Le devoir de l’orateur, au barreau, est de porter la conviction dans les esprits, et non pas d’exciter autour de lui un rire, qui n’est pas toujours l’expression d’un applaudissement.
Ἂν δὲ θῆ, expression aristotélique : voyez les Topiques, VIII, 1.
De tous les fabulistes connus, c’est La Fontaine en France, et Kryloff en Russie, qui nous semblent l’expression la plus complète du génie de la fable ; ils en ont porté la perfection à un degré inimitable et sublime ; leur popularité tient surtout à ce que chacun d’eux a reproduit admirablement le caractère de sa nation.
C’est bien là, suivant l’expression de d’Aubigné, cette décision et promptitude merveilleuse du prince « le plus madré qui fût au monde. » On ne saurait contester les services qu’il rendit aux lettres.
Tous ces extraits ont été gradués d’après l’ordre de difficulté croissante, avec un tel soin, que par degrés l’esprit peut passer de l’anecdote intime et familière à l’expression la plus noble du sentiment moral et religieux. […] L’expression résulte du concours heureux de la prononciation, du ton et de l’accent ; l’expression doit être avant tout naturelle, et pour cela il est bon que le lecteur se tienne plutôt en deçà de l’émotion qu’il éprouve et qu’il voudrait rendre ; au-delà le ridicule est tout près du pathétique. […] Il paye à la naissance, au rang, au pouvoir politique, au patronage littéraire ce qui lui est dû d’hommages ; mais il a l’art de les amortir, de les émousser par je ne sais quoi d’involontaire, d’imprévu, d’accidentel, de détourné, qui leur retire le caractère de pures louanges, qui les rend propres à être offerts et acceptés par des esprits également délicats ; il sait mêler à l’expression du respect, de la reconnaissance, du dévoûment, des saillies de familiarité, des accents de tendresse, qui, malgré la différence des conditions, ramènent à l’égalité nécessaire en amitié. […] Promptement excité par la tribune et la présence de ses contradicteurs, son esprit s’enflammait : d’abord ses premières vues étaient confuses, ses paroles entrecoupées, ses chairs palpitantes ; mais bientôt venait la lumière : alors son esprit faisait en un instant le travail des années ; et à la tribune même, tout était pour lui découverte, expression vive et soudaine. […] Les feuilles imprimées circulant chaque jour et en nombre infini font un enseignement mutuel et de tout âge ; car tout le monde presque écrit dans les journaux, mais sans légèreté ; point de phrases piquantes et de tours ingénieux ; l’expression claire et nette suffit à ces gens-là.
On trouve fréquemment chez les poètes anciens des expressions prolixes et fastueuses, qui avaient leur raison d’être dans la naïve simplicité des premiers âges, et que l’usage avait consacrés. […] On se sert aussi de périphrases par nécessité, quand, dans une traduction, on ne trouve point de mots propres qui répondent exactement aux expressions que l’on veut traduire. […] Cicéron, en parlant du cas de légitime défense, emploie ces expressions : Aliquandò nobis gladius ad occidendum hominem ab ipsis porrigitur legibus. […] Cic. — Questus, plainte, expression de la peine ou de la douleur. […] Scena (de σϰηνη, tente), proprement, un lieu entouré d’arbres touffus ; d’où vient cette expression de Virgile : Tum sylvis scena coruscis.
Voici, de ce dernier, l’exorde du panégyrique de saint Bernard, où l’on retrouvera la brillante imagination et l’expression vive et animée qui distinguent à un si haut degré ses sermons : Israël, infidèle au Dieu qui l’avait tiré de l’Égypte, était devenu depuis longtemps la proie des nations et l’opprobre de ses voisins. […] Il demande beaucoup d’élévation dans le génie, et, dans l’expression, une grandeur majestueuse qui tient un peu de la poésie. […] Les expressions de l’Écriture, bien employées, donnent un grand éclat et une grande noblesse au discours25 ; c’est au discernement de l’orateur d’y faire entrer à propos ce qu’elles ont de majestueux et de sublime. […] On y admire une théorie du style, contestable peut-être en quelques points, mais bien remarquable par la grandeur des idées et la magnificence de l’expression.
