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26. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

On a aussi de lui quelques odes remarquables, entre lesquelles il faut mentionner celle qu’il a consacrée à l’harmonie poétique. […] On peut voir dans Rousseau, ode au comte du Luc, cette expression dont l’emploi est toutefois plus rare au pluriel qu’au singulier.

27. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Cette admirable peinture exprime les caractères de l’ode, tracés par Boileau d’une main plus tranquille : L’ode, avec plus d’éclat, et non moins d’énergie, Élevant jusqu’au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux... […] Avec la hardiesse du génie, Bossuet a défini comme il la sentait l’ode religieuse, patriotique et guerrière, telle que le Cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge et les Psaumes de David. […] Ainsi confiée à ces interprètes que son génie a créés, l’épopée se soumet à des règles et à des convenances que l’ode ne connaissait pas. […] Elle ne connaît pas les élans et l’enthousiasme de l’ode ; mais sous le nom de Méditations et les formes variées des stances,  dans un cadre commode aux caprices du poète, elle peint la mélancolie et les angoisses infinies de l’âme. […] Deux prosateurs, deux orateurs chrétiens, au xviie siècle, ont consolé la France de n’avoir pas l’ode ni l’épopée antiques.

28. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

En voici un pris au hasard dans son Ode sur l’aveuglement des hommes. […] Le Seigneur regarde la terre ; elle frémit de crainte : il touche les montagnes ; elles s’exhalent en fumée. » Le Marquis de Pompignan dans sa belle Ode tirée de ce psaume, a ainsi paraphrasé ce morceau :         L’éclat pompeux de ses ouvrages,         Depuis la naissance des âges,         Fait l’étonnement des mortels. […] Rousseau l’a fort bien imitée dans ces beaux vers de l’Ode au prince Eugène, en parlant de la Renommée : Quelle est cette Déesse énorme, Ou plutôt ce monstre difforme, Tout couvert d’oreilles et d’yeux, Dont la voix ressemble au tonnerre, Et qui des pieds touchant la terre, Cache sa tête dans les cieux ?

29. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Voyez cette strophe de l’ode de J. […] On a reproché à Malherbe d’avoir dit dans son Ode à Louis XIII : Prends ta foudre, Louis, et va comme un Lion. […] L’Ode suivante d’Horace en est un bien bel exemple. […] Virgile emploie cette figure, lorsqu’en parlant de l’Amazone Camille a, il dit pour exprimer sa légèreté à la course : « Plus rapide que le vent, elle aurait pu voler sur un champ couvert d’herbes hautes ou d’épis, sans les faire plier sous ses pas, ou se frayer une route au milieu de la mer, et courir sur les flots, sans mouiller ses pieds légers. » Malherbe, dans son Ode à Louis XIII, dit aussi par hyperbole, pour peindre les temps heureux qu’il lui promet : La terre en tous endroits produira toutes choses ; Tous métaux seront or, toutes fleurs seront roses ;           Tous arbres oliviers.

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Là, il faut étudier, pour ainsi dire, son impétuosité, la régler de manière à produire l’effet voulu, sans cependant laisser apercevoir les moyens employés ; là s’applique autant qu’à l’ode le vers de Boileau : Chez elle un beau désordre est un effet de l’art. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ? 

31. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Chaque genre de littérature a ses règles, et nécessite un plan particulier : une ode ne se compose pas comme un drame1. Dans les ouvrages même les moins importants, il y a un art de combiner les parties qu’il ne faut pas négliger : l’ode, l’élégie, l’épigramme empruntent souvent leur charme à la manière habile dont elles sont disposées.

32. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Irai-je, dans une ode en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe, Délivrer de Sion le peuple gémissant, Faire trembler Memphis ou pâlir le croissant, Et, passant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir mal à propos les palmes Idumées ? […] Hardiesse heureuse, analogue à celle d’Horace, lorsqu’il montre, dans la quinzième ode du Ier livre, Pallas préparant contre les Troyens son char et sa fureur : Currusque et rabiem parat.

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