Il ne faut donc pas, non plus, que le versificateur, pour échapper à tout prix à la banalité, se mette à la recherche de rimes extrêmement rares, étranges, impossibles.
Les ruses, les stratagèmes, les fausses marches, les attaques vraies ou simulées, les campements, les décampements, rien n’échappe à ces capitaines historiens.
Le sang par jets vermeils s’échappe de leur tige, Comme si c’était moi qui le perdais, ce sang.
Pour cela, il faut que le poète qui veut nous instruire cherche à nous persuader, par une illusion passagère, qu’il est, non pas au-dessus de nous, mais, au contraire, si fort au-dessous, qu’on ne daigne pas même se piquer d’émulation à son égard, et qu’on reçoive les vérités qui semblent lui échapper, comme autant de traits de naïveté sans conséquence.
Rien ne doit échapper à la promptitude du discernement ; et c’est encore une ressemblance de ce goût intellectuel, de ce goût des arts, avec le goût sensuel ; car le gourmet sent et reconnaît promptement le mélange de deux liqueurs : l’homme de goût, le connaisseur verra d’un coup d’œil prompt le mélange de deux styles, il verra un défaut à côté d’un agrément.
Gavius s’était échappé de la prison où l’avait jeté Verrès. […] Nous voyons d’abord une description fidèle de l’étroit défilé dans lequel l’ennemi avait attiré les Romains ; ils sont pris, et il ne leur reste aucun espoir d’échapper. […] Dans la conversation, du moins, un mot déplacé qui échappe passe et s’oublie bien vite ; mais, lorsqu’on tient la plume, il faut songer au proverbe : Verba volant, scripta manent . […] Deux fois repris en vain, son impuissant ciseau Veut tracer de son fils l’aventure cruelle, Et deux fois il échappe à la main paternelle.
Un écrivain correct dans son style, est ordinairement exact dans les choses, et s’exprime toujours d’une manière si claire et si intelligible, que rien de ce qu’il veut dire, n’échappe à la vue des esprits les moins pénétrants.