Elle cherche les malheureux qu’elle pourra soulager, et lorsqu’après les avoir trouvés elle ne peut tarir la source de leurs larmes, elle prend sa part de leur douleur, elle pleure avec eux ; elle n’ignore pas que trop de soins peuvent paraître importuns, elle se repose dès qu’elle n’a plus l’espoir d’être utile. […] Or, il est impossible d’imaginer, et il serait en effet très malheureux que l’on imaginât un art qui n’attribuerait d’autre mérite à une composition que la richesse et le brillant des expressions, et croirait inutile d’examiner si les pensées n’en sont pas fausses ou frivoles. […] Les mots, en effet, pourraient être mal choisis, mal adaptés au sujet, et rendre imparfaitement la pensée de l’écrivain qui, tout en ne se servant que d’expressions et de phrases véritablement anglaises, en a fait un choix malheureux. […] La clarté et l’unité sont indispensables, sans doute, pour obtenir cet effet, mais elles ne suffisent pas, et il faut encore quelque chose de plus ; car une phrase peut être parfaitement claire, ses parties peuvent être bien liées et ne former qu’un seul tout, lorsque cependant quelque malheureuse circonstance, qui ne provient que de son arrangement, lui fait perdre la force et la vivacité qu’elle aurait eues par une construction mieux entendue.
Verbes réciproques : = bien des gens se sont repentis d’avoir perdu le temps de leur jeunesse : = nous nous sommes lamentés inutilement : = cet homme s’est moqué, cette femme s’est moquée mal à propos de ce malheureux ; = vos frères se sont tus, vos sœurs se sont tues sur ce sujet. […] Or nous voyons le contraire dans ces exemples : = on prétendit que le duc, séduit par les conseils de ses favoris, avait laissé ce malheureux prince mourir de faim dans sa prison.
Dès que la reine aperçoit Priam revêtu des armes de sa jeunesse : Quelle funeste pensée, ô malheureux époux !
Combien voyons-nous encore de peuples que l’Église a enfantés à Jésus-Christ depuis le huitième siècle, dans ces temps même les plus malheureux, où ses enfants révoltés contre elle n’ont point de honte de lui reprocher qu’elle a été stérile et répudiée par son époux4 ?
Le dénoûment heureux ou malheureux doit être naturellement amené et imprévu.
La Comtesse empressée va écouter, comme son propre père, le donneur d’avis ; elle répète tout ce qu’il dit, elle dit oui à satiété, et ce n’est que lorsque Chicaneau, fâché de se voir interrompu par ces oui, change de discours et s’adresse à la Comtesse en cessant de parler au juge, que celle-ci toute âme et toute oreilles, prend le change, et cette malheureuse apostrophe, Liez-moi, détruit toute l’entente cordiale.
» « Il faut des jouissances à l’être fortuné et des chimères aux malheureux.