Les dehors mêmes de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, le progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît ni Dieu ni elle-même. […] Tel est cet épisode, arrivé au Passage du Rhin par l’armée française, sous les yeux de Louis le Grand : Le chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il retourne, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord, il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. […] César et Henri IV Tous deux avaient reçu de la nature une âme élevée et sensible, un génie également souple et profond dans les affaires politiques, de grands talents pour la guerre ; tous deux furent redevables de l’empire à leur courage et à leurs travaux : tous deux pardonnèrent à leurs ennemis, et finirent par en être les victimes : tous deux connaissaient le grand art de s’attacher les hommes et de les employer ; art le plus nécessaire de tous à quiconque commande ou veut commander : tous deux étaient adorés de leurs soldats, et mêlaient les plaisirs aux fatigues militaires et aux intrigues de l’ambition.
La mauve, le dictame ont, avec les pavots, Mêlé leurs sucs puissants qui donnent le repos3 : Sur le vase bouillant, attendrie à mes larmes ; Une Thessalienne a composé des charmes.
Aussi la joie qu’il en témoigna fut mêlée de surprise
Les ouvrages de critique, en matière de littérature, peuvent se rapporter an genre didactique, parce que l’écrivain y mêle toujours à la discussion, le développement de quelques préceptes, ou plusieurs observations utiles qui en tiennent lieu.
Nous laissons de côté les ouvrages de polémique qu’inspirèrent à Nicole les querelles interminables auxquelles il a été mêlé.
Sa correspondance et ses entretiens sur l’éducation mêlent le judicieux à l’agréable, ou du moins à la distinction d’un esprit poli.
Un bruit, un souvenir mêlé avec celui de désastres fameux ; mais rien qui soit proprement d’eux ; nul monument, nulle œuvre de leur intelligence qui les représente aux hommes.
Massillon, qui a si bien connu et si heureusement employé toutes les ressources de l’éloquence, a surtout connu ce grand art de s’entretenir avec ses auditeurs, de descendre, pour ainsi dire, de la chaire, pour se mêler avec eux, afin de pénétrer plus avant dans leur âme, et d’y surprendre les réponses qu’ils préparent, les objections qu’ils voudraient faire.
Rien n’est plus froid que ces fictions ; elles ne disent rien à l’esprit ni au cœur ; elles rendent l’action épique languissante et détruisent l’intérêt des faits auxquels elles se trouvent mêlées : c’est un des défauts de la Henriade, où l’on voit agir l’Envie, l’Hypocrisie, la Politique, le Fanatisme.
Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis, des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : elles sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid1 ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse2, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.
C’est pour son royal élève qu’il composa ces fables ingénieuses qui se soutiennent dans le voisinage de La Fontaine ; ces Dialogues des morts où l’histoire est morale sans nous ennuyer ; enfin le Télémaque, ce roman où un paganisme épuré se mêle à un christianisme embelli de toutes les grâces de la mythologie. […] Le plaisir n’y doit être mêlé que pour faire le contre-poids des mauvaises passions, et pour rendre la vertu aimable.
Leurs années se poussent successivement comme des flots : ils ne cessent de s’écouler ; tant qu’enfin, après avoir fait un peu plus de bruit, et traversé un peu plus de pays les uns que les autres, ils vont tous ensemble se confondre dans un abîme, où l’on ne reconnait plus ni princes, ni rois, ni toutes ces autres qualités superbes qui distinguent les hommes ; de même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l’océan avec les rivières les plus inconnues ».
Quoique chaque effet dépende d’une cause générale, il s’y mêle tant d’autres causes particulières, que chaque effet a, en quelque façon, une cause à part.
Martyr ; il veut dire que son esprit juste à l’excès est blessé par l’à peu près qui se mêle à l’esprit de conversation.
Les affections les plus simples, celles que tous les cœurs se croient capables de sentir, l’amour maternel, l’amour filial, peut-on se vanter de les avoir connues dans leur plénitude, quand on n’y a pas mêlé d’enthousiasme ?
