L’action dramatique est soumise aux yeux et doit se peindre comme la vérité ; ce qui demande un vraisemblable d’une espèce particulière au drame, que nous examinerons tout à l’heure. […] Il faut aussi qu’elles se peignent par l’action même, et non par des portraits ou par un dialogue languissant. […] Il consiste à peindre d’une manière très ressemblante et très vive les mœurs des citoyens, et à y joindre en même temps un certain grotesque qu’il est plus aisé de sentir que de définir. […] Tout y est décent, régulier ; les mœurs y sont peintes dans le vrai, avec une charge si légère, qu’elle ne s’aperçoit presque point. […] Il ne s’agissait que de mettre ce genre en action, comme on y avait mis l’héroïque : ce qui fut d’autant plus aisé, que la comédie, dans ses commencements, peignait tout d’après nature.
La poésie la peint et l’embellit, elle peint aussi les hommes ; elle les agrandit, elle les exagère, elle crée les héros et les dieux. L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave. […] Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.
Tantôt elle peint la cour et la ville, tantôt la solitude et les champs, et toujours avec le même esprit et la même grâce. […] Après ce portrait de madame de Sévigné : nous n’avons plus rien à ajouter sur le style épistolaire : nous l’avons peint tout entier en elle. […] La description peint un objet réel ou un objet de fantaisie. […] Jeune comme elle, et menacé du même destin, qui pouvait sentir et peindre mieux que lui ce débat intérieur de la vie contre la mort ? […] Avec moins de goût, un autre poète eût cherché les grands effets, il eût prodigué les épithètes et les éloges à la jeune fille, et l’eût peinte trait pour trait.
Le propre d’une image, c’est de peindre un objet sous des traits qui ne sont pas les siens, mais ceux d’un objet analogue. […] Le sublime d’image est celui qui peint de grands objets avec des couleurs si frappantes qu’on est saisi d’admiration. […] Tout écrivain digne de ce nom désire peindre les objets dont il parle, et les imiter par la combinaison des sons. […] L’historien, l’orateur et le poète sont souvent obligés de peindre des personnages, mais ils ne le font pas de la même manière. […] L’ode badine est celle qui roule sur des sujets gracieux et qui peint des scènes aimables et touchantes.
La douleur s'exprime lentement ; elle demande de la douceur, de l'harmonie, et, quelquefois, de ces suspensions qui peignent avec tant de vérité les mouvements de l'âme oppressée. […] Le dernier vers peint l'ambition des trois favoris, et il exprime le peu de temps que doit durer le règne de Galba. […] Le style est pittoresque quand il peint un site ou une attitude avec des couleurs variées et qui produisent un grand effet. […] Si, comme dans l'épopée, cette fable a pour objet une action héroïque et peint de grandes passions, comme la terreur, la pitié, on l'appelle tragédie. Si elle est prise dans la vie commune et peint nos travers, nos ridicules, elle prend le nom de comédie.
C’est lui qu’il faut mettre en relief, et qu’il importe de peindre avec les plus vives couleurs. […] Que faut-il observer pour bien peindre les personnages ? […] On peut compter quatre moyens principaux de bien peindre les ridicules et les vices. […] Il faut les peindre fortement pour qu’ils fassent une impression durable. […] Le bas comique peint les mœurs du peuple.
Mais elle les peint avec de fortes couleurs, sous des traits énergiques, qui inspirent la crainte, l’éloignement, l’horreur. […] Elle se réduit toute à prouver, à peindre ou à toucher. La poésie peint avec enthousiasme, et par des traits plus hardis. […] Les mœurs de celui qui parle doivent se peindre dans son discours sans qu’il y pense. […] La philosophie décrit et dépeint la nature ; la poésie la peint et l’embellit : elle peint aussi les hommes, elle les agrandit, les exagère, elle crée les héros et les dieux ; l’histoire ne peint que l’homme, et le peint tel qu’il est.