C’est là que l’on trouve un parallèle de Lycurgue et de Boileau, auquel on ne s’attendrait guères ; c’est là enfin que l’on dit « que Buffon, au milieu de l’immensité, n’est qu’à sa place ; que la langue sublime et calme qu’il emploie, inspire, comme le spectacle de l’univers, une admiration tranquille ».
Les Suédois fondirent avec leur impétuosité ordinaire sur les Saxons, qui les attendirent sans s’ébranler : les coups de fusil, de pique et de baïonnette effarouchèrent les chevaux, qui se cabraient au lieu d’avancer.
. — Attendez un moment, lui dit son conducteur, vous serez content. » Ils continuent à marcher, et ils arrivent, à un quart de lieue plus loin, à un autre champ d’orge.
Il attendit, il fut étranglé bel et bien, Et, mourant, il criait d’une voix enrouée : Cela… cela ne sera rien 2.
Je partis hier assez matin de Paris, j’allai dîner à Pomponne : j’y trouvai notre bonhomme qui m’attendait ; je n’aurais pas voulu manquer de lui dire adieu. […] L’auteur nous peint les efforts inutiles du malheureux voyageur, luttant avec désespoir contre les tourbillons de neige et la rigueur du froid, ses terreurs affreuses, l’obscurité de la nuit qui vient augmenter son malheur, et enfin sa triste et cruelle agonie, loin de sa femme et de ses enfants qui l’attendent en lui préparant les vêtements chauds et un feu clair pour réchauffer ses membres engourdis. […] Les trois Horaces viennent d’être choisis pour combattre les trois Albains ; Curiace, Albain et beau-frère d’Horace, lui dit : Quels vœux puis-je former, et quel bonheur attendre ?
L’un, dès qu’il parut dans les armées, donne une haute idée de sa valeur, et fait attendre quelque chose d’extraordinaire : l’autre, comme un homme inspiré, dès sa première bataille, s’égale aux maîtres les plus consommés.
Tableau de mœurs ou la caricature se mêle au portrait, et l’invective à la raison, elle reflète ce qu’il y eut d’horrible et de risible dans cette explosion de folie qui précéda le règne d’Henri IV, « Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire. » Dans certaines parties impérissables, c’est un modèle d’ironie, de dialectique véhémente et de virils accents mis au service d’une cause, alors nationale, dans une ville ruinée, affamée, fiévreuse et à demi repentante, qui attendait l’avénement de la poule au pot.
Que de projets plus grands, éclos sur d’humbles tiges, N’attendent qu’un rayon, qu’un souffle pour mûrir !
Une maitresse d’école Prnette 2 Elle aimait entre tous, de son amour de mère, Ceux dont l’âme innocente attend une lumière.
Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.)
Ainsi, Malherbe employait des années entières à la composition et à la correction d’un morceau lyrique ; La Fontaine, dont le style paraît si facile, ne composait en prose ou en vers qu’avec beaucoup de travail, puisque telle de ses fables n’a que deux vers communs avec la première ébauche ; Bossuet corrigeait avec beaucoup de soin ses ouvrages, comme le prouvent ses manuscrits ; Buffon attendait des heures entières le mot nécessaire à sa période et à sa pensée, et il fit recopier onze fois un de ses ouvrages en y introduisant toujours d’heureux changements. […] Il en est de même pour ce qui concerne le choix de l’objet lui-même, qui sera gracieux ou sombre, pathétique ou riant, selon la place que le poète lui destine et l’effet qu’il en attend. […] L’auteur, après avoir décrit scrupuleusement le lieu de la scène, ainsi que la situation des personnages secondaires relativement à son héros, rappelle les paroles échappées à Turenne, et nous le montre prenant des précautions inaccoutumées, comme pour nous donner le change sur le sort qui l’attend, et frapper un coup plus terrible, lorsque la catastrophe arrivera. […] La réponse ne doit pas se faire attendre, surtout si elle doit adoucir quelque peine.
Il attendit un peu pendant que sa femme faisait ses préparatifs. […] De là ces locutions élégantes : in diem vivere, vivre au jour le jour ; in dies senescere, vieillir de jour en jour ; in horas exspectare, attendre d’heure en heure, etc. […] Qu'y a-t-il donc, Catilina, que tu puisses attendre encore ? […] O malheureux vieillard, qui n’a pas vu qu’il fallait s’attendre à mourir !