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
« Il faut donner un caractère de douceur et de bonté aux personnes qui, par les liaisons qu’elles ont entre elles, sont particulièrement obligées de le garder toutes les fois qu’elles ont à souffrir les unes des autres, à pardonner, à faire satisfaction, à exhorter ou à reprendre, afin qu’il ne s’y mêle jamais ni aigreur, ni colère, ni haine. » (Quint., l. […] L’orateur parle en simple témoin ; et lorsque la chose est par elle-même ou terrible, ou touchante, ou digne d’exciter l’indignation, il se garde bien de mêler au récit qu’il en fait les mouvemens qu’il veut produire.
Il fut l’esprit mêlé à ce foudre qui a rempli l’Allemagne de feux et d’éclairs, et dont le bruit a été entendu par tout le monde. […] Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses desseins. […] Ce je ne sais quoi veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes. […] il s’est perdu dans la mêlée : il n’en est plus question : il ne sait plus ce qui l’a fâché, il sait seulement qu’il se fâche et qu’il veut se fâcher ; encore même ne le sait-il pas toujours. […] Vers la fin du règne de ce prince et sous la régence du duc d’Orléans, il fut mêlé à des querelles qui l’éloignèrent prématurément des emplois publics.
La langue gauloise ou celtique avait disparu, ou du moins il n’en restait plus qu’un petit nombre de mots, qui, mêlés à la langue latine, formèrent l’idiome général de la nation. […] Quand les hommes du Nord vinrent fonder leur puissance dans la Gaule, et mêler à la langue des Romains leur idiome barbare, ils supprimèrent les cas des noms et les terminaisons des verbes, parce qu’ils n’attachaient aucun prix aux avantages qui en résultaient. […] Quelquefois l’allusion est mêlée d’une légère teinte d’ironie. […] Le bruit des carrosses, la voix de l’intempérance, les sons ravissants de la musique, se mêlent quelquefois aux cris de ces malheureux, et forment une horrible dissonnance. » (M. […] — Le prince l’a prévenu : les bataillons enfoncés demandent quartier ; ce sont surtout les pensées et les sentiments que l’orateur tire de son âme, et mêle à son récit : A la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille : tant il se trouve dans son naturel !
Il mêle à son récit les réflexions qu’une lettre comporte à cette époque. […] A tout prendre, l’influence de Rousseau est mêlée de bien et de mal ; on la reconnaît également et dans les qualités et dans les défauts de ses disciples. […] Il n’a pas su, comme Bossuet, mêler dans une juste mesure le dogme et la morale ; il fait trop de place à celui-là, et ses discours en sont refroidis. […] Il n’avait guère que des individus et il a fait des caractères ; il a mêlé à la vérité humaine la vérité idéale et il ne s’est pas astreint à ne peindre que des portraits. […] Saint-Marc Girardin a montré que Racine et Boileau ont toujours témoigné à La Fontaine une certaine jalousie mêlée de dédain.
Aux folies de la mode se mêlent les utopies des novateurs. […] Nous ne conseillerons pas davantage de remettre en vigueur l’usage qui donnait un sens réfléchi à toute une famille de verbes dépourvus de la forme pronominale : affaiblir, escrimer, ourvoyer, faire voir, mesler, montrer, passer, repaistre, reposer, renouveler, ruer, terminer, pour s’affaiblir, s’escrimer, se fourvoyer, se faire voir, se mêler, se montrer, se passer, se repaître, se reposer, se renouveler, se ruer, se terminer
Ces amas précieux se mêlent et s’unissent, Et de l’astre du jour les ardeurs les mûrissent. […] L’épître familière est quelquefois mêlée de prose, et on loi donne alors le nom d’épître mixte.
C’est le moment où Jupiter a rendu aux Dieux la permission de se mêler de la querelle des Grecs et des Troyens.
On accourut en foule pour la peupler, et les Athéniens surtout y vinrent en grand nombre : s’étant mêlés avec les anciens habitants, ils perdirent bientôt, dans leur commerce, la pureté et la politesse de leur langage, et parlèrent comme les barbares.
