Aussi naïf qu’un enfant, quand il était abandonné à la seule nature, il semblait avoir tout oublié ou ne rien connaître du monde, de ses grandeurs, de ses peines, de ses plaisirs ; mais quand Dieu descendait dans son âme, Paul devenait un génie inspiré, rempli de l’expérience du présent et des visions de l’avenir. […] On exige qu’ils soient amenés avec adresse et placés avec goût, qu’ils aient une liaison si intime avec le sujet qu’ils paraissent en dépendre comme des parties subordonnées, enfin qu’ils soient traités assez brièvement pour ne pas arrêter la marche du récit et pour ne pas faire oublier l’événement dont ils ne sont que les accessoires. […] Quant aux inférieurs, on doit leur témoigner de la bonté, de la condescendance, mais sans oublier de le faire avec dignité. […] Si, dans la conversation, un mot imprudent nous échappe, il passe rapidement et s’oublie ; mais quand nous prenons la plume, nous devons nous souvenir que les traits qu’elle aura tracés resteront.
Veuillez croire que je ne vous ai point oublié. […] Il n’a coutume d’oublier que les injures. […] S'il voulait oublier les anciennes injures, pourrait-il ne pas se souvenir des injures récentes ? […] Veuillez, je vous prie, m’oublier un instant.
Les amateurs d’anecdotes littéraires n’ont point oublié que Brébeuf avait d’abord commencé la traduction de l’Énéide, et que, fatigué à chaque instant par les contrariétés que lui faisait éprouver la dissonance perpétuelle de son ton boursouflé, avec la douce mélodie et le charme continu de l’expression de Virgile, il alla confier son embarras à Ségrais son ami, qui, de son côté, suait sang et eau pour se monter au ton de Lucain qu’il essayait de traduire, et que les deux amis se proposèrent et firent un échange, dont les deux poètes latins n’eurent guère à s’applaudir, mais dont Virgile surtout se trouva fort mal. […] Ils avaient senti vivement le charme constamment répandu dans la Jérusalem, et ils se sont crus capables de le faire sentir aux autres : le Tasse a été pour eux un véritable enchanteur ; ils se sont oubliés et méconnus dans son poème, comme Renaud dans les jardins d’Armide.
Attaqué par vos yeux, je leur rendis les armes : Je me fis prisonnier de tant d’aimables charmes ; Je leur livrai mon âme, et ce cœur généreux Dès ce premier moment oublia tout pour eux. […] Dites que le sommeil vous l’a fait oublier.
Désormais, je ne puis pas oublier que c’est ici ma patrie, que je suis votre consul, que je dois vivre avec vous ou mourir pour vous. […] Il n’oublie pas que, plus d’une fois, dans cette république la peine capitale a été appliquée à des citoyens dangereux. […] Vous avez donc oublié d’acheter du même Héjus ces tapisseries si renommées dans toute la Sicile, et connues sous le nom de tapisseries attaliques ? […] Non, cet insensé a oublié cet article : il a cru qu’on s’apercevrait moins de ce qu’il a pris dans un garde-meuble que de ce qu’il a enlevé d’une chapelle. […] Vous n’oublierez point ce camp d’un joueur de Plaisance, où, malgré son assiduité, Verrès fut privé de sa paie.
Distribuaient-ils leur récit en feuilletons, une des modes, par parenthèse, les plus fatales à la saine littérature, ils n’oubliaient jamais de suspendre la narration au moment où la curiosité était le plus vivement piquée, le plus avidement inquiète.
Ne l’oublions pas, en effet, traiter des passions, ce n’est pas seulement, comme dans la rhétorique des anciens, enseigner combien il est important d’émouvoir celles de l’auditeur, et comment on y parvient, mais encore et surtout y voir des sources d’idées, des auxiliaires pour l’invention.
L’homme n’oublia jamais le serment de l’enfant.
Ceux qui la suivaient et qui avaient faveur à la cour avaient peur d’être oubliés dans la commune persécution ; ils allaient s’accuser eux-mêmes, s’ils manquaient de délateurs.
Ame rêveuse, aux ailes de colombe, De mes sabots, là, j’oubliai le poids.
N’oubliez point vos études, et cultivez continuellement votre mémoire, qui a grand besoin d’être exercée. […] Il ne faut pas oublier les préceptes suivants de Boileau : Un auteur quelquefois, trop plein de son objet, Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet. […] As-tu tout oublié ?
Il ne faut pas oublier ici une des plus charmantes allégories, celle dans laquelle Mme Deshoulières cette tendre mère, se peint elle-même sous l’image d’une bergère qui recommande ses brebis à Pan, le dieu des bergers : par son troupeau, elle désigne ses enfants ; le dieu Pan, c’est le roi, à qui elle les recommande. […] S’il y a une occasion au monde où l’Âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le dieu des autres hommes, et, rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur. […] César, au nom des dieux dans ton cœur oubliés, Au nom de tes vertus, de Rome et de toi-même, Dirai-je au nom si un fils qui frémit et qui t’aime Qui te préfère au monde et Rome seule à toi, Ne me rebute pas.
Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu’il recevait ces respects, qu’il n’était pas le roi que ce peuple cherchait, et que le royaume ne lui appartenait pas.
Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi.
Je n’y manquai pas : je n’oubliai ni accent, ni point, ni virgule.
Le luth en main, le grand poète a des accents pour toutes les divinités : Cibèle, Jupiter, Junon, Apollon, Mercure, Diane, Minerve, et sans oublier Pan, le dieu des bergers et les Muses. […] Pascal, plus sévère, rappelle l’admirable dialectique de Platon ; La Bruyère4, l’aimable et judicieux esprit de Théophraste ; et il est réservé à La Fontaine5 de faire oublier presque le fabuliste Ésope et Phèdre, son correct et ingénieux imitateur. […] Il se conciliera la bienveillance, s’il sait prendre un air de douceur, d’honnêteté, de modestie qui prévient toujours en faveur de celui qui parle en public ; s’il s’oublie lui-même pour ne s’occuper que de son sujet ou de ceux qui l’écoutent. […] À l’aspect de ce chef-d’œuvre, j’oublie tout l’univers. […] Il me pousse, il me presse, il me jette à tes pieds ; César, au nom des dieux, dans ton cœur oubliés, Au nom de tes vertus, de Rome et de toi-même, Dirai-je ?
Tel ouvrage justement applaudi dans les âges qui nous ont précédés, est aujourd’hui oublié parce que les mœurs ne sont plus les mêmes62. […] À la lecture, on avait été plus indulgent, parce que les auditeurs, trompés sur l’effet dramatique par la manière séduisante dont l’auteur lisait, avaient oublié de se transporter en idée dans le parterre, et de sentir qu’on y serait infailliblement blessé de cette métamorphose imaginaire, grossièrement et ridiculement démentie par le spectacle lui-même.
Seulement il ne faut pas oublier que les deux pieds du premier hémistiches peuvent être dactyles ou spondées, et qu’ils doivent être suivis d’une césure ayant la valeur d’un demi-pied. […] Dès qu’il voit la ville prise et saccagée, les portes de son palais forcées, et l’ennemi au milieu de ses appartements, le vieux monarque revêt en vain ses épaules tremblantes d’une armure depuis longtemps oubliée, et se ceint d’un fer inutile ; puis, victime dévouée à la mort, il va se précipiter à travers les rangs serrés des ennemis.
il n’oubliait rien, sinon que c’était lui qui l’avait gagnée. […] Veut-on faire l’éloge d’un grand capitaine, on oublie que son héros est un homme et que ce sont des hommes qu’il fait égorger. […] La convenance dans les lettres exige que l’on n’oublie jamais ce que l’on est et ce que l’on doit à la personne à laquelle on écrit. […] Il faut sans doute viser à la justesse et à la solidité du fond ; mais on ne doit pas oublier que c’est peu de démontrer la vérité et le devoir : le point essentiel est de faire aimer et pratiquer le bien que l’on propose. […] Au reste, ce but si noble est souvent oublié par les poètes, et la comédie n’est d’ordinaire qu’une excitation aux passions et à la licence.
La postérité n’oublie pas non plus qu’elle lui doit en partie Esther et Athalie.
Vous n’avez pas oublié surtout que le bien et le beau sont inséparables, et vous ne négligez jamais l’occasion de faire ressortir les richesses littéraires de nos saintes Écritures et de nos grands auteurs chrétiens.
N’oublions pas toutefois que la sensibilité, comme l’imagination, doit être guidée par le jugement et la raison.
S’il est permis de jeter en passant quelques réflexions courtes et vives, qui éclairent l’ouvrage comme des traits lumineux, il ne faut pas oublier que l’action est l’élément essentiel de l’épopée.
Un siége aux clous d’argent te place à nos festins ; Et là, les mets choisis, le miel et les bons vins, Sous la colonne où pend une lyre d’ivoire, Te feront de tes maux oublier la mémoire.
N’oublions pas que le jour où les peuples s’enferment avec imprévoyance dans le cercle étroit de leurs intérêts, et où ils aiment mieux soigner leur prospérité matérielle que leur intelligence, ils commencent à déchoir.
Une fois connus, ils ne s’oublient jamais.
Mais elle est oubliée, depuis que Larcher a publié la sienne. […] Tel ouvrage justement applaudi dans les âges qui nous ont précédés, est aujourd’hui oublié, parce que les mœurs ne sont plus les mêmes.
Quand quelqu’un traitait avec, elle, il semblait qu’elle eût oublié son rang, pour ne se soutenir que par sa raison.
Mais en remplissant cette tâche délicate, l’orateur ne doit pas oublier que le point essentiel, que le comble de l’art est ici de faire disparaître entièrement l’art.
Le caprice sied bien à cette enchanteresse : On l’oublie, elle vient ; on la cherche, elle fuit, C’est la nymphe échappant au berger qui la suit3, Et qu’un doux repentir ramène plus charmante.
L’action, cette partie si importante de l’éloquence, ne doit pas être oubliée dans une rhétorique. […] On ne doit pas oublier non plus les choses grandes, extraordinaires ou nouvelles. […] Pour sortir de chez toi sur cette offre offensante, As-tu donc oublié qu’il faut qu’elle y consente ? […] Madame, oubliez-vous Que Thésée est mon père et qu’il est votre époux ? […] N’oublions pas que l’on produit un plus grand effet en faisant espérer un bien futur, qu’en rappelant un bienfait passé.
As-tu oublié ta promesse ? […] Mais quand elle en serait capable, je ne t’oublierai pourtant jamais, Sion : je te porte toujours entre mes mains, et tes murs sont toujours devant mes yeux. […] La vertu ne perce point la foule ; elle n’a ni avidité ni empressement’ ; elle se laisse oublier. […] Afin qu’un ouvrage soit véritablement beau, il faut que l’auteur s’y oublie et me permette de l’oublier. […] Donc jusqu’à l’oublier je pourrais me contraindre !
C’est ce que Boileau a sagement prescrit dans ces vers, qu’il a quelquefois oubliés dans la pratique : L’ardeur de se montrer et non pas de médire, Arma la vérité du vers de la satire. […] Ainsi, dans la fable du Loup devenu berger : Il s’habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa boulette d’un bâton, Sans oublier la cornemuse ; Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.
« Aimons donc la patrie, soyons soumis au sénat, prenons les intérêts des gens de bien ; oublions les avantages présents, pour ne nous occuper que de la gloire à venir ; regardons comme le plus utile ce qui sera le plus juste ; espérons tout ce que nous voudrons, mais supportons tout ce qui nous arrivera ; pensons enfin que, dans les grands hommes, le corps seul est mortel, que les conceptions de leur âme et la gloire de la vertu sont éternelles ; et si nous voyons cette opinion consacrée dans la personne d’Hercule, ce héros vénérable, dont l’immortalité même vint, dit-on, recueillir l’âme et les vertus, dès que les flammes du bûcher eurent consumé son corps, nous devons croire aussi que ceux qui, par leurs conseils ou par leurs travaux, ont défendu, accru, sauvé une république aussi florissante, sont parvenus à une gloire qui ne mourra jamais ».
Je laisserais même au delà du Rhin, sans m’en occuper autrement, cette manie du mysticisme et de l’inintelligible, si elle ne passait le fleuve, accueillie par quelques-uns de nos auteurs qui oublient le mot si vrai de Voltaire : « Ce qui n’est pas clair n’est pas français. » Ce qui n’est pas clair n’est pas français, parce qu’il semble que chaque peuple ayant reçu de la Providence sa mission sur la terre, celle de la France soit de répandre toutes les grandes et utiles vérités, et que, pour maintenir dignement cette noble propagande, il faut savoir rendre la vérité manifeste et accessible à tous.
Homère semble avoir oublié le lecteur pour ne songer qu’à peindre en tout la vraie nature.
Il les rendit célèbres par son repentir : de sorte qu’on oublia ses actions criminelles, pour se souvenir de son respect pour la vertu ; de sorte qu’elles furent considérées plutôt comme des malheurs que comme des choses qui lui fussent propres ; de sorte que la postérité trouva la beauté de son âme presque à côté de ses emportements et de ses faiblesses ; de sorte qu’il fallut le plaindre, et qu’il n’était plus possible de le haïr.
Là, tous les airs de la ville seraient oubliés ; et, devenus villageois au village nous nous trouverions livrés à des amusements divers, qui ne pour le lendemain.
Si ses pièces1 sont oubliées, ses théories leur ont survécu, et n’ont encore produit aucun chef-d’œuvre.
Je n’ai eu garde d’oublier Buffon sur le même sujet, couronnant le tout. […] Il ne faut pas oublier cependant que l’exercice apprend à voir aux jeunes orateurs, comme il apprend à voir aux jeunes peintres, et qu’on prend quelquefois pour manque d’intelligence et d’aptitude ce qui n’est que légèreté, dissipation, distraction. […] Platon, qui avait examiné tout cela beaucoup mieux que la plupart des orateurs, assure qu’en écrivant on doit toujours se cacher, se faire oublier, et ne produire que les choses et les personnes qu’on veut mettre devant les yeux du lecteur. […] Le prince lui répond : « Tu as l’esprit si gras pour avoir bu du vin d’Espagne, pour t’être déboutonné après souper, pour avoir dormi sur un banc après dîner, que tu as oublié ce que tu devrais savoir. […] Il ne voit dans son tort que moi qui s’intéresse, Et n’a pour tout plaisir, Seigneur, que quelques pleurs Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs66.
On fera remarquer seulement s’il a oublié quelque chose et dans quel but. […] Or, qu’on se persuade bien que ces contes seraient oubliés depuis longtemps, si les auteurs avaient dévié de ce but moral que tout écrivain ne doit jamais perdre de vue.
Ainsi, au lieu d’enjouement, gaieté, dévouement, je prierai, il paierait, j’oublierais, on écrit enjoûment, gaîté, dévoûment, il paîrait, je prîrai, j’oublîrais, etc. […] Nous ne croyons pouvoir mieux terminer ce qui concerne les licences qu’en citant ces deux vers : D’une licence heureuse usez avec prudence, Mais n’oubliez jamais que c’est une licence.
Mais, puisque vous n’avez point vu tous ces maux, que la pensée vous les représente : figurez-vous une ville prise d’assaut, des murs renversés, des maisons livrées aux flammes, des vieillards, des femmes âgées, condamnés à oublier désormais qu’ils ont été libres, justement indignés, moins contre les instruments que contre les auteurs de leur désastre, et vous conjurant avec larmes de ne point couronner le fléau de la Grèce, de ne vous point exposer à la fatalité malheureuse attachée à sa personne ; car ses conseils, quand on les a suivis, ont été aussi funestes aux simples particuliers qu’aux états qu’il a voulu diriger.
Quand l’élève a bien remarqué dans vingt circonstances que le mot qui exprime la qualité se met au même genre et au même nombre que les noms qu’il qualifie, quand il a parfaitement compris tous les éléments de ce fait grammatical, qu’alors la règle : l’adjectif s’accorde avec le substantif en genre et en nombre, ou les deux mots, Deus sanctus , viennent résumer ces observations multipliées, et leur donner un corps ; que l’élève apprenne cette règle littéralement, comme une formule algébrique, comme le texte d’un article de loi ; alors seulement il ne l’oubliera plus.
En un mot, qu’il n’oublie pas que les natures et les institutions humaines sont choses flexibles et ondoyantes, ne comportant guère que les demi-vérités, et s’accommodant rarement de la rigueur de l’expression logique.
Le chancelier d’Aguesseau les a parfaitement établies61 « Le poëte, dit-il, doit faire en sorte que le commencement et le nœud de la tragédie servent comme d’ombre et de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les règles de la vraisemblance ; il évite donc de mettre le spectateur en droit de lui dire : Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi ; il ne change point Proené en hirondelle, ni Cadmus en serpent, c’est-à-dire qu’il n’invente point un dénoûment fabuleux, et qui, suivant l’expression de Plutarque, franchisse trop audacieusement les bornes du vraisemblable.
Pour le premier point, il semblerait, d’après ma définition, que toute théorie soit superflue ; mais, qu’on ne l’oublie pas, ici, comme ailleurs, il y a toujours deux éléments en présence, la nature et l’art, ne pouvant se suppléer l’un l’autre que jusqu’à un certain point, et n’arrivant réellement au but que par leur collaboration.
Fénelon Ce prélat était un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l’esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n’en ai point vu qui y ressemblât, et qui ne se pouvait oublier quand on ne l’aurait vue qu’une fois.
L’art a-t-il trop oublié l’humanité, il a dépassé son but, il ne l’a pas atteint ; il n’a enfanté que des chimères sans intérêt pour notre âme.
. — « Voulez-vous faire un discours, n’oubliez pas qu’il y a trois genres d’éloquence : le genre démonstratif, qui blâme ou qui loue, le genre délibératif, qui conseille ou qui dissuade, le genre judiciaire, qui accuse ou qui défend.
N’oublions pas que la langue de l’éloquence est la langue des affaires, et que, s’adressant au peuple, elle doit être avant tout simple, précise, pratique.
Savez-vous pour la gloire oublier le repos, Et dormir en plein champ le harnois sur le dos ? […] Dans les autres poèmes, l’écrivain ne remplit point le personnage de poète : l’art, même consiste à le faire oublier. […] De nos aïeux sacré berceau Sainte Jérusalem312, si jamais je t’oublie ; Si tu n’es pas jusqu’au tombeau L’objet de mes désirs, et l’espoir de ma vie ; Rebelle aux efforts de mes doigts, Que ma lyre se taise entre mes mains glacées, Et que l’organe de ma voix Ne prête plus de sons à mes tristes pensées.
., se livrent à des excès qui font presque oublier les fautes de Molière. […] Le poète, dans la peinture des caractères, ne doit oublier aucun trait propre à caractériser parfaitement ses personnages, surtout le personnage principal, dont le caractère doit se développer au moyen de gradations habiles. […] Molière a traduit : Et l’autre , ce qui est naturel, attendu que la précipitation de l’avare a pu lui faire oublier qu’il a déjà examiné deux mains, et prendre celle-ci pour la seconde.
La pratique de l’enseignement nous a démontré qu’il est certains faits de grammaire qui ne s’oublient pas, une fois appris ; mais qu’il en est d’autres sur lesquels on ne saurait appeler trop souvent l’attention.
La phrase suivante renferme un double solécisme : La promesse que j’ai fait, je l’ai oublié, puisque la règle des participes veut faite et oubliée.
« Rien n’est plus ordinaire que de vous entendre justifier vos animosités, en nous disant que cet homme n’a rien oublié pour vous perdre ; qu’il a fait échouer votre fortune ; qu’il vous suscite tous les jours des affaires injustes ; que vous le trouvez partout sur votre chemin, et qu’il est difficile d’aimer un ennemi acharné à vous nuire.
Homme d’Etat, publiciste, journaliste, n’oubliez pas la dignité de votre caractère et de votre mandat ; il est des institutions tellement graves, des réputations tellement pures, que toute bouffonnerie doit tomber devant elles.
Rendait-il compte d’une bataille, il n’oubliait rien, sinon que c’était lui qui l’avait gagnée.
Mon cœur, vous soupirez au nom de l’infidèle : Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus ?
Réparer les brèches d’une fortune compromise, établir son fils, adorer sa fille, madame de Grignan, se lamenter sur son éloignement, voir et revoir la chère absente, lui raconter ses tendresses et les nouvelles du jour dans toute leur primeur, les commenter avec une verve étincelante, depuis le procès de Fouquet jusqu’à la disgrâce de M. de Pomponne, depuis la mort de Turenne jusqu’à celle de Vatel, sans oublier la pluie et le beau temps, en un mot laisser causer son esprit et son cœur : voilà sa vie.
