Enfin Théocrite, Moschus et Bion tracèrent dans leurs poésies une image charmante de la vie rustique, et des mœurs simples des bergers.
Mais malgré ce don d’éloquence, ses écrits ne nous offrent qu’une image affaiblie d’elle-même ; car elle brillait surtout par le génie de la conversation, et son style, parfois vague ou abstrait, n’a pas retenu toute la flamme de sa parole1.
C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
Dans ce sens, il est vrai de dire que tous les mots sont des figures, puisqu’ils expriment tous, sous une forme sensible, les idées qu’ils représentent, et dont ils sont réellement les images. […] 3° Quand on passe brusquement d’une image à une autre dans une même phrase, comme si l’on disait : C'est un torrent qui menace de tout dévorer, au lieu de dire, qui menace de tout engloutir. […] Le génie du poëte consiste à amuser l’imagination par des images qui, au fond, se réduisent souvent à une seule pensée présentée sous une forme plus étendue, plus gracieuse ou plus noble. […] Cæs. — Vexillum (diminutif de velum), étendard, drapeau ; c’était une petite bannière où était représentée en or ou en argent l’image des Césars avec le nom de l’empereur. […] Cic. — Imago (d’ εἶγµα, ressemblance, tiré d’ ειχω, je ressemble), image, représentation idéale d’une chose ; il se dit de la peinture et de la sculpture.
Il est une inspiration céleste que nous ne pouvons comparer à celle de la terre : c’est celle qui se manifeste dans les Livres saints, et qui a pour interprète les cantiques de Moïse et de David ; rien de plus sublime que les pensées et les images qui remplissent ces chants.
De ces rondeaux un livre tout nouveau À bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère : Hormis les vers qu’il fallait laisser faire À La Fontaine.
Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Ses mémoires, dit Voltaire, sont écrits avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité qui sont l’image de la conduite de l’auteur.
Nous lisons dans la fable qu’Ériphyle, à la vue d’un collier d’or enrichi de pierreries, poussée du désir violent de l’obtenir, trahit et sacrifia son époux : voilà l’image de la cupidité de Verrès. […] Quelle autre image se faire de cette désolation ? […] Cérès tenait de la main droite une très belle image de la Victoire ; le préteur la fit enlever et porter chez lui. […] Vous avez eu la témérité d’arracher des mains de Cérès l’image de la Victoire, et une déesse d’entre les bras d’une autre déesse ? […] Jamais la dignité du peuple romain, quoique absent, jamais l’image de cette multitude ne s’est présentée à vos yeux et à votre esprit ?
Mais où Silius Italicus s’est montré vraiment digne de son modèle, c’est dans cette belle pensée rendue par une image si imposante : Fallit te mensas inter quòd credis inermem : Tot bellis quæsita viro, tot cædibus armat Majestas æterna ducem. […] Le sommeil n’est-il pas l’image la plus parfaite de la mort ?
L’âme se fait un plaisir de l’agitation que lui donne le spectacle des passions humaines, et un plaisir d’autant plus doux, qu’elle sait que ces passions ne sont qu’une image et qu’une illusion qu’elle croit sans dangers. […] Quelquefois même nous rions de notre propre image en la reconnaissant, pour faire bonne contenance et cacher aux autres ce que nous cherchons à nous cacher à nous-mêmes : de toutes manières, l’effet moral est médiocre.
Chaque mot étant l’image fidèle d’une pensée, il faut donc choisir le mot qui seul est capable de bien représenter cette pensée. […] En lisant cette période poussant avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, il nous semble que nous voyons Macchabée, chassant devant lui, par la puissance de ses armes, les ennemis d’Israël ; reçoit le coup mortel ; phrase courte, finissant par une brève et qui peint bien qu’il vient d’être frappé sans retour ; et demeure comme enseveli dans son triomphe, enseveli est une expression qui fait image et l’orateur termine à dessein par les mots dans son triomphe composés de syllabes sourdes qui retentissent lugubrement, et qui annoncent la chute d’un homme puissant et glorieux.