Villemain, n’avait été plus violemment dissoute et mêlée que la nôtre, comme il y eut à la fois des passions terribles et des changements profonds, l’empreinte a dû rester dans les expressions ainsi que dans les mœurs. » Joignez à cette cause si puissante tant d’autres qui depuis sont venues ajouter à son action : l’Empire, les mœurs anglo-constitutionnelles qui lui ont succédé, les rapports beaucoup plus fréquents avec les nations étrangères, auxquelles on n’a pu emprunter les choses sans emprunter les mots, l’étude plus approfondie de leur littérature, les progrès des technologies diverses, qui, après avoir envahi le langage commun, s’infiltrent dans la langue littéraire, les doctrines des saint-simoniens, des fouriéristes, des utilitaires, des égalitaires, de tous ceux enfin à qui il a fallu des expressions toutes neuves pour des conceptions inouïes, tout cela a dû nécessairement désorganiser la langue, et y introduire une foule de locutions que ne pouvaient même prévoir les siècles passés.
Si parfois la poésie fait encore entendre de nos jours une voix aussi pure et aussi brillante que dans les temps antérieurs, ce ne sont que des accents personnels, en quelque sorte, presque toujours sans écho, perdus dans la foule qui ne les écoute pas, et auxquels renonce le poëte lui-même, à mesure qu’il avance dans la société et se mêle à la vie active et réelle.
Le peuple, paisible dans ses foyers au milieu des siens, et dans le sein d’une grande ville où il n’a rien à craindre ni pour ses biens ni pour sa vie, respire le feu et le sang, s’occupe de guerres, de ruines, d’embrasements et de massacres ; souffre impatiemment que des armées qui tiennent la campagne ne viennent point à se rencontrer ; ou, si elles sont une fois en présence, qu’elles ne combattent point ; ou, si elles se mêlent, que le combat ne soit pas sanglant, et qu’il y ait moins de dix mille hommes sur la place1.
Peu fidèle au principe de l’art, il ne s’est pas assez préoccupé de corriger en amusant : la leçon ne se mêle que trop rarement chez lui au rire qu’il excite2.
Ceux qui se mêlent de donner des préceptes se doivent estimer plus habiles que ceux auxquels ils les donnent ; et s’ils manquent en la moindre chose, ils en sont blâmables.
Il commence par de lentes et graves paroles, qui excitent une attention mêlée d’anxiété ; lui-même il attend sa colère ; mais qu’un mot échappe du sein de la tumultueuse assemblée, ou qu’il s’impatiente de sa propre lenteur, tout hors de lui, l’orateur s’élève2.
Dans le monde grec et romain, le discours était le plus puissant moyen de s’adresser aux hommes mêlés à la vie publique ; voilà pourquoi la rhétorique tenait alors une place si considérable dans les études libérales. […] — La description des lieux et des personnes doit faire corps avec la narration, s’y mêler et en faire partie, car c’est le concours du dessin et de l’action qui fait le charme et l’intérêt du tableau. […] Ainsi quand Démosthène repousse l’accusation portée contre lui par Eschine, il mêle constamment la réfutation à la confirmation, et l’éloge’ qu’il fait de sa vie et de ses » actes n’est qu’une réponse aux imputations dirigées contre lui par son ennemi. […] La place de la réfutation est d’ordinaire après la confirmation, parfois elle doit la précéder ou s’y mêler. […] L’orateur, avec une habileté consommée, mêle la récapitulation à l’expression la plus vive et la plus touchante des passions ; c’est le comble de l’art15 : Jetez les yeux de toutes parts ; voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros....
Il se signala par sa bravoure, dans le fort de la mêlée, au passage du Rhin. […] Il fut blessé, dans la mêlée, au passage du Rhin, de plusieurs coups de mousquet.
Il se fera donc un devoir, dans ses chants harmonieux, de mêler l’utile à l’agréable, en faisant goûter à notre cœur les préceptes de la morale la plus pure, et à notre intelligence les principes de la philosophie la plus saine, en nous excitant, par ses élans et ses transports pieux, à l’admiration et à la gratitude envers le Créateur, et en cherchant dans ses accords à réjouir saintement les âmes vertueuses et à procurer la gloire de Dieu. […] Alcée, Sapho et d’autres lyriques avaient inventé avant Pindare d’autres formes, où on mêlait des vers de différentes espèces, avec une symétrie qui revenait beaucoup plus souvent.
