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46. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, ils sont du ressort de ces deux juges : ils ne sauraient s’empêcher de comparaître devant l’un et l’autre tribunal et d’y rendre compte de leurs actions. […] Faisant une revue des diverses occupations auxquelles se livrent les hommes, Descartes juge qu’il a choisi la meilleure, qui est d’employer toute sa vie à la recherche de la vérité. […] Ministres sacrés de la justice, ou pour mieux dire juges et magistrats de toutes les sortes, qui êtes la justice même, c’est à vous que je m’adresse. […] Je prends pour juges de cette question les païens mêmes. […] Si je m’en plains au roi, vous possédez mon juge ; Et s’il m’ose écouter, peut-être, hélas !

47. (1854) Éléments de rhétorique française

Quelquefois, au Heu d’en faire une partie séparée, l’orateur juge plus utile de la distribuer dans les autres parties du discours. […] La périphrase a quelquefois un but plus élevé que la description d’un objet vulgaire : elle fait connaître l’opinion de l’orateur ou de l’écrivain sur une chose qu’il ne nomme point, mais qu’il juge en l’analysant. […] Quelle réponse tiens-tu prête au Juge suprême, qui le demandera compte de ton temps ? […] L’orateur avait épuisé, pour le défendre, toutes les preuves qu’il avait pu recueillir ; mais il n’avait convaincu personne, et il voyait dans les yeux des juges la condamnation de l’accusé. […] Cette scène, mal exécutée, excite les huées et les murmures contre l’avocat et contre l’accusé ; au lieu de cris d’enthousiasme, on n’entend que des éclats de rire ; les juges se souviennent de la cause qu’ils ont à juger, et le pauvre soldat, après avoir rajusté sa tunique, entend prononcer sa condamnation.

48. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Je prends pour juges de cette question les païens mêmes. […] C’est un juge désintéressé et supérieur à nous. […] Rien ne ressemble moins à l’homme que ce maître invisible qui l’instruit et le juge avec tant de rigueur et de perfection. […] M. de Lamennais juge ainsi Démosthène : Démosthène semble avoir posé, dans la Grèce encore libre, les bornes de l’art.

49. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Car il est clair que dans une monarchie, où celui qui fait exécuter les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, où celui qui fait exécuter les lois sent qu’il y est soumis lui-même et qu’il en portera le poids. […] Villemain juge ainsi cet ouvrage : « Montesquieu a adopté, dans les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, le plan tracé par Bossuet, et se charge de le remplir sans y jeter d’autre intérêt que celui des événements et des caractères. […] Il prononce, il juge : il a des formules pleines d’autorité.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Mais aussi qu’elle doit être imposante et majestueuse, la voix qui se fait entendre aux hommes, entre la tombe de l’homme et l’autel du Dieu qui juge et le héros et le panégyriste ! […] Au contraire, s’il est capable d’avoir toujours l’œil vers les cieux, même en louant les héros de la terre ; si, en célébrant ce qui passe, il porte toujours sa pensée et la nôtre vers ce qui ne passe point ; s’il ne perd jamais de vue ce mélange heureux, qui est à la fois le comble de l’art et de la force, alors ce sera en effet l’orateur de l’évangile, le juge des puissances, l’interprète des révélations divines ; ce sera en un mot Bossuet ».

51. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

Le plaidoyer même et le discours que l’avocat ou le représentant semble n’adresser qu’aux juges ou à ses collègues, saisis par la sténographie, ont bientôt franchi les murs de la chambre ou de la salle d’audience, pour pénétrer dans les provinces les plus reculées. […] Aujourd’hui, en effet, il a pour juge le tribunal, demain il aura peut-être la nation ; aujourd’hui sa parole n’est entendue que de quelques centaines d’individus, demain elle sera lue par l’Europe entière.

52. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Cette éloquence est ainsi nommée, parce qu’elle se déploie dans un tribunal devant les juges. […] Mais l’orateur du barreau doit éviter les recherches du langage et les ornements fleuris de la rhétorique, la prolixité qui fatigue le juge et affaiblit la cause, les arguments étrangers au sujet, les citations inutiles et pédantesques, les mouvements passionnés hors de saison, les éclats, les contorsions qui annoncent moins de conviction que d’impuissance.

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