Quand j’étais loin de ma patrie, je soupirais après des biens que je n’y avais pas ; et cependant vous me faisiez connaître les biens sans nombre que vous avez répandus sur toute la terre, qui est la patrie du genre humain.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] N’attendez-pas, messieurs, que j’ouvre ici une scène tragique, que je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées, que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l’a frappé, que je fasse crier son sang comme celui d’Abel1, et que j’expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorées.
Amour de la famille, amour de la patrie, amour de l’humanité. […] Amour de la patrie : ce que l’amour de la patrie a produit de grand et de fécond aux différentes époques de l’histoire. […] De la Patrie. Dire ce qui constitue la patrie, quels devoirs nous avons envers elle, à quelles conditions elle est forte et prospère. […] Leurs fils n’ont pas tous oublié leur patrie.
Cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, qui couvrait son camp d’un bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet bomme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie ; et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus forts et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme, poussant enfin avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] Où peut-on trouver tant et de si puissants exemples que dans les actions d’un homme sage, modeste, libéral, désintéressé, dévoué au service du prince et de la patrie ; grand dans l’adversité par son courage, dans la prospérité par sa modestie, dans les difficultés par sa prudence, dans les périls par sa valeur, dans la religion par sa piété ? […] « Quel sera le crime de l’homme privé qui se dépouille de tout ce qu’il possède, pour son roi et sa patrie ; qui, haï, persécuté, menacé de poison et d’assassinat, sur le point de succomber à l’un et à l’autre, n’exerce pas un seul acte de vengeance quand il en a le pouvoir, et remet à la justice des lois la punition des attentats qu’enfantait le mépris de ces lois ?
ne prostituez pas ces mots de patrie et de patriotisme. […] L’amour de la patrie se ranimait au fond de mon cœur ; l’Arcadie se montrait à moi dans tous ses charmes. […] Les honneurs, les récompenses, les affections, sont pour ceux qui les ont servis contre la patrie et nous. […] Honneur à ces braves soldats, la gloire de la patrie ; et honte éternelle aux Français criminels, dans quelque rang que la fortune les ait fait naître, qui combattirent vingt-cinq ans avec l’étranger pour déchirer le sein de la patrie ! […] Son goût vif pour les arts, son instinct de l’antiquité, comme d’une patrie, se montrèrent d’abord.
Lacordaire 1802-1861 [Notice] Né à Récey-sur-Ource, près de Dijon, dans la patrie de Bossuet, et de Saint-Bernard, Henri-Dominique Lacordaire termina de brillantes études vers l’époque où tombait l’empire : son cœur ressentit douloureusement les blessures de la France. […] Mais, là où la patrie est un temple vide, qui n’attend rien de nous que le silence et le passage, il se crée une oisiveté formidable, où la force des âmes, s’il leur en reste, se dépense à se flétrir1.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.