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146. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Je vise à la concision, je deviens obscur ; on court après la grâce : adieu le nerf et la chaleur ; tel vise au sublime, et se perd dans l’enflure ; par excès de prudence, et pour échapper à la tempête, celui-là se traîne terre à terre ; celui-ci croit trouver la variété dans le merveilleux, et son pinceau bizarre nous représente un dauphin dans les bois, un sanglier dans les flots. […] Et ce bassin magnifique, chef-d’œuvre d’une main royale, ce port où Neptune voit flotter nos vaisseaux à l’abri des aquilons ; et ce marais longtemps stérile, longtemps battu par la rame, aujourd’hui terre nourricière que sillonne la pesante charrue ; et ces digues puissantes par qui un fleuve, jadis funeste aux moissons, apprit à suivre un cours meilleur : hélas, tous les ouvrages des mortels périront : et la langue seule garderait une fraîcheur, une grâce inaltérable ! […] Il ne faut pas que vos Dieux et vos héros, quand on vient de les voir, tout brillants d’or et se pavanant sous la pourpre des rois, descendent à l’ignoble langage des tavernes enfumées ; ou que, par crainte de la terre, ils aillent se perdre dans les nues. […] 446L’enfant, qui sait déjà 447prononcer les mots, 448et qui marque la terre 449d’un pied assuré, 450désire-ardemment 451jouer-avec ses égaux-d’âge, 452et il prend la colère 453et il la quitte sans-réflexion, 454et il est changé (il change) 455d’heure-en-heure (à chaque instant). […] » 1238il pâlira sur ces vers ; 1239même il distillera une rosée de larmes 1240de ses yeux complaisants ; 1241il bondira, il frappera la terre du pied.

147. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Honteux attachements de la terre et du monde, Que ne me quittez-vous quand je vous ai quittés ? […] Si nous cherchons le pathétique dans une région plus sublime, au-delà des orages de la terre, notre éloquence sacrée n’en offre-t-elle pas des modèles au-dessus de l’admiration humaine ? […] « O spectacle merveilleux, et qui ravit en admiration le ciel et la terre !  […] « On en gémit, on en pleure ; voilà ce que peut la terre pour une reine si chérie ; voilà ce que nous avons à lui donner, des pleurs, des cris inutiles. […] Toute la terre en est étonnée.

148. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Maintenon. (1635-1719.) » pp. 76-82

Mme de Maintenon (elle devait ce nom à une terre qu’elle avait acquise) profita de sa brillante situation pour réaliser plusieurs belles œuvres de charité : la principale fut la création de Saint-Cyr3. […] On n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu, mais avec cette volonté déterminée dont je vous parle quelquefois : alors on sent qu’il n’y a plus rien à chercher, qu’on est arrivé à ce qui seul est bon sur la terre ; on a des chagrins, mais on a aussi une solide consolation, et la paix au fond du cœur au milieu des plus grandes peines.

149. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Qu’on ne me parle point là-dessus du poinct d’honneur, je ne sçai que6 c’est ; il y en a qui se vantent d’estre descenduz de ces vieux chevaliers François qui chasserent les Sarrazins d’Espagne et remirent le Roy Pierre en son Royaume7 : les autres se disent estre de la race de ceux qui allerent conquerir la terre saincte avec Sainct Loys : les autres de ceux qui ont remis les Papes en leur Siege par plusieurs fois, ou qui ont chassé les Anglois de France et les Bourguignons de la Picardie ; ou qui ont passé les monts, aux conquestes de Naples et de Milan, que le roy d’Espagne a usurpé sur nous. […] Je prendray les vaches et les poules de mon voisin quand il me plaira : je leveray5 ses terres, je les renfermeray avec les miennes dedans mon clos, et si n’en oseroit6 grommeler.

150. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Dormez votre sommeil, grands de la terre. […] Les deux exemples suivants feront sentir la différence qui existe entre les figures de pensée et les figures de mots : Répondez, cieux et mer ; et vous, terre, parlez. […] Toute la terre en est étonnée. Cieux, écoutez ma voix, terre, prête l’oreille. […] Qu’aux accents de ma voix la terre se réveille.

151. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Pour t’élever de terre, homme, il te faut deux ailes, La pureté du cœur et la simplicité : Elles te porteront avec facilité Jusqu’à l’abîme heureux des clartés éternelles. […] Sire, mon père est mort ; mes yeux ont vu son sang Couler à gros bouillons de son généreux flanc ; Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles, Ce sang qui tant de fois vous gagna des batailles, Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux2 De se voir répandu pour d’autres que pour vous, Qu’au milieu des basards n’osait verser la guerre, Rodrigue en votre cour vient d’en couvrir la terre. […] Après qu’on eut mangé, mille et mille fusées S’élançant vers les cieux, ou droites ou croisées, Firent un nouveau jour, d’où tant de serpenteaux D’un déluge de flamme attaquèrent les eaux, Qu’on crut que, pour leur faire une plus rude guerre, Tout l’élément du feu tombait du ciel en terre. […] Ayant si bien en main le festin et la guerre, Vos gens en moins de rien courraient toute la terre ; Et ce serait pour vous des travaux fort légers Que d’y mêler partout la pompe et les dangers.

152. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Il part brusquement de Rome la veille, afin de disposer devant sa terre le piège où il attendait Milon ; l’événement le prouva. […] » Il rencontre Clodius devant sa terre, sur les cinq heures du soir, ou à peu près. […] J’ai tué, moi (car il oserait le dire, après avoir délivré la patrie au péril de ses jours) ; j’ai tué celui que des femmes de la première distinction ont surpris voulant souiller, par un adultère infâme, les plus saints des mystères ;celui que le sénat a plus d’une fois résolu de punir de mort, pour expier, par son supplice, la profanation de nos cérémonies religieuses ; celui qui, à la tête de vils esclaves, a chassé de Rome un citoyen que le sénat, que le peuple, que toutes les nations regardaient comme le conservateur de Rome, et le sauveur de toutes les nations ; celui qui donnait et ôtait les royaumes, qui distribuait à son gré toute la terre ; celui, etc. ».

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