Narrations historiques ou fictives, mêlées parfois d’allocutions et de discours, descriptions, portraits, parallèles, lettres, dialogues, développement d’une pensée morale ou d’un mot profond, dissertations philosophiques ou littéraires, éloges, critiques, celles-ci plus rarement, discussions parlementaires ou judiciaires d’une question réelle ou supposée, etc. : voilà les exercices que recommandent les professeurs les plus expérimentés.
Peu content de laisser le gai et le sérieux, le tragique et le comique se mouvoir chacun dans sa sphère, il prétendit les mêler et les croiser sans cesse.
Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé.
Mais en tout état de cause, rejetez toutes les preuves positivement frivoles, vulgaires, mêlées de bon et de mauvais, utiles d’un côté, nuisibles de l’autre, toutes celles qui pourraient donner à vos paroles une apparence de contradiction et de mensonge.
L’originalité de Chateaubriand est dans l’accord de ses dissonances : procédant de maîtres opposés, il s’inspire du passé comme de l’avenir ; il mêle tous les styles, il rapproche les idées et les sentiments les plus contraires.
Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l’autorité, loin de l’étendre, l’affaiblissent ; ils deviennent moins puissants dès qu’ils veulent l’être plus que les lois ; ils perdent en croyant gagner : tout ce qui rend l’autorité injuste et odieuse l’énerve et la diminue1.
Mêlez-vous au monde, voyez des gens de tout métier, de toute profession.
Mme de Sévigné écrivait à M. de Coulanges : « Il faut que je vous conte une historiette qui vous divertira : le roi se mêle depuis peu de faire des vers ; ayant fait un madrigal que lui-même ne trouvait pas joli, un matin il dit au maréchal de Grammont : « Monsieur le maréchal, lisez je vous prie ce madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un aussi mauvais : parce qu'on sait que j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu le madrigal, dit au roi : « Votre Majesté juge bien de toutes choses, et ce madrigal est bien certainement le plus sot que j'aie jamais lu. » Le style tempéré est celui de l'histoire, celui du roman, de certains dialogues, de la fable, de l'églogue, de l'idylle, etc. ; il convient aux pensées agréables, et, ordinairement, aux pensées délicates et aux pensées nouvelles. […] C'est aux écrivains romantiques qu'il appartient de laisser voir leur âme tout entière, de nous parler du moyen âge, de la croyance aux fantômes, aux sorciers, et de mêler des scènes bouffonnes à des scènes sublimes, de produire ces contrastes qui ajoutent à l'intérêt. […] Le vaudeville est une espèce de comédie en prose mêlée de couplets ; il tient de la comédie et de l'opéra.
Il serait encore contraire à la règle qui exige que les métaphores soient parfaitement suivies, de mêler le langage propre et le langage figuré, comme l’a fait Pope dans le passage suivant de sa traduction de l’Odyssée : Je vois aujourd’hui la plus ferme colonne de l’État partir et affronter l’orage, sans me faire de tendres adieux… 6° On doit se garder d’entasser les métaphores sur un même objet, comme l’a fait Horace au commencement de l’ode à Pollion : Motum ex Metello… C’est en vain que chacune de ces figures sera distincte ; s’il y en a trop, elles engendreront la confusion. — Enfin, il faut éviter de les pousser trop loin. […] Il faut mêler des phrases courtes aux périodes longues et sonores, et rendre le discours animé en même temps qu’on lui donne de la douceur et de la pompe, sous peine de tomber dans la monotonie. […] Fléchier, après avoir loué Turenne de son illustre naissance, emploie une magnifique correction pour arriver à le plaindre d’être né dans l’hérésie : M. de Turenne sortait de cette maison qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, et qui a donné des reines à la France.
Elle attend qu’on rappelle pour se mêler des intérêts qui lui sont étrangers, et jamais elle n’interroge sur les secrets qui ne lui sont pas confiés, car elle a des occupations plus chères pour elle que celle d’une vaine curiosité. […] Ainsi les dieux, abandonnant leur fortuné séjour, excitent les deux partis, et se confondent dans la mêlée. […] Nous avons bien des raisons de croire que la prosodie, chez les Grecs et les Romains, était portée bien plus loin que chez nous, et qu’ils mêlaient à leur langage des inflexions de voix plus fréquentes et plus expressives que celles que nous employons. […] Ceux-ci, vainqueurs des Bretons, ne se mêlèrent point avec les vaincus ; ils les chassèrent de leurs habitations, et les reléguèrent, eux et leur langage, dans les montagnes du pays de Galles. […] La musique du langage exige que les unes et les autres se mêlent dans de justes proportions ; et cette musique sera trop dure ou trop molle, suivant que dans le mélange il entrera un trop grand nombre de consonnes ou de voyelles.