Expression consacrée en ce sens : Isocrate, A Philippe, § 35, et Sur l’Antidose, § 5 Philodème, Rhétorique, iv, col. 33, éd.
Nous y parlons de la poésie, non pas seulement comme forme littéraire, mais aussi comme expression suprême de la création divine et des créations humaines dans tous les arts ; nous la montrons partout, comme l’auréole de l’inspiration et de l’imagination dans le génie et le talent.
Remarquons, à cette occasion, que Corneille et Racine n’ont pas dédaigné d’emprunter plusieurs tours et plusieurs expressions à Racan.
Napoléon 1696-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole : car une pensée forte et vive emporte nécessairement avec elle son expression.
Expression proverbiale : c’est une arme prête à toute occasion, et qu’on met sous son chevet. […] Ses expressions sont brutales, comme celles d’Harpagon.
Expression tout aristotélique.
Προϐλήματα ou ὰπορίαι, et λύσεις, expressions consacrées dans les écoles grecques depuis Aristote, et qu’on retrouve à chaque page des commentaires Alexandrins extraits par le scholiaste de Venise.
Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps.
Cette expression rappelle le vers de Régnier (Sat.
A des recherches vastes, continues et profondes, il sait allier le talent de composer et d’écrire, l’ordre, la gravité soutenue, le relief de l’expression et l’éclat de la forme.
Ce fut l’expression naïve de ce caractère simple, qui, n’ayant de faste ni dans la vertu ni dans la gloire, savait à peine que sa grande âme était connue ».
Puissent ces vénérables pontifes, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu encourager nos efforts, daigner agréer l’expression de notre bien vive reconnaissance !
Il consiste, pour la composition, dans l’invention de détails qui nous intéressent ; et, pour l’expression, dans le judicieux emploi des richesses du style et des divers autres ornements.
Écrivain juste, clair, exact, uni, probe comme sa pensée, il a l’expression ferme, nette, appropriée, simple sans bassesse, noble sans recherche ; il songe à instruire plus qu’à plaire, et nous émeut par la force pénétrante de la vérité.
Mais un superbe regard, un sourire doux, une expression habituelle de bienveillance, l’absence de toute affectation minutieuse et de toute réserve gênante, des mots flatteurs, des louanges un peu directes, mais qui semblent échapper à l’enthousiasme, une variété inépuisable de conversation, étonnent, attirent, et lui concilient presque tous ceux qui l’approchent.
À un bon sens supérieur il alliait « le don de l’élocution », et Bossuet put dire avec sincérité : « La noblesse de ses expressions vient de celle de ses sentiments.
Il y a, dans celui de Charidème, plus d’emphase, plus de prétention, et la recherche de l’expression y décèle à chaque instant l’auteur, mal caché derrière le personnage. Quinte-Curce n’est pas toujours sage dans son style ; il est quelquefois tout prêt de l’enflure, et son expression cesse d’être naturelle à force de vouloir devenir élégante.
Napoléon Ier 1769-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole ; car une pensée ferme et vive emporte nécessairement avec elle son expression. […] Il y a beaucoup de tact et de convenance dans l’expression si impérieuse de sa volonté.
L’avocat doit s’occuper surtout de la pureté et de la justesse de l’expression : son style doit être clair, sa diction toujours soignée, et jamais surchargée d’un étalage pédantesque des termes de la chicane, qu’il ne doit pas cependant écarter avec trop d’affectation.
Quant à ἀρχαῖοι, c’est une expression fréquente dans Aristote, et qui se détermine d’ordinaire par le sujet dont traite le philosophe.
Voltaire s’est trop peu rappelé, en l’appréciant, l’influence considérable qu’il a exercée sur l’idiome et sur l’esprit français ; il n’a pas été assez frappé, ce semble, de la propriété d’expression, de la pureté soutenue, de la clarté et de la rigueur de langage qui font l’originalité suprême de cet écrivain, et qui devinrent par lui les qualités de notre littérature.
Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler ; capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable ; enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation, qui surprend, enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut trouver quelques-uns, beaucoup plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux.
