Aristide, illustre Athénien, qui par ses rares vertus, et sa conduite irréprochable dans l’administration des affaires de la république, mérita le surnom de juste. […] Cette punition sévère, mais juste, changea entièrement le cœur de Thémistocle, qui ne tarda pas à consacrer ses talents au service de sa patrie. […] Mais les faiblesses de l’envie, qui ternissaient ses éminentes qualités, l’avaient porté à exiler Aristide surnommé le Juste.
Les expressions variées, mais restreintes dans les limites du genre ; les épithètes justes et gracieuses, placées à propos et sans prodigalité ; les métaphores et les allégories naturelles ; enfin, les images vives qui transportent les objets sous les yeux, et les expressions imitatives qui peignent à l’oreille en même temps qu’à l’esprit : voilà en quoi consistent les ornements qui conviennent à l’apologue. […] Autre image riante, et métaphore juste et agréable. […] Est-ce seulement de posséder les qualités de l’historien, de devenir correct dans son style et juste dans ses appréciations ?
Pour bien faire comprendre en quoi consiste cet exercice, nous citerons quelques sujets qui pourront servir de texte de développements, et qui pourront donner une juste idée de l’importance de la dissertation. […] Madame de Sévigné nous le dit elle-même : « C’est ce style juste et court qui chemine et qui plaît au souverain degré. » Cependant il faut éviter le style saccadé, qui remplacerait la grâce par la sécheresse, et qui fatiguerait par sa brièveté sautillante. […] Les lettres de devoir exigent surtout la politesse, le ton du monde, le tact des convenances, des idées justes, les images vives ou agréables, des traits d’esprit sans recherche.
Il est fâcheux qu’un prince capable d’une réflexion aussi juste et aussi profonde, ne l’ait pas été de se rendre à la sagesse des conseils que lui donnait un de ses sujets, dans le discours suivant, où il s’efforce de le détourner du projet d’attaquer les Perses. […] Il était impossible de donner, dans le style figuré, une idée plus juste de l’ambition démesurée d’Alexandre.
Rien ne m’a plus donné la juste mesure des événements de la vie, et du peu que nous sommes. […] On m’a montré à Portici un morceau de cendre du Vésuve, friable au toucher, et qui conserve l’empreinte, chaque jour plus effacée, du sein et du bras d’une jeune femme ensevelie sous les ruines de Pompéia : c’est une image assez juste, bien qu’elle ne soit pas encore assez vaine, de la trace que notre mémoire laisse dans le cœur des hommes, cendre et poussière 3.
Il y a dans le cœur de l’homme une certaine corde qui, frappée juste, ne manque jamais de rendre le son qui lui est propre.
Son devoir n’est pas de persuader aux juges que ce qu’il dit est bon et utile ; mais de les convaincre que ce qu’il avance est juste et vrai.
C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
III : « Disons avec Aristote accommodé à nostre usage : La tragédie est la représentation sérieuse et magnifique de quelque action funeste, complète, de grande importance et de raisonnable grandeur non pas par le simple discours, mais par l’imitation réelle des malheurs et des souffrances, qui produit par elle-même la terreur et la pitié, et qui sert à modérer ces deux mouvements de l’âme. » Racine est plus exact dans cette traduction, écrite à la marge d’un exemplaire de la Poétique : « La tragédie est donc l’imitation d’une action grave et complète, et qui a sa juste grandeur.
— « Ne vous emparez pas de la conversation comme de votre domaine, pour en exclure les autres : là, comme dans tout le reste, il est juste que chacun ait son tour. » Cf. la suite du chapitre.
De là vient que nous avons multiplié ces occasions de rapprochements et de comparaisons qui habituent l’œil à voir juste, à distinguer les styles, à reconnaître la facture d’un maître, à ne pas appliquer à la diversité des talents les lieux communs d’une appréciation vague et anonyme, en un mot, à devenir connaisseur.
De là vient que nous avons multiplié ces occasions de rapprochements et de comparaisons qui habituent l’œil à voir juste, à distinguer les styles, à reconnaître la facture d’un maître, à ne pas appliquer à la diversité des talents les lieux communs d’une appréciation vague et anonyme, en un mot, à devenir connaisseur.
Comment en effet garder un juste milieu, en louant des actions sur la vérité desquelles il est difficile d’établir une opinion constante ?
Il doit y avoir, dans les différents termes de la définition, une certaine ambiguïté de rapport qui donne le change à l’esprit : cela rend l’énigme à la fois plus embarrassante et plus piquante ; cependant ces rapports doivent paraître justes aussitôt qu’on connaît la chose dont il s’agit.