Le sentiment grand, noble ou généreux est celui qui remplit l’âme d’un plaisir mêlé d’admiration. […] Le sentiment est sublime quand, fondé sur une vraie vertu, il nous élève au-dessus de nous-mêmes, en nous montrant, comme l’a dit Sénèque, dans la faiblesse humaine, une constance presque divine, et en nous pénétrant d’un enthousiasme mêlé de respect, de surprise et d’admiration.
Cependant les clameurs des soldats, les sons de la trompette se mêlent involontairement au récit ou à la lecture des exploits guerriers, et en altèrent le charme.
On reprocha dans le temps, et avec raison, au panégyriste de ce dernier de s’être mêlé fort mal à propos de discussions théologiques, étrangères à l’éloquence, et au-dessus de la portée de l’écrivain ; et d’avoir, en général, moins fait l’éloge de Fénelon, que la satire de Bossuet.
Sans prétendre donc, avec Victor Hugo, que le grotesque et le grave, marchant si souvent de front dans la nature, doivent être aussi mêlés et confondus dans l’art, nous pouvons dire qu’il est peu de sujets et peu de génies qui ne se prêtent à l’enjouement du style, que la langue de la plaisanterie forme presque la moitié de la langue populaire, qu’il faut done l’étudier soigneusement, et que si en effet le style enjoué demande plus de naturel encore que le sérieux, cette étude bien dirigée ne servira qu’à perfectionner la nature.
Une personne d’un goût sûr et délicat saisit vivement les beautés et les imperfections d’un ouvrage ; un instinct de l’âme les lui fait sentir ; la réflexion s’y mêle, et le jugement suit aussitôt.
Tout le monde connaît ce madrigal de Voltaire à la marquise de Pompadour qu’il avait vue dessiner une tête : Pompadour, ton crayon divin Devait dessiner ton visage : Jamais une plus belle main N’aurait fait un plus bel ouvrage ; et cet autre à la princesse Ulrique de Prusse, depuis reine de Suède : Souvent un peu de vérité Se mêle au plus grossier mensonge.
L’Amérique et l’Inde n’ont point à nous redemander le sang injustement versé, et nous n’avons à redouter ni leur vengeance ni leur haine ; mais nous avons eu souvent à rougir de leur juste dédain ; jamais nous n’avons su y supplanter le commerce d’aucune nation, et souvent elles ont chassé nos commis avec ignominie, comme des friponneaux maladroits, assez impudents pour se mêler d’être trompeurs, sans industrie et sans vocation.
Style grave et sévère, mêlé d’expressions poétiques convenables aux formes allégoriques. […] Cependant, las d’attendre un trépas sans vengeance, Les deux camps animés d’une même vaillance Se heurtent, et du choc ouvrant leurs bataillons, Mêlent en tournoyant leurs sanglants tourbillons. […] Mais la foudre se tait ; écoutez… Des concerts De cette plaine en deuil s’élèvent dans les airs, La harpe, le clairon, la joyeuse cymbale Mêlent leur voix d’airain, montent par intervalle ; S’éloignent par degrés et sur l’aile des vents Nous jettent leurs accords et les cris des mourants… De leurs brillants éclats les coteaux retentissent, Le cœur glacé s’arrête et tous les sens frémissent. […] Ses habitants voulaient que leurs cendres fussent mêlées à celles de leurs pères. […] Si leurs cendres ne sont pas mêlées à celles de leurs pères, elles seront réunies à celles de leurs enfants, et à celles de leur curé ; car il veut, lui, être enterré dans le nouveau cimetière.