Tous ces extraits ont été gradués d’après l’ordre de difficulté croissante, avec un tel soin, que par degrés l’esprit peut passer de l’anecdote intime et familière à l’expression la plus noble du sentiment moral et religieux. […] L’expression résulte du concours heureux de la prononciation, du ton et de l’accent ; l’expression doit être avant tout naturelle, et pour cela il est bon que le lecteur se tienne plutôt en deçà de l’émotion qu’il éprouve et qu’il voudrait rendre ; au-delà le ridicule est tout près du pathétique. […] Homère Je ne suis qu’un Scythe, et l’harmonie des vers d’Homère, cette harmonie qui transporte les Grecs, échappe souvent à mes organes trop grossiers ; mais je ne suis plus maître de mon admiration, quand je vois ce génie altier planer, pour ainsi dire, sur l’univers, lançant de toutes parts ses regards embrasés, recueillant les feux et les couleurs dont les objets étincellent à sa vue, assistant au conseil des dieux, sondant les replis du cœur humain, et bientôt, riche de ses découvertes, ivre des beautés de la nature, et, ne pouvant plus supporter l’ardeur qui le dévore, la répandre avec profusion dans ses tableaux et dans ses expressions ; mettre aux prises le ciel avec la terre, et les passions avec elles-mêmes ; nous éblouir par ces traits de lumière qui n’appartiennent qu’aux talents supérieurs ; nous entraîner par ces saillies de sentiment qui sont le vrai sublime, et toujours laisser dans notre âme une impression profonde qui semble l’étendre et l’agrandir. […] Tel paraît à nos yeux le plumage du paon lorsqu’il se promène paisible et seul dans un beau jour de printemps ; mais si sa femelle vient tout à coup à paraître, si les feux de l’amour, se joignant aux secrètes influences de la saison, le tirent de son repos, lui inspirent une nouvelle ardeur et de nouveaux désirs, alors toutes ses beautés se multiplient, ses yeux s’animent et prennent de l’expression, son aigrette s’agite sur sa tête et annonce l’émotion intérieure ; les longues plumes de sa queue déploient, en se relevant, leurs richesses éblouissantes ; sa tête et son cou, se renversant noblement en arrière, se dessinent avec grâce sur ce fond radieux, où la lumière du soleil se joue en mille manières, se perd et se reproduit sans cesse, et semble prendre un nouvel éclat plus doux et plus moelleux, de nouvelles couleurs plus variées et plus harmonieuses ; chaque mouvement de l’oiseau produit des milliers de nuances nouvelles, des gerbes de reflets ondoyants et fugitifs, sans cesse remplacés par d’autres reflets et d’autres nuances toujours diverses et toujours admirables. […] Un dévot de ce caractère, permettez-moi cette expression, un dévot intéressé est capable de tout.
Mais le charme principal de la physionomie consiste dans cette expression fidèle des mouvements de l’âme, du bon sens, de la vivacité, de la candeur, de la bienveillance et de toutes les autres qualités aimables.
Cette expression biblique rappelle que Louis XIV vit l’un de ses petits-fils monter sur le trône d’Espagne, en 1700, sous le nom de Philippe V.
On n’y souffre ni le moindre écart du sujet, ni un vers faible ou négligé, ni une expression impropre ou superflue, ni la répétition du même mot.
Gaie, pittoresque, fière et fougueuse, l’expression est telle sur le papier qu’elle serait sur les lèvres d’un causeur.
Son expression est grave, brillante, légère, éloquente, selon le génie des divers membres de cette glorieuse tribu d’écrivains qu’il passe en revue.
Il écrit comme il pense, et vise à l’expression directe de son idée.
beautés qui n appartiennent point exclusivement, comme l’Iliade ou l’Énéide, à telle ou telle contrée, mais qui sont le patrimoine universel du genre humain, parce qu’Abraham, Jacob, Joseph, sont des hommes : au lieu qu’Achille, Hector, Priam, Ulysse, Agamemnon, sont des Grecs : beautés qui ne tiennent point absolument à l’idiome primitif, puisqu’elles sont belles et attachantes dans tous les idiomes ; au lieu qu’une grande partie du charme des poètes anciens dépend de l’harmonie du vers et du choix heureux de l’expression, mérite qui disparaît presque entièrement dans une traduction, quelque bien faite qu’elle soit d’ailleurs.
