Moins entreprenant que laborieux, moins courageux que résigné, pieux, soumis, indulgent, modeste, soucieux avant tout du repos et de la paix, aussi pressé de fuir la gloire que d’autres le sont de la rechercher, il se vit emporté malgré lui dans l’orageuse destinée de ses amis, et la fortune prit comme un malin plaisir à le jeter dans les controverses d’une polémique qui répugnait à son caractère.
Fortune aveugle | suit aveugle hardiesse. […] De six : Tous ceux que la Fortune Faisait leurs serviteurs. […] Devant un tribunal, l’avocat prouve le juste et l’injuste ; il discute une question de droit ; il poursuit la punition d’un crime : il défend la fortune ou la tête d’un accusé. […] Le bien, nous le faisons ; le mal, c’est la Fortune ; On a toujours raison, le Destin toujours tort. […] « Tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la fortune accumulée sur une seule tête, etc. » (Oraison funèbre de Henriette de France.)
Hère, n. m. homme sans mérite ou sans fortune.
Car, après tout, le malheur ne vous a frappée que d’un coté, tandis qu’à tout autre égard vous avez tant à vous louer de la fortune et de la nature, que quelqu’un qui ne saurait pas ce qu’elles vous ont ôté, en voyant ce qu’elles vous laissent, aurait de la peine à comprendre de quoi vous les accusez. […] La supposition qui suit, par laquelle on place le prince dans les revers de la fortune militaire, est fort ingénieuse, et pourrait à elle seule, avec très peu de développement suffire à un compliment parfait. […] Il se méfiait de la fortune de M. le doyen , que Racine vient d’obliger. […] Sa fortune se trouvait sans doute dans les caves de la banque, il recevait lui-même ses billets, en courant dans Paris d’une jambe sèche comme celle d’un cerf. […] méfiez-vous de la fortune, et souvenez-vous que de si grands préparatifs pour le court trajet de la vie sont moins un secours qu’un embarras, Vous êtes fier de votre pompe et de vos faisceaux ?
Tes desseins n’ont pas naissance Qu’on en voit déjà le bout ; Et la fortune, amoureuse De ta vertu généreuse, Treuve de si doux appas A te servir et te plaire, Que c’est la mettre en colère Que de ne l’employer pas.
Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, que du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse : la postérité, qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, et fait marcher de pair l’excellent poëte et le grand capitaine.
Faut-il pour cela que vous soyez obligé de représenter toujours un jeune homme dissipant sa fortune, et un vieillard ne songeant qu’à grossir son trésor ? […] Toutes les faveurs de la fortune, tout l’éclat imposant des dignités, toutes les douceurs d’un amour pur et honnête ne sont rien à ses yeux, en comparaison de la gloire dont se couvre le grand poëte. […] On doit tout à l’honneur et rien à la fortune. […] Que des traces du monstre on purge la tribune ; J’y monte, et mes talens voués à la fortune, Jusqu’à la prose encor voudra bien déroger. […] Le voici : Je fuis : ainsi le veut la fortune ennemie.
Dans les républiques anciennes, où les questions civiles et politiques se traitaient devant le peuple assemblé, les discours du genre délibératif étaient communs ; la fortune, la réputation, l’autorité, étaient attachées à la persuasion de la multitude ; le peuple était entraîné par les orateurs habiles et véhéments ; tout dépendait de la parole. […] Je ne manquerai à aucun de vous ; mais faites en sorte que ma fortune ne manque pas à la patrie, etc. […] Car il n’y avait que la parole qui fût à moi : je ne disposais ni des bras ni de la fortune, je n’avais aucun commandement militaire ; et il n’y a que toi d’assez insensé pour m’en demander raison. […] parce qu’il est injuste d’user cruellement du pouvoir que la fortune nous donne sur celui qu’elle avait naguère placé au premier rang parmi les hommes. […] Seule, la femme de ce malheureux citoyen, fondant en larmes, et se jetant aux pieds du vainqueur : Épargnez-nous, dit-elle, et au nom de tout ce que vous avez de plus cher, prenez pitié de nous ; n’immolez pas une famille qui respire à peine ; soyez modéré dans la fortune ; nous fûmes heureux comme vous ; songez que vous êtes homme.
Il professa la rhétorique avec succès, et eut l’art de concilier deux choses, devenues presque inconciliables depuis, la fortune et la réputation.