Les images des malheureux l’environnent ; la pitié l’agite, et des larmes coulent de ses yeux.
) Et quand Ovide, d’après toutes les cosmogonies existantes, nous dira que cet être, quel qu’il fût, fit l’homme à l’image des dieux, Finxit in effigiem moderantûm cuncta Deorum, il s’ensuit que la copie d’un modèle qui n’existe que dans le vague, et qui est tout ce que l’on veut qu’il soit, ne peut être que quelque chose de fort imparfait, et qui laisse toujours beaucoup à désirer.
» Son image est toujours présente à ma tendresse, Ah !
Le désir lui présente de loin l’image trompeuse d’une parfaite félicité ; l’espérance, séduite par ce portrait ingénieux, embrasse avidement un fantôme qui lui plaît.
Leur vie, après tout, est une image de la nôtre.
N’attendez-pas, messieurs, que j’ouvre ici une scène tragique, que je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées, que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l’a frappé, que je fasse crier son sang comme celui d’Abel1, et que j’expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorées.
Elles sont adroitement composées ; il a de l’invention, et les images lui arrivent sans effort.
Que sera-ce donc, si l’on prend la peine de réfléchir que ce que nous venons d’offrir au lecteur, n’est que la traduction de la version latine faite sur le grec des Septante, et qu’il y a aussi loin du grec à l’hébreu, sous le rapport de la force des mots et de l’énergie des images, qu’il y a loin de notre français au grec d’Homère ou de Démosthène ?
On sait qu’il fit de Genève la capitale de ce protestantisme dogmatique et rigide dont il façonna l’esprit et les mœurs à l’image de son propre génie.
Il rappelle de loin Racine par la discrétion des images, la noblesse de l’expression, la pureté soutenue, l’aisance et la mélodie d’un style où nul mot ne détonne ; il eut aussi soif des sources inconnues.
les bons jours d’hiver, dans la salle bien chaude, A chanter1 doucement les antiques noëls, A se faire conter des contes éternels, A s’empresser autour du vieux livre d’images, A changer mille fois de plaisirs et d’ouvrages, A mêler la prière entre les jeux divers, Et même à réciter des fables et des vers !
La mer en est une image sensible, et l’amour-propre trouve dans le flux et le reflux de ses vagues continuelles une fidèle expression de la succession turbulente de ses pensées et de ses éternels mouvements1.
Les horreurs, les atrocités, les images dégoûtantes ne doivent jamais être offertes aux yeux du spectateur. […] Il faut donc non seulement éloigner de la scène toute image dégoûtante ou obscène, toute peinture dangereuse et séduisante pour le cœur, tout discours hostile à la vertu et favorable aux passions ; mais encore porter au bien et éloigner du vice, en montrant le triomphe et la récompense des bons, la défaite et la punition des méchants. […] La musique veut de la poésie toute pure, des images et des sentiments. […] Il est certain que toutes ses tragédies ne sont que trop pleines de maximes séduisantes et d’images voluptueuses, quoiqu’il y ait des endroits où l’amour est représenté comme une dangereuse faiblesse.
L’homme que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’une ombre ? […] La Description est en général une figure par laquelle nous présentons l’image d’un objet.
Moïse, Homère, Platon, Virgile ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et leurs images. » (Caractères, chap. […] « Dans le portrait du cygne, dit Rivarol, il y a d’habiles artifices d’élocution, de la limpidité, de la mollesse et une mélancolie d’expression qui, se mêlant à la splendeur des images, en tempère heureusement l’éclat. » 2.
) Si l’on entend, avec Platon, par diction poétique, l’expression fidèle et l’image sensible de la pensée, présentée pour ainsi dire en relief, il est certain que cette manière d’écrire appartient à l’éloquence, comme à tous les autres genres de poésie ou de littérature.
Ces images nous font sourire si elles sont peintes avec finesse elles nous font rire, si les traits de cette maligne joie, aussi frappants qu’inattendus, sont aiguisés par la surprise.
Le rameau auquel pendait son fruit représentait la douce paix avec l’abondance, préférable aux troubles de la guerre dont ce cheval était l’image.
