La moisson Les blés hauts et dorés, que le vent touche à peine, Comme un jaune océan, ondulent sur la plaine2 ; D’un long ruban de pourpre, agité mollement, L’aurore en feu rougit ces vagues1 de froment, Et, dans l’air, l’alouette, en secouant sa plume, Chante, et comme un rubis dans le ciel bleu s’allume2. […] Je lis dans Eugénie de Guérin : « Entre autres beaux effets du vent à la campagne, il n’en est pas qui soient beaux comme la vue d’un champ de blé tout agité, bouillonnant, ondulant sous ces grands souffles qui passent en abaissant et en soulevant si vite les épis par monceaux. […] Pour peu que le vent souffle, ces épis, coulant l’un sur l’autre, font de loin l’effet des vagues ; le grand champ du nord est une mer jaune.
Le vent qui soufflait fort à la fenêtre l’étonnait aussi ; ma chambrette était pour lui un lieu enchanté, une chose dont il se souviendra longtemps, comme moi si j’avais vu le palais d’Armide. […] Que le givre, le vent, la neige, le brouillard, le sombre, que tout temps soit donc le bienvenu ! […] L’ennui Le 5. — Pluie, vent froid, ciel d’hiver, le rossignol qui de temps en temps chante sous des feuilles mortes, c’est triste au mois de mai.
Le ciel, sous lequel ils vivaient, n’était pas toujours serein : leurs champs n’étaient pas à l’abri des vents pernicieux, de la grêle, des orages : il arrivait quelquefois qu’un souffle mortel desséchait leurs fruits ; que des maladies contagieuses frappaient leurs troupeaux. […] puissent les vents frais du soir, puisse la rosée humide ne te faire aucun mal ! […] Cet esprit peut même être orné de certaines connaissances, mais toutes relatives à l’art champêtre, à la culture des terres et des fruits, aux maladies des troupeaux, à la qualité des pâturages, à l’influence des vents, et des astres. […] Tel le vent dans les airs chasse au loin la fumée, Tel un brasier ardent voit la cire enflammée Bouillonner devant lui. […] Rien ne peut retarder son essor courageux : Ni d’un peuple en fureur l’audace téméraire, Ni l’aspect menaçant d’un tyran sanguinaire, Ni des vents et des flots les combats orageux.
De là, ces façons de parler : Il est enflammé de colère ; il marche comme une tortue ; il va comme le vent, etc. […] Sur le vaisseau public ce pilote égaré (Cicéron) Présente à tous les vents un flanc mal assuré : Il s’agite au hasard, à l’orage il s’apprête, Sans savoir seulement d’où viendra la tempête. […] Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains. […] L’art du pilote est tout ; et, pour dompter les vents, Il faut la main du sage et non des ornements. […] L’on sent combien cette circonstance de mettre son paquet dans le bateau et d’attendre le vent, affaiblit la première idée, et lui fait perdre de dignité.
La flotte ayant été arrêté par les vents contraires dans le port d’Aulide, près de l’île Eubée (aujourd’hui Nègrepont), il sacrifia aux Dieux sa fille Iphigénie, qui, suivant plusieurs auteurs, ne fut point immolée, ayant été enlevée par Diane. […] Vents froids et violents qui soufflent du Septentrion. […] On dit que ce qui a donné lieu à cette fiction des poètes, c’est qu’il y avait un habile astronome, nommé Éole, qui, par l’observation du flux et du reflux de la mer, était parvenu à connaître le cours des vents et à prédire les tempêtes. […] Les poètes anciens ont feint qu’il était fils d’Apollon et de la muse Calliope, et que son père lui fit présent d’une lyre dont il jouait si bien, qu’il attirait après lui les bêtes féroces, les arbres et les rochers, suspendait le cours des fleuves et arrêtait le souffle des vents. […] Les poètes, en personnifiant les vents, ont donné ce nom aux vents doux et agréables qui soufflent au printemps.
Voltaire pousse plus loin encore la hardiesse de la comparaison, en assimilant deux armées qui en viennent aux mains, à l’effort de deux vents opposés qui se disputent l’empire des airs. […] Mais le Seigneur se fit entendre, Et je m’écriai plein d’ardeur : Esprit, hâtez-vous de descendre, 153Venez, esprit réparateur ; Soufflez des quatre vents du monde, Soufflez votre chaleur féconde Sur ces corps prêts d’ouvrir les yeux. […] Aujourd’hui rayonnant de joie, Du haut de tes superbes tours, Ton regard au loin se déploie, Et de ta plaine immense embrasse les contours ; Du voile des sombres années Demain tu dormiras couvert, Et dans ces tours abandonnées Sifflera le vent du désert. […] Dieu s’élèvera contre eux, et les fera fuir bien loin : ils seront dissipés devant lui, comme la poussière que le vent enlève sur les montagnes, et comme un tourbillon de poudre, emporté par la tempête ».
Son cou élevé, et sa poitrine relevée et arrondie semblent en effet figurer la proue du navire fendant l’onde ; son large estomac en représente la carène1; son corps, penché en avant pour cingler, se redresse à l’arrière, et se relève en poupe ; la queue est un vrai gouvernail ; les pieds sont de larges rames, et ses grandes ailes demi-ouvertes au vent et doucement enflées sont les voiles qui poussent le vaisseau vivant, navire et pilote à la fois. […] Delille disait : Le cygne, toujours beau, soit qu’il vienne au rivage, Certain de ses attraits, s’offrir à notre hommage ; Soit que. do nos vaisseaux le modèle achevé, Se rabaissant en proue, en poupe relevé, L’estomac pour carène, et de sa queue agile Mouvant le gouvernail en timonier habile, Les pieds pour avirons, pour flotte ces oiseaux Qui se pressent en foule autour du roi des eaux, Pour voile enfin son aile au gré des vents enflée, Fier, il vole au milieu de son escadre ailée. […] La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, où d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence ; montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.