Il aime mieux continuer de mêler sa voix et les sons de sa lyre au murmure des zéphyrs et au bruit des flots. […] et avec toi ; l’âme sacrée qui animait les chants du barde mêle son dernier souffle à ton dernier soupir. » Vous développerez les diverses parties de ce sujet. […] Sur le soir, Almanzor et l’ermite arrivent à un château superbe où on les reçoit avec une magnificence mêlée de mépris. […] Il mêle à l’expression de ses remords les supplications, les promesses, les menaces. […] Un élève, âgé de seize ans, et doué d’une force au-dessus de son âge, nommé Isadas, s’échappe du gymnase, va se mêler aux combattants, saisit les armes d’un guerrier blessé, et combat avec un courage admirable.
Il y a différentes sortes de narrations : la narration historique, dont le caractère principal est la vérité et l’exactitude, et qui admet d’ailleurs les ornements qui peuvent la rendre intéressante ; la narration poétique, dans laquelle la fiction, mêlée adroitement à la vérité, produit l’intérêt et la vraisemblance ; enfin la narration oratoire, qui peut se trouver dans les trois différents genres. […] Mais la gloire de ses actions efface celle de sa naissance, et la moindre louange qu’on puisse lui donner, c’est d’être sorti de l’ancienne et illustre maison de la Tour-d’Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, qui a donné des maîtres à l’Aquitaine, des princesses à toutes les cours de l’Europe, et des reines même à la France. » Quelquefois aussi, quand les idées sont fines et délicates, les pensées importantes et difficiles à saisir, l’orateur les présente à l’esprit de différentes manières et avec des expressions qui en rendent toutes les nuances. […] Vous diriez qu’il y a en lui un autre homme, à qui sa grande âme abandonne de moindres ouvrages, où elle ne daigne se mêler. […] Mais la gloire de ses victoires efface celle de sa naissance, et la moindre louange qu’on peut lui donner, c’est d’être sorti de l’ancienne et illustre maison de la Tour-d’Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, qui a donné des maîtres à l’Aquitaine, des princesses à toutes les cours de l’Europe, et des reines même à la France.
Le roi restait sans connaissance, et la paralysie avait atteint un de ses membres ; les gémissements de sa famille vinrent se mêler aux chants de deuil, et l’on entendait les pleurs d’une femme et d’un fils se mêler aux hymnes du Christ sur la croix.
Si des faits mêlés à ces préliminaires leur donnent de la valeur aux yeux de l’écrivain, les auditeurs à qui l’initiation manque, n’ont aucun motif pour s’intéresser à des choses vagues et générales dont l’explication leur est inconnue… « Débuter par préparer longuement et en multipliant les explications le dénoûment d’un drame que les lecteurs ne soupçonnent pas encore, c’est les rebuter, c’est fatiguer leur mémoire, c’est risquer enfin d’établir entre ces préambules et le fond du sujet une disproportion qui lui soit défavorable et le rende moins important.
Mais déjà Alexandre réveillé s’est élancé dans les plaines d’Arbelle, et voilà que, brusquement, sans transition, la forme interrogative nous arrache aussi au lit du duc d’Enghien, et nous jette d’un seul bond à travers la mêlée où l’emporte la téméraire intrépidité de sa jeunesse ; et une fois là, voyez les phrases coupées, le cliquetis des antithèses, l’infinitif qui se multiplie et court de tous côtés comme le prince.
Les ouvrages de critique, en matière de littérature, se rapportent au genre didactique, parce que l’écrivain y mêle toujours à la discussion le développement de quelques préceptes ou plusieurs observations utiles qui en tiennent lieu.
Ne voulant pas s’engager dans la mêlée des haines et des colères, cette âme saine, loyale et tempérée se réfugia dans l’asile du doute, comme en ce manoir du Périgord où il s’enferma prudemment au plus fort des guerres civiles.
Contre la fatuité ignorante qui se mêle de juger les œuvres d’art Scène VI Dorante, Uranie, le Marquis.
Oui, beaucoup : elles sont mêlées d’aurore et de feuille morte : cela fait une étoffe admirable. » Ailleurs, voulant peindre un de ces jours d’hiver où le soleil brille, elle représente les arbres « tout parés de perles et de cristaux. » Ne sentez-vous pas l’air du printemps dans ces lignes : « Il fait un temps charmant ; nous sommes tellement parfumés de jasmins et de fleurs d’oranger que, par cet endroit, je crois être en Provence. » Mais nous n’en finirions pas, si nous voulions recueillir tous les détails pittoresques de sa correspondance.
