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114. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Sera-ce entre ces murs, que mille et mille voix Font résonner encor du bruit de ses exploits ? […] Mais un siècle et des hommes capables de persécuter la vertu, ne l’étaient pas d’écouter la voix de l’amitié ; et ce n’est pas sous les Tibères et avec les Pisons, que les Germanicus obtiennent justice. […] Montrez au peuple romain la petite-fille d’Auguste, la veuve de Germanicus ; présentez-lui nos six enfants : le cri de la pitié publique s’élèvera avec la voix des accusateurs ; et ceux qui supposeront des ordres coupables ne trouveront ni croyance ni pardon ».

115. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Ajoutez-y cette multitude assemblée sur les gradins d’un vaste édifice aux lignes harmonieuses et régulières ; le soleil éclairant la scène ; le chœur la remplissant de sa mélodie ; les acteurs grandis par le cothurne, et couverts d’un masque qui grossissait la voix : vous aurez une idée de l’art grec dans toute sa majesté. […] Enfin, le drame romantique emprunte une grande partie de son effet au mouvement physique de la scène, aux machines, aux décorations, aux éclats de voix, aux surprises, aux grands coups de théâtre. […] Sa voix, son geste, son regard, tout est tendu et forcé : elle ne cherche à plaire que par l’effroi qu’elle inspire.

116. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

., etc. » — Ayant entendu ces paroles, les Francs, indignés de tant de crimes, demandèrent d’une voix unanime à marcher contre les Thuringiens. […] Ajax, avec son bouclier doublé de sept peaux de cuir, sa voix de taureau, sa taille de géant et ses grandes enjambées, serait un excellent chef de Peaux-Rouges : chez les Grecs, il ne compte que comme un bon soldat. […] Quand vient son tour de parler et qu’il se lève, à le voir les yeux baissés, attachés sur la terre, son sceptre immobile dans sa main, on le prendrait d’abord pour un insensé ou pour un homme pris de vertige : mais à mesure que sa grande voix s’échappe pleine et sonore de sa poitrine et que les paroles tombent de sa bouche, pressées comme des flocons de neige, on sent que nul homme au monde ne peut lutter d’éloquence avec lui, et on oublie de regarder Ulysse. […] Tout ce qui peut frapper des âmes pieuses et des imaginations crédules, une vision divine, une voix entendue dans les airs, — moins que cela, un songe, un mot d’heureux augure échappé au hasard, — moins que cela encore, l’éternuement d’un soldat, le vol d’une chouette au moment d’un combat, tous ces incidents que la superstition commente et que la peur grossit, deviennent des instruments de ses desseins et des auxiliaires de sa politique. […] Certes, voilà bien des siècles que s’est éteinte cette grande voix, la plus forte peut-être qui ait jamais remué les entrailles humaines ; il ne reste plus des passions qui l’ont inspirée qu’un écho vague et lointain ; et cependant, tel est l’empire de la vraie éloquence, qu’aujourd’hui même où ces événements sont si loin de nous, nous ne pouvons lire sans une émotion profonde ce sublime plaidoyer.

117. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

O la belle voix ! […] Par quoy Numa pensant bien que ce n’estoit pas petite ne legere entreprise, que de vouloir addoulcir et renger à vie pacifique uu peuple si hault à la main189, si fier et si farouche, il se servit de l’aide des dieux, amollissant petit à petit, et attiedissant ceste fierté de couraige, et ceste ardeur de combatre, par sacrifices, testes, danses et processions ordinaires qu’il celebroit luy-mesme, esquelles avec la devotion y avoit du passe temps et de la delectation meslee parmy, et quelquefois leur mettoit des frayeurs et craintes des dieux devant les yeux, leur faisant à croire qu’il avoit veu quelques visions estranges, ou qu’il avoit ouy des voix, par lesquelles les dieux les menassoient de quelques grandes calamitez, pour tousiours humilier et abaisser leurs cueurs soubz la crainte des dieux. […] Adonc il feit un peu de signe de la teste seulement, et en le regardant d’un bon visage luy dit, Il va bien190, puis que nous n’avons pas esté malheureux en tout et par tout : et sans iamais ietter autre voix, ny dire autre parole, il beut tout le poison, et puis se recoucha comme devant : si ne feit pas sa nature grande resistance au poison, tant son corps estoit debile, ains en fut tantost estouffé et esteinct. […] Sur ceste oppinion ilz la levarent et commensarent à crier tous d’une voix : « Laissés-nous aller, car nous n’arresterons jamais que nous ne soyons aux espees. » Et baisarent la terre. […] Nous n’avons plus de volonté, ny de voix au chapitre.

118. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

C’est la voix de l’enthousiasme, le premier langage et l’expression la plus élevée de l’inspiration. […] Quand il ouvrit les yeux sur l’univers, quand il sentit sa propre existence et les impressions agréables qu’il recevait par tous ses sens, il ne put s’empêcher d’élever la voix, et de faire entendre un cri de joie, d’admiration, d’étonnement et de gratitude. […] Les déserts s’embelliront et deviendront fertiles ; les collines seront revêtues d’allégresse ; et les vallées enrichies de la multitude des grains, élèveront la voix et chanteront l’hymne de vos louanges. […] Dieu dit, et le jour fut ; Dieu dit, et les étoiles De la nuit éternelle éclaircirent les voiles ;             Tous les éléments divers             A sa voix se séparèrent ;             Les eaux soudain s’écoulèrent             Dans le lit creusé des mers ;             Les montagnes s’élevèrent,             Et les aquilons volèrent             Dans le libre champ des airs.

119. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Aussi après quelques mots sur sa longue absence et ses infirmités : « Milords, dit-il, je me réjouis de ce que la tombe n’est pas encore fermée sur moi, de ce que je suis encore vivant pour élever ma voix contre le démembrement de cette ancienne et très-noble monarchie. […] Je m’en vais prendre les voix et les suffrages.

120. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

On appelle syllabe une ou plusieurs lettres qui se prononcent par une seule émission de voix. […] La césure ne peut jamais tomber sur une syllabe muette : le repos se fait toujours sur une syllabe sonore et accentuée ; ainsi la césure est mauvaise dans le vers suivant : À sa voix tout tremble sur la terre et sur l’onde.

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