Alors il sera juste, et sa justice accroîtra ses lumières.
Écrivain juste, clair, exact, uni, probe comme sa pensée, il a l’expression ferme, nette, appropriée, simple sans bassesse, noble sans recherche ; il songe à instruire plus qu’à plaire, et nous émeut par la force pénétrante de la vérité.
L’affection ou la haine changent la justice de face ; et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu’il plaide ! […] Dieu est juste et équitable. […] pauvre Gil Blas, meurs de honte d’avoir donné à ces fripons un juste sujet de te tourner en ridicule. […] Tout cela fut ménagé si juste que le Roi arriva un moment après, et que le salut commença. […] Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement ; libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste.
Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.
Supposons que ce jardin existant, ou ce jardin possible, offre, dans sa forme, la plus exacte régularité dans ses compartiments, l’arrangement le plus convenable et la plus juste proportion ; dans les ornements dont il est décoré, la plus riche variété : fleurs, fontaines, cascades, allées, berceaux, grottes, cabinets de verdure, sièges de mousse, etc., rien d’agréable n’y manque ; tout y est de la plus grande beauté ; tout s’y réunit pour tenir nos yeux dans une espèce d’enchantement.
Non-seulement cette étude affermit et fortifie notre foi, mais elle nous remplit d’une juste reconnaissance envers Dieu, qui a fait tant de profiges, et dans l’ancienne loi et dans la nouvelle, soit pour révéler aux hommes la véritable manière de l’adorer et de le servir, soit pour les convaincre de la vérité et de la certitude de cette révélation.
Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment2 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir.
O Dieu terrible, mais juste en vos conseils sur les enfants des hommes, vous disposez et des vainqueurs et des victoires !
Dieu ne nous doit point rendre compte de sa conduite ; et il est bien sûr qu’il est juste, et, au milieu de sa colère, plein de bonté.
Fléchier disait avec plus de raison : « Déjà, pour l’honneur de la France, était entré dans l’administration des affaires un homme plus grand par son esprit et par ses vertus que par ses dignités et par sa fortune ; toujours employé, et toujours au-dessus de ses emplois ; capable de régler le présent et de prévoir l’avenir ; d’assurer les bons événements et de réparer les mauvais ; vaste dans ses desseins, pénétrant dans ses conseils, juste dans ses choix, heureux dans ses entreprises, et, pour tout dire en peu de mots, rempli de ces dons excellents que Dieu fait à certaines âmes qu’il a créées pour être maîtresses des autres, et pour faire mouvoir ces ressorts dont sa providence se sert pour élever ou pour abattre, selon ses décrets éternels, la fortune des rois et des royaumes. » 1.
Il reste le milieu à prendre : c’est que le personnage ne soit ni trop vertueux ni trop juste, et qu’il tombe dans le malheur non par un crime atroce ou une méchanceté noire, mais par quelque faute ou erreur humaine, qui le précipite du faîte des grandeurs et de la prospérité, comme Œdipe, Thyeste, et les autres personnages célèbres de familles semblables. […] Le sujet eût été trop vaste et trop difficile à embrasser d’une seule vue : et s’il eût, voulu le réduire à une juste étendue, il eût été trop chargé d’incidents. […] Une censure juste est celle qui tombe sur les invraisemblances et les méchancetés gratuites.
Car, il est bon de le faire remarquer ici aux jeunes gens ; la presque totalité de ces gens qui parlent et prononcent avec un ton si décisif, qu’il ne permet pas même une modeste objection, ne prononcent et ne parlent jamais que d’après un thème fait d’avance, ou d’après un auteur adoptif qui règle leurs opinions comme il dirige leurs sentiments, et le tout aux dépens de la raison (dans leur sens) ; donc ils ne peuvent avoir tort : la conséquence est juste, et il n’y a rien à répondre à cela, parce qu’il n’y a rien à gagner sur de tels esprits.
Voici le remède de cette maladie : « Les âmes justes qui vivent dans l’ordre trouvent dans l’ordre le remède de l’ennui.
Et à considérer qu’un Espagnol, assis fort à son aise, se met à tempester dès que la comédie dure plus de deux heures, quand il s’agirait même de représenter ce qui s’est passé depuis la Genèse jusqu’au jugement final, je trouve que si c’est un moyen de lui plaire, il est juste de s’y tenir. » (Lopez de Véga, Arte nuova de hacer comedias en este tiempo, publié à Madrid en 1621, et traduit un peu librement en français dans le recueil intitulé : Pièces fugitives d’histoire et de littérature, Paris, 1704, p. 256.
Rien de plus avantageux à la poésie que l’emploi de la mythologie : voilà une opinion, juste ou erronée, peu importe pour le moment, qu’ont soutenue, entre autres, six poëtes de renom, J.
Le genre judiciaire a pour objet le juste et l’injuste. […] Un juste mélange des éloges et de la morale fait la première perfection du panégyrique. […] Elle a donc pris le parti, sur la proposition de Duclos, à qui il est juste d’en faire honneur, de proposer désormais pour sujet du prix d’éloquence l’éloge des hommes célèbres de la nation.
Après avoir suivi avec Voltaire la langue française dans ses progrès, depuis sa naissance jusqu’à l’époque déjà marquée par une décadence qu’il a plus qu’un autre contribué à ralentir, peut-être sera-t-on bien aise d’avoir, sur le style en général, des idées justes, et données par un homme dont le nom seul rappelle l’un des titres les plus brillants de notre langue à l’admiration universelle : écoutons Buffon, dans son discours de réception à l’académie française.
Ses yeux sont vifs et bien ouverts, ses oreilles sont bien faites et d’une juste grandeur, sans être courtes comme celles du taureau ou trop longues comme celles de l’âne ; sa crinière accompagne bien sa tête, orne son cou et lui donne un air de force et de fierté ; sa queue traînante et touffue couvre et termine avantageusement l’extrémité de son corps : mais l’attitude de la tête et du cou contribue plus que celle de toutes les autres parties du corps à donner au cheval un noble maintien.
Elle consiste donc dans une correspondance qu’on tâche d’établir entre l’esprit et le cœur de ceux à qui l’on parle d’un côté, et de l’autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu’on aura bien étudié le cœur de l’homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu’on veut y assortir.
De plus, un esprit de la trempe de celui de Votre Grandeur se conservera beaucoup mieux qu’un autre, ou, pour parler plus juste, vous serez toujours le même.
N’est-ce pas juste ? […] Le jeune homme, ne voulant pas dénoncer son père, va se laisser condamner : Artabane, au désespoir, révèle la vérité et se livre à la juste vengeance du nouveau roi. […] Les Siciliens veulent un roi qui les défende contre la juste fureur de Charles d’Anjou et qui les protège contre les menaces de la France. […] S’ils avaient été bons et justes, ils étaient proclamés les pères du peuple ; leur règne était béni et leur mémoire était sacrée ; leurs restes étaient ensevelis dans un magnifique tombeau. […] En cherchant à faire triompher l’opinion qui vous semble la plus juste, vous n’oublierez pas de réfuter les objections qu’on peut vous faire.
Ainsi il y a une faute dans les phrases suivantes : = le précepte si généreux du pardon des injures, celui si juste de la loi de nature, l’élevèrent au-dessus de tous les cultes. = J’avertis que je n’avouerai d’autre édition que celle imprimée à Paris sous mes yeux. = Ces cornets peuvent remplacer, dans les porte-feuilles, ceux en métal. Dans la première phrase, il fallait répéter le nom et dire : le précepte si généreux du pardon des injures, le précepte si juste de la loi de nature, etc. […] Dieu qui est juste, punira les hommes, qui violent ses commandements. […] Si l’on marque une affirmation ou une espèce de certitude, on met le second verbe à l’indicatif, comme dans ces phrases : = je vous assure qu’il est digne de votre estime : = vous conviendrez que j’ai pris de justes mesures pour réussir : = il croit que vous voudrez bien l’aider de vos conseils.
Tel est le mot juste dans cette phrase : L'homme juste est en paix avec lui-même et avec ses semblables.
Je trouvai ce sentiment fort juste ; mais je pensai en même temps qu’on le pouvait appliquer à bien des choses de plus grande conséquence.
« Il faut voir dans Montluc le tableau de la bataille de Ver pour prendre une juste idée du soldat et de l’écrivain, de ce courage que rien n’ébranle, de ce style qui ne bronche jamais. » (Géruzez, Hist. de la litt.
Car ainsi comme les citez qui par guerres ordinaires avec leurs proches voisins, et continuelles expeditions d’armes, ont appris à estre sages, aiment les justes ordonnances, et le bon gouvernement : aussi ceux qui par quelques inimitiez ont esté contraints de vivre sobrement et se garder de mesprendre15 par negligence, et par paresse, et faire toutes choses utilement et à bonne fin, ceux la ne se donnent de garde, que16 la longue accoustumance, petit à petit, sans qu’ils s’en apperçoyvent, leur apporte une habitude de ne pouvoir plus pecher, et embellir leurs meurs d’innocence, pour peu que la raison y mette la main : car ceux qui ont tousjours devant les yeux ceste sentence, Le Roy Priam et ses enfants à Troye Certainement en meneroient grand joye1, cela les divertit et destourne bien des choses dont les ennemis ont accoustumé de se resjouïr et de se mocquer.
Daunou, envoyé comme commissaire à Rome, écrivait au directeur La Revellière (30 mars 1798) : « Il paraît que vous renoncez à la colonne Trajane ; au fond, ce serait une entreprise extrêmement dispendieuse. » Il ajoutait dans une autre lettre « En général, je vois qu’il est bon de s’en tenir aux trois cent cinquante caisses ; il n’est ni juste ni politique de trop multiplier les enlèvements de cette nature. » (Note du Trésor littéraire.
Le syllogisme est juste quand la conclusion est contenue dans les prémisses, et que les prémisses le font voir.
Le poème épique a de l’intégrité quand il est complet et renfermé dans une juste étendue.
Tout est prêt et rangé dans sa juste mesure, Et la maîtresse, assise au coin d’une embrasure, D’un sourire angélique et d’un doigt gracieux Fait signe à ses enfants de baisser leur beaux yeux.
Ce sont vos louanges qui me gâtent ; il est juste que vous en souffriez ; d’ailleurs, j’aime beaucoup mieux vous écrire rarement, que retenir ma plume, lorsqu’elle est en train d’aller ; cela est plus conforme à ma paresse, et plus commode aussi pour vous.
Voilà bien ce qui s’appelle frapper fort, et frapper juste en même temps, comme le disait Voltaire, à propos de l’effet théâtral. […] Au-dedans, une industrieuse activité ; au-dehors, un gouvernement juste, des délibérations dirigées par un esprit toujours libre, et qui n’écoutait ni la passion ni l’intérêt du crime.
Les proportions sont si justes, que rien ne paraît fort grand, quoique tout le soit ; tout est borné à contenter la vraie raison. […] C’est elle qui fait que les hommes, tout dépravés qu’ils sont, n’ont point encore osé donner le nom de vertu au vice, et qu’ils sont réduits à faire semblant d’être justes, sincères, modérés, bienfaisants, pour s’attirer l’estime les uns des autres.
Cette notion me paraît juste et naturelle : ouvrons cette idée, et développons ce qu’elle renferme.
Ce n’est pas rendre un service aux génies que de les dégager de l’assujettissement à la méthode ; elle est pour eux ce que les lois sont pour l’homme libre. » Seulement j’ajouterai avec Montesquieu : « Comme les lois sont toujours justes dans leur être général, mais presque toujours injustes dans l’application, de même les règles, toujours vraies dans la théorie, peuvent devenir fausses dans l’hypothèse.
— Sans doute ; mais remarquez d’abord qu’Aristote et Quintilien enseignent à argumenter dans une cause, et non simplement à développer une idée, ce qui n’est pas tout à fait la même chose : et puis, nous l’avouons, la rhétorique n’est pas l’art de se faire des opinions justes sur les choses et les hommes, c’est l’art de faire partager aux autres l’opinion quelconque que l’on s’est faite.
De là cet autre mot si juste du cardinal de Retz : « Si ce n’était pas une espèce de blasphème de dire qu’il y a quelqu’un dans notre siècle plus intrépide que le grand Gustave et M. le prince (le grand Condé), je dirais que ç’a été Molé, premier président » ; et il ajoute : « Il voulait le bien de l’Etat préférablement à toutes choses, même à celui de sa famille. » 2.
Il est juste, il est bon ; sans doute il vous pardonne : Tous vous avez souffert, le reste est oublié.
O Dieu terrible, mais juste en vos conseils sur les enfants des hommes, vous disposez et des vainqueurs et des victoires !
Loin de tourner la vivacité de mes impressions au dehors, c’est contre moi que je les dirige ; je me dis que je suis donc bien coupable, car Dieu est juste et ne fait porter à chacun que ce qu’il mérite.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
Pomptinus, pour m’avoir prêté un concours énergique et dévoué, reçoivent des éloges bien mérités et bien justes. […] Si souvent les dieux immortels ont reçu de justes et légitimes honneurs, jamais assurément ils n’en ont mieux mérité qu’aujourd’hui. […] vous seul connaissez bien le juste mélange de ces métaux et la délicatesse du burin ? […] Les accusés, comme il était juste, sont arrêtés par son ordre et conduits à Lilybée ; il assigne le maître, il instruit le procès et prononce leur jugement. […] À quel citoyen suppliant sa main victorieuse n’a-t-elle pas offert un gage de sa bonne foi et donné un juste espoir de salut ?
Ainsi le style du poète, se resserrant tout à coup pour arriver plus vite au dénoûment, fait succéder les tours concis aux périodes nombreuses, et les mots seulement clairs et justes aux expressions nobles, brillantes, métaphoriques, aux circonlocutions étendues et aux désinences sonores. […] Ces discours doivent être fondés sur un raisonnement juste, solide et pressant.
3° judiciaire Le but du genre judiciaire est le juste ; son objet d’accuser ou de défendre. […] 3° Précision La précision consiste dans l’expression la plus juste et la plus complète de la pensée ; elle a trait à ce qu’on dit. […] Là encore, une juste mesure est délicate à observer, la limite difficile à fixer ; car l’usage varie, et bien des locutions du dix-septième siècle ont aujourd’hui disparu ou sont prises dans une acception différente. […] Il y a pour l’incise, comme pour la période, une juste mesure ; l’abus en serait fatigant et monotone.
Mais c’est Sénèque qu’il est juste d’en accuser, Sénèque, que Corneille traduit ici mot pour mot : Nut.
Cette image des mots qui, comme les feuilles de l’arbre, jaunissent et se fanent, pour que d’autres reverdissent à leur place, est aussi juste que poétique.
Le charme de ce passage de Fénelon suffirait déjà pour montrer que Saint-Simon n’a été que juste et vrai pour lui, lorsqu’il l’a peint « doué d’une éloquence naturelle, douce et fleurie ».
« Lucrèce, a dit Fontanes (Discours préliminaire de sa traduction de l’Essai sur l’homme), comme presque tous les athées fameux naquit dans un siècle d’orages et de malheurs : témoin des guerres civiles de Marius et de Sylla, et n’osant attribuer à des dieux justes et sages les désordres de sa patrie, il voulut détrôner une providence qui semblait abandonner le monde aux passions de quelques tyrans ambitieux.
Diderot dit ailleurs de Vernet : « Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que l’artiste se rappelle ces effets à deux cents lieues de la nature, et qu’il n’a de modèle présent que dans son imagination ; c’est qu’il peint avec une vitesse incroyable ; c’est qu’il dit : Que la lumière se fasse, et la lumière est faite ; que la nuit succède au jour, et le jour aux ténèbres, et il fait nuit, et il fait jour ; c’est que son imagination, aussi juste que féconde, lui fournit toutes ces vérités ; c’est qu’elles sont telles, que celui qui en fut spectateur froid et tranquille au bord de la mer en est émerveillé sur la toile ; c’est qu’en effet ces compositions prêchent plus fortement la grandeur, la puissance, la majesté de la nature, que la nature même.
Il est juste d’ajouter que Voltaire fut souvent l’avocat zélé de causes belles à défendre1. […] Ma juste modestie, madame, et ma raison me faisaient croire d’abord que l’idée d’une statue était une bonne plaisanterie ; mais, puisque la chose est sérieuse, souffrez que je vous parle sérieusement.
Ou pourrons-nous trouver une juste idée de la poésie sacrée ? Ce sont les Livres Saints qui pourront nous donner une juste idée de la poésie religieuse ou de l’ode sacrée.
La disposition enseigne les justes proportions à observer entre toutes les parties d’un ouvrage, l’artifice de la gradation, des transitions, des préparations oratoires.
Si l’on s’est élevé aux idées les plus générales, et si l’objet en lui-même est grand, le ton pourra s’élever à la même hauteur. » Ceci me semble aussi juste qu’intelligible.
Soit qu’il s’agisse de montrer le juste ou l’injuste, ce qui est digne de peine ou de récompense, comme dans le genre judiciaire ; ce qui est honorable et utile, ou nuisible et déshonorant, comme dans le genre délibératif ; ce qui est honnête ou honteux, digne de louange ou de blâme, comme dans le genre démonstratif, la preuve est la partie importante du plaidoyer ou de l’oraison.
Heureux donc mille et mille fois les justes et les gens de bien !