Avertissement pour la nouvelle édition Cette nouvelle édition de nos Morceaux choisis des auteurs français, à l’usage du premier cycle de l’enseignement secondaire, est destinée à la fois aux élèves de la section A et à ceux de la section B : c’est qu’en effet, dans un grand nombre de lycées et de collèges, les deux sections se trouvent, pour l’explication des textes, réunies sous la direction d’un même maître. En raison des besoins plus divers auxquels ce volume doit désormais répondre, on ne s’étonnera pas que nous l’ayons enrichi d’un certain nombre d’extraits nouveaux. Aussi bien, nous sommes-nous toujours efforcé, dans cette édition comme dans les précédentes, de choisir des morceaux de caractère différent et d’étendue variée, et qui parussent mieux faits les uns pour être appris par cœur, les autres pour être lus en classe ou dans la famille. Nous n’avons pas renoncé à mettre, comme nous l’avions toujours fait, sous les yeux de nos enfant quelques pages de notre ancienne littérature, de la Chanson de Roland à Villon et de Villehardouin à Commynes. Mais nous avons groupé ces extraits dans une introduction paginée à part : les plus anciens sont accompagnés d’une traduction ; ceux du xve siècle, de notes nombreuses.
La Poésie Chasser tout souvenir et fixer la pensée, Sur un bel axe d’or la tenir balancée, Incertaine, inquiète, immobile pourtant ; Éterniser peut-être un rêve d’un instant ; Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ; Écouter dans son cœur l’écho de son génie ; Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ; D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard ; Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme, Faire une perle d’une larme : Du poète ici-bas voilà la passion, Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Là coupe que voici est un modèle de cette harmonie imitative que les grands poëtes rencontrent d’instinct.
Une sorte d’harmonie préétablie semblait exister entre le souverain et son prélat de prédilection.
XII En français, on emploie de préférence la voix active, quand le sens et l’harmonie de la phrase ne s’y opposent pas ; mais en latin la voix passive est plus usitée et plus conforme au génie de cette langue, surtout après les verbes qui expriment une idée de volonté, de commandement, de nécessité, comme volo, nolo, malo, jubeo, impero, oportet, necesse est, etc.
Horace lui reproche ses vers durs, à l’allure rude et fruste, où l’harmonie semble méconnue à plaisir ; c’est que, en effet, cette forme qui n’est rien moins qu’apprêtée, est elle-même une protestation contre les prétentions littéraires du temps : res non verba, telle pourrait être sa devise ; les Romains prennent bien leur temps vraiment, de limer des vers ! […] Quant au second, s’il est vrai qu’il permettrait d’éviter les répétitions de mots et de varier l’harmonie, il nuirait certainement à la clarté, en introduisant dans les mots une diversité qui ne serait pas dans la pensée, et fatiguerait l’esprit en déroutant l’attention.
Pour qu’il y ait proportion dans le plan, il faut que toutes les parties du discours soient en harmonie et qu’elles reçoivent à peu près les mêmes développements. […] Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion.