J’avais, pour me déterminer, une autorité plus imposante encore, celle de Fénelon : « Une excellente rhétorique, dit-il, serait bien au-dessus d’une grammaire et de tous les travaux bornés a perfectionner une langue.
De Maistre 1753-1821 [Notice] Né à Chambéry, dans une province où notre langue fut souvent parlée avec distinction, patricien de vieille roche, ancien sénateur du Piémont, représentant d’un souverain à demi dépouillé, ministre plénipotentiaire de Sardaigne à la cour de Russie, Joseph de Maistre voua une haine irréconciliable à toutes les idées de la Révolution, et s’institua le défenseur du droit divin sous toutes ses formes.
Les autres langues anciennes nous ont conservé moins fidèlement leurs chants pieux.
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue.
Voici un logogriphe français qui passe pour être le plus ancien en notre langue. […] Quant aux inscriptions qui ont été faites en notre langue, une des plus belles que je puisse citer pour un monument, est celle que fit Piron, lorsque le village d’Arcy ayant été réduit en cendres, M.
Nisard a dit de cette poésie délicieuse : « Elle s’épanche en des vers d’une harmonie que Racine même n’a pas connue : ce charme ne cessera qu’avec la langue française2. » Priére de l’indigent O toi dont l’oreille s’incline Au nid du pauvre passereau, Au brin d’herbe de la colline Qui soupire après un peu d’eau ; Providence qui les console, Toi qui sais de quelle humble main S’échappe la secrète obole Dont le pauvre achète son pain ; Charge-toi, seule, ô Providence, De connaître nos bienfaiteurs, Et de puiser leur récompense Dans les trésors de tes faveurs ! […] Jamais la langue poétique n’a déployé plus de souplesse.
Il faut alors qu’il connoisse toutes les richesses de la langue dans laquelle il écrit, pour exprimer ces objets avec une élégante noblesse. […] Je vais essayer de donner en notre langue une idée de ce beau morceau. […] Quant à la poésie, lés Anglais le regardent comme un des plus beaux morceaux qu’ils aient en leur langue. […] Le premier, qui est de Thompson, poëte anglais, a été fort bien traduit en notre langue, par Madame ds. […] Voilà pourquoi cette pièce n’a été traduite dans aucune langue étrangère : elle ne pouvoit intéresser que les Français.
C’est la langue de Racine, pour l’élégance et la pureté.
Ainsi, quand le poète et l’orateur embrasseront la totalité d‘un objet, en présenteront une complète, ils définiront philosophiquement le premier avec des images et des sentiments, comme le comporte la langue poétique ; le second avec les mouvements propres à l’éloquence. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans des langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. […] Voilà les deux héros en présence, ici commence un des plus beaux tableaux que possède notre langue.
« Un comptoir, dit Philippon, n’est pas l’Académie ; mais puisque l’on y écrit des lettres en langue française, encore faut-il que cette langue n’y soit pas estropiée sous la plume des commis. » Bannissez donc de ces sortes de lettres les expressions suivantes : Nous vous retournons, ou nous réciproquons ; en date de la vôtre du 10 courant ; nous vous confirmons notre précédente ; en conséquence de votre honorée de tel jour ; les cotons sont en baisse, il n’en est pas de même de la considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être… n’employez jamais que les locutions et les termes qu’avouent la grammaire et le bon usage ou la bonne compagnie. […] Je suis un petit vieillard indiscret qui me suis laissé toucher par les prières d’un de vos sujets nommé Rose, Livonien de nation, marchand de profession, qui est venu apprendre la langue française à Ferney ; peut-être n’a-t-il pu mériter vos bontés que j’osais réclamer pour lui.
Sa langue musicale et pittoresque produit, par l’arrangement des sons et le choix des mots, des effets d’harmonie et de couleur qui enchantent l’oreille et les yeux. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée.
Tout charme en un enfant dont la langue sans fard, A peine du filet encor débarrassée, Sait d’un air innocent bégayer sa pensée.
