Le Phrygien Ésope, qu’on a regardé à tort comme l’inventeur de l’apologue, légua aux Grecs la sagesse orientale de ses fables, mais de vive voix et sans rien écrire ; il fit sentir le premier la puissance de ce moyen oratoire, auquel il dut sa célébrité.
Une des raisons principales de cette différence, c’est que les Français ont, en général, conçu de plus grandes idées du pouvoir attaché à l’art oratoire, mais qu’ils ne les ont pas toujours remplies avec le même succès.
Mais le plus beau monument du talent oratoire de Pélisson, celui qui honorera à jamais l’éloquence et l’amitié, ce sont les Mémoires qu’il composa pour la défense du célèbre Fouquet, qui, tombé en un moment du faîte de la puissance dans la disgrâce la plus complète, inspirait, du fond de sa prison, de beaux vers à La Fontaine, et des discours éloquents à Pélisson.
Le troisième et le plus haut degré de la composition oratoire, est celui qui s’empare irrésistiblement de l’auditoire, qui porte la conviction dans les esprits, le trouble et l’agitation dans les âmes, et qui les entraîne au gré de l’orateur ; qui nous fait partager ses passions, ses sentiments, aimer ou haïr avec lui, prendre les résolutions qu’il nous dicte, vouloir ce qu’il veut, et exécuter sans délai ce qu’il a voulu.
Quant aux formes oratoires du discours populaire, elles sont les mêmes à peu près que pour les autres genres d’éloquence, avec cette différence cependant que le genre délibératif permet moins d’appareil, exige moins de recherche et de parure.
Nous en avons dit assez pour accoutumer les jeunes gens à distinguer, dans l’art oratoire, ce qui appartient au génie, de ce qui est le résultat de la méditation et de l’application raisonnée des règles.
On pense, avec raison selon nous, que, sans négliger des exercices extrêmement utiles, il est bon de les lier entre eux par une théorie générale ; en d’autres termes, que faire sa rhétorique, ce n’est pas seulement faire avec succès les devoirs donnés dans cette classe, c’est aussi apprendre la science qui porte ce nom, et qui fait connaître et distinguer les diverses sortes de discours, leurs parties, les lieux oratoires qu’on y emploie, etc.