Il faut convenir que tout le tort n’était pas ici du côté de ses ennemis ; et que le ton d’aigreur, et l’affectation de supériorité qui perçaient toujours dans ces sortes d’ouvrages ; que le choix même des sujets, abandonné le plus souvent à la disposition des concurrents, indiquaient dans M. de La Harpe celui de tous les égoïsmes que l’on pardonne le moins, l’habitude et l’exagération de la plainte, qui supposent la conviction intime d’une supériorité de mérite, que l’on pardonne bien moins encore. […] Voilà quant aux dispositions générales : le plus ou moins de succès dans l’exécution dépendra ensuite du plus ou moins de talent dans l’écrivain traducteur ; mais il faut observer que le mérite même d’une exécution parfaite ne compensera jamais que faiblement ce défaut d’harmonie première qui a dû exister entre l’original et son imitateur, et qui a déterminé le choix du dernier.
À cette première règle, dictée par le génie, si l’on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le choix des expressions, de l’attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux2, le style aura de la noblesse. […] Dieu de bonté, auteur de tous les êtres, vos regards paternels embrassent tous les objets de la création ; mais l’homme est votre être de choix : vous avez éclairé son âme d’un rayon de votre lumière immortelle ; comblez vos bienfaits en pénétrant son cœur d’un trait de votre amour.
Au reste, dans leurs traités didactiques, Cicéron et Quintilien recommandent beaucoup le choix d’un bon plan. […] Du choix des preuves. […] Cicéron veut qu’on écarte toutes les preuves qui contiennent un mélange de bien et de mal, et il ajoute que, dans le choix de ses arguments, il s’occupe moins de les compter que de les peser. […] Leurs amitiés et leurs liaisons sont plus vives que celles des autres âges, parce qu’ils se plaisent à vivre ensemble, et que, toujours désintéressés, ils le sont encore dans le choix d’un ami. […] Après avoir fait choix des raisons, il fallait leur donner un ordre convenable.
Le sujet y est sans doute pour quelque chose ; et c’est par la même raison que les éloges d’Hélène et de Busiris, du même auteur, ne sont que de misérables jeux d’esprit où il n’y a rien, absolument rien à recueillir, que cette grande leçon, que toute la pompe du style le plus harmonieux, les périodes les plus heureusement enchaînées, les chutes les plus laborieusement étudiées, le choix même des expressions et des tournures, ne rachèteront jamais, auprès du lecteur judicieux, la sécheresse du sujet et la stérilité des idées.
L’harmonie, l’heureux choix du mot propre, la sobriété de la pensée, la netteté des images, la rigueur d’une prosodie sévère, sont autant de mérites qu’on lui doit.
Mais s’il convient de le lire avec choix, il faut admirer son talent savant, plein de ruses, de calcul et d’étude.
Mais le prédicateur ne doit jamais oublier que la force et la vérité du raisonnement, le choix et la solidité des preuves, l’instruction présentée avec ordre et avec méthode, sont des qualités essentielles, et peut-être les plus essentielles, au sermon ; que, par conséquent, il ne saurait trop s’attacher à la construction du plan de son discours ; plan qui ne doit rien laisser à désirer pour la clarté, la justesse et l’exactitude. […] Mais il faut bien prendre garde de ne point étaler ces ornements avec profusion et sans choix ; de ne point négliger le plan et la conduite du discours, l’ordre et la liaison des idées, la convenance et la clarté du style. […] Mais quelle que soit la nature de la cause, l’orateur doit toujours s’attacher plus aux choses, qu’aux paroles, plus au choix et à la solidité des preuves, qu’à ce frivole assemblage de figures éblouissantes, qui ne parlent ni au cœur ni à la raison.