On croit d’abord qu’on ne peut ni penser ni dire autrement ; mais après qu’on y a fait réflexion, on voit bien qu’il n’est pas facile de penser ou de dire ainsi.
Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire ; mais si elle ne fut pas étrangère à toute arrière pensée d’ambition, s’il est plus facile de la respecter que de l’aimer, on doit pourtant reconnaître qu’elle n’a jamais séparé l’honnêteté de l’habileté Elle excella par la tenue, la justesse, la mesure et le bon sens pratique ; elle porta simplement une haute fortune, et s’en servit pour faire le bien, surtout lorsqu’elle fonda Saint-Cyr (1685), création qui suffirait à honorer son nom.
« Il m’est, disait-elle, facile, D’élever des poulets autour de ma maison ; Le renard sera bien habile S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon. […] Voir mes champs non ingrats, fertiles chaque année ; Avoir toujours bon feu dedans ma cheminée ; Haranguer rarement, n’avoir aucun procès, L’esprit bien en repos ; ne faire point d’excès ; Être en bonne santé, le corps net et agile ; Sage simplicité ; tenir table facile, Sans art de cuisinier ; et encore je voudroi Des amis, ni plus grands ni plus petits que moi ; ……………… Le sommeil gracieux, rendant courtes les nuits ; Vouloir tant seulement être ce que je suis ; Ne souhaiter la mort, et moins encor la craindre : Je ne te saurois mieux tous mes souhaits dépeindre, Que si jouir de tout n’est pas en mon pouvoir, J’en prends ce que je puis, ne pouvant tout avoir. […] Didon disait à Énée : « Expectet facil-mque fugam ventosque ferentes : qu’il attende une fuite facile et des vents propices. » Elle aussi voulait gagner du temps.
L’allégorie produit un très bel effet, lorsque le sens figuré est clair, transparent, et facile à saisir à travers le sens propre, et lorsque tous les détails, toutes les circonstances répondent à l’idée principale et se rapportent naturellement à la chose que l’on veut désigner. […] L’allusion plaît lorsqu’elle est naturelle, facile à découvrir, et quand elle présente à l’esprit une image neuve et belle. […] On fait allusion à l’histoire, à la fable, aux coutumes, aux mœurs, à tout ce qui peut offrir des rapprochements faciles à saisir, agréables et piquants. […] Il est facile de sentir la force de cette chute rupistis.
On ne peut donc trop s’en occuper ; c’est même le seul moyen d’affermir, d’étendre et d’élever ses pensées : plus on leur donnera de substance et de force par la méditation, plus il sera facile ensuite de les réaliser par l’expression3. […] Le style sera naturel et facile.
Lorsqu’on dit que le vent souffle, que le tonnerre gronde, que le lion rugit, que le serpent que la mouche bourdonne, que le bois craque, que la rivière coule, et que le ruisseau murmure, le rapport entre ces mots et la chose qu’ils expriment est facile à saisir. […] Le nombre distingue les substantifs en singuliers et en pluriels, suivant qu’il est question d’un ou de plusieurs objets. cettedivision se retrouve dans toutes les langues, et, pour la rendre plus facile à saisir, on l’a presque toujours marquée par une légere variation dans le nom substantif. […] Lorsque la langue italienne se forma du latin, les Goths et les Lombards trouvèrent plus simple et plus facile d’adapter quelques prépositions au nominatif des noms, et de dire : di Roma, a Roma, di Cartago, a Cartago, que de se rappeler toutes les terminaisons diverses : Carthaginis, Carthaginem. […] Pour ce qui regarde la nature des mots, nous n’analyserons point ici chacune des lettres et des sons élémentaires dont une langue est composée : il est certain que les mots les plus agréables à l’oreille sont formés de sons doux, faciles, produits par un heureux mélange de voyelles et de consonnes. […] Aristote définit la période une phrase qui a un commencement et une fin par elle-même, et une étendue facile à embrasser.
Vivant sous la tente patriarcale, éprouvant peu de besoins, trouvant la terre docile à leurs désirs et produisant sans culture les fruits les plus délicieux, entourés de nombreux troupeaux qui leur assuraient une existence facile, exempte de soucis, ne soupçonnant pas l’existence des honneurs et des richesses, n’abandonnant leurs cœurs qu’à des passions douces et innocentes, les hommes durent nécessairement se contenter d’un langage fort limité pour l’expansion de leurs sentiments et l’expression de leurs idées.