Sans amener continuellement des réflexions philosophiques et morales, l’historien doit donner aux faits leur vrai caractère, et montrer partout l’expression d’une âme honnête et vertueuse ; le récit n’en devient que plus sympathique et plus intéressant : c’est là ce qui fait de Tacite un historien admirable et complet.
Ce que le premier fait par les couleurs, le second le fait par l’expression.
Cette symétrie dans l’expression, destinée à mettre en relief le contraste de l’idée, est ici poussée jusqu’à l’affectation.
Ils tiraient ce nom du jour où ils avaient lieu : c’était le mercredi ; et comme, dans ces occasions, les censeurs publics, suivant l’expression de M.
L’ironie légère de l’expression prouve que Descartes ne prenait pas au sérieux ces velléités de vie solitaire.
Gaie, pittoresque, fière et fougueuse, l’expression est telle sur le papier qu’elle serait sur les lèvres d’un causeur.
Il rappelle de loin Racine par la discrétion des images, la noblesse de l’expression, la pureté soutenue, l’aisance et la mélodie d’un style où nul mot ne détonne ; il eut aussi soif des sources inconnues.
L’expression est belle et hardie.
Ἀνώδυνον ϰαὶ οὐ φθαρτιϰόν, expressions tout aristotéliques, qu’on retrouve avec de légères variantes : Rhétorique, III, 5, 8, 11 Morale Nicom., VI, 5 Morale Eudém., II, I Analytiques post., II, 9 Topiques, VIII, 8. — Aristote, à proprement dire, ne définit pas ici la comédie.
Je soutiens seulement qu’elle n’est pas l’auxiliaire indispensable, la condition sine qua non de l’expression ; qu’il ne faut pas, de nécessité, être amoureux pour peindre l’amour, ni pleurer réellement pour arracher des larmes aux autres.
Le roman est donc à la fois fiction et vérité : fiction par la forme, vérité par l’expression.
Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, Dis tes expressions enfante les merveilles ; Quels, charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Et quelle force il mêle à ses plus doux attraits.
L’expression est mal venue.
Il importe donc, si l’on veut parler et écrire avec justesse, de bien saisir cette différence, et de choisir avec discernement les mots qui doivent être l’expression la plus exacte de nos pensées.
Quoique la préposition soit un mot simple, cependant ces expressions, à couvert de, en présence de, en dépit de, à cause de, et autres semblables, sont regardées comme des prépositions, qu’on appelle composées. […] Cependant on met au nombre des adverbes, qu’on appelle composés, ces expressions, pour le présent, à l’avenir, tour à tour, tout à fait, mal à propos, à contretemps, etc. […] Quoiqu’elle soit un mot simple et unique, il y a beaucoup d’expressions qu’on regarde comme des conjonctions composées.
Les expressions de l’écriture, bien employées, donnent un grand éclat et une grande noblesse au discours. […] Tout ce qu’il dit dans ces belles harangues, est l’expression d’une âme qu’enflamme l’amour de la patrie, et qui ne conçoit rien que de grand et d’utile pour ses concitoyens. […] Tourreil a traduit Démosthène, et l’a défiguré, en voulant, selon l’expression de Racine, lui donner de l’esprit.
Horace ne se contente point d’une superficielle expression, elle le trahiroit ; il veoid plus clair et plus oultre dans les choses ; son esprit crochette et furette tout le magasin des mots et des figures, pour se representer ; et les luy fault oultre l’ordinaire, comme sa conception est oultre l’ordinaire.
Les tours recherchés, les expressions ambitieuses, les pensées brillantes, conviennent plus à un rhéteur qui veut attirer sur lui une partie de l’attention due seulement au sujet. […] Mais Dieu dictait lui-même à Moïse, et la simplicité devait être le caractère de son expression.
