Et qui d’entre nous ne s’applaudirait pas en lui-même, et ne ressentirait pas un secret plaisir d’avoir pour confrère un homme de ce mérite ? […] Dans cette enfance ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et par leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler1. […] Louis XIV écrivait au comte de Coligny, après la bataille de Saint-Gothard, 1664 : « Je désire que vous témoigniez aux officiers et soldats qui se sont distingués le gré que je leur sais, les assurant que je connais le mérite de leurs services et qu’ils ne doivent pas douter que je n’en garde le souvenir. » Et dans une autre lettre adressée au duc de Beaufort, qui venait de vaincre les corsaires algériens, 1665, il disait encore : « Je veux savoir si le capitaine des Lauriers a laissé femme et enfants, pour les gratifier, étant bien aise que l’on voie que ceux qui meurent en me servant vivent toujours dans mon souvenir. » 1.
Le moyen âge ne nous offrant rien qui mérite de fixer notre attention, nous allons jeter un coup d’œil sur la situation de l’éloquence chez les modernes. […] Elle a des philosophes, des historiens, des poètes du premier mérite ; et il serait difficile aux autres nations de trouver beaucoup d’hommes à opposer aux Newton, aux Hume, aux Pope. etc.
Ce fut le mérite de son éloquence et de sa vertu. […] La vraie et la fausse gloire Nous appelons vaine la gloire qu’on se donne ou pour ce qui n’est pas en nous, ou pour ce qui est en nous, mais non pas à nous, ou pour ce qui est en nous et à nous, mais qui ne mérite pas qu’on s’en glorifie.
L’exemple de ces grands esprits mérite peut-être plus de considération que les paradoxes des chercheurs de nouveautés. […] La rhétorique permet de reconnaître et d’apprécier les mérites des écrivains de talent, de juger les ouvrages d’esprit et de se rendre compte dés impressions qu’ils produisent. […] La vivacité de ces peintures fait le mérite des Caractères de La Bruyère. […] Un second mérite, c’est la mesure qu’il faut savoir garder. […] — Le procédés de l’amplification ne satisfait la raison et le goût qu’à la condition de s’appliquer à une idée qui mérite ce privilège.
Un tel homme ne mérite-t-il pas qu’on lui pardonne le défaut que nous reconnaissons en lui ? […] Un poëme ne peut faire d’effet s’il n’est élégant ; c’est un des principaux mérites de Virgile. […] La naïveté et la rapidité d’un dialogue familier excluent ce mérite propre à toute autre poésie. […] Les artistes, craignant d’être imitateurs, cherchent des routes écartées ; ils s’éloignent de la belle nature, que leurs prédécesseurs ont saisie : il y a du mérite dans leurs efforts : ce mérite couvre leurs défauts. […] Je ne vois pas par où il mérite ce titre.
Ne parlons plus d’un choix dont votre esprit s’irrite : La faveur l’a pu faire autant que le mérite ; Mais on doit ce respect au pouvoir absolu, De n’examiner rien quand un roi l’a voulu. […] Si montrer du courage et du ressentiment, Si venger un soufflet mérite un châtiment, Sur moi seul doit tomber l’éclat de la tempête : Quand le bras a failli, l’on en punit la tête. […] L’affaire est d’importance, et, bien considérée, Mérite en plein conseil d’être délibérée. […] Deux jeunes gens, Alcippe et Philiste, dont le premier recherche la main de Clarice, s’entretenaient d’une sérénade qui lui avait été donnée sur l’eau, et dont ils ne connaissaient pas l’auteur, lorsque Dorante, leur ami, les accoste et juge à propos de s’en attribuer le mérite. […] « C’était, a dit Voltaire, un homme d’un grand mérite et d’une vaste littérature. » Il fit quarante-deux pièces de théâtre, dont quelques-unes obtinrent un brillant succès.
On conçoit, par exemple, que l’orateur qui prononce un panégyrique ou une oraison funèbre, peut n’être pas profondément affecté en effet du mérite qu’il loue, ou dont il pleure la perte : il suffit, pour nous toucher, qu’il paraisse touché lui-même ; l’illusion n’en demande pas plus. […] Voilà pourquoi sans doute les anciens, pour qui l’éloquence populaire était si importante, attachaient tant de prix et de mérite à la réunion des grands talents et des grandes vertus.