« Si l’on faisait une sérieuse attention à tout ce qui se dit de froid, de vain et de puéril dans les entretiens ordinaires, l’on aurait honte de parler ou d’écouter ; et l’on se condamnerait peut-être à un silence perpétuel, qui serait une chose pire dans le commerce que les discours inutiles Il faut donc s’accommoder à tous les esprits, permettre comme un mal nécessaire le récit des fausses nouvelles, les vagues réflexions sur le gouvernement présent ou sur l’intérêt des princes, le débit des beaux sentiments, et qui reviennent toujours les mêmes ; il faut laisser Aronce parler proverbe, et Mélinde parler de soi, de ses vapeurs, de ses migraines et de ses insomnies.
Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. […] et l’ambition ou plutôt la manie de se faire un style à soi, pour être aussi un homme à part, n’a-t-elle pas égaré plus d’une fois dans de fausses routes, le talent le plus capable de suivre avec succès celles que lui avait tracées le génie des Pascal, des Bossuet, des Buffon et des J.
Qu’il suffise de remarquer ici que les Sentiments sur le Cid, rédigés par Chapelain, ne sont pas tout à fait indignes, malgré les points contestables ou faux qu’ils renferment, des éloges que leur a donnés La Bruyère. […] Le langage de la douleur doit être plus simple et plus naturel : il repousse ces faux brillants.
Voyant le public blasé sur les jouissances pures et délicates, ils cherchent à réveiller cette sensibilité émoussée en recourant au laid et en forçant la nature ; ils jettent en pâture au public des sentiments raffinés, des situations fausses, extravagantes, invraisemblables, des passions exagérées.
Ce commerce continuel de mensonges ingénieux pour se tromper, injurieux pour se nuire, officieux pour se corrompre ; cette hypocrisie universelle, par laquelle chacun travaille à cacher de véritables défauts ou à produire de fausses vertus ; ces airs mystérieux qu’on se donne pour couvrir son ambition ou pour relever son crédit : tout cet esprit de dissimulation et d’imposture ne convint pas à sa vertu.
Le faux, le vide, la prolixité, la cheville l’exaspèrent chez Desportes. […] A l’honneur vray l’utile preferant : Ni ne sçauroy trouver, au demeurant, Fausses raisons pour rabattre à toute heure Des gens d’honneur la fortune meilleure397, En élevant le jeune ambitieux, L’avare ingrat et le traitre envieux. […] Je ne sçauroy apeler bon ami Celuy qui parle en flatant à demi…… Je ne sçauroy, promettant faussement, Décevoir403 Dieu par quelque faux serment, Ni mes prochains : et je ne m’approprie Ce qui n’est mien, ni de mon industrie404.
., un sillon de feu, l’enfance du monde, le poids des années, la faux du Temps. […] C’est ce qui fait le mérite de l’allégorie suivante : Le Berger et le Troupeau Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Ainsi Boileau, pour nous faire connaître qu’il a une perruque et cinquante-huit ans, se sert de cette périphrase : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux chevaux blonds, déjà toute chenue, A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants, Onze lustres complets surchargés de trois ans,… Mascaron, dans son Oraison funèbre de Turenne, nous annonce que Turenne fut enseveli dans le tombeau de nos rois : Le roi, pour donner une marque immortelle de l’estime et, de l’amitié dont il honorait ce grand capitaine, donne une place illustre à ses glorieuses cendres, parmi ces maîtres de la terre, qui conservent encore, dans la magnificence de leurs tombeaux, une image de celle de leurs trônes.