Sous un vieux chêne, il sait attendre Le déclin du brûlant soleil : Puis sur un gazon frais et tendre, Il va chercher un doux sommeil. […] Toute la nature en silence Attend que le Dieu de Délosa, De son char lumineux s’élance Dans l’humide séjour des flots.
Tous les jours je t’attends ; tu reviens tous les jours. […] Dans la Tragédie d’Horace, le Héros de la pièce ayant été nommé avec ses deux frères pour combattre contre les trois guerriers qu’Albe doit choisir, Curiace, Albain, beau-frère d’Horace, dont il doit même épouser la sœur, lui dit : Quels vœux puis-je former, et quel bonheur attendre ?
N’outrons rien ; mais admettons, avec Aristote, qu’une prose trop harmonieuse, trop rythmique serait ridicule, par cela seul qu’elle passerait les limites qui la séparent de la poésie : ποίημα γὰρ ἕσται ; mais qu’une prose totalement dénuée du charme de l’harmonie, serait également défectueuse, parce qu’elle n’offrirait point à l’oreille le repos qu’elle attend et dont elle a besoin : τὸ δὲ ἄῤῥυθμον, ἀπέραντον.
Jeunes gens, vous surtout à qui s’adresse spécialement ce livre, vous qu’attendent les carrières de l’intelligence, écrivains et orateurs de l’avenir, croyez au travail, à sa nécessité, à sa puissance, aux prodiges qu’il a opérés dans tous les siècles, et qu’il doit opérer encore.
Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme2.
Il faut qu’ils ne disent rien, qui ne se rapporte entièrement à la question ; par là, le dialogue sera direct : qu’ils ne fassent jamais attendre la réplique ; par là, le dialogue sera vif : qu’ils parlent toujours à propos ; par là, le dialogue sera bien coupé : ces trois qualités lui sont essentielles.
Je fus chez lui, et je l’attendis ; comme il tardait un peu, je descendis dans son jardin, et je m’amusai à regarder les plantes et les fleurs, qui sont fort belles et nombreuses, et pour la plupart étrangères, à ce qu’il me parut, et aussi rangées d’une façon particulière et pittoresque.
Aussi quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. » Et Fénelon disait dans le même sens : « Je veux un homme qui me fasse oublier qu’il est auteur, et qui se mette comme de plain-pied en conversation avec moi.
Ta voix noble et touchante est un bienfait des dieux ; Mais aux clartés du jour ils ont fermé tes yeux. » « Enfants, car votre voix est enfantine et tendre, Vos discours sont prudents, plus qu’on eût dû l’attendre ; Mais, toujours soupçonneux, l’indigent étranger Croit qu’on rit de ses maux et qu’on veut l’outrager : Ne me comparez point à la troupe immortelle : Ces rides, ces cheveux, cette nuit éternelle, Voyez ; est-ce le front d’un habitant des cieux ?
Prosper Mérimée a été un des rares écrivains qui ont su le mieux économiser l’emploi de leur talent, faire attendre et désirer leurs œuvres, les polir à loisir, et compter leurs pages, comme d’autres comptent leurs volumes.
Le vers blanc fatigue par sa cadence, où l’oreille, perpétuellement déçue, attend toujours une consonnance qui ne vient pas. […] Attendez les zéphyrs. […] C’est lui que suit le mien, et non pas la couronne ; J‘aimerai l’un de vous, parce qu’il me l’ordonne ; Du secret révélé j’en prendrai le pouvoir, Et mon amour pour naître attendra mon devoir. […] — Elle prend l’auditeur à partie par des questions vives et pressantes ; elle traduit et communique l’émotion de l’orateur : « Qu’attendez-vous de moi, Messieurs, et quel doit être aujourd’hui mon ministère ? […] Le mets ne lui plut pas : il s’attendait à mieux, Et montrait un goût dédaigneux Comme le rat du bon Horace.
Que le Midi, que l’Orient, que les îles inconnues les attendent, et les regardent en silence venir de loin. […] Il y a donc une école intérieure où l’homme reçoit ce qu’il ne peut ni se donner, ni attendre des autres hommes, qui vivent d’emprunt comme lui.
Pope est plus diffus ; mais il traduit en poète : Attendent nymps in beauteous order wait The queen, descending from her bow’r of state.