Il est tout égayé d’expressions qui sourient à l’imagination.
Permis à vous, monsieur, qui êtes accoutumé au langage naturel et noble de l’antiquité, de trouver ces expressions trop fleuries ou même trop fardées ; mais je n’en sais pas d’assez tristes pour vous peindre l’état de délabrement, de misère et d’opprobre où est tombée cette pauvre Rome que vous avez vue si pompeuse, et de laquelle, à présent, on détruit jusqu’aux ruines.
Il en est de même de l’écrivain : les convenances, chez lui, c’est l’éducation qu’il a puisée dans les bons auteurs et dans les principes d’un bon maître ; mais c’est surtout l’expression de son caractère et de ses mœurs, par lesquelles il s’attire la confiance et l’estime.
L’expression est latine.
Non, ce n’est pas de la photographie ; car le poëte donne aux objets une physionomie morale, une expression, une âme en quelque sorte.
Mignet sait allier le talent de composer et d’écrire, l’ordre, la gravité soutenue, le relief de l’expression, l’éclat de la forme, une tenue un peu puritaine, mais noble, et qui communique à tous ses écrits un caractère de longue durée.
On vient de voir que la perfection d’une histoire consiste en grande partie, dans l’exposition et la liaison des faits, dont la vérité est bien constatée ; dans le détail des grands événements et de leurs circonstances essentielles ; dans le développement des négociations importantes, et dans l’expression fidèle des caractères des personnages. […] Le style en est inégal ; mais il y a bien des endroits où l’auteur se montre, par la force des expressions et la profondeur du génie, le digne rival de Salluste.
Bossuet est si pénétré de la perte qu’il déplore, elle le convainc si pleinement de la fragilité des grandeurs humaines, qu’il se reproche et voudrait s’interdire jusqu’aux expressions qui en rappellent l’idée.
On verra que, en adoptant ces expressions, nous n’y attachons pas tout à fait la même idée que les rhéteurs anciens.
Le passé, l’avenir, l’homme placé comme un point entre deux éternités , selon la belle expression de Pascal ; tous les mystères de la vie et de la mort, dont la religion nous soulève le voile ; le perpétuel combat du bien et du mal, dans lequel la foi chrétienne vient interposer sa morale divine et son autorité : voilà les grandes et sublimes questions sur lesquelles s’exerce l’éloquence sacrée.
Sans doute il faut lire de Retz avec précaution, comme écrivain autant que comme historien ; mais on trouve en foule chez lui des pensées profondes, des expressions énergiques et créées, d’excellentes maximes, d’admirables portraits.
Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler2, capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable.
Telle était en effet l’expression de l’admiration des anciens pour Homère, à qui l’on a pu appliquer ces vers par lesquels Lucrèce célèbre Epicure (III, 1057) : Qui genus humanum ingenio superavit, et omnes Præstrinxit, stellas exortus uti æthereus sol.
Sa figure, comme vous savez, n’a rien de touchant ni d’agréable, mais n’a rien aussi1 de choquant : sa physionomie n’impose pas, et ne promet point, au premier coup d’œil, tout ce qu’il vaut ; mais on peut remarquer, dans ses yeux et sur son visage, je ne sais quoi dont l’expression répond de son esprit et de sa probité.
Il écrit comme il pense, et vise à l’expression directe de son idée.
Cela veut dire, j’ai sacrifié quelque chose de la simplicité de la nature ; mais l’expression de Fénelon manque ici un peu de netteté. — De ces distinctions très-justes entre Homère et Virgile, ou plus généralement, entre les différents âges de l’épopée, on peut rapprocher une leçon (la 11e) du Tableau de la littérature au moyen âge, par M.
Non que le travail n’ait mûri les fruits spontanés du génie de La Fontaine ; mais le comble de l’art fut pour lui, comme pour tous les maîtres, d’en dissimuler la trace : au mérite de plaire il joignit essentiellement, d’après sa propre expression, celui de paraître n’y penser pas.
On peut voir dans Rousseau, ode au comte du Luc, cette expression dont l’emploi est toutefois plus rare au pluriel qu’au singulier.