Charles était un jeune prince, non pas seulement ennemi de toute mollesse, mais amoureux des plus violentes fatigues et de la vie la plus dure ; recherchant les périls par goût et par volupté ; invinciblement opiniâtre dans les extrémités où son courage le portait ; enfin, c’était Alexandre, s’il eût eu des vices et plus de fortune.
La fortune, en le donnant à un siècle de guerre, a laissé au second toute son étendue.
Laborieux, patient, arrivant à l’heure de la fortune comme il arrivait à l’heure d’un dîner ou d’un meeting, il alla au pas toute sa vie, et eut la ponctualité d’une montre bien réglée.
Toutefois, bien qu’il ait « placé sa fortune en viager1 », on ne saurait lui refuser la grâce, le caprice, l’étincelle, le don de l’à-propos, l’art de rendre des riens agréables.
Les mécomptes d’une âme généreuse et élevée, mais plus habituée à se contempler qu’à se vaincre, de précoces infirmités, une fortune gênée, attristèrent la vieillesse de M. de Chateaubriand. […] Leur chef était le dernier descendant de ce Vercingétorix qui balança si longtemps la fortune de Jules. […] Il se tourne vers la légion chrétienne : « Braves soldats, la fortune de Rome est entre vos mains. […] Telle fut la source de la fortune des petits souverains de l’Île-de-France, que nous appelons rois de la troisième race. […] Thiers, qui, par sa vie comme par ses ouvrages, a montré qu’il n’acceptait pas cette mauvaise complicité avec la fortune.
Nous disons que l’âme de l’homme est un feu inextinguible et perpétuel ; qu’elle est originaire du ciel ; que c’est une partie de Dieu même1 : et par conséquent qu’il y a bien plus d’apparence qu’elle se ressente de la noblesse de sa race que de la contagion de sa demeure ; qu’il est bien plus à croire qu’elle dure, pour se réunir à son principe, pour acquérir la perfection de son être, pour devenir raison toute pure, qu’il n’est à croire qu’elle finisse, pour tenir compagnie à la matière, pour s’éloigner de sa véritable fin, pour courir la fortune de ce qui est son contraire plutôt que son associé.
Jaloux de la fortune des autres dans le temps qu’il est l’objet de leur jalousie, toujours envieux et toujours envié, s’il fait des vœux pour changer d’état, le ciel irrité ne les exauce souvent que pour le punir.
C’est-à-dire Stanislas Leczinski, et celui à qui devait la couronne, Charles XII, roi de Suède, alors au comble de la fortune.
Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idées1 quelque nouvelle réformation ; et si je pensais qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serais très-marri2 de souffrir qu’il fût publié.
Monsieur de Bayard qui avait en quelque pique auparavant avec lui, respondit : « J’eusse fort voulu et qu’il eust ainsi plu à Dieu, que vous m’eussiez donné cette charge honorable, en fortune plus favorable à nous autres qu’à cette heure ; toutefois de quelle manière que la fortune traitte avec moy, je ferai en sorte que tant que je vivray, rien ne tombera entre les mains de l’ennemy, que je ne le deffende valeureusement. » Ainsi qu’il le promit, il le tint ; mais les Espagnols et le marquis de Pescayre, usans de l’occasion, furent trop importuns à chasser les Français, qu’ainsi que monsieur de Bayard les faisait retirer toujours peu à peu, voici une grande mousquetade qui donna à monsieur de Bayard, qui lui fracassa tous les reins. […] Le morceau que nous citons ici est écrit d’un style noble et harmonieux : il exprime avec force et grandeur la vanité des choses de ce monde, l’instabilité de la fortune et les consolations puissantes de la religion : nous le devons à M.
. — Qu’il est beau, après les combats et le tumulte des armes, de savoir encore goûter ces vertus paisibles et cette gloire tranquille qu’on n’a point à partager avec le soldat, non plus qu’avec la fortune ; où tout charme et rien n’éblouit ; qu’on regarde sans être étourdi ni par le son des trompettes, ni par le bruit des canons, ni par les cris des blessés ; où l’homme paraît tout seul aussi grand, aussi respecté que lorsqu’il donne des ordres, et que tout marche à sa parole » !
Au sortir de l’adolescence, il vint de son pays, à pied, chercher à Paris la fortune : il ne devait y trouver que les déceptions, les dégoûts et la misère.
Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit, au front de ceux que le luxe environne, Que la fortune veut ce qu’on croit qu’elle donne. […] Dans le palais des rois cette plainte est commune : On n’y connaît que trop les jeux de la fortune, Ses trompeuses faveurs, ses appas inconstants. […] Telle est celle-ci qu’on lit dans l’Ode à la Fortune, par J. […] Il faut que sa morale soit toujours revêtue des plus brillantes couleurs, et animée de tout le feu de la poésie, comme on le voit dans l’une des deux strophes que j’ai citées de l’Ode à la Fortune, et dans le plus grand nombre des autres odes du même poète.
« Turenne meurt ; tout se confond ; la fortune chancelle ; la victoire se lasse ; la paix s’éloigne : les bonnes intentions des alliés se ralentissent ; le courage des troupes est abattu par la douleur, et ranimé par la vengeance : tout le camp demeure immobile ; les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite, et non aux blessures qu’ils ont reçues, etc. ».
Eh bien, nous protesterez-vous que toutes ces passions vous aient agité, que votre noble cœur ait aussi connu l’envie, l’envie de l’autorité et de la fortune, potestatis atque fortunœ, méritées même par des services réels et honorables, tum si erunt honestiora merita atque graviora !
Si dans la carrière du comédien, longtemps pour lui aventureuse et errante, il finit par trouver la réputation et même la fortune, on sait trop qu’il ne trouva pas le bonheur.
. — Comme il s’en faut bien que ma fortune approche de sa médiocrité d’or, je ne vous donnerai que des fraises et du lait dans des terrines ; mais vous aurez le plaisir d’entendre les rossignols chanter dans les bosquets des dames anglaises, et de voir leurs pensionnaires folâtrer dans le jardin4 La patrie Lorsque j’arrivai en France sur un vaisseau qui venait des Indes, je me rappelle que les matelots, en vue de la patrie, devinrent pour la plupart incapables d’aucune manœuvre.
Toutes les choses de la terre, Gloire, fortune militaire, Couronne éclatante des rois, Victoire aux ailes embrasées, Ambitions réalisées, Ne sont jamais sur nous posées Que comme l’oiseau sur les toits.
Mais, 1re Circonstance, jamais son cœur ne se sentit plus cruellement déchiré, et il n’eut par lui-même aucune part à nos disgrâces. 2e Circonstance ; il eut le mérite des cœurs droits et des grandes âmes, en se condamnant lui-même. 3e Circonstance ; quoiqu’abandonné à sa mauvaise fortune, il refusa constamment tous les avantages qui auraient pu la relever, mais qui, en la relevant, lui auraient été un obstacle à son rétablissement dans les bonnes grâces et dans l’obéissance du Roi. 4e Circonstance ; il n’omit rien de ce qui dépendait de lui pour disposer les choses à la paix. 5e Circonstance ; il eut le plus grand soin, après son retour, de réparer ses malheurs par le redoublement de ses services. […] Après avoir comparé le grand Corneille aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes, dit-il, ne s’honore pas moins que des Thémistocle98, des Périclès99, des Alcibiade100, qui vivaient en même temps qu’eux, il continue ainsi : « Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les états, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres, et de ce corps dont vous faites maintenant partie : du moment que des esprits sublimes passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que durant leur vie la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse. […] « Mes compagnons, leur dit-il, si vous courez aujourd’hui ma fortune, je cours aussi la vôtre.
Si la carrière d’Alexandre eut été plus longue, il eût trouvé au bout les épines des roses dont la fortune l’avait couronné. […] Vous faites bien de prendre le temps, tandis que vous l’avez et de jouir des douceurs de la vie que la fortune vous donne. […] Richelieu, Mazarin, ministres immortels, Jusqu’au trône élevés de l’ombre des autels, Enfants de la fortune et de la politique, Marchèrent à grands pas au pouvoir despotique.
« La naissance, la beauté, la force, la puissance, la richesse et les autres biens que dispense la fortune, ne méritent point par eux-mêmes, dit Cicéron, les louanges qui ne sont dues qu’à la vertu. Cependant, comme cette vertu se montre surtout dans l’usage modéré qu’on fait de ces biens, il faut parler des dons de la fortune et de la nature dans les panégyriques. […] On n’admire pas moins la vertu qui supporte l’adversité avec courage, qui ne se laisse pas abattre par la mauvaise fortune, et qui conserve de la dignité au milieu des revers. […] On examine le rang, l’éducation, la profession, la fortune, l’âge, la réputation, le caractère, les mœurs, les relations, les attachemens, les inimitiés ; on pèse les paroles, on compare les déclarations, on apprécie le nombre et la concordance des témoignages, etc…. […] Les lieux d’où se tirent les argumens concernant la personne sont l’origine, la nation, la patrie la parenté, le sexe, l’âge, l’éducation, le tempérament, la fortune, le rang, la profession, le caractère, les mœrs, les habitudes, les goûts, les passions et autres attributs semblables.