. — L’orthographe est la manière d’écrire correctement tous les mots d’une langue.
L’ensemble de ces modèles, qui s’enchaînent, se continuent et s’expliquent les uns les autres, devient ainsi l’abrégé d’une histoire agissante et vivante, qui nous permet de suivre les progrès ou les transformations de la langue nationale, comme on descend le cours d’un beau fleuve dont les eaux s’abandonnent à leur pente, et reflètent les paysages de leurs rives.
La légèreté dans le comique, une ironie tempérée de belle humeur et de bonhomie, l’agilité du récit, des mots vifs et piquants, nulle prétention, l’horreur du solennel et du faux, le bon sens, la franchise, le naturel, une langue nette et saine : tels sont ses traits distinctifs.
Verte, alerte, penétrante, sa langue a des rudesses et des vivacités gauloises ; il procède par petites phrases brèves et incisives, qui ont un rythme poétique.
L’ensemble de ces modèles, qui s’enchaînent, se continuent et s’expliquent les uns les autres, devient ainsi l’abrégé d’une histoire agissante et vivante, qui nous permet de suivre les progrès ou les transformations de la langue nationale, comme on descend le cours d’un beau fleuve dont les eaux s’abandonnent à leur pente, et reflètent les paysages de leurs rives.
L'hellénisme (de ελληνισµος, imitation des Grecs) consiste à imiter dans le discours certaines manières de parler, certains tours de phrase particuliers à la langue grecque. […] Chaque langue a des métaphores particulières qui ne sont point en usage dans une autre langue. […] La langue, qui est le principal organe de la parole, a aussi prêté son nom pour désigner l’idiome ou le langage des différentes nations. Ainsi, l’on dit : la langue latine, la langue française, etc. […] Boileau, dans le second chant du Lutrin, nous offre aussi un bel exemple de gradation descendante : « …… La Mollesse oppressée « Dans sa bouche, à ces mots, sent sa langue glacée ; « Et, lasse de parler, succombant sous l’effort, « Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort. » V de la litote.
La chair changera de nature, le corps prendra un autre nom ; même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps : il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue.
La prophétie de Joad, dans l’Athalie de Racine, reproduit avec un bonheur incomparable le mouvement lyrique des Livres sacrés : aussi n’avons-nous rien de plus beau dans notre langue.
Sa prose se recommande par un tour net et vif, admirablement approprié au génie de notre langue.
Marmontel nous en indique la différence en ces termes : « L’une trace la méthode et l’autre la suit ; l’une enseigne les moyens et l’autre les emploie ; l’une indique les sources et l’autre y va puiser ; l’une abat une forêt de matériaux et l’autre en fait le choix et les met en œuvre avec intelligence ; et enfin l’éloquence est née avant les règles de la rhétorique, de même que les langues se sont formées avant la grammaire. » Laissons un instant parler Buffon sur ce sujet ; il nous expliquera clairement comment il comprend l’éloquence, et quelle différence il établit entre elle et cet avantage dont la plupart des hommes sont doués de parler avec une certaine facilité naturelle.
Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.
C’est le premier de nos auteurs qui ait écrit supérieurement, dans ses moments heureux, notre langue parvenue à sa maturité.
Sainte-Beuve, quelle science, quelle langue et quelle littérature d’Aguesseau ne savait pas.
Nulle part notre langue n’a plus de prestesse et d’agilité ; nulle part on ne trouve mieux ce vif et clair langage que le vieux Caton attribuait à la nation gauloise au même degré que le génie de la guerre. » Quant au passage que nous avons choisi, il suffira de rappeler que Montesquieu, qui jugeait Voltaire avec beaucoup de sévérité, trouvait cependant admirable le récit de la retraite de Schullembourg : c’est, disait-il, « l’un des morceaux les plus vifs qui aient jamais été écrits ».
