Il fut chercher jusque sous le pôle ce héros qui semblait être destiné à y mettre le fer et à l’abattre27. […] On était près d’aller se divertir à Fontainebleau, tout a été rompu ; jamais un homme n’a été regretté si sincèrement ; tout ce quartier où il a logé93, et tout Paris, et tout le peuple, était dans le trouble et dans l’émotion ; chacun parlait et s’attroupait pour regretter ce héros. […] les astres en fournissaient toujours les traits les plus hardis et les plus lumineux ; et l’orateur croyait ramper, si du premier pas il ne se perdait dans les nues ; une érudition entassée sans choix décidait de la beauté et du mérite des éloges ; et, pour louer son héros avec succès, il fallait presque avoir trouvé le secret de ne point parler de lui. […] Des intrigues eurent part à cette entreprise imprévue : le prince de Condé était jaloux de la gloire de Turenne, et Louvois de sa faveur auprès du roi ; Condé était jaloux en héros, et Louvois en ministre. […] Voyez avec quel naturel madame de Sévigné et d’autres dames écrivent ; comparez ce style avec les phrases entortillées de nos petits romans ; je vous cite les héroïnes de votre sexe, parce que vous me paraissez faite pour leur ressembler.
Aimable malgré ses faiblesses, son héros est voisin de nous par ses qualités et ses défauts.
La pensée qui termine les vers suivants de Racine, dans l’Idylle sur la paix, est pleine de délicatesse : Qu’il règne ce héros, qu’il triomphe toujours ; Qu’avec lui soit toujours la paix ou la victoire ; Que le cours de ses ans dure autant que le cours De la Seine et de la Loire. Qu’il règne, ce héros, qu’il triomphe toujours ; Qu’il vive autant que sa gloire ! […] Ce que dit un historien au sujet de Pompée est outré et excessif : Telle fut la fin du grand Pompée, après trois consulats et autant de triomphes, et après avoir dompté l’univers ; la fortune s’accordant si peu avec elle-même à l’égard de ce héros, que la terre qui venait de lui manquer pour ses victoires, lui manqua pour sa sépulture.
Il était tout simple que l’ami de la raison, le héros et le martyr de la morale, se déclarât l’antagoniste des sophistes de son temps.
Ce dernier jugement a besoin de restriction : sans doute, dans toute autre circonstance, un pareil morceau pourrait être déplacé, et dégraderait peut-être la majesté de l’histoire ; mais a-t-on fait attention qu’entraîné par la marche des événements, l’historien met réellement ici ses héros en présence, et que plus il les rapproche, plus les traits qui leur sont communs ou différents, doivent se rapprocher aussi de l’œil du spectateur.
Je conviens toutefois qu’on s’attendrait à lire ἱδιον avant ἦθος Peut-être aussi ἦθος φυλάσσειν signifie-t-il « s’abstenir des actions et des mouvements passionnés » qui sont le propre signe des héros du drame.
Sa race avait quelque antiquaille, Et pouvait des héros compter : Même il aurait donné bataille S’il en avait voulu tâter.