Guidé par ce bâton, sur l’arène glissante, Seul, en silence, au bord de l’onde mugissante1, J’allais, et j’écoutais le bêlement lointain Des troupeaux agitant leurs sonnette d’airain.
Le chien de Terre-Neuve2 y hurle près des portes, Et des blonds3 serviteurs les agiles cohortes S’empressent en silence aux travaux familiers, Et, les plateaux en main, montent les escaliers ; Le parloir est ouvert, un pupitre au milieu ; Le Père y lit la Bible à tous les gens du lieu4.
Les stoïciens de l’Empire conspirent peu ; ils ne cherchent pas à délivrer le monde de ses tyrans : ils se contentent de pourvoir à leur honneur par leur silence au sénat, et par un suicide paisible, quand l’empereur demande leur mort.
Quelquefois elle accumule les faits comme en désordre ; quelquefois elle les divise et les détaille avec méthode ; souvent elle leur donne plus de force en feignant de les passer sous silence. […] « Là, parmi les douceurs d’un tranquille silence, « Règne sur le duvet une heureuse indolence. […] De tous côtés s’étend la terreur, le silence. […] On trouve encore l’hypotypose dans les morceaux suivants : À peine nous sortions des portes de Trézène ; Il (Hippolyte) était sur son char ; ses gardes affligés Imitaient son silence, autour de lui rangés. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles, et voilà que, dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel.
iv. v. 522) La nuit avait rempli la moitié de son cours ; Sur le monde assoupi régnait un calme immense ; Les étoiles roulaient dans un profond silence ; L’aquilon se taisait dans les bois, sur les mers ; Les habitants des eaux, les monstres des déserts, Des oiseaux émaillés les troupes vagabondes, Ceux qui peuplent les bois, ceux qui fendent les ondes ; Livrés nonchalamment aux langueurs du repos, Endormaient leurs douleurs et suspendaient leurs maux : Didon seule veillait.
Tantôt par des paroles touchantes, tantôt même par son silence, elle relevait ses présents ; et cet art de donner agréablement qu’elle a si bien pratiqué durant sa vie, l’a suivie, je le sais, jusque dans les bras de la mort ».
Quelle perle pour l’éloquence, que le silence d’un homme qui s’était annoncé avec un aussi grand talent, et quel effet il eût produit, de quelle réputation il eût joui dans le siècle des Pascal, des Bossuet et des Bourdaloue !