Toutes les langues et tous les peuples l’adorent3 ; tout le monde lui sacrifie : et ces fifres, et ces trompettes, et ces hautbois, et ces tambours qui résonnent autour de la statue, n’est-ce pas le bruit de la renommée ? […] Mais ici notre imagination nous abuse encore ; la mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure : notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes ! […] Il n’y aura plus sur la terre aucun vestige de ce que nous sommes : la chair changera de nature ; le corps prendra un autre nom ; « même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps ; il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue » : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes.
. ; ce sont là plutôt des formes particulières que des genres de poèmes, et qui appartiennent spécialement à notre vieille langue.
C’est la première fois, depuis Commines, que la langue française traite de grands intérêts, avec l’éloquence d’une passion convaincue.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.
« Bien que l’on cultive particulièrement la langue allemande dans les écoles ecclésiastiques de mon diocèse, dit le savant Évêque, je ne désire pas moins que votre bel ouvrage, y devienne classique. » Déjà bon nombre de petits séminaires et d’institutions ont adopté le Cours complet de littérature.
Pour le genre gracieux et le familier, nous en avons une foule en notre langue. […] Tu fouleras aux pieds leurs veines déchirées ; Et les chiens tremperont leurs langues altérées Dans les flots de leur sang. […] Notre langue n’offre peut-être rien de plus beau. […] Né, en 1555, dans un siècle qui sortait à peine de la barbarie, il connut le premier le génie de notre langue, et fut, parmi nous, le père de la haute poésie.
Leur bec est une aiguille fine, et leur langue un fil délié ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants ; les plumes de leurs ailes sont si délicates qu’elles en paraissent transparentes. […] On le voit s’arrêter ainsi quelques instants devant une fleur, et partir comme un trait pour aller à une autre ; il les visite toutes, plongeant sa petite langue dans leur sein, les flattant de ses ailes, sans jamais s’y fixer, mais aussi sans les quitter jamais.
Pendant ce temps, l’Italie avait sa langue déjà fixée ; elle chantait avec Dante et Pétrarque, elle écoutait les contes de Boccace, que Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, devait imiter en France ; mais ces contes sont des récits d’aventures, et non des études de caractères et de mœurs.
Ces ouvrages furent écrits en latin corrompu, nommé Romain rustique ou Langue romane, d’où leur est venu leur nom.
Cet estimable auteur a rendu aussi en notre langue un très beau discours de Lycurgue, qu’il ne faut pas confondre avec le législateur de Lacédémone ; ceux d’Andocide, remarquables par le naturel et le touchant ; ceux d’Isée, qui ne roulant que sur des affaires de particuliers, peuvent mieux servir de modèle à l’avocat, pour la netteté, la précision et la force du raisonnement ; ceux de Dinarque, qui n’annoncent pas un bien grand talent ; et un fragment de Démade. […] Du Ryer, Gillet, et l’abbé Maucroix, ont mis en notre langue plusieurs Oraisons de Cicéron. […] L’homme d’État est obligé, peut-être plus que personne, de savoir bien sa langue et de l’écrire correctement, de connaître la valeur des mots, et l’art de les bien placer.
L’agilité du récit, des mots vifs et piquants, nulle prétention, l’horreur du solennel et du faux, le bon sens, la franchise, le naturel, une langue nette et saine : tels sont ses mérites.
Nous ne disposons ni de l’esprit ni de la langue des hommes ; nous ne rendrons compte de leurs actions qu’autant que nous y aurons donné occasion : mais nous rendrons compte de nos actions, de nos paroles et de nos pensées.
Bien que l’on cultive particulièrement la langue allemande dans les écoles ecclésiastiques de mon diocèse, je ne désire pas moins que votre bel ouvrage y devienne classique.
La nature, dit Horace, nous a disposés d’avance à toutes les impressions, et la langue est un interprète fidèle des mouvements du cœur. […] Ce ne fut que bien tard que leur langue eut l’élégance et la flexibilité qu’exige l’éloquence. […] Leur langue n’a pas assez de mots, leur poitrine assez d’élan, leur éloquence assez de figures, pour suffire à cette tâche. […] Pourquoi donc cette précipitation qui donne l’idée d’un écolier récitant sa leçon avec toute la volubilité dont sa langue est susceptible ? […] devant eux avec une mâle vigueur ; non, la langue les forme tout doucement, et les amène posément sur le bord des lèvres où elles expirent.