Et de même qu’à l’aide du crayon ou du pinceau l’artiste représente fidèlement l’image qu’il a sous les yeux où à laquelle il pense, de même l’homme se servit de l’inflexion de sa voix pour exprimer ce qui frappait ses sens.
si le jour n’est lui-même qu’une image de la vie, si les heures rapides de l’aube, du matin, du midi et du soir, représentent les âges si fugitifs de l’enfance, de la jeunesse, de la virilité et de la vieillesse, la mort, comme la nuit, doit nous découvrir aussi de nouveaux cieux et de nouveaux mondes1 !
On peut dire de Montaigne : il pense, il voit, et la parole suit ; et cette parole, le lecteur, à son tour, la voit autant qu’il la comprend, C’est une fête continue des yeux et des oreilles que ce défilé d’images, toutes de franche venue, et cette bonne sonorité de mots bien trébuchants, relevés au besoin d’un accent gascon : « Que le gascon y arrive, a-t-il dit, si le françois n’y peut aller. » On ne se sent nulle envie en le lisant de le degasconner, comme le voulait faire Malherbe de la langue discordante de Ronsard. […] Les imbecilles102 sentent encores quelque image de cecy : car en Italie ie disois ce qu’il me plaisoit, en devis communs ; mais aux propos roides, ie n’eusse osé me fier à un idiome que ie ne pouvois plier ny contourner oultre son allure commune : i’y veulx pouvoir quelque chose du mien. […] Mais qui se présente comme dans un tableau cette grande image de nostre mere nature en son entière majesté ; qui lit en son visage une si générale et constante varieté ; qui se remarque là dedans, et non soy, mais tout un royaume, comme un traict d’une poincte tres-delicate, celuy là seul estime les choses selon leur juste grandeur129. […] Mesmement, quand ils se representeront les images de tant de pauvres bourgeois qu’ils ont vus par les rues tomber tout roides morts de faim ; les petits enfants mourir à la mamelle de leurs meres allangouries ; les meilleurs habitants, et les soldats marcher par la ville, appuyés d’un baston, pasles et foibles, plus blancs et plus ternis qu’images de pierre, ressemblant plus des fantosmes que des hommes ; et l’inhumaine reponse d’aucuns, mesme des ecclésiastiques, qui les accusoient et menaçoient, au lieu de les secourir ou consoler ! […] Nisard dans un chapitre dont il faut beaucoup rabattre, mais dont le fond est juste et vrai, ne créa pas les talents, mais il leur ouvrit la carrière et il les régla283. » Il offrait dans toute sa personne, dans son air, dans son langage, cette image de justesse, de mesure, de goût, de noblesse, de grandeur et d’unité, que reproduit la littérature de son temps.
Pour que la vérité touche les cœurs, l’orateur doit employer ces grandes et nobles figures, ces images vives et frappantes, ce style pathétique et sublime, qui remuent, agitent, entraînent les âmes. […] Son style clair, nombreux, élégant et fleuri, est plein d’onction et d’aménité : ses images sont revêtues du plus beau coloris : c’est par toute une abondance intarissable d’idées brillantes et magnifiques, une suite de tableaux vifs et naturels, qui enchantent l’imagination, éclairent l’esprit, et remuent fortement le cœur. […] Ses Sermons étincelants d’esprit, pleins de pensées justes et profondes, de raisonnements solides, et de portraits finis de nos mœurs, abondent en images et en sentiments.
Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil, ou plutôt de la torpeur de la nature : les insectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l’air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers, tout nous présente les images de la langueur et de la dépopulation ; mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante, et les feuillages renaissants, et les bocages revêtus de leur nouvelle parure, sembleraient moins frais et moins touchants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer.
Tantôt chez un auteur j’adopte une pensée, Mais qui revêt chez moi, souvent entrelacée, Mes images, mes tours, jeune et frais ornement ; Tantôt je ne retiens que les mots seulement.
J’ai la satisfaction de voir un avare, effrayé des images que je présente à sa cupidité, ouvrir ses trésors et les répandre d’une prodigue main ; d’arracher un voluptueux aux plaisirs, et de remplir d’ambitieux les ermitages.
Les images vives, les descriptions, les narrations animées figurent avec plus de succès dans l’histoire que les maximes ou pensées abstraites. […] Il prédit seulement que ses amis célébreraient ses funérailles par des batailles sanglantes, et il expira à la fleur de son âge, plein des tristes images de la confusion qui devait suivre sa mort.
Les autres ne sont que des symboles, des images, qui représentent quelque passion ou quelque vertu, comme la Discorde, la Paix, etc. […] Il faut lire cet admirable ouvrage tout entier pour en apprécier l’ensemble et le merveilleux, pour goûter la pompe du style, la hardiesse des figures, la vivacité des images, la noblesse des comparaisons, et, sous ces qualités, tout l’enjouement, toutes les grâces du comique.
Le premier est l’ascendant, c’est-à-dire une manière impérieuse de dire ses sentiments, que peu de gens peuvent souffrir, tant parce qu’elle représente l’image d’une âme fière et hautaine, dont on a naturellement de l’aversion, que parce qu’il semble que l’on veuille dominer sur les esprits et s’en rendre le maître… C’est encore un fort grand défaut que de parler d’un air décisif, comme si ce qu’on dit ne pouvait être raisonnablement contesté ; car l’on choque ceux à qui l’on parle de cet air, ou en leur faisant sentir qu’ils contestent une chose indubitable, ou en faisant paraître qu’on leur veut ôter la liberté de l’examiner et d’en juger par leur propre lumière1, ce qui leur paraît une domination injuste.
Il a une brusquerie pittoresque, des images parlantes, des boutades spirituelles, un style énergique et allègre qui a le goût du terroir ; par ses pétulances d’imagination, il trahit le compatriote de Montaigne et d’Henri IV.
C’est la baignoire des oiseaux, le miroir du ciel, l’image de la vie, un chemin courant. » 1.
Fléchier, par exemple, dans l’oraison funèbre de Turenne : « N’attendez pas de moi, Messieurs, que j’ouvre à vos yeux une scène tragique ; que je vous montre ce grand homme étendu sur ses propres trophées ; que je vous découvre ce corps pâle et sanglant, auprès duquel fume encor la foudre qui l’a frappé ; que je fasse crier son sang comme celui d’Abel ; que je rassemble à vos yeux les tristes images de la Religion et de la Patrie éplorées.
Que votre âme et vos mœurs, peintes dans vos ouvrages, N’offrent jamais de vous que de nobles images.
Les grandes images, les figures hardies y sont à leur place ; une harmonie constante doit enchanter l’oreille et l’imagination ; enfin, la simplicité, jointe à la majesté sublime, doit faire de cet ouvrage le chef-d’œuvre de l’esprit humain13.
Je soupais de grand appétit ; dans mon petit domestique, nulle image de servitude et de dépendance ne troublait la bienveillance qui nous unissait tous1. […] Je dispose en maître de la nature entière ; mon cœur, errant d’objet en objet, s’unit, s’identifie à ceux qui le flattent, s’entoure d’images charmantes, s’enivre de sentiments délicieux.
Rejetez donc ces idées, ou changez-les en images, donnez-leur une teinture plus vive.
Il faut que vous ayez beaucoup d’art pour déguiser ainsi en petits contes les instructions les plus importantes que la morale puisse donner, et pour couvrir vos pensées sous des images aussi justes et aussi familières que celles-là.
Tout offre l’image de la fertilité et du printemps.
Il y a là comme une cascade de génitifs : c’est un défaut ; mais l’image est neuve.
Et de fait, les aiguillons que Périclès laissait dans les âmes, les tonnerres qu’il excitait dans les assemblées, les noms de Jupiter et d’Olympien que l’on lui donna, et le temple de la déesse Persuasion, qu’elle-même, selon le dire commun, avait bâti sur ses lèvres, que sont-ce autre chose que des marques et des images de cette monarchie spirituelle4, fondée par la parole dans un état populaire, et de cette espèce de divinité qu’un homme représentait sur la terre ?
Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !
On aurait cru voir un de ces anciens Romains, un de ces vieux républicains, un modèle des premiers temps de Rome, une image fidèle des vieilles mœurs, une colonne de la république.
Cette image des mots qui, comme les feuilles de l’arbre, jaunissent et se fanent, pour que d’autres reverdissent à leur place, est aussi juste que poétique.
Image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince2.
, v. 638 : Devenere locos lætos et amœna vireta Fortunatorum nemorum… Le style de Fénelon est partout nourri et animé d’idées et d’images empruntées aux poëtes anciens.
Dans l’état où j’étais, de quoi m’aurait servi l’image d’un législateur heureux et comblé de gloire ?
La sœur d’Ivan Nariskin, les autres princesses épouvantées vont dans la retraite où Jean Nariskin est caché ; le patriarche le confesse, lui donne le viatique et l’extrême-onction ; après quoi il prend une image de la vierge qui passait pour miraculeuse, il mène par la main le jeune homme, et s’avance aux strélitz en leur montrant l’image de la Vierge.
Tout cela fournit des faits, des observations, des images à combiner, et l’invention n’est rien autre chose ; plus riche est la mine, plus l’exploitation est facile et productive.
Aristote, Horace, Scaliger, Vida, la Fresnaie-Vauquelin, Regnier, Boileau, toutes les poétiques et les rhétoriques ont présenté une image plus ou moins fidèle des modifications successives que l’âge apporte à nos mœurs : Ætatis cujusque uotandi sunt tibi mores.
Dans l’autre, on présente une succession graduée d’images et de sentiments qui enchérissent toujours les uns sur les autres.
Tantôt il adresse à Dieu ses ferventes prières en faveur du pécheur repentant ou obstiné : ainsi Massillon dans la magnifique péroraison du sermon sur le petit nombre des élus ; tantôt il développe quelqu’un de ces psaumes, si féconds en images gracieuses et brillantes : ainsi la paraphrase du De profundis par le même orateur, à la fin de sa belle homélie sur le Lazare.
Quand il ne s’embellit pas en dérobant des nuances aux objets qui l’approchent, il s’embellit par le contraste. » Voilà une image sensible des comparaisons et des antithèses.
Je pense en effet que l’éloquence ne peut s’apprendre, parce qu’elle est un don naturel que ni l’expérience ni l’étude ne sauraient donner, et qui tient à la délicatesse des organes, à la vivacité des impressions et à la facilité de les exprimer par des images sensibles.
Voyez ce tableau du pécheur mourant : « Alors le pécheur mourant ne trouvant plus dans le souvenir du passé que des regrets qui l’accablent ; dans tout ce qui se passe à ses yeux, que des images qui l’affligent ; dans la pensée de l’avenir, que des horreurs qui l’épouvantent : ne sachant plus à quoi avoir recours, ni aux créatures qui lui échappent, ni au monde qui s’évanouit, ni aux hommes qui ne sauraient le délivrer de la mort, ni au Dieu juste qu’il regarde comme un ennemi déclaré, dont il ne doit plus attendre d’indulgence, il se roule dans ses propres horreurs ; il se tourmente, il s’agite pour fuir la mort qui le saisit, ou du moins pour se fuir lui-même.
En vain dira-t-on que ce n’est point là le ton dramatique, que le théâtre tragique ou comique est l’image de la vie humaine, que les hommes entre eux ne parlent pas ainsi, etc.
Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses, qui tendent toutes au même sujet.
Le Barbier de Séville (1775) et surtout le Mariage de Figaro (1784) sont l’image peu flattée d’une société qui court gaiement à une révolution où elle périra corps et biens.
« La règle, dit fort bien Condillac, est que, quand on veut exprimer une même chose par plusieurs périphrases, les images soient dans une certaine gradation, qu’elles ajoutent successivement les unes aux autres, et que tout ce qu’elles expriment convienne également, non-seulement à la chose dont on parle, mais encore à ce qu’on en dit. » On a appelé pronomination la périphrase qui remplace un seul nom.