136Souverain roi de la nature, Permets-tu que des furieux Anéantissent sous tes yeux Le tendre objet de ta culture ? […] Pourquoi tous ces conseils de guerre Où tant de rois parlent en vain ? […] 142Mortels qui jugez vos semblables, Rois qu’à la terre j’ai donnés, Rois devenus si formidables Par vos projets désordonnés ; Instruisez-vous dans ma justice, Si vous voulez que j’affermisse Vos droits par la révolte enfreints ; Pour mériter que l’on vous aime, Aimez, servez, craignez vous-même Le Dieu par qui vous êtes craints. […] L’Enfer personnifié excite et anime contre lui les ombres des rois et des princes : toutes se lèvent à la fois, et vont au-devant du roi de Babylone. […] Les marbres, les parfums, et les hymnes pieux, Des rois les plus obscurs honorent la mémoire ; Et même les tyrans n’arrivent pas sans gloire Au sépulcre de leurs aïeux.
Il convient aussi d’observer que les maires du palais et les comtes de Paris se placèrent dans le trône des rois à la faveur des moyens qui leur avaient servi à s’insinuer dans leur esprit, c’est-à-dire par l’affaiblissement et par le changement des lois de l’État. […] Il anéantissait par son pouvoir et par son faste royal la majesté personnelle du roi ; mais il remplissait avec tant de dignité les fonctions de la royauté, qu’il fallait n’être pas du vulgaire pour s’apercevoir du péril où il s’engageait. […] Hugues Capet, comte de Paris, avant d’être roi. […] Fléchier disait avec plus de raison : « Déjà, pour l’honneur de la France, était entré dans l’administration des affaires un homme plus grand par son esprit et par ses vertus que par ses dignités et par sa fortune ; toujours employé, et toujours au-dessus de ses emplois ; capable de régler le présent et de prévoir l’avenir ; d’assurer les bons événements et de réparer les mauvais ; vaste dans ses desseins, pénétrant dans ses conseils, juste dans ses choix, heureux dans ses entreprises, et, pour tout dire en peu de mots, rempli de ces dons excellents que Dieu fait à certaines âmes qu’il a créées pour être maîtresses des autres, et pour faire mouvoir ces ressorts dont sa providence se sert pour élever ou pour abattre, selon ses décrets éternels, la fortune des rois et des royaumes. » 1. […] « Il fit la guerre au roi ; mais le personnage de rebelle était ce qui le flattait le plus dans la rébellion : magnifique, bel esprit, turbulent, ayant plus de saillies que de suite, plus de chimères que de vues, déplacé dans une monarchie, et n’ayant pas ce qu’il fallait pour être républicain, parce qu’il n’était ni sujet fidèle ni bon citoyen ; aussi vain, plus hardi et moins honnête homme que Cicéron ; enfin plus d’esprit, moins grand et moins méchant que Catilina.
La philosophie faisait encore à 1 oraison funèbre un autre reproche : celui de n’être réservée que pour les rois et les grands de la terre, etc. […] Un roi puissant précipité du trône dans les fers, et traîné des fers à l’échafaud ; une reine illustre par ses vertus et par son courage, contrainte de fuir à travers les mers et les orages le ressentiment injuste de ses propres sujets, et échappant comme par miracle à leurs fureurs rebelles : quelle matière pour le génie de Bossuet, et pour l’instruction des peuples et des rois ! […] Leurs années se poussent successivement comme des flots : ils ne cessent de s’écouler ; tant qu’enfin, après avoir fait un peu plus de bruit, et traversé un peu plus de pays les uns que les autres, ils vont tous ensemble se confondre dans un abîme, où l’on ne reconnait plus ni princes, ni rois, ni toutes ces autres qualités superbes qui distinguent les hommes ; de même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l’océan avec les rivières les plus inconnues ». […] Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, etc. » Enfin le dénouement terrible approche ; le trait le plus frappant manque encore à cet éloquent tableau du néant de tout ce que notre erreur appelle et croit grand : « Enfin, la voilà malgré ce grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie ! […] Elle va descendre à ces demeures souterraines, pour y dormir dans la poussière avec les grands de la terre, comme parle Job : avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir les places ».