Nicocréon, tyran de Chypre, menaca le philosophe Anaxarque de lui faire couper la langue. — 10. […] Ils ressemblaient aux Latins par la langue et les mœurs. […] Il suffit d’une année à Thémistocle pour apprendre à parler parfaitement la langue persane. — 4. […] Apis est le dieu qu’adore toute la nation ; c’est un bœuf noir, marqué de certaines taches déterminées, et différent des autres bœufs par la queue et la langue. […] Caton fut sans aucun doute d’un caractère âpre, et d’une langue mordante. — 13.
D’ailleurs, cette gradation, indispensable pour le thème, où l’enfant reproduit dans un idiome inconnu des pensées exprimées dans sa langue maternelle, ne nous a pas semblé rigoureusement nécessaire pour la version, où le traducteur est placé dans des conditions inverses.
Là où les imaginations ont perdu cette première candeur, le poète épique ne saurait naître ; il appartient à la jeunesse des nations et des idiomes ; seulement, si la nation est rude et l’idiome grossier, on a ces longs récits en vers qui amusaient nos aïeux ; si, au contraire, la nouvelle langue est belle et forte dès son origine, on entend la voix du Dante.
Deux qualités principales sont essentielles à une bonne prononciation, l’exactitude et la distinctivité : 1° la prononciation est exacte quand on prend le soin de donner à chaque syllabe le son qui lui est assigné par l’usage adopté par les bons grammairiens ; quand on ne fait point entendre les consonnes ou les voyelles qui dans la langue jouent un rôle purement passif et grammatical, par exemple : les ent qui terminent certains temps des verbes comme parlent agissent le t, le s le r. dans un très grand nombre de mots, comme dans fait, dirait, abstrait, agis, permis, le souper, le dîner ; et tous les verbes en er devant une consonne, etc. […] Le visage est ce qu’on observe le mieux dans l’orateur ; le rôle de toutes les passions s’y dessine, il a un langage muet que tous les hommes entendent, quels que soient leur pays, leur langue, leur ignorance. […] Les mots Marie-Therèse, Marie-Louise, Sophie d’Argence, etc., sont, pour cette raison, exclus de la langue poétique.
Denys d’Halicarnasse, ainsi appelé du nom de cette ville de la Carie, où il était né vers l’an 60 avant Jésus-Christ, ayant été à Rome, qu’il habita pendant 25 ans, y composa en langue grecque l’Histoire des antiquités romaines, divisée en vingt livres. […] La narration de cet historien est nette, la morale sage, et le style pur, à quelques mots près, qui se ressentent de la décadence de la langue latine.
Resserrer un événement illustre et intéressant dans l’espace de trois heures ; ne faire paraître les personnages que quand ils doivent venir ; former une intrigue aussi vraisemblable qu’attachante ; ne rien dire d’inutile ; instruire l’esprit et remuer le cœur ; être toujours éloquent en vers, et de l’éloquence propre à chaque caractère que l’on représente ; parler sa langue avec autant de pureté que dans la prose la plus châtiée, sans que la contrainte de la rime paraisse gêner les pensées ; ne pas se permettre un seul vers dur, ou obscur ou déclamatoire : ce sont là les conditions qu’on exige aujourd’hui d’une tragédie pour qu’elle puisse passer, à la postérité avec l’approbation des connaisseurs160. » § 73. […] Ses dispositions naturelles, son caractère observateur, son talent de style sont certainement pour beaucoup dans le succès qu’il a obtenu ; mais les mœurs françaises, nos habitudes de société, le ton de notre conversation, notre langue enfin y sont aussi pour quelque chose ; et ce qui le prouve, c’est cette suite de poètes comiques du plus grand talent, que nous avons eus depuis sa mort, et cette innombrable quantité de comédies qu’ils nous ont données et dans lesquelles on trouve toujours, jusque dans les plus faibles, plus ou moins des qualités qu’il a mises dans les siennes.