Il ne faut pas oublier, que de Maistre est un partisan fougueux de l’ancien régime.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste1.
Mais la douceur a d’autres soins qu’elle n’oublie jamais : habile à corriger notre impatience, elle nous fait éviter soigneusement tout ce qui pourrait offenser ; elle sait que l’homme est né pour souffrir, et toujours elle éprouve le besoin de le soulager ; voilà le devoir qu’elle aime, qu’elle s’impose, et qui jamais ne cesse pour elle ; elle n’attend pas des circonstances particulières pour agir ; elle est aussi rapide que la pensée, et le charme de son influence se fait reconnaître dans toutes ses paroles, dans toutes ses démarches, et jusque dans les efforts que la vertu peut goûter. […] Si le rang, les talents ou la fortune l’élèvent au-dessus de ceux qui l’environnent, elle en jouit avec tant de réserve qu’elle se les fait du moins pardonner, si elle ne peut les faire entièrement oublier. […] En Angleterre, comment des écrits qui ont été prônés il y a deux ou trois siècles, sont-ils maintenant méprisés ou complètement oubliés ? […] Quoique la raison vienne à notre secours dans les jugements que nous portons sur les ouvrages de goût, il ne faut cependant point oublier que ce que nous avons dit précédemment nous conduit à conclure que ces jugements ont pour base le sentiment et les perceptions internes.
La longueur des phrases fait oublier à la fin ce qu’on a dit au commencement. […] Si je viens à l’oublier, dit le Psalmiste, ô Jérusalem, que ma main se dessèche. […] Peu importerait donc que la pensée fût exprimée plus ou moins figurément si elle servait à la vertu et à la vérité ; mais n’oublions pas que les figures plaisent, instruisent et touchent, et sachons les faire servir comme la simple parole au triomphe de ces deux choses, les seules qui soient grandes et dignes de l’homme. […] Donc, il finit par disparaître (s’oublier).
N’oublions jamais que Scribendi recte, sapere est principium et fons. […] N’oublions jamais que les modèles les plus accomplis ont toujours quelque chose qu’il ne faut point imiter. […] Mais n’oubliez pas qu’en toutes choses il y a une manière de faire agréable et gracieuse, et une manière de faire gauche et déplaisante. […] Nous ne pouvons pas oublier de parler ici de Shakspeare, qui tient d’une main si savante le pinceau de la nature. […] Enfin Jupiter consent à ce que le nom troyen soit à jamais oublié pour faire place au nom latin ; Junon alors s’apaise, et le héros victorieux reste dans le Latium.
Mais vous n’avez pas oublié ce qui a été dit plus haut sur la convenance du ton.
« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts.
Rabelais 1483-1553 [Notice] Né la même année que Luther, sur les bords de la Loire, en Touraine, près de Chinon, dans la métairie de la Devinière, fils d’un apothicaire suivant les uns, d’un cabaretier suivant les autres, François Rabelais ne devait point oublier le voisinage de la Dive bouteille, et des joyeux buveurs dont les chants l’éveillèrent au berceau.
Je veux un nomme qui me fasse oublier qu’il est auteur, et qui se mette de plain pied en conversation avec moi. » (Fénelon.)
Je n’oublierai jamais d’avoir vu beaucoup pleurer une petite fille qu’on avait désolée avec cette fable, tout en lui prêchant toujours la docilité.
J’avais oublié de dire, que quand on écrit à une personne à qui l’on doit du respect, la politesse ne souffre pas qu’on la charge de faire des complimens à une autre.
Vous savez trop d’ailleurs (et j’ose bien assurer que vous ne l’oublierez jamais) que le vrai chrétien s’attire toujours l’estime générale ; que les hommes sages l’aiment, et que les libertins se sentent forcés de le respecter.
Il faut s’oublier soi-même, ne point parler de sa personne, et ne s’occuper que de son sujet : la vanité déplaît aux hommes.
Dans la souterraine cité : Mais le danger s’oublie, et cette peur si grande S’évanouit bientôt ; je revois les lupins Plus gais qu’auparavant retenir sous mes mains.
Recourez assidûment aux sacrements, qui sont les sources de vie, et n’oubliez jamais que l’honneur du monde et celui de l’Évangile sont ici d’accord.