Les conversations des sociétés ont une portée sérieuse, et c’est par elles que l’opinion publique se forme : les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l’humanité anime, et qui paraît plein de talent parce qu’il est plein d’âme. […] Si quelque malheur cependant ravissait de tels avantages à notre enfant, le même sentiment prendrait alors une autre forme : il exalterait en nous la pitié, la sympathie, le bonheur d’être nécessaire.
Quand les portes de ces huit écluses sont ouvertes, la chûte des eaux y forme la plus belle cascade qu’on puisse imaginer.
Elle forme, avec une autre étoile moins grande, la Constellation du Petit Chien qui devance d’un jour et d’une nuit celle du Grand Chien, composée de dix-huit étoiles.
. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution Pour traiter un sujet quelconque, trois opérations sont nécessaires : 1° l’Invention, c’est-à-dire l’art de trouver les idées principales et les détails ; 2° la Disposition, c’est-à-dire l’ordre dans lequel sont exprimées les idées ; et 3° l’Élocution ou le style, c’est-à-dire la forme même de l’expression. […] C’est pour cela que le sorite de Cyrano de Bergerac est vicieux dans sa forme. […] Dieu Ces globes lumineux qui, depuis tant de siècles, roulent majestueusement dans l’espace, sans jamais s’écarter de leur orbite, ni se choquer dans leurs révolutions ; ce soleil suspendu à la voûte céleste, comme une lampe de feu qui vivifie toute la nature, et se trouve placée à la distance convenable pour éclairer, échauffer la terre, sans l’embrasser de ses ardeurs ; cet astre qui préside à la nuit avec ses douces clartés, ses phases, son cours inconstant et pourtant régulier, dont le génie de l’homme a su tirer tant d’avantages ; cette terre si féconde, sur laquelle on voit se perpétuer par des lois constantes une multitude d’êtres vivants, avec cette admirable proportion des deux sexes, de morts et de naissances, qui fait qu’elle n’est jamais déserte, ni surchargée d’habitants ; ces mers immenses, avec leurs agitations périodiques et si mystérieuses ; ces éléments qui se mélangent, se modifient, se combinent de manière à suffire aux besoins, à la vie de cette multitude prodigieuse d’êtres, qui sont si variés dans leur structure et leur grandeur ; enfin ce concours si réglé des saisons qui reprochait sans cesse la terre sous des formes nouvelles, qui, après le repos de l’hiver, la présente successivement embellie de toutes les fleurs du printemps, enrichie des moissons de l’été, couronnée des fruits de l’automne, et fait ainsi rouler l’année dans un cercle de scènes variées sans confusion, et semblables sans monotonie ; tout cela ne forme-t-il pas un concert, un ensemble de parties dont vous ne pouvez détacher une seule sans rompre l’harmonie universelle ?
Toutefois, s’ils sont les mêmes pour le fond, les raisonnements de l’orateur et ceux du dialecticien doivent différer pour la forme. […] L’orateur a besoin encore de savoir discerner les occasions diverses où il lui faut recourir aux passions, sous quelles formes il doit les employer et dans quelle mesure. […] Cet ordre forme ce qu’on appelle le plan et l’ensemble l’unité. […] Le membre est une proposition qui forme un sens, mais incomplet et dépendant de ce qui précède ou de ce qui suit. […] L’enchaînement des périodes, plus particulier à l’exorde et à la péroraison, forme le discours périodique opposé au style coupé.
« Voici, dit-il, les fondements de cette tranquillité glorieuse ; voici les objets que les principaux de l’état doivent défendre, au péril même de leur vie : la religion, le pouvoir des magistrats, l’autorité du sénat, les usages de nos ancêtres, les lois, les tribunaux, les formes judiciaires, le crédit public, les provinces, les alliés, la gloire de cet empire, la discipline militaire, le trésor. […] Lorsque de tels hommes ont trouvé des chefs de leur parti, il se forme dans la république des orages, lesquels obligent ceux qui ont pris en main le gouvernail de la patrie, à se tenir sur leurs gardes, à employer tous leurs soins, à déployer toute leur habileté, pour conserver les grands objets dont je viens de parler, pour se mettre en état de naviguer sûrement, et d’arriver enfin au port d’une heureuse tranquillité ».
Ce fut en 1696, trois ans après avoir été reçu, non sans lutte et sans peine, à l’Académie française que mourut ce rare écrivain, qui, à côté de quelques tours laborieux et de quelques remarques subtiles, offre une abondance incroyable de justes et piquantes réflexions, de pensées solides et de formes heureuses2. […] Mot que souligne La Bruyère, pour montrer sans doute que c’était là une forme de langage affectionnée par les nouvellistes.