Je m’imagine même que si nous avions été de leut temps, la connaissance exacte des mœurs et des idées des divers siècles, et des dernières finesses de leurs langues, nous aurait fait sentir des fautes que nous ne pouvons plus discerner avec certitude. […] Je suis d’autant plus touché de ce que nous avons d’exquis dans notre langue, qu’elle n’est ni harmonieuse, ni variée, ni libre, ni hardie, ni propre à donner de l’essor, et que notre scrupuleuse versification rend les beaux vers presque impossibles dans un long ouvrage1.
Il n’est donc pas étonnant que ce magnifique sujet soit devenu, entre ses mains, l’un des plus beaux monuments de notre langue.
Un vieux critique français, J. du Bellay, l’a énergiquement reproduite dans sa Défense et illustration de la langue françoise.
La rhétorique est cette langue d’Esope, la meilleure ou la pire des choses, selon l’emploi qu’on en fait ; mais toujours à l’abri elle-même de toute responsabilité, quel que soit ou l’usage ou l’abus.
Il n’était pas congru2 dans sa langue, mais il parlait avec une force qui suppléait à tout cela ; et il était naturellement si hardi, qu’il ne parlait jamais si bien que dans le péril.
Environné et accablé dans ses audiences d’une foule de gens, du menu peuple pour la plus grande partie, peu instruits même de ce qui les amenait, vivement agités d’intérêts très-légers et souvent très-mal entendus, accoutumés à mettre à la place du discours un bruit insensé, il n’avait ni l’inattention ni le dédain qu’auraient pu s’attirer les personnes ou les matières ; il se donnait tout entier aux détails les plus vils, ennoblis à ses yeux par leur liaison nécessaire avec le bien public ; il se conformait aux façons de penser les plus basses et les plus grossières ; il parlait à chacun sa langue, quelque étrangère qu’elle lui fût ; il accommodait la raison à l’usage de ceux qui la connaissaient le moins ; il conciliait avec bonté des esprits farouches, et n’employait la décision d’autorité qu’au défaut de la conciliation.
C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4.
Beauzée1, qui y fut admis pour ses connaissances dans la langue française.
Ils abordent ensemble, ils s’élancent des mers ; Leurs yeux rouges de sang lancent d’affreux éclairs, Et les rapides dards de leur langue brûlante S’agitent en sifflant dans leur gueule béante. […] Outre la hache, qui, de leur nom, s’appelait francisque, ils avaient une arme de trait qui leur était particulière, et que, dans leur langue, ils nommaient hang, c’est-à-dire hameçon. […] Pour sucer quelque liqueur, les lèvres servent de tuyau et la langue sert de piston. […] La langue est un archet qui, battant sur les dents et sur le palais, en tire des sens exquis. […] Qui voudra dire que la langue et les lèvres, avec leur prodigieuse mobilité, ne sont pas faites pour former la voix en mille sortes d’articulations, ou que la bouche n’a pas été mise à la place la plus convenable pour transmettre la nourriture à l’estomac ?