Et quel est notre aveuglement, si toujours avançant vers notre fin, et plutôt mourants que vivants, nous attendons les derniers soupirs pour prendre les sentiments que la seule pensée de la mort nous devrait inspirer à tous les moments de notre vie ?
Je l’avoue ; mais un autre excès plus dangereux encore, c’est l’audace effrénée de la raison, cette curiosité inquiète et hardie, qui n’attend pas, comme la crédulité stupide, que l’erreur vienne la saisir ; mais qui s’empresse d’aller au-devant des périls ; qui se plaît à rassembler des nuages, à courir sur le bord des précipices, à se jeter dans les filets que la justice divine a tendus, pour ainsi dire, aux esprits téméraires : là, vient ordinairement se perdre l’esprit philosophique.
Mais quand tous les arguments sont également forts, également satisfaisants ; quand chacun d’eux, placé dans tout son jour, est capable de produire l’effet que l’on en attend, il est bon de les séparer par une distance raisonnable, pour laisser à l’auditeur le temps d’en apprécier la valeur.
Mais, attendu la diversité des temps et des mœurs, il n’attachera pas à l’improvisation, au débit et au geste, la haute importance qu’y mettait l’antiquité romaine.
Cependant le spectacle du monde le plus étrange et le moins attendu se présenter à eux : de grands corps énormes qui paraissent avoir des ailes blanches2, qui volent sur la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, et qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout écaillés de fer, disposant comme ils veulent des monstres qui courent sous eux, et tenant en leurs mains des foudres dont ils terrassent tout ce qui leur résiste.
Il cherche autour de lui la place accoutumée Où sa femme l’attend sur le seuil entr’ouvert1 ; Il voit un peu de cendre au milieu d’un désert.
Balzac 1596-1655 [Notice] Né à Angoulême, Jean-Louis Guez de Balzac, membre de l’Académie française, passa presque toute sa vie sur les bords de la Charente, au fond de son château, dans un isolement égoïste et superbe, qui, loin de nuire à sa renommée, donnait à ses écrits l’autorité d’oracles impatiemment attendus.
L’expression du visage de tous ceux qui attendaient un mot d’elle pouvait être assez piquante pour les observateurs.
Les maîtres des colléges de province, auxquels manquent, la plupart du temps, les ressources littéraires que la capitale fournit en abondance, et qui attendaient un recueil de cette nature, y trouveront, outre les matériaux dont ils ont besoin, un terme de comparaison, qui excitera, ce nous semble, la curiosité et l’émulation de leurs élèves.
Qu’il acquitte le genre humaine de ce devoir ; et la couronne d’or, qu’on refusait à Démosthène, l’attend et lui est assurée. […] Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. […] Le mieux est donc d’attendre que le temps et l’exemple instruisent une nation qui pèche par le goût. […] Sait-il que je l’attends ? […] Attendez. — Non, vois-tu, je le nîrais en vain.
On attendait en silence vers quel lieu il allait porter ses pas, ou ce qu’il allait faire… il ordonne, et tout à coup on traîne un homme sur la place publique, on le dépouille, on l’attache, et les verges s’apprêtent. » Ces derniers mots sont déja d’un si grand effet et répandent un tel effroi, que c’est moins un récit qu’on entend, qu’un spectacle auquel on assiste. […] Reste une troisième classe de figures, celles qui consistent à jouer, pour ainsi dire, avec la pensée, soit en la cachant à demi, soit en la montrant exprès sous un faux jour, soit en la faisant attendre ou en la laissant deviner. […] Bossuet dit, en parlant de Henriette, reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle en ce lieu remercié Dieu humblement de deux grandes grâces, l’une de l’avoir fait chrétienne, l’autre, messieurs, qu’attendez-vous ? […] Massillon est un modèle parfait de style périodique : « Si tout doit finir avec nous, si l’homme ne doit rien attendre après cette vie, et que ce soit ici notre patrie, notre origine, et la seule félicité que nous pouvons nous promettre, pourquoi n’y sommes-nous pas heureux ? […] Attendons : Pendant qu’avec un air assuré le prince s’avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque ; leur effroyable décharge met les nôtres en furie.
Lorsqu’il est de retour dans la Grèce, c’est comme malgré lui qu’il prend et détruit Thèbes ; campé auprès de leur ville, il attend que les Thébains veuillent faire la paix : ils précipitent eux-mêmes leur ruine.
me faudra-t-il attendre encor longtemps ?
