L’âme est troublée par des secousses violentes qui la déplacent et lui font perdre son assiette. […] Il flatte sa vanité pour désarmer sa vengeance, et, malgré son indifférence obstinée, il sait l’intéresser si vivement à la conservation de celui qu’il voulait perdre, que son émotion ne peut plus se tenir au dedans de lui-même. […] Les matelots furent alarmés jusqu’à perdre l’esprit, et quelques-uns d’entre eux se précipitèrent dans les ondes. […] La division, nous l’avons déjà dit, n’est qu’un moyen de mettre de l’ordre dans un discours, quand ce que l’on a à dire est assez long pour que l’auditeur puisse s’y perdre. […] Mais il faut qu’il use de ce moyen avec une grande réserve ; car l’abus est tout prêt de l’usage ; et l’on risque beaucoup de s’égarer et de perdre sa cause quand, au lieu d’aller droit au but, on fait le principal d’un enjolivement qui ne doit être que l’accessoire.
II, n°. 334), lorsqu’il est à craindre qu’en négligeant ses avantages, le peuple ne risque aussi de perdre son honneur ou sa dignité. […] Si l’on remet le conséquent à sa place naturelle, ce morceau perd presque toute son énergie. […] aurais-je perdu tout le soin de ma gloire ? […] Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends. […] C’est ce qu’on ne doit jamais perdre de vue.
Si, par malheur pour toi, il me revenait qu’on dît dans la ville que mes discours n’ont plus leur force ordinaire, et que je devrais me reposer, je te le déclare tout net, tu perdrais avec mon amitié la fortune que je t’ai promise. […] Mon esprit, grâce au ciel, n’a encore rien perdu de sa vigueur.
Les matelots furent alarmés jusqu’à perdre l’esprit, et quelques-uns d’entre eux se précipitèrent dans les ondes. […] « Nous mourons tous », disait cette femme dont l’Ecriture a loué la prudence au second livre des Rois3 , « et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour. » En effet, nous ressemblons tous à des eaux courantes. […] Elle ne savait pas que le prince qui lui fit perdre tant de ses vieux régiments à la bataille de Rocroy en devait achever les restes dans les plaines de Lens.
Son audace s’accroît du peu de résistance ; Rome, trop tôt sauvée, a perdu sa constance, Et, façonnée aux lois, n’a même plus au cœur D’un peuple impolicé6 la sauvage vigueur. […] Va du pauvre au riche que tu flattes ; Prends-toi d’amour subit pour les aristocrates ; Va, va, ce n’est pas toi qui les peux relever ; — Prends garde de te perdre, en voulant les sauver ! […] Sur ses lèvres de sophiste, les mots perdent leur sens.
Fléchier, dans son oraison funèbre de Turenne 6, veut faire voir combien il faut de prudence à un général, pour conduire ses soldats ; pour se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï ; pour se faire aimer, sans perdre un peu de l’autorité, et sans relâcher de la discipline militaire. […] Il n’en est pas de même de leur passion pour les richesses : ils renferment tous leurs désirs dans les nécessités de la vie, sachant combien il est aisé de perdre et difficile d’acquérir. […] Il le fit : il alluma tout son zèle contre l’avarice ; il leva les voiles qui couvraient ce mystère d’iniquité, et rapporta durant trois jours, au conseil du roi, cette affaire, avec tant d’ordre et de netteté, qu’il fit restituer à ces malheureux ce qu’ils croyaient avoir perdu, et les obligea d’avouer, ce qu’ils avaient eu peine à croire, qu’on pouvait trouver parmi nous de la fidélité et de la justice ». […] Ses derniers soupirs souillent la douleur et la mort, dans le cœur de son royal époux66 : les cendres du jeune prince se hâtent de s’unir à celles de son épouse : il ne lui survit que les moments rapides qu’il faut, pour sentir qu’il l’a perdue ; et nous perdons avec lui les espérances de sagesse et de piété, qui devaient faire revivre le règne des meilleurs rois, et les anciens jours de paix et d’innocence. […] Il perdit en effet sa cause, et fut exilé.
Quelques hommes, en effet, voyant que la description jetait de l’agrément et de l’intérêt au milieu de l’aridité des préceptes didactiques, se sont imaginé qu’ils pouvaient composer un poème tout entier de descriptions ; ils ont alors décrit successivement une multitude d’objets souvent sans liaison entre eux, et par là ont fait perdre au poème didactique son unité et son utilité. […] Les épisodes doivent être courts, à proportion que la matière en est éloignée du sujet, parce qu’en pareil cas ce n’est qu’un délassement accordé en passant pour reposer l’esprit et non pour lui faire perdre le fil de la narration. […] Et en effet, sans recourir à aucun raisonnement métaphysique pour le prouver, n’est-il pas évident que les deux plus beaux poèmes épiques modernes, les seuls qui puissent, au jugement de tous, balancer l’Iliade et l’Énéide, je veux dire la Jérusalem délivrée et le Paradis perdu, n’ont presque pas d’autre merveilleux que celui-là ? […] Il l’intitula le Paradis perdu.