On l’appelait, comme on sait, le stathouder des Anglais et le roi des Hollandais. […] Louis faisait la guerre en roi, et Guillaume en soldat. […] Ainsi, ce conquérant, le plus renommé et le plus illustre qui fut jamais, a été le dernier roi de sa race. […] Trois puissants rois menaçaient ainsi l’enfance de Charles XII. […] Les grands généraux étaient morts ; on avait tout à craindre sous un jeune roi qui n’avait encore donné de lui que de mauvaises impressions.
La Satire Ménippée 1594 [Notice] Guise était mort sous le poignard, Henri III sous le couteau ce Jacques Clément ; l’Espagne, Rome et la faction Lorraine se disputaient le droit d’imposer à la France un roi de leur choix. […] Toutes les semaines, ils se réunissaient à la table du plus riche d’entr’eux, Pierre Le Roy ; et là, dans des repas assez maigres, (car on jeûnait souvent sous la Ligue), on riait à plaisir et à la gauloise des Seize, des États, des cinq ou six rois de la coalition ; on redisait les bons mots du Diable-à-Quatre, on échangeait des espérances, on agitait toutes les questions du jour ; c’était un feu roulant d’épigrammes contre l’étranger, le reître, l’Italien et l’Espagnol, détestés du même cœur dont Alain Chartier maudissait l’Anglais au lendemain de Poitiers et d’Azincourt. […] Deux charlatans, l’un Espagnol, l’autre Lorrain, sont venus ouvrir boutique en face du palais de nos rois, pour y débiter leurs drogues aux Parisiens. […] Une cohue de voix discordantes et d’amendements insensés clôt la séance ; mais ce tapage n’empêche pas le gros bon sens populaire d’avoir le dernier mot par la bouche de Trepelu, le vigneron de Suresnes, soutenant avec la logique de Sganarelie que « le roi est le vrai soleil de France, et que le soleil est une belle invention, quoiqu’il gèle parfois sur les vignes. » Éditée pour la première fois en août 1594, trois mois après l’entrée d’Henri IV à Paris, la Ménippée avait circulé sous main avant l’ouverture des portes. […] Tableau de mœurs ou la caricature se mêle au portrait, et l’invective à la raison, elle reflète ce qu’il y eut d’horrible et de risible dans cette explosion de folie qui précéda le règne d’Henri IV, « Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire. » Dans certaines parties impérissables, c’est un modèle d’ironie, de dialectique véhémente et de virils accents mis au service d’une cause, alors nationale, dans une ville ruinée, affamée, fiévreuse et à demi repentante, qui attendait l’avénement de la poule au pot.
Saint Louis a été un grand Saint, parce qu’étant né Roi, il a fait servir sa dignité à sa sainteté. […] Saint Louis a été un grand Saint, parce qu’étant né Roi, il a fait servir sa dignité à sa sainteté. […] Tout Roi qu’il était, il ne se considéra que comme un sujet ne pour dépendre de Dieu, et pour obéir à Dieu et il préféra toujours la qualité de Chrétien à celle de Roi. […] Or, à tout cela, combien lui servit le pouvoir que lui donnait la dignité de Roi, etc. […] Saint Louis a été un grand Roi, parce qu’il a su, en devenant Saint, faire servir sa sainteté à sa dignité.
J’y fus pris ; j’asservis au vain désir de plaire La mâle liberté qui fait mon caractère3 ; Et, perdant la raison, dont je devais m’armer, J’allai m’imaginer qu’un roi pouvait aimer. […] O roi David1 ! […] Du genre humain connais quelle est la trempe ; Avec de l’or, je te fais président, Fermier du roi, conseiller, intendant : Tu n’as point d’aile, et tu veux voler ! […] Rois, si vous m’opprimez, si vos grandeurs dédaignent Les pleurs de l’innocent que vous faites couler, Mon vengeur est au ciel : apprenez à trembler1. […] Il s’agit ici des jeux de cartes, où le roi s’appelle David.