Or, ce crédit vient du rang, de la considération, de la fortune, de l’âge, du savoir, de l’expérience. […] Puisqu’il n’y a aucune différence entre vos courages, que la force du corps décide donc ce que l’égalité de vos mérites n’eût jamais décidé. » L’auteur de la Pharsale, Lucain, prête à l’inflexible Caton un discours où se reflètent, avec une admirable expression des mœurs oratoires et philosophiques, la mâle vertu et la haute raison du grand homme, supérieur aux coups de la fortune. […] si la fortune perd ses menaces contre le boulevard de la vertu ? […] Ceux même qui ne le connurent pas, pleureront Germanicus, vous le vengerez, vous, si vous teniez plus à sa personne qu’à sa fortune. […] On fut longtemps à délibérer et, dans une affaire aussi délicate, on crut qu’il fallait tout donner au conseil, et ne rien laisser à la fortune.
La tyrannie d’un prince ne met pas un État plus près de sa ruine que l’indifférence pour le bien commun n’y met une république… Quand il faut faire la fortune des amis et des parents de tous ceux qui ont part au gouvernement, tout est perdu : les lois sont éludées plus dangereusement qu’elles ne sont violées par un prince qui, étant toujours le plus grand citoyen de l’État, a le plus d’intérêt à sa conservation. Des anciennes mœurs, un certain usage de la pauvreté, rendaient à Rome les fortunes à peu près égales ; mais à Carthage, des particuliers avaient les richesses des rois.
Ils n’aspirent enfin qu’à des biens passagers, Que troublent les soucis, que suivent les dangers ; La mort nous les ravit, la fortune s’en joue5 Aujourd’hui dans le trône et demain dans la boue ; Et leur plus haut éclat fait tant de mécontents, Que peu de vos Césars en ont joui longtemps. […] Vous ne lui avez pas fait depuis deux jours la moindre excuse, ni à moi non plus, et vous vivez dans ma maison, à l’abri de mon nom et de ma fortune, sans daigner me montrer aucun égard.
Résignée à une médiocrité de fortune qui lui fermait l’avenir, elle avait concentré toutes ses espérances de bonheur sur le frère absent qu’elle ne revit que pour lui clore à jamais les paupières.
Comme ceux qui ont de la supériorité sur les autres, doivent, dans les rapports qu’ils ont avec leurs amis, se mettre au niveau de leurs inférieurs, de même ceux-ci ne doivent point s’affliger de voir dans leurs amis la prééminence du génie, de la fortune ou de la dignité. […] De tous les avantages que je tiens de la nature, ou que la fortune m’a accordés, il n’en est aucun que je puisse comparer à l’amitié de Scipion. […] Nous devons à la patrie non seulement notre fortune, mais même notre vie.
Les adorateurs des grandeurs humaines seront-ils satisfaits de leur fortune, quand ils verront que dans un moment leur gloire passera à leur nom, leurs titres à leurs tombeaux, leurs biens à des ingrats, et leurs dignités peut-être à des envieux ?
Sans doute, la tribune et le barreau ont conservé beaucoup de leurs anciennes prérogatives ; l’éloquence de l’avocat en tout pays, et celle du représentant, dans les gouvernements constitutionnels, sont encore une des voies les plus rapides et les plus sûres pour arriver à la fortune, aux hautes dignités, à la considération nationale, à la célébrité européenne ; enfin la société moderne a vu naître et fleurir une troisième branche d’éloquence inconnue à l’antiquité, celle de la chaire.
Henri IV trouva souvent à propos ces élans d’éloquence guerrière ; il disait, à la bataille d’Ivry : « Compagnons, vous êtes Français, je suis votre roi, voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune.
John Blair se livra au commerce, dans lequel il ne gagna qu’une fortune médiocre, mais sut acquérir l’estime de ses concitoyens ; il laissa à Hugues Blair les seuls biens estimables, les plus précieux qu’un père puisse laisser à ses enfants, une éducation solide, et l’exemple de toutes les vertus. […] Si le rang, les talents ou la fortune l’élèvent au-dessus de ceux qui l’environnent, elle en jouit avec tant de réserve qu’elle se les fait du moins pardonner, si elle ne peut les faire entièrement oublier. […] Dans quelque position heureuse que l’on se trouve, quelles que soient les faveurs que la fortune nous prodigue, le plaisir ne peut pas occuper tous nos instants. […] Cæsarem vehis ; nous sommes frappés de la courageuse audace du héros plein de confiance en sa cause et en sa fortune. […] Dans toutes les langues, Dieu est au masculin ; nous mettons le temps au masculin, à cause de sa grande influence sur toute la nature ; la vertu est au féminin, à cause de sa beauté, et aussi parce qu’elle doit être un objet d’amour ; la fortune est encore au féminin.
Que l’orage s’élève ou du Gange on de l’Ourse, César et sa fortune accompagnent ta course : Toujours prompte et toujours souple à ce que je veux, Souvent elle aurait peur de me coûter des vœux.
Dans une si prodigieuse multitude de citoyens, il en est beaucoup, ou, qui se sentant coupables de crimes et appréhendant la peine qui les suit, ne soupirent qu’après les troubles et les révolutions ; ou qui, par un certain esprit naturellement fougueux, se repaissent de séditions et de discordes ; ou qui, dans le désastre de leur fortune, aiment mieux être ensevelis sous les ruines de l’état, que sous les leurs propres.
N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par le péage de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune.
» Perrette là-dessus saute aussi, transportée : Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée5 La dame de ces biens, quittant d’un œil marri1 Sa fortune ainsi, répandue, Va s’excuser à son mari, En grand danger d’être battue… Quel esprit ne bat la campagne ?
Une vie dure est plus facile à supporter en province que la fortune à poursuivre à Paris, surtout quand on sait, comme vous ne l’ignorez pas, que les plus indignes manéges y font plus de fripons gueux que de parvenus1.
Voici une phrase du P. d’Orléans, qui donne une idée de ces constructions vicieuses : « Si cette princesse (Marguerite d’Anjou, femme d’Henri VI) n’eut pas la gloire de vaincre le malheur de son époux, elle eut celle de combattre avec une constance qui plus d’une fois semblait faire honte à la fortune des injustices qu’elle lui faisait, la fortune n’ayant pu s’empêcher d’accorder à cette amazone, lorsqu’elle combattait en personne, des victoires qui firent voir que c’était moins à elle qu’à son mari qu’elle avait déclaré la guerre. » 2° De la pureté.
Il en fut du moins toujours traité comme un fils chéri qui lui dut sa fortune et sa vie. […] Catilina, instruit que son projet avait été découvert, passa en Étrurie (aujourd’hui Toscane), y rassembla quelques légions mal armées, et tenta la fortune d’un combat, où, après avoir fait des prodiges de valeur, il se fit tuer, l’an 62 avant J.
Il est peu probable qu’une laitière saute, lorsqu’elle porte son lait sur la tête ; mais celle-ci, tout occupée de ses rêves de fortune, oublie un instant le précieux liquide qu’elle va vendre à la ville ; la joie lui fait perdre la tête, et elle voit s’évanouir en un instant tout son bonheur. […] 8° Des Lettres de Condoléance Les lettres de Condoléance sont celles que l’on adresse aux personnes éprouvées par quelque malheur, par une perte douloureuse, telle que la mort d’un père, d’une mère, d’un ami ; ou d’une fille ; soit aussi la perte de la fortune, d’un procès, etc.
Tantôt ce sera une peinture qu’animeront les traits les plus vifs et les plus frappants, et que suivront de grandes et nobles idées rendues avec une singulière véhémence de style, comme dans ces strophes de l’Ode à la fortune, de Rousseau : Quels traits me présentent vos fastes… Juges insensés que nous sommes… Tantôt ce seront des comparaisons riches et multipliées qui nous présenteront les objets dans toute leur grandeur, dans toute leur beauté, comme celle que nous offre l’Ode aux princes chrétiens sur l’armement des Turcs : Comme un torrent fougueux… La Palestine enfin, après tant de ravages… Tantôt, ce sera un enchaînement de figures vives et saillantes qui donneront aux pensées un nouveau degré de force et d’élévation, comme on le voit dans un passage de l’ode Qualem ministrum : Quid debeas, ô Roma, Neronibus… cum laude victorem. […] Outre quelques