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136. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Évitez cette prétendue concision, et retranchez les circonstances inutiles avec autant de soin que les mots parasites. […] Si l’on y aperçoit quelque légère étude, c’est dans le soin d’arranger les mots ; mais on sent que ce soin même lui a peu coûté, et que les mots, après s’être offerts à son esprit sans qu’il les cherchât, sont venus d’eux-mêmes et sans effort s’arranger dans ses périodes. […] , c. 44) condamne avec raison Théopompe, pour avoir porté jusqu’à l’excès le soin minutieux d’éviter le concours des voyelles. […] Il a même eu soin d’éviter le concours des lettres dures qui auraient ralenti la prononciation. […] » Avec quel soin l’orateur a coupé ces mots, comme par des soupirs, saisis, muets, immobiles !

137. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nicole, 1625-1695 » pp. 72-75

Mais cette patience n’est pas une vertu très-commune ; de sorte qu’il est bien étrange que, ce mérite étant si difficile d’une part et si utile de l’autre, on ait si peu de soin de s’y exercer, au même temps que l’on s’étudie à mille autres choses inutiles et de peu de fruit.

138. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Vous-même, de vos soins craignez la récompense, Et que dans votre sein ce serpent élevé Ne vous punisse un jour de l’avoir conservé. […] au moins que les travaux, Les dangers, les soins du voyage, Changent un peu votre courage. […] Elle voit paraître ce que Jésus-Christ n’a pas dédaigné de nous donner comme l’image de sa tendresse, une poule devenue mère, empressée autour des petits qu’elle conduisait. » Racine excelle à rendre avec élégance les détails les plus familiers, sans affectation ni obscurité, Phèdre se plaint de sa parure et des soins dont on l’assiège : Quelle importune main, en formant tous ces nœuds, A pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux ? […] Pour toi l’astre du jour prend des soins superflus. […] Du rapport d’un troupeau, dont il vivait sans soins, Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite, La Fontaine, liv. 

139. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Staël 1766-1817 » pp. 218-221

Quand il peut trouver l’occasion de reprocher au ministre le peu de soin qu’il prend de sa santé, les excès de travail qu’il se permet, il faut voir quelle énergie il met dans ces vérités dangereuses ; on croirait, au son de sa voix, qu’il s’expose à tout pour satisfaire sa conscience, et ce n’est qu’à la réflexion qu’on observe que, pour varier la flatterie fade, il essaye de la flatterie brusque sur laquelle on est moins blasé.

140. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

Les princes qui ont de bonnes intentions et quelques connaissances de leurs affaires, soit par expérience, soit par étude et une grande application à se rendre capables, trouvent tant de différentes choses par lesquelles ils se peuvent faire connaître, qu’ils doivent avoir un soin particulier et une application universelle à tout.

141. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Le vice et la douleur n’osaient approcher d’eux ; La pauvreté, les soins, la peur, la maladie, Ne précipitaient point le terme de leur vie. […] C’est alors que Phénix prend la parole ; Phénix, l’ami, le compagnon de la jeunesse d’Achille-, et après lui avoir retracé avec bonté les soins qu’il prit de son enfance, il lui dit : Ἀλλ᾽ Ἀχιλεῦ, δάμασον θυμὸν μέγαν. […] Milton nous offre un bel exemple de cette figure, dans les adieux si touchants qu’Ève adresse aux fleurs d’Éden, au moment où l’arrêt et l’ange du ciel la forcent de les abandonner à jamais : Ô vous, objets chéris de mes soins assidus, Adieu, charmantes fleurs !

142. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Il s’avisa, il y a deux ans, pendant les troubles de Genève, où personne ne s’entendait, de faire une mauvaise brochure en vers qu’on n’entendait pas davantage1 ; il a été banni pour neuf ans par un arrêt du conseil magnifique ; il a un père encore plus vieux que vous, qui est aveugle et qui se trouve sans secours ; ma mère, vieille et infirme, a besoin de mes soins. […] Vous cherchez à faire sonner ces trompettes de la Renommée ; vous courtisez les écrivains, les protecteurs, les abbés, les docteurs, les colporteurs : tous vos soins n’empêchent pas que quelque journaliste ne vous déchire. […] Il n’est point question d’écrire des lettres pensées et réfléchies avec soin, qui peuvent un peu coûter à la paresse ; il n’est question que de deux ou trois mots d’amitié, et quelques nouvelles, soit de littérature, soit des sottises humaines, le tout courant sur le papier sans peine et sans attention.

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