Quand les hommes, dans leurs travaux, imitent la nature en créant une œuvre quelconque où brille l’imagination, ils font de l’art ou, si l’on veut, de la poésie ; car, en ce sens, ces deux mots ont la même signification.
Joachim du Bellay et Henri Estienne ont beaucoup recommandé ce tour, et Amyot l’a souvent imité des auteurs qu’il traduisait ; mais, si l’on excepte quelques écrivains qui ne répudièrent pas l’héritage du seizième siècle, on peut regretter que l’on ait depuis trop peu usé de cette forme qui donne de l’aisance et de la vigueur au langage.
L’amitié tendre et vive y fait briller ses feux Qu’en vain veut imiter, dans son zèle perside, La trahison, que suit l’envie au teint livide.
Mais ne proposant cet écrit que comme une histoire, ou, si vous l’aimez mieux, que comme une fable, en laquelle, parmi quelques exemples qu’on peut imiter, on en trouvera peut-être aussi plusieurs autres qu’on aura raison de ne pas suivre, j’espère qu’il sera utile à quelques-uns sans être nuisible à personne, et que tous me sauront gré de ma franchise.
Lorsqu’on l’emploie, on fait abus d’un mot, on étend son sens, ou l’on imite l’objet auquel ce mot est emprunté. […] La Catachrèse imite, étend ou fait abus, Par elle les mots sont détournés de leurs buts. […] Tantôt l’harmonie imitative choisit des mots qui imitent le bruit de la chose qu’on dépeint, comme dans ce vers : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur ces têtes ? […] La césure, en rompant le rythme, imite cet effet extraordinaire, et nous le fait remarquer malgré nous.
Nos anciens poètes et surtout Ronsard, voulant imiter le grec et le latin, ont souvent transgressé la loi du repos final. […] C’est en stances de ce genre que Jean Baptiste Rousseau a imité le cantique d’Ézéchias : J’ai vu mes tristes journées, etc., que Louis Racine a composé l’ode sur l’Harmonie, et que Lefranc de Pompignan a fait l’ode sur la Mort de Rousseau.
Mais Molière donne la main à Regnier, qui touché à Marot, qui imite Villon, qui se rattache à Rutebeuf.