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132. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Ainsi, dans le Lyncée de Théodecte, le nœud consiste dans les faits accomplis jusques et y compris l’enlèvement de l’enfant, et le dénouement va depuis l’accusation de mort jusqu’à la fin. […] Au point de vue des particuliers, la descendance prospère et nombreuse consiste à avoir à soi un grand nombre d’enfants et constitués dans des conditions analogues ; les uns du sexe féminin, les autres du sexe masculin. […] C’est pourquoi nous aimons généralement nos flatteurs, nos favoris269, les hommages qui nous sont rendus270, nos enfants ; car nos enfants sont notre œuvre. […] Contre ceux qui nous déprécient à tel point de vue sous lequel il serait honteux à nous de ne pas donner nos soins, comme, par exemple, les parents, les enfants, l’épouse, les subordonnés. […] De même ceux qui ont des parents, des enfants, une femme, car ce sont des êtres qui les touchent de près et peuvent être frappés de malheurs analogues.

133. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Les enfants des dieux2, pour ainsi dire, se tirent des règles de la nature, et en sont comme l’exception : ils n’attendent presque rien du temps et des années. […] Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 2, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues3 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] J’aime mieux la malice de La Fontaine disant : Le fils de Jupiter devait, par sa naissance, Avoir un autre esprit, et d’autres dons des cieux, Que les enfants des autres dieux. […] Vous avez des enfants, il est vrai, dignes de vous, j’ajoute même capables de soutenir toute votre fortune ; mais qui peut vous en promettre autant de vos petits-fils ?

134. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

En saisissant les plumes et en amollissant la cire, amusement qui lui plaisait beaucoup, il avait le sourire sur les lèvres, chose si naturelle à un enfant au milieu de ses jeux. […] Il faut remarquer aussi le choix et la beauté des autres expressions : le mot stabat, convenant si bien à un enfant qui est toujours sur pied, et qui devait, à plus forte raison, dans la circonstance présente, être debout à côté de son père ; puis cette alternative d’amusements si bien exprimée par l’adverbe modò répété deux fois ; la beauté de ce fréquentatif captabat, qui peint si bien l’empressement du jeune enfant à saisir les plumes que le vent avait emportées ; puis aussi cette cire qu’on voit s’amollir sous la pression de ses petits doigts ; enfin, le choix de cette épithète mirabile, convenant si bien à ce travail qui était une merveille. […] Il s’agit ici de peindre l’inquiétude de ce tendre père, qui redoute que cet instrument de salut ne devienne pour son enfant un instrument de mort.

135. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Que m’importe si l’enfant est étouffé à force de caresses, où à force d’être battu ? Comptez que vous tuez votre enfant en le caressant trop. […] Remarquez l’exquise et respectueuse politesse de cette lettre adressée à une enfant par un sexagénaire illustre.

136. (1854) Éléments de rhétorique française

Dieu n’avait sans doute donné à ses premiers enfants qu’un langage proportionné à leurs besoins, et la capacité de le perfectionner comme le reste de leurs facultés. […] C’est ainsi qu’ils représentaient l’ingratitude par une vipère, l’imprudence par une mouche, la sagesse par une fourmi, un enfant docile et reconnaissant par une cigogne, la victoire et la puissance par un épervier, l’éternité par un serpent. […] Dans cette classe de passions rentrent l'amour qu’une mère éprouve pour ses enfants, la tendresse respectueuse que nous ressentons pour les auteurs de nos jours, l’affection qui unit des enfants issus du même sang et nourris du même lait, l’amitié, contrat sacré qui nous lie pour la vie, la sainte indignation dont notre cœur est saisi à la vue d’une action basse et intéressée, la pitié religieuse que nous inspire le malheur, et cet enthousiasme qui fait battre notre cœur au récit d’un grand sacrifice ou d’une action héroïque. […] Ici, c’est un groupe d’enfants serrés les uns contre les autres pour ne pas mourir de froid ; là, c’est une femme tremblante et sans voix pour se plaindre. […] Mais, si ce même enfant, à tes ordres docile, Doit être à tes desseins un instrument utile ; Quatrième membre.

137. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

On égorge à la fois les enfants, les vieillards,         Et la sœur et le frère,         Et la fille et la mère. […] Exemple : Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ; Le fils assassiné sur le corps de son père, Le frère avec la sœur, la fille avec la mère, Les époux expirants sous leurs toits embrasés, Les enfants au berceau sous la pierre écrasés. […] Cet enfant de David, votre espoir, votre attente ! […] Cinna rappelle ainsi les tristes conséquences de la guerre civile : Romains contre Romains, parents contre parents Combattaient seulement pour le choix des tyrans… Rome entière noyée au sang de ses enfants. […] … Que d’Israël détruit les enfants se dispersent !

138. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Nos parents et nos enfants nous sont chers ; mais l’amour de la patrie domine toutes nos affections. […] Et d’abord, se jetant sur ses deux enfants, ils embrassent d’une horrible étreinte, ils déchirent par de cruelles morsures les membres délicats de ces jeunes infortunés. […] Ces jeunes enfants si cruellement immolés sous les yeux de leur parent, offrent déjà un spectacle bien tragique ; ils ajoutent aussi le plus grand intérêt aux efforts impuissants et à la mort violente du père. Ces mots serpens amplexus uterque, au nombre singulier, expriment mieux l’unité d’action des    deux serpents qui enveloppent les deux enfants de Laocoon. […] Quand les serpents se sont jetés sur les deux enfants, il les ont enveloppés sans aucun effort, implicaverunt.

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