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20. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

On entend craquer les flancs d’un vaisseau qui s’entr’ouvre ; ses mâts sont inclinés, ses voiles déchirées : les uns, sur le pont, ont les bras levés vers le ciel ; d’autres se sont élancés dans les eaux. […] » Puis, lui repoussant les genoux avec les siens, et le relevant pardessous les bras, il ajouterait : « On dirait que vous êtes de cire, et que vous allez fondre, Allons, nigaud, tendez-moi ce jarret ; épanouissez-moi cette figure ; ce nez un peu au vent. » Et quand il en aurait fait le plus insipide petit-maître, il commencerait à lui sourire, et à s’applaudir de son ouvrage. […] Vous attendez mes papiers, qui ne viennent point ; vous pensez que les souverains veulent être servis à point nommé ; vous voilà étendu sur votre chaise de paille, les bras posés sur vos genoux, votre bonnet de nuit renfoncé sur vos yeux, ou vos cheveux épars et mal retroussés sous un peigne courbé, votre robe de chambre entr’ouverte, et retombant à longs plis de l’un et de l’autre côté : vous êtes tout à fait pittoresque et beau.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Oui, ces restes sans nom que, d’un bras impuissant, Le temps et les mortels poussent vers le néant, Plus que tous les soleils semés dans l’étendue, Fixeront du Très-Haut l’infatigable vue, Jusqu’au jour de colère, où sa tonnante voix Jugera ces brigands et vengera nos rois. […] ……………………………………………… Par son âge, au travail à regret inhabile, Il presserait en vain le soc d’un bras débile ; Mais il ne peut languir dans un repos oisif : D’une épine noueuse aidant son pied tardif, Il va, des bords du champ, voir avancer l’ouvrage. Sa voix, des bras lassés ranime le courage, Et jusque pour la brute aux maux compatissant, Il retient sur le bœuf l’aiguillon menaçant. […] La nature en Damon succombe au poids de l’âge ; De deux bras vainement sa marche se soulage ; Il sent fléchir sous lui ses genoux affaiblis ; Et bientôt, étendu sur son humble châlis, Ne se déguisant point son atteinte mortelle, Des ministres sacrés fait prévenir le zèle.

22. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Les rimes sont entremêlées, lorsqu’une rime masculine est séparée de celle qui y répond par une ou deux féminines, ou lorsqu’entre deux rimes féminines, il se trouve une ou deux rimes masculines, comme dans cet exemple : J’ai cherché ce bonheur qui fuyait de mes bras, Dans mes palais de cèdre, au bord de cent fontaines ; Je le redemandais aux voix de mes sirènes139 : Il n’était point dans moi ; je ne le trouvais pas. […] Que pourront vos ligues formées Contre le bonheur de nos jours, Quand le bras du Dieu des armées S’armera pour notre secours. […] Les chiens à qui son bras a livré Jésabel150, Attendant que sur toi la fureur se déploie, Déjà sont à ta porte et demandent leur proie. […] ———————————                                           La Mollesse152 oppressée Dans sa bouche à ce mot sent sa langue glacée, Et lasse de parler, succombant sous l’effort, Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Nous nous sommes réveillé de notre assoupissement, et, ouvrant les yeux, nous avons vu cent années, avec leurs crimes et leurs générations, s’enfoncer dans l’abîme : elles emportaient dans leurs bras tous nos amis ! […] Comparez ces beaux vers de Lamartine sur la chute du Rhin : De rochers en rochers et d’abîme en abîme Il tombe, il rebondit, il retombe, il s’abîme ; Les débris mugissants roulent de toutes parts ; Le Rhin sur tous ses bords sème ses flots épars ; De leur choc redoublé le roc gémit et fume ; Le flot pulvérisé roule en flocons d’écume, Remonte, court, serpente ; aux noirs flancs du rocher Semble avec ses cent bras chercher à s’accrocher, Sur les bords de l’abîme accourt, hésite encore ; Puis dans le gouffre ouvert, qui hurle et le dévore, Réunissant enfin tous ses flots à la fois, D’un bond majestueux tombe de tout son poids ; L’abîme en retentit, l’air siffle, le sol gronde ; Le gouffre, en bouillonnant, s’enfle et revomit l’onde, Le fleuve, épouvanté, dans ses fougueux transports, Retombe sur lui-même et déchire ses bords, Et semble, en prolongeant un lugubre murmure, De ses flots mutilés étaler la torture, Et d’un cours insensé s’enfuyant au hasard, En cent torrents brisés roule de toute part. […] Comparez ces beaux vers de Lamartine sur la chute du Rhin : De rochers en rochers et d’abîme en abîme Il tombe, il rebondit, il retombe, il s’abîme ; Les débris mugissants roulent de toutes parts ; Le Rhin sur tous ses bords sème ses flots épars ; De leur choc redoublé le roc gémit et fume ; Le flot pulvérisé roule en flocons d’écume, Remonte, court, serpente ; aux noirs flancs du rocher Semble avec ses cent bras chercher à s’accrocher, Sur les bords de l’abîme accourt, hésite encore ; Puis dans le gouffre ouvert, qui hurle et le dévore, Réunissant enfin tous ses flots à la fois, D’un bond majestueux tombe de tout son poids ; L’abîme en retentit, l’air siffle, le sol gronde ; Le gouffre, en bouillonnant, s’enfle et revomit l’onde, Le fleuve, épouvanté, dans ses fougueux transports, Retombe sur lui-même et déchire ses bords, Et semble, en prolongeant un lugubre murmure, De ses flots mutilés étaler la torture, Et d’un cours insensé s’enfuyant au hasard, En cent torrents brisés roule de toute part.

24. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Il a pour principaux instruments la tête, les bras et les mains. […] Les gestes des bras et des mains varient à l’infini, et suivent toujours les sentiments et les passions qu’on exprime. […] 5º Le geste principal se fait le plus souvent avec le bras droit ; mais comme il doit toujours avoir lieu du côté des personnes à qui l’on s’adresse, si l’assemblée ou l’auditeur qu’on interpelle se trouve du côté gauche, il est naturel alors que le bras gauche prenne le premier rôle. 6º Les mouvements des bras ne doivent jamais être ni roides ni anguleux. […] Voici les observations les plus importantes que les rhéteurs nous présentent sur les gestes affectifs : 1º Au début du discours et dans les morceaux de dignité, le geste doit être calme ; il suffit d’avancer le bras droit et d’y joindre quelquefois un léger mouvement du bras gauche.

25. (1852) Précis de rhétorique

Prenons pour exemples les mots un ruisseau de sang, un bras de rivière. […] Le geste comprend les mouvements de la tête, des yeux, des bras, des mains et la position du corps. […] On doit s’exercer à gesticuler du bras gauche comme du bras droit. […] Que faut-il éviter et observer dans les gestes des bras ? […] De combien de sortes sont les gestes des mains et des bras ?

26. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

; Ce long regret, dix ans ne l’ont point adouci : Je ne puis voir un fils dans les bras de son père, Sans dire en soupirant : J’avais un père aussi !  […] Le devoir fait, légers comme de jeunes daims, Nous fuyions à travers les immenses jardins, Éclatant à la fois en cent propos contraires, Moi, d’un pas inégal je suivais mes grands frères ; Et les astres sereins s’allumaient dans les cieux ; Et les mouches volaient dans l’air silencieux ; Et le doux rossignol, chantant dans l’ombre obscure, Enseignait la musique à toute la nature ; Tandis qu’enfant jaseur, aux gestes étourdis, Jetant partout mes yeux ingénus et hardis, D’où jaillissait la joie en vives étincelles, Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles, Horace et les festins, Virgile et les forêts, Tout l’Olympe, Thésée, Hercule, et toi, Cérès, La cruelle Junon, Lerne, et l’hydre enflammée, Et le vaste lion de la roche Némée.

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