Cependant, dans presque tous les écrits, le principe général est que ces deux genres de style doivent être mêlés, autrement le style coupé deviendrait fatigant pour l’esprit, le style périodique aurait trop de monotonie, il serait lâche, diffus, traînant. […] De même qu’il ne faut pas mêler les métaphores, de même aussi il ne faut pas les entasser sur un même sujet. […] Le précepte fondamental est que le sens figuré ne soit jamais mêlé au sens littéral. […] C’est là, dit Chénier, qu’il atteignit les fameux orateurs de l’antiquité ; c’est, dans notre langue, ce qui approche le plus de ces beaux discours où Cicéron mêle aux débats judiciaires les discussions politiques. […] La cinquième : qu’il faut éviter de mêler rien d’étranger à la partie pathétique d’un discours.
« Si vous ne l’avez pas vu mêler une larme à toutes celles qu’il nous fait répandre ; si vous n’avez remarqué aucun changement dans sa contenance ni dans ses discours, est-ce une raison, citoyens juges, pour vous inspirer moins d’intérêt ?
155« En la sixième année, le cinquième jour du sixième mois, comme j’étais assis dans ma maison, et que les anciens de Juda y étaient rassemblés avec moi, la main du Seigneur tomba tout à coup sur moi… Quelqu’un me parut comme un feu ardent : depuis les reins jusqu’au bas, ce n’était qu’une flamme ; et depuis les reins jusqu’en haut, c’était un airain mêlé d’or, étincelant de lumière.
La vertu doit donc accompagner la noblesse ; et c’est pour cela qu’une pensée noble ne peut sortir que d’un cœur vertueux ; elle contient l’expression d’un sentiment élevé, qui saisit l’âme et lui cause en même temps un plaisir mêlé d’admiration.
Elle transforme l’âme humaine en un champ de bataille où les sentiments opposés se provoquent et se défient, comme les héros d’Homère au milieu de la mêlée : — Tout beau, ma passion, soyez un peu moins forte. — Rentre en toi-même, Octave ! […] Nous avons vu des gens distingués, mêlés au meilleur monde de Paris, séjourner trente ou quarante ans dans cette ville, comme Théophraste à Athènes, et conserver leur accent provincial.
Par ma foi, monsieur l’intendant, vous nous obligerez de nous faire voir ce secret, et de prendre mon office de cuisinier ; aussi bien vous mêlez-vous céans2 d’être le factotum3.
……………………………………………… Les larmes cependant coulent de tous les yeux Vingt cris mal étouffés troublent les rits pieux ; L’effort de la douleur rompt toutes les barrières, Et les sanglots confus sont mêlés aux prières.
Quand elles se mêlent régulièrement, on les appelle rimes croisées : Source délicieuse, en misères féconde, Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés ? […] Dans les vers libres, comme ceux de La Fontaine, les rimes se mêlent au gré du poëte. […] Elle se marquait par l’ordre direct du langage, la lumière des expressions, et cette netteté précise, où l’on reconnaît à quelques égards l’influence de la géométrie, de cette science judicieuse qui avait formé Descartes, et dont Pascal et ses amis mêlèrent l’inflexible justesse à l’ardeur même de l’éloquence. » (Préface du Diction. de l’Académie.) […] Son style est incorrect, mêlé de latinismes singuliers, de mots et de tours empruntés aux habitudes du grand seigneur, mais concis, fougueux, coloré, plein de ces brusques fiertés qui enlèvent, comme madame de Sévigné le disait de Corneille, et qui ne s’oublient jamais.
Là ils chercheraient à saisir ou à rattacher le fil parfois brisé ou mêlé, du moins en apparence.
La pitié se mêle à l’ironie, dans le cœur paternel du grand évêque.
L’opinion publique, le sénat, le grand pontife s’en mêleront.
Pour lors Rome ne fut plus cette ville dont le peuple n’avait eu qu’un même esprit, un même amour pour la liberté, une même haine pour la tyrannie, où cette jalousie du pouvoir du sénat et des prérogatives des grands, toujours mêlée de respect, n’était qu’un amour de l’égalité.
La Liberté mêlait à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés.