventutem delectant, senectutem oblectant , etc.
Quintilien distingue deux sortes de pathétiques, le pathétique violent et le pathétique doux, selon le genre de passions que l’orateur emploie. […] Cicéron et Massillon ont excellé dans le pathétique doux et tendre ; Démosthènes et Bossuet soulèvent souvent l’enthousiasme, la terreur et l’indignation. […] Les beaux-arts, enfants et pères du plaisir ne demandent que la fleur et la plus douce substance de votre sagesse. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau ; versez des larmes avec des prières, et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage. […] Étrange et douce merveille !
Tant d’éclairs m’éblouissent ; je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux70. » Il me semble que le défaut de naturel part de deux sources, la faiblesse, ou la vanité qui n’est elle-même qu’une faiblesse.
La Fontaine donnera à sa définition cette forme gracieuse : Qu’un ami véritable est une douce chose !
Rien n’empêche donc d’introduire dans l’épopée le Dieu des chrétiens avec sa majesté terrible et douce, la sainte Vierge, les anges, les saints, et ces intelligences déchues, que leur désobéissance a plongées dans l’abîme.
Les bienfaits du travail, les heureux fruits de l’économie, la salutaire habitude d’une réflexion sage qui précède et dirige toujours la conduite, le désir louable de faire du bien aux hommes, et par là de se préparer la plus douce des satisfactions et la plus utile des récompenses, le contentement de soi et la bonne opinion des autres : voilà ce que chacun peut puiser dans cette lecture.
O douce voix !
Celui dont le cœur est dur ou manque de délicatesse, qui ne sait point admirer ce qui est grand et généreux, qui ne partage point les sentiments doux et tendres, sentira toujours faiblement les beautés les plus sublimes de l’éloquence et de la poésie.
Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion : les beaux-arts, enfants et pères du plaisir, ne demandent que la fleur, et la plus douce substance de votre sagesse.
Il m’est bien doux d’être loué sur cet art par vous qui l’avez si bien entendu.
Sa chaleur est douce et innocente, supportable aux têtes les plus malades.
Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore.
Elle nous touche moins qu’Andromaque parce qu’elle est moins douce et moins malheureuse. […] Vous prenez tous les tons avec un égal bonheur et vous enseignez, par vos exemples, l’art difficile de « passer du grave au doux, du plaisant au sévère ». […] La critique sera légère et le reproche sera doux. […] Il semble qu’ils nous emportent avec eux d’un mouvement très doux ; nous les suivons où ils veulent aller. […] Le général Agathon s’avance calme, et un doux sourire vient sur ses lèvres lorsque Minos le félicite de sa belle vie et le fait conduire aux Champs-Élysées.
De là ces traditions populaires, qu’à la voix d’Orphée, les tigres et les lions dépouillaient leur fureur ; qu’aux accents d’Amphion, ce divin fondateur de Thèbes, les rochers se mouvaient en cadence, et que les doux accords de sa lyre attiraient les pierres obéissantes. […] Depuis, les oracles ne répondirent plus qu’en vers ; la morale parla le même langage ; pour gagner la faveur des rois, on emprunta la douce voix des neuf sœurs ; enfin, c’est la poésie qui nous donna le théâtre, délassement si doux après les pénibles travaux. […] 65et vous, Jeunes-gens 66dignes de votre père, 67la plus grande partie des poëtes 68nous sommes trompés 69par l’apparence du bien : 70je tâche d’être concis, 71je deviens obscur ; 72les nerfs et les esprits (la chaleur) 73abandonnent 74celui qui recherche les choses trop douces ; 75celui qui promet des choses grandioses, 76est enflé ; 77 celui qui est trop sur-ses-garde 78et qui-craint trop la tempête, 79rampe terre-à-terre.
Ce miracle d’adresse nous valut ce langage, « eslu, formé des mots les plus doux, les plus propres, qui sonneront le mieux à l’oreille, plus coutumièrement en la bouche des bien parlants ». […] Allons plutôt à cette classe d’adjectifs composés, qui auraient eu meilleure fortune s’ils ne s’étaient produits que sous le patronage de Montaigne, comme doux fleurant, qui eut bien autant de droit à survivre que clairvoyant et ses semblables.
On y peut traiter de la morale, de la littérature, des grandes passions, s’y livrer à des sentiments doux et affectueux, peindre les mœurs et les ridicules, plaisanter, disserter, philosopher, enseigner, louer, blâmer, raconter, en prenant le ton qui convient à chaque sujet et en employant la mesure de vers la plus propre et la plus agréable. […] Ovide excelle dans la manière de diversifier ses tableaux et son langage : rien n’égale sa flexibilité d’imagination et de style pour prendre successivement tons les tons, suivant le genre du sujet ; rien n’est agréable comme l’étonnante variété de ses couleurs toujours adaptées à des tableaux toujours divers, tantôt nobles et imposants jusqu’à la sublimité, tantôt simples jusqu’à la familiarité ; les uns horribles, les autres tendres ; ceux-ci effrayants, ceux-là gais, riants et doux.
