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18. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Quand la destinée sembla s’attendrir en sa faveur, cette tardive clémence ne fut qu’une cruauté de plus ; car s’il entrevit un instant le bonheur dans une alliance qui lui assurait l’aisance, la dignité d’un loisir indépendant et les joies domestiques, il ne put jouir de ces biens, et expira en vue de la terre promise. […] Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ! […] Les poëtes anglais du foyer, Cowper, Wordsworth ont-ils jamais rendu plus délicieusement ces joies d’un intérieur pur, la félicité domestique, ce ressouvenir d’un Éden hospitalier, d’un toit béni ?

19. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

2° La Sensibilité La Sensibilité est une disposition naturelle du cœur à recevoir aisément les impressions diverses de la joie, de la tristesse, de la pitié, de la honte, etc. […]Joie La Joie est un mouvement vif et agréable que l’âme ressent dans la possession d’un bien réel ou imaginaire ; elle est plus on moins vive et peut aller jusqu’à, troubler la raison, et causer la mort même. […] Voici comment il exprime sa joie : Il se lève, il retombe, et soudain se relève ; Se traîne quelquefois sur de vieux ossements, De la mort qu’il veut fuir horribles monuments, Quand tout à coup son pied trouve un léger obstacle, Il y porte la main. […] Il sent, il reconnaît le fil qu’il a perdu ; Et de joie et d’espoir il tressaille éperdu. […] 2° Douleur La Douleur est le contraire de la joie, C’est une peine qui afflige l’âme.

20. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre3 L’argent, et sa joie à la fois. […] Le désordre de la phrase peint à merveille le trouble d’esprit que la joie cause à la laitière. […] Pauline disait à Polyeucte : Tu me quittes, ingrat, et le fais avec joie. […] La larme me vient à l’œil en pansant à ces joies ! […] nous avons fait des feux de joie, et chanté le Te Deum de ce que Sa Majesté a bien voulu accepter notre argent. » Mme de Sevigné.)

21. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

Est-il à votre joie une joie étrangère ?

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Le chien seul en jappant s’élança sur mes pas, Bondit autour de moi de joie et de tendresse, Se roula sur mes pieds enchaînés de caresse, Léchant mes mains, mordant mon habit, mon soulier, Sautant du seuil au lit, de la chaise au foyer, Fêtant toute la chambre, et semblant aux murs même, Par ses bonds et ses cris, annoncer ce qu’il aime ; Puis, sur mon sac poudreux à mes pieds étendu, Me couva d’un regard dans le mien suspendu1. […] J’entourai de mes bras son cou gonflé de joie ; Des gouttes de mes yeux roulèrent sur sa soie ; « O pauvre et seul ami, viens, lui dis-je, aimons-nous ! […] mon pauvre Fido, quand, tes yeux sur les miens, Le silence comprend nos muets entretiens ; Quand, au bord de mon lit épiant si je veille, Un seul souffle inégal de mon sein te réveille ; Que, lisant ma tristesse en mes yeux obscurcis, Dans les plis de mon front tu cherches mes soucis, Et que, pour la distraire attirant ma pensée, Tu mords plus tendrement ma main vers toi baissée ; Que, comme un clair miroir, ma joie ou mon chagrin Rend ton œil fraternel inquiet ou serein, Révèle en toi le cœur avec tant d’évidence, Et que l’amour dépasse encor l’intelligence ; Non, tu n’es pas du cœur la vaine illusion, Du sentiment humain une dérision, Un corps organisé qu’anime une caresse, Automate trompeur de vie et de tendresse2 ! […] O Dieu riche, tu ne m’as pas pourtant privé de toute joie ; une douce consolation se répand pour tout le monde du haut des cieux.

23. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

quels transports de joie ! […] Quand notre âme éprouve de douces émotions, ce sentiment s’appelle de la joie. […] Ainsi, le poète qui décrit le plaisir, la joie, une suite d’objets agréables, introduit naturellement dans ses vers des sons doux et coulants. […] et comme les deux mots venisti tandem peignent bien la joie et le bonheur du retour ! […] La présence d’Enée était donc une chose extraordinaire, qui dut causer une grande surprise et une vive joie au vénérable vieillard.

24. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

L’e muet précédé d’une voyelle accentuée, dans le corps du vers, doit aussi être élidé, parce qu’il ne peut compter dans la prononciation, comme dans vie, vue, joie, aimée, etc., ainsi le vers suivant est défectueux : La joie ne règne pas dans le cœur du méchant. Il résulte de là que les mots terminés par un e muet précédé d’une voyelle et suivi d’une consonne, ne peuvent entrer dans le corps d’un vers, parce que l’élision est impossible ; ils ne peuvent se mettre qu’à la fin du vers, où la syllabe muette ne compte pas ; tels sont les mots joies, journées, lient, payent, etc.

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