Or, je ne veux point vous conseiller d’employer toutes les forces de votre résolution et constance pour arrêter tout d’un coup l’agitation intérieure que vous sentez ; ce serait peut-être un remède plus fâcheux que la maladie : mais je vous conseille aussi d’attendre que le temps seul vous guérisse, et beaucoup moins d’entretenir ou prolonger votre mal par vos pensées ; je vous prie seulement de tâcher peu à peu de l’adoucir, en ne regardant ce qui vous est arrivé que du biais qui vous le peut faire paraître le plus supportable, et en vous divertissant le plus que vous pourrez par d’autres occupations3.
Un acacia qui croissait dans ce lieu me servit d’abri ; derrière ce frêle rempart j’attendis la fin de la tempête.
Immobile comme un roc, il croisait les bras et il attendait le silence.
On attendait du nouveau monarque de bien grands succès, lorsqu’il mourut en 1100, après un règne d’un an. […] -C. ; et sans attendre sa condamnation, il s’exila lui-même, conservant encore de grandes richesses, quoiqu’il eût répandu beaucoup d’or, pour obtenir un jugement favorable.
Il faut, de plus, que la rime frappe les yeux, c’est-à-dire que les deux finales présentent les mêmes caractères ou des caractères équivalents : par exemple : sultan ne rime point avec instant ; mais instant et attend riment ensemble. […] Il en est de même des mots qui ne sont pas terminés par la même consonne, ou par une consonne équivalente, comme essor avec transport, sultan avec instant ; tandis qu’on fait bien rimer instant avec attend, accord avec fort, comme nous l’avons vu plus haut.
C’est un athlète qui s’est élancé dans la carrière, et qui doit toujours courir avec la même vitesse : s’il ralentit sa course, il perd la couronne qui l’attendait. […] Les vœux doivent se rapporter principalement à la douceur de l’union que forment les nouveaux époux, et aux fruits heureux qu’ils peuvent en attendre.
Je n’attendrai rien de la nature d’un enfant en qui le jugement devance l’esprit… Ils ne cherchent qu’à éviter les défauts, et tombent par là même dans le pire des défauts, celui de n’avoir aucune qualité. »Quintit.., Institut. orat., II, 4.
Je suppose donc que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers ; que les cieux vont s’ouvrir sur vos têtes ; que Jésus-Christ va paraître dans sa gloire au milieu de ce temple, et que vous n’y êtes assemblés que pour l’attendre comme des criminels tremblants, à qui l’on va prononcer une sentence de grâce ou un arrêt de mort éternelle ; car vous avez beau vous flatter : vous mourrez tels que vous êtes aujourd’hui.
Tout le plan de l’entreprise est définitivement arrêté, tous les conjurés à leur poste ; armes, vaisseaux, mots de ralliement, esprits et courages, tout est prêt ; on n’attend plus que le signal, et le signal va être donné au lever du jour.
Ici l’on affirme ou l’on rappelle certaines idées, certains faits, tout en disant qu’on les passera sous silence, prétérition ; là, on feint de s’être laissé emporter à la passion, ou d’avoir mal apprécié les choses, et l’on revient à dessein sur ce que l’on a dit pour le fortifier, l’adoucir, le rétracter même et produire ainsi plus d’effet, correction, rétroaction, épanorthose ; on a l’air tantôt d’admettre jusqu’à un certain point les objections de l’adversaire et de reculer devant lui, pour reprendre bientôt après ou s’assurer immédiatement un avantage décisif, concession, préoccupation, prolepse ; tantôt de le consulter, d’entrer dans son opinion, de partager ses erreurs, afin de l’amener moins péniblement à l’aveu ou au repentir, communication ; plus loin, on semble mettre en question ce que l’on a déjà irrévocablement décidé, délibération ; ou encore s’enquérir de ce que l’on sait fort bien, interrogation ; si bien même que souvent, après avoir fait la demande, on fait la réponse, au lieu de l’attendre, subjection.
Si l’oreille ne trouve pas ce nombre cadencé, ce rythme mélodieux qu’elle cherche et qu’elle attend, tout le charme s’évanouit.
vous chantiez résume toute sa pensée, nous voilà préparés au dénouement qui ne se fait guères attendre.
« Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.
Je n’oserais dire que cultiver le goût, c’est cultiver la vertu ; mais on peut toujours s’attendre à les voir réunis au même degré dans chaque individu. […] Mais si cette figure forme souvent une beauté de la prose, elle est la vie de la poésie, où nous devons nous attendre à trouver tous les objets animés. […] L’impression que l’on attend d’un point capital est toujours plus profonde lorsqu’elle occupe sa place naturelle. […] Car il ne doit pas s’attendre à pouvoir duper ses auditeurs par l’art de la parole, c’est une chose beaucoup moins facile que les orateurs ne sont quelquefois disposés à le croire. […] Les preuves directes manquaient ; mais « vous attendiez sa succession, héritage opulent.
Messieurs, qu'attendez-vous ? […] Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables, Résisté sans courber le dos ; Mais attendons la fin. […] J'ai pleuré quatorze printemps Loin des bras qui m'ont repoussée : Reviens, ma mère, je t'attends Sur la pierre où tu m'as laissée.
En voici quelques-unes : Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées La valeur n’attend point le nombre des années. […] Cette figure, qui ne peut s’employer souvent à cause de sa magnificence, exige que la chose annoncée réponde à l’attente et qu’elle ne se fasse pas attendre trop longtemps. […] l’une de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ?
Les villes d’Albea et de Romeb étaient en guerre ; et les armées, rangées en bataille, n’attendaient que le signal, pour en venir aux mains, lorsque les généraux voulant épargner le sang des deux peuples, voisins, de même origine, et unis par les liens de la parenté, convinrent de nommer de part et d’autre trois combattants seulement pour la cause commune. […] « Soit qu’il fallût préparer les affaires ou les décider, chercher la victoire avec ardeur, ou l’attendre avec patience (premier membre) ; soit qu’il fallût prévenir les desseins des ennemis par la hardiesse, ou dissiper les craintes et les jalousies des alliés par la prudence (second membre) ; soit qu’il fallût se modérer dans la prospérité, ou se soutenir dans les malheurs de la guerre (troisième membre) : son âme fut toujours égale » (quatrième membre) Fléchier, Orais. fun. de Turenne.
Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92.
Le talent dépend sans doute des facultés naturelles de l’esprit, mais il a besoin d’être développé et perfectionné par l’étude, sinon il reste inconnu, semblable à ces pierres précieuses enfouies dans le sol, qui attendent la main du lapidaire pour briller d’un vif éclat.
N’attendez pas qu’elles fassent aucun effort pour échapper à leur jugement ou pour l’abréger.
Trop de causes doivent concourir pour faire éclore ces âges d’or : une cour comme celle d’Auguste ou de Louis XIV, une démocratie comme celle d’Athènes, plus aristocrate par la finesse de ses organes et la délicatesse de son goût que l’aristocratie elle-même ; une certaine fermentation dont le principe nous échappe et qui fait germer à la fois une moisson d’esprits du premier ordre dans tous les genres1 ; du loisir pour attendre l’inspiration et ne travailler que sous son influence ; un amour de l’art pur généralement répandu ; un désir de gloire, d’avenir, d’immortalité, que les besoins du présent n’étouffent pas sous la nécessité de percer, de se faire connaître et de vivre.
En général, les nations diverses y auraient chacune un coin réservé ; mais les auteurs se plairaient à en sortir, et ils iraient en se promenant reconnaître, là où l’on s’y attendrait le moins, des frères ou des maîtres.
L’équivoque caractérise donc l’énigme : elle y donne le change au lecteur qui d’ailleurs doit s’y attendre ; la métaphore et l’antithèse sont les principales figures propres à ce genre de poésie, qui demande la brièveté, la justesse et la précision.
