/ 189
77. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

cria-t-il hautement, De me baigner si désormais l’envie Me revenait, daignez me la changer ; Oncques dans l’eau n’entrerai de ma vie Qu’auparavant je ne sache nager. » Le sel de ces récits consiste en ce que l’esprit suit paisiblement le récit, croyant arriver à quelque suite, naturelle en pareil cas, de ce qui avait été dit d’abord, mais que tout à coup il se sent rejeté brusquement sur une autre idée dont il était fort éloigné75. […] Voici une autre charade sur le mot château (chat, eau), qui est plus développée, et que Beauzée cite dans l’Encyclopédie :         Chez nos aïeux presque toujours J’occupais le sommet des plus hautes montagnes,         Et là j’étais d’un grand secours.

78. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

treize vers, huit en eau, cinq en ême ! […] Pour faire tant que l’ayez toute nette, Je suis en eau, tant que j’ai l’esprit lourd ; Et n’ai rien fait si, par quelque bon tour, Je ne fabrique encore un vers en ôtre ; Car vous pourriez me dire à votre tour : Promettre est un, et tenir est un autre.

79. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

On a dit qu’un homme était bouillant  de colère, parce qu’on a senti que cette passion donnait au sang un mouvement et une agitation extraordinaire » semblable au bouillonnement de l’eau sur le feu. […] On a dit les glaces de  la vieillesse, parce qu’on a vu qu’elle enchaînait les articulations et arrêtait les mouvements à peu près comme la glace, en se formant, ôte à l’eau sa fluidité. […] Je sais bien qu’une chevelure peut être ondoyante, car je vois un rapport clair entre les petites vagues formées par l’eau, et ces lignes courbées tantôt en haut, tantôt en bas, que forme une longue chevelure. […] L’eau se précipitant dans son lit tortueux Court, tombe et rejaillit, retombe, écume et gronde. […] On croit voir ces eaux dormantes qui coulent sans bruit ; harmonie descriptive.

80. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Alors une foule de dangers menaçants se présentent à son imagination effrayée : ce sont des fossés escarpés, des précipices affreux, des abîmes sans fond, des gouffres sans issue ; ne distinguant plus la terre solide de l’eau non encore glacée, il redoute également et le marais fangeux et le lac paisible d’où sort une source qui arrose ses prairies. […] Là coulent mille ruisseaux d’une eau claire. […] Cette grande ville semble nager au-dessus, des eaux, et être la reine de toutes les mers. […] Le grand fleuve est rempli de l’abondance des eaux.

81. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Dans l’airain échauffé déjà l’onde frissonne ; Bientôt le thé doré jaunit l’eau qui bouillonne, Ou des grains du Levant je goûte le parfum. […] Il nous a du moins montré là ce que peut être ce style, quelle vivacité, quel mouvement le distinguent, quelle propriété d’expression, quelle harmonie continue en relèvent la majesté : Au pied du mont Adule, entre mille roseaux, Le Rhin, tranquille et fier du progrès de ses eaux, Appuyé d’une main sur son urne penchante, Dormait au bruit flatteur de son onde naissante, Lorsqu’un cri, tout à coup suivi de mille cris, Vient d’un calme si doux retirer ses esprits. […] périssent mes eaux !

82. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

La grandeur de l’horizon romain se mariant aux grandes lignes de l’architecture romaine ; ces aqueducs qui, comme des rayons aboutissant à un même centre, amènent les eaux au peuple-roi sur des arcs de triomphe ; le bruit sans fin des fontaines, ces innombrables statues qui ressemblent à un peuple immobile au milieu d’un peuple agité ; ces monuments de tous les âges et de tous les pays ; ces travaux des rois, des consuls, des Césars ; ces obélisques ravis à l’Egypte, ces tombeaux enlevés à la Grèce ; je ne sais quelle beauté dans la lumière, les vapeurs et le dessin des montagnes ; la rudesse même du cours du Tibre ; les troupeaux de cavales demi-sauvages qui viennent s’abreuver dans ses eaux ; cette campagne que le citoyen de Rome dédaigne maintenant de cultiver, se réservant de déclarer chaque année aux nations esclaves quelle partie de la terre aura l’honneur de le nourrir ; — Synthèse : que vous dirai-je enfin ?

83. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Ils jettent leurs drapeaux, ils courent, se renversent, Poussent des cris affreux, se heurtent, se dispersent : Les uns, sans résistance, à leur vainqueur offerts, Fléchissent les genoux et demandent des fers ; D’autres, d’un pas rapide évitant sa poursuite, Jusqu’aux rives de l’Eure emportés dans leur fuite, Dans les profondes eaux vont se précipiter Et courent au trépas qu’ils veulent éviter. […] Il est vrai, dans l’horreur de ce péril nouveau, Je tenais votre fille à peine en son berceau : Ne pouvant la sauver, seigneur, j’allais moi-même Répandre sur son front l’eau sainte du baptême, Lorsque les Sarrasins, de carnage fumants, Revinrent l’arracher à mes bras tout sanglants1.

/ 189