Et quelle raison de me reprocher, à moi, certaines innovations utiles, peut-être, quand la plume de Caton et d’Ennius sut enrichir la langue nationale d’une foule de mots qui n’existaient pas ? […] Et ce bassin magnifique, chef-d’œuvre d’une main royale, ce port où Neptune voit flotter nos vaisseaux à l’abri des aquilons ; et ce marais longtemps stérile, longtemps battu par la rame, aujourd’hui terre nourricière que sillonne la pesante charrue ; et ces digues puissantes par qui un fleuve, jadis funeste aux moissons, apprit à suivre un cours meilleur : hélas, tous les ouvrages des mortels périront : et la langue seule garderait une fraîcheur, une grâce inaltérable ! […] 154 Et pourquoi moi, 155si je puis acquérir (créer) 156des mots peu-nombreux (quelques mots), 157suis-je envié (blâmé) : 158lorsque la langue 159de Caton et d’Ennius 160a enrichi le langage 161de-notre-pays (de-nos-pères), 162et a mis-en-avant 163des noms nouveaux de choses ? […] 303La nature, en effet, 304forme nous intérieurement d’abord 305à toute manière-d’être-extérieure 306des différentes fortunes : 307elle nous réjouit, 308ou elle nous pousse à la colère, 309ou elle nous abaisse vers la terre 310par le chagrin pesant, 311et elle nous tourmente ; 312ensuite, elle exprime 313les mouvements de notre âme 314 avec la langue interprète.
En effet, on peut assurer que celui qui traiterait l’épopée en prose avec imagination et intérêt, laisserait à désirer une partie qui n’est pas à dédaigner, surtout dans notre langue, la beauté de la versification, et aurait par conséquent un mérite de moins. […] A ceux qui refusent au Télémaque le titre de poème épique, parce que cet ouvrage n’est pas écrit en vers, Blair répond qu’il mérite le nom d’épopée, parce que la prose cadencée et poétique en est très harmonieuse, et prête au style à peu près toute l’élévation dont la langue française est susceptible, même en vers.
Au surplus, c’est toujours avec des armes très inégales que les modernes voudront lutter contre des morceaux d’une perfection aussi achevée ; et Delille est très excusable d’être resté ici au-dessous de Virgile, quand Dryden lui-même, Dryden qui écrivait dans une langue plus riche et plus poétique que la nôtre, est sec, lâche et froid dans ce même morceau8.
Paître, dans la langue sainte, c’est gouverner, et le nom de pasteur signifie le prince : tant ces choses sont unies. » 1.
Nous n’avons dans notre langue aucun traité de l’art oratoire qui renferme plus d’idées saines, ingénieuses et neuves. » 1.
Rousseau, c’est un des ouvrages les plus estimables de la langue française.
Elle avait pris le nom de Néron de la langue sabine, où Néro signifie brave. […] Elle était, suivant les poètes, d’une taille gigantesque, ayant des ailes, et autant d’yeux, d’oreilles, de bouches et de langues, que de plumes sut son corps.
Trouvez sur votre palette ces mille espèces de vert et de bleu que vous donne la nature ; trouvez-les dans un style à la fois net et flexible, dans une profonde connaissance et une grande habitude des ressources de la langue, dans un vocabulaire d’une étendue considérable, qui permette de rendre, tout en évitant le néologisme, les nuances les plus légères et les plus fugitives.
Ce qui prouve que la rime est un besoin de l’oreille, c’est qu’on la retrouve partout, chez les Chinois, les Indiens, les Arabes, et dans toutes les langues modernes.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.
« Prenez-le à l’ouverture du livre, dit-il, vous verrez qu’on ne trouve souvent dans chaque alinéa qu’une seule pensée énoncée avec autant d’élégance que de variété ; mais ses sermons sont si supérieurement écrits, si touchants, si affectueux, qu’on les trouve trop courts : c’est un ami qui vous embrasse en vous reprochant vos fautes ; et, malgré cette stérilité d’idées, dont l’esprit murmure quelquefois, le cœur est tellement satisfait, que Massillon vivra autant que la langue française ».
La langue de Platon lui devint familière comme la sienne ; l’éloquence lui apprit à parler aux hommes ; l’histoire lui apprit à les juger ; l’étude des lois lui montra la base et le fondement des états : il parcourut toutes les législations, et compara ensemble les lois de tous les peuples.
Rousseau et Lebrun le lyrique sont sans doute ceux qui ont fait le plus d’épigrammes proprement dites ; et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’elles sont presque toutes bonnes, tant cette forme acérée d’une pensée moqueuse est dans le goût du peuple français et dans le génie de notre langue.