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44. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi, la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. […] Il est vrai que pendant que je ne faisais que considérer les mœurs des autres hommes, je n’y trouvais guère de quoi m’assurer, et que j’y remarquais quasi autant de diversité que j’avais fait auparavant entre les opinions des philosophes.

45. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Ou peut considérer les mœurs, relativement au discours oratoire, sous deux rapports ; dans la personne de l’Orateur, et dans la personne des Auditeurs. […] D’ailleurs si cette définition n’est pas tout à fait juste et vraie, relativement à l’éloquence considérée en elle-même, elle l’est, du moins, relativement à l’éloquence considérée dans les effets sensibles, universels et durables qu’elle peut produire. […] Quant aux mœurs considérées dans la personne des auditeurs, chaque âge, chaque condition en a de particulières. […] « Vous n’avez peut-être considéré jusqu’à présent la mort du Sauveur, que comme le mystère de son humilité et de sa faiblesse ; et moi je vais vous montrer que c’est dans ce mystère, qu’il a fait paraître toute l’étendue de sa grandeur et de sa puissance : ce sera la première partie. […] La narration oratoire considérée comme le récit d’un fait, ou comme l’exposition d’un sujet quelconque, doit être courte et simple.

46. (1854) Éléments de rhétorique française

C’est un art très-expressif, mais bien borné dans ses ressources, si on le considère comme moyen de communication entre les hommes. […] Des pensées considérées en elles-mêmes. […] Des pensées considérées dans les rapports qu’elles ont entre elles. […] L’harmonie, considérée sous ce dernier rapport, prend le nom d’harmonie imitative. […] Des phrases considérées dans les rapports qu’elles ont entre elles.

47. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Les plus âgés d’entre vous doivent me considérer comme leur nourrisson en quelque sorte, et ceux qui sont du même âge que moi, je crois pouvoir à bon droit les appeler mes compagnons, mes associés dans les armes. […] En tout d’ailleurs, il faut considérer la fin ; les Dieux bien souvent, après avoir comblé un mortel de faveurs et de prospérités, ont renversé l’édifice de sa grandeur. » Traduit d’Hérodote, historien grec (480 av.  […] Maintenant que je suis en proie aux amers regrets que leur perte m’inspire, regrets qui s’augmentent de jour en jour, quand je considère comment ils ont péri, je proclame leur sort heureux, mais je regarde ma position comme bien affligeante et bien déplorable. […] Mais, sans parler de moi, je vous prie de considérer, mon père, que les Samnites, dont les fils, les pères, les frères ont succombé dans les guerres contre Rome, qui, en un mot, ont perdu tout ce qu’ils possédaient, réclament bien quelque juste compensation. […] Considère quelle est la condition des choses humaines.

48. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Ne demandez pas si l’expression est usitée, mais considérez si l’analogie autorise à s’en servir.  […] Considérée sous ce rapport, on la trouve à chaque page non-seulement dans les poètes, mais encore dans les prosateurs. […] Il est plus naturel de considérer ici les effets que la cause. […] La première considère la forme, et fait distinguer les figures et tous les ornements du discours. […] Disons donc un mot de cette science, considérée comme moyen d’analyse.

49. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Quand nous disons que le style de Racine est excellent, c’est que nous considérons, d’une part, ces idées si justes, si clairement conçues par le poète, disposées dans un ordre parfait, et se fortifiant mutuellement ; et, de l’autre, ces expressions propres, que l’auteur a peut-être cherchées avec effort, mais qui semblent être venues d’elles-mêmes se ranger sous sa plume : ces phrases où la complication de la période ne nuit en rien à la clarté du sens, et cet heureux arrangement de mois qui ferait des vers de Racine la musique la plus harmonieuse pour l’oreille, lors même qu’ils ne seraient pas le langage le plus entraînant pour le cœur. […] Nous considérons d’abord le style dans les mots et ensuite dans les pensées. […] L’harmonie des mots consiste dans le choix et l’arrangement des mots considérés comme sons ; les uns sont doux, et sonores, les autres sont durs et sourds : il faut éviter la rencontre des consonnes désagréables, sans pourtant pousser ce soin jusqu’à l’affectation et la contrainte. […] Chaque pensée considérée en elle-même, indépendamment de celles qui l’entourent, doit avoir deux qualités essentielles, la netteté et la justesse.

50. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Elle considère les mots actuels selon le vocabulaire et selon la grammaire ; d’un côté les éléments matériels, de l’autre, les principes et les lois d’affinité d’après lesquels ils se lient et se combinent ; elle fixe leur valeur précise, leur signification propre ou métaphorique, leurs accidents, leur synonymie, les règles qui les modifient et les coordonnent. […] Remarquez que je ne considère point ici la nature et l’origine des idées, je les constate comme existant, et je dis que, quelque opinion que l’on se forme de leur origine et de leur nature, il n’en est pas moins vrai qu’une fois que l’intelligence pense aux idées (notez l’expression, et distinguez-la de celle-ci, pense ses idées), elle ne peut que se les rappeler, les juger, les combiner, et que, sous ce rapport, les résultats de l’activité intellectuelle sont toujours des faits de mémoire, des faits de jugement, ou des faits d’imagination.

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