Travailler pour le bien public ; étudier pour son instruction.
C’est elle sans doute qui leur mit devant les yeux l’utile et l’honnête, leur fit goûter la raison, les rendit doux et humains, cimenta parmi eux la bonne foi et la justice, les accoutuma à la subordination, et les détermina non seulement à ne pas épargner leurs peines, mais même à sacrifier leur vie pour le bien public. […] C’est cette espèce d’éloquence qui a enlevé les suffrages, qui s’est rendue maîtresse des délibérations publiques, qui a étonné le monde par le bruit et la rapidité de sa course ; qui, après avoir excité l’applaudissement et l’admiration des hommes, les laisse dans le désespoir d’atteindre à cette haute perfection où elle s’est élevée.
Nul ne possède plus magistralement le don d’exécrer, de maudire et de mépriser à outrance, comme des ennemis publics, tous ses adversaires. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante.
) On peut voir dans la Poétique de La Mesnardière (préface) avec quel mépris un pédant du xvii e siècle traitait le public des théâtres.
Les sympathies et l’attention du public sont acquises à qui lui prouve immédiatement que d’un divertissement il ne va pas lui faire une fatigue : Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.. […] Francis Wey, a dit de bonnes choses en développant cet préceptes : « D’ordinaire le début est une initiation, il ne doit pas abuser le public, il ne doit pas le dévoyer.
« Que cet homme, dominé naturellement par un tempérament vif, emporté par l’excès de son zèle, aigri par les contradictions sans cesse renaissantes, poussé par l’indignation que devaient exciter tant de crimes réunis, se soit laissé aller à des plaintes amères et à des reproches violents ; qu’il ait fait entendre, qu’il ait fait tonner dans toute sa force la voix de cette vérité toujours si effrayante pour les coupables ; qu’il les ait accablés de menaces dont malheureusement il n’a jamais exécuté aucune ; que parmi ces coupables, quelques-uns l’nient été moins, en effet, qu’ils ne lui ont paru l’être ; qu’accoutumé à se voir trompé de toutes parts, à rencontrer partout l’hypocrisie et la scélératesse, il en était presque venu au point de ne pas croire à la vertu dans ces affreux climats ; qu’il ait confondu le citoyen indolent et incapable avec le citoyen perfide et dangereux ; qu’il n’ait pas toujours eu assez de patience avec l’un, assez de dissimulation avec l’autre : qu’il ait été ou trop prompt ou trop franc dans quelques-uns de ses jugements, ou trop indiscret ou trop dur dans quelques-unes de ses expressions ; que dans ces instants de trouble et d’amertume où tout conspirait à le plonger, il lui ait échappé quelque démarche imprudente dont il n’est jamais résulté de préjudice public, quelque résolution désespérée qui n’a jamais eu d’effet ; qu’enfin, il faille dire de lui, si l’on veut, ce que Tite-Live disait du grand Camille : Que les génies les plus supérieurs, que les plus grands hommes savent mieux vaincre que gouverner, était-ce donc là de quoi le condamner à perdre la tête sur un échafaud ? […] Un philanthrope veut nous enlever les animaux domestiques que nous chérissons le plus ; il prêche, au dix-neuvième siècle, une croisade contre d’innocentes victimes qui ont des droits sacrés à notre reconnaissance ; et c’est de l’amour du bien public qu’il prétend colorer cet attentat !
Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours. […] Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?