Telle est en effet la disposition du cœur humain, que Lucrèce a signalée dans de beaux vers (II, 1-6), ainsi traduits par Voltaire : On voit avec plaisir, dans le sein du repos, Des mortels malheureux lutter contre les flots ; On aime à voir de loin deux terribles armées Dans les champs de la mort aux combats animées : Non que le mal d’autrui soit un plaisir si doux ; Mais son danger nous plaît, quand il est loin de nous.
Ils travaillaient avec une sollicitude commune pour l’intérêt commun ; ils n’avaient de différends que ceux qu’une douce et tendre amitié faisait naître ; et, dans l’endroit du pays le plus écarté, séparés de leurs compatriotes indignes de leur présence, ils menaient une vie heureuse et tranquille : la terre semblait produire d’elle-même, cultivée par ces vertueuses mains.
La dernière réponse du bailli à Mirabeau portait un post-scriptum ainsi conçu : « Votre commerce de lettres avec moi ne doit pas vous paraître assez doux pour chercher à le continuer ; ainsi ne fatiguez pas vos yeux à m’écrire, parce que je ne puis rien. » Mirabeau commence par répondre à ces paroles, dont il devinait l’origine et l’inspiration, et demande ensuite pardon de sa conduite passée.
À mesure que je me détache de moi-même et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens.
Mais quel usage plus doux et plus flatteur, mes. frères, pourriez-vous faire de votre élévation et de votre opulence ?
Celui de dix syllabes est plus léger, plus doux ; celui de neuf est peu en usage ; celui de huit peut avoir de la noblesse aussi bien que de la douceur et de la grâce ; celui de sept ne manque pas d’énergie, mais il est moins harmonieux ; le vers de six syllabes est un peu monotone ; celui de cinq est d’une rapidité gracieuse ou terrible.
Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand Prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.
Il semble que le temps soit un ennemi commun contre lequel tous les hommes sont convenus à conjurer : toute leur vie n’est qu’une attention déplorable à s’en défaire ; les plus heureux sont ceux qui réussissent le mieux à ne pas sentir le poids de sa durée ; et ce qu’on trouve de plus doux, ou dans les plaisirs frivoles1, ou dans les occupations sérieuses, c’est qu’elles abrégent la longueur des jours et des moments, et nous en débarrassent sans que nous nous apercevions presque qu’ils ont passé.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
J’ouvre le poëme de la Pitié, je tombe sur l’histoire d’une jeune fille qui consacrait son existence à soigner son vieux père : Son âme, dévouée à ces doux exercices, A son vieux domestique enviait ses services ; Les plus humbles emplois flattaient son tendre orgueil.
Laissons surtout notre âme s’émouvoir à la voix douce et pénétrante de la religion.
Racine et Fénelon respiraient l’élégante pureté, la douce mélodie des plus beaux temps d’Athènes ; ils choisissaient même parmi les Grecs ; ils avaient le goût et l’âme de Virgile.
Parmi tant d’huîtres toutes closes Une s’était ouverte, et baillant au soleil Par un doux zéphir réjouie, Humait l’air, respirait, était épanouie, Blanche, grasse et d’un goût à la voir non pareille. […] S’éveillant avec la rature, Le jeune oiseau chantait sur l’aubépine en fleurs, Sa mère lui portait la douce nourriture : Mes yeux se sont mouillés de pleurs. […] 11° Sonnet Le sonnet est un petit poème à forme fixe composé de deux quatrains et de deux tercets (en tout 14 vers), Boileau l’a exactement défini, quand il a dit qu’Apollon… Voulut qu’en deux quatrains de mesure pareille La rime avec doux sons frappât huit fois l’oreille ; Et qu’ensuite six vers artistement rangés Fussent en deux tercets par le sens partagés, etc. […] L’autre, c’est un baptême : — au bras qui le défend Un nourrisson gazouille une note indécise ; Sa mère, lui tendant le doux sein qu’il épuise, L’embrasse tout entier d’un regard triomphant ! […] Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France.
Le choix ou l’arrangement des sons plus ou moins doux, le mélange des syllabes longues ou brèves, la position des accents, celle des repos, la gradation ou une sorte de symétrie dans la longueur, soit des mots, soit des membres dont la période est composée, sont les moyens dont l’orateur se sert pour flatter l’oreille. » Vous voyez que, selon Turgot, la composition de la période dans les genres qui l’admettent est un des points auxquels l’écrivain doit s’attacher davantage.