Cette légende était tout à fait populaire à Rome ; c’est pourquoi, tout le public d’alors, connaissant le sujet du poème auquel Virgile travaillait, y applaudissait à l’avance et attendait avec patience et orgueil cette glorification de son origine. […] Il représente les ennemis abordant au port de Séville, joyeux, pleins de confiance, et « courant se livrer aux mains qui les attendent. » Mais je m’aperçois que je vais vous raconter toute la pièce, et vous priver ainsi d’une partie du plaisir que vous aurez à la voir jouer. […] Je le sais, Sire, j’ai fait bien moins que vous n’attendiez de moi, peut-être, et bien moins surtout que ce que j’avais dessein d’exécuter ; je sais que la moitié de la tâche que j’avais assumée reste à accomplir, que je laisse derrière moi une situation difficile, pleine d’écueils et d’incertitudes. […] Les applaudissements ne se sont pas fait longtemps attendre, et la première scène, entre Oreste et Pylade, a excité le plus vif enthousiasme ; mais la suite de la pièce nous réservait des beautés qu’on n’imaginait pas, et l’admiration fut générale. […] Comme vous pouvez bien penser, l’exécution ne s’en fera pas longtemps attendre, car l’Académie tiendra à honneur de ne pas s’en tenir à une vaine adhésion et de montrer combien elle sent l’utilité et l’opportunité des réformes que vous signalez à son intention.
Ainsi, au lieu de dire ; attendons tout de Dieu, et rien de nous-mêmes ; dites plutôt : attendons tout de Dieu, et n’attendons rien de nous-mêmes.
La Fontaine conclut qu’il ne faut rien attendre de bon du peuple imitateur, et que la pire espèce des imitateurs est celle des auteurs. […] Malherbe, dans cette ode admirable adressée au roi Louis XIII en 1627, lorsqu’il allait réduire la Rochelle et chasser les Anglais qui, pour soutenir la révolte dans cette ville, avaient fait une descente en l’île de Ré, après avoir à moitié traité son sujet et avoir annoncé au roi que la Victoire l’attend aux bords de la Charente, rappelle que cette déesse a sauvé autrefois Jupiter attaqué par les Titans, et, à ce propos, raconte rapidement cette guerre : Telle en ce grand assaut où des fils de la terre La rage ambitieuse à leur honte parut, Elle sauva le ciel et rua le tonnerre Dont Briare mourut.
Éloquence de saint Paul 1 N’attendez pas de l’Apôtre ni qu’il vienne flatter les oreilles par des cadences harmonieuses, ni qu’il veuille charmer les esprits par de vaines curiosités. […] Vos peuples s’attendent, Sire, à vous voir pratiquer plus que jamais ces lois que l’Écriture vous donne.
Ici on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang pour le bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre où on s’attendait à lui dresser un triomphe.
Moins on cherchera votre dessein, moins on attendra la lumière, plus on s’intéressera vite à vos inventions.
Que le midi, que l’orient, que les îles inconnues les attendent et les regardent en silence venir de loin.
Mais il n’en est pas ainsi du sixième, assez étroit et assez brusquement terminé, où le poëte fait intervenir de nouveaux personnages allégoriques qu’on n’attendait pas, et succéder, avec moins d’inspiration et de bonheur, l’accent de la gravité au ton de la plaisanterie.
Il faut qu’ils ne disent rien qui ne se rapporte directement à la question : par là, le dialogue sera direct ; qu’ils ne fassent jamais attendre la réplique : par là, le discours sera vif ; qu’ils parlent toujours à propos : par là, le dialogue sera bien coupé.
Voici maintenant une interruption dans Bossuet, en parlant de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu humblement de deux grandes grâces : l’une de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ?
La subjection, où, après avoir fait la demande, on fait la réponse, au lieu de l’attendre.
Chargé du soin de vous instruire, et l’exciter votre piété, par la vue même les grandeurs humaines et du terme fatal où elles aboutissent, je viens satisfaire à ce que vous attendiez de moi. […] Henri IV 109 n’étant encore que roi de Navarre et combattant pour les protestants contre Henri III, assiégeait la ville de Cahors, capitale du Querci, lorsque le bruit se répandit dans l’armée qu’un secours attendu par les habitants qui se défendaient très vigoureusement, était sur le point d’arriver.
Cette figure, appliquée dans les vers suivants de Voltaire, contribue beaucoup à rendre ce tableau plus effrayant ; fleuri de Bourbon raconte à la reine d’Angleterre les horreurs de la Saint-Barthélemy : Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris, Le fils assassiné sur le corps de son père, Le frère avec la sœur, la fille avec la mère, Les époux expirants sous leurs toits embrasés, Les enfants au berceau sur la pierre écrasés : Des fureurs des humains c’est ce qu’on doit attendre. […] tigre impitoyable et digne du Tartare, Digne de présider au tourment des pervers, Va, Mégère t’attend au cachot des enfers !