Dans les hommages que lui décerna la reconnaissance britannique, il y eut l’égoïsme d’une nation qui s’admirait en lui comme en son image.
De trente nations malheureux conquérants, La peine était pour vous, le fruit pour vos tyrans. […] Depuis que quelques particuliers se sont asservi la république, c’est pour eux seuls que les rois et les tétrarques paient le tribut ; c’est pour eux que les nations et les peuples versent leurs contributions dans le trésor public.
Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe.
C’est par la littérature que se traduit le génie d’une nation, c’est là qu’il faut puiser pour le saisir dans ses manifestations les plus vives et les plus complètes.
Nulle part notre langue n’a plus de prestesse et d’agilité ; nulle part on ne trouve mieux ce vif et clair langage que le vieux Caton attribuait à la nation gauloise au même degré que le génie de la guerre. » Quant au passage que nous avons choisi, il suffira de rappeler que Montesquieu, qui jugeait Voltaire avec beaucoup de sévérité, trouvait cependant admirable le récit de la retraite de Schullembourg : c’est, disait-il, « l’un des morceaux les plus vifs qui aient jamais été écrits ».
Mais ce qui rendra ce spectacle plus utile et plus agréable, ce sera la réflexion que vous ferez non seulement sur l’élévation et sur la chute des empires, mais encore sur les causes de leurs progrès et sur celles de leur décadence ; car le même Dieu qui a fait l’enchaînement de l’univers, et qui, tout puissant par lui-même, a voulu, pour établir l’ordre, que les parties d’un si grand tout dépendissent les unes des autres ; ce même Dieu a voulu aussi que le cours des choses humaines eût sa suite et ses proportions : je veux dire que les hommes et les nations ont eu des qualités proportionnées à l’élévation à laquelle ils étaient destinés ; et qu’à la réserve de certains coups extraordinaires où Dieu voulait que sa main parût toute seule, il n’est point arrivé de grand changement qui n’ait eu ses causes dans les siècles précédents. […] Ex. : Il jette ses regards et les nations sont dispersées. […] Et cette strophe d’une Ode sur la mort : Dans ce las de poussière humaine, Dans ce chaos de boue et d’ossements épars, Je cherche, consterné de cette affreuse scène, Les Alexandre, les César ; Cette foule de rois, fiers rivaux du tonnerre ; Ces nations, la gloire et l’effroi de la terre, Ce peuple roi de l’univers, Ces sages dont l’esprit brille d’un feu céleste.
Aucune nation n’a rien à opposer au cardinal de Retz, à madame de La Fayette, à madame de Motteville, à Saint-Simon. […] Jésus nous en a montré l’exemple : les Juifs mêmes le reconnaissaient pour un si bon citoyen, qu’ils ne crurent pouvoir donner auprès de lui une meilleure recommandation à ce centenier, qu’en disant à notre Sauveur : Il aime notre nation… Fidèle au prince comme à son pays, il n’a pas craint d’irriter les Pharisiens en défendant les droits de César, etc. » (Oraison funèbre de M. […] Nos écrivains ont été bien avertis que la langue n’était pas leur propriété particulière, et que de même qu’il ne fallait rien penser qui ne fût conforme à l’esprit de la nation, il fallait ne rien écrire qui ne fût conforme au génie de la langue. […] « Que sera-ce, quand Jésus-Christ paraîtra lui-même à ces malheureux, et qu’il leur dira d’une voix terrible : « Pourquoi me déchirez-vous par vos blasphèmes, nation impie ? […] « Heureuse la nation, grand Dieu, à qui vous destinez, dans votre miséricorde, un souverain de ce caractère !