On reproche au style de la Bible, 1º ses répétitions : il y en a bien plus dans Homère, et on les y admire quelquefois ; 2º le vague de ses descriptions : on verra jusqu’à quel point le reproche est fondé ; 3º la monotonie de ses métaphores et de ses comparaisons, constamment empruntées de circonstances locales peu intéressantes, ou d’objets absolument étrangers à nos goûts et à nos mœurs.
Non, certes ; l’historien est homme, et il parle à des hommes ; rien de ce qui est humain ne lui est étranger : son âme doit palpiter d’admiration devant le bien, s’indigner et frémir à la vue du mal.
Il a été affermi dans son pouvoir par une force étrangère et qui n’était pas de lui, par une force qui appuie la faiblesse, qui anime la lâcheté, qui arrête les chutes de ceux qui se précipitent, qui n’a que faire des bonnes maximes pour produire les bons succès.
Vauvenargues a écrit une belle page sur Voltaire, où il le célèbre « comme ayant porté chez les étrangers, dès sa jeunesse, la réputation de nos lettres, dont il a reculé toutes les bornes ».
Il nous vaut mieux vivre au sein de nos lares, Et conserver, paisibles casaniers, Notre vertu dans nos propres foyers, Que parcourir bords lointains et barbares ; Sans quoi le cœur, victime des dangers, Revient chargé de vices étrangers.
Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire ; mais si elle ne fut pas étrangère à toute arrière pensée d’ambition, s’il est plus facile de la respecter que de l’aimer, on doit pourtant reconnaître qu’elle n’a jamais séparé l’honnêteté de l’habileté Elle excella par la tenue, la justesse, la mesure et le bon sens pratique ; elle porta simplement une haute fortune, et s’en servit pour faire le bien, surtout lorsqu’elle fonda Saint-Cyr (1685), création qui suffirait à honorer son nom.
Mais pourquoi chercher des exemples étrangers où nous en avons tant de domestiques ?