Or, voilà ce qui est difficile, et rare par conséquent ; et plus le sentiment est profond ou délicat, plus il est vraisemblable qu’il sera mal ou faiblement rendu. […] L’auteur du Poème des Jardins ; celui de la Chartreuse et de la Fête des Morts 166 prêtèrent à notre poésie ce charme rêveur, cette teinte de mélancolie douce, mais profonde, premier caractère de l’élégie sacrée, qui nourrie tour à tour de sentiments tendres et de pensées sublimes, doit s’adresser alternativement au cœur et à l’imagination, frapper et émouvoir tour à tour.
Il sait que les apparences trompent, qu’il n’est rien de stable sous le soleil ; au lieu donc de s’aventurer à penser encore ce qu’il avait toujours pensé jusque-là, ce qui était certain pour lui comme pour tout le monde, il s’approche modestement du régulateur de sa raison législative7, se penche à son oreille, puis dresse les siennes pour recueillir sans en rien perdre la réponse à cette question profonde et délicate : Monseigneur, qu’est-ce qui est vrai aujourd’hui ?
Adieu à un ami 2 Je pose la plume, mon cher ami ; je n’ai fait, vous le voyez, que rassembler des fragments de correspondance, recueillir des renseignements dignes de foi, retracer quelques faits, et exprimer des sentiments que quinze années n’ont point affaiblis, et qui sont encore dans mon âme aussi vifs, aussi profonds qu’ils l’ont jamais été.
Pindare est, comme l’on voit, moraliste aussi profond qu’il se montre constamment poète sublime. […] La nature en ressent la blessure profonde, Et marque par son deuil la ruine du monde46. […] Quel sens profond renfermé dans ce dernier trait, et que de choses il retrace à l’esprit du lecteur !
C’est ainsi que La Fontaine nous donne le portrait de son Héron Au long bec, emmanché d’un long cou ; et qu’Andrieux nous fait connaître Frédéric II Qui tout roi qu’il était fut un penseur profond ; Redouté de l’Autriche, envié dans Versailles, Cultivant les beaux-arts au sortir des batailles, D’un royaume nouveau la gloire et le soutien, Grand roi bon philosophe, et fort mauvais chrétien. […] C’est ainsi que, pour marquer la promptitude avec laquelle les Grenouilles se précipitent dans leurs marais à l’approche du lièvre, La Fontaine a dit : Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer dans leurs grottes profondes. […] « La Providence est tellement maîtresse de toutes nos actions, que nous n’exécutons rien que sous son bon plaisir, et je tâche de ne faire des projets que le moins qu’il m’est possible, afin de n’être pas si souvent trompée ; car, qui compte sans elle, compte deux fois. » 15° Le style épistolaire admet aussi les oppositions et les contrastes ; les pensées profondes, philosophiques et morales.
Et, en effet, il faut avoir tout vu, tout pénétré, tout embrassé, pour savoir la place précise de chaque mot. » Les plus profonds rhéteurs du xviiie siècle semblent renfermer toute la rhétorique dans la disposition et l’élocution. […] Pour disposer les idées, comme pour les trouver, le moyen le plus puissant et le plus efficace, c’est d’en faire l’objet d’une méditation constante et profonde.
Voyez cette nuit profonde, ces ténèbres épaisses qui vous environnent, la faiblesse, l’imbécillité1, l’ignorance de votre raison. […] L’ombre qui les couvrait s’écarte de ses rives ; Le rocher nu contient ses vagues fugitives ; Il dédaigne de suivre, en se creusant son cours, Des vallons paternels les gracieux détours ; Mais, fier de s’engouffrer sous des arches profondes, Il y reçoit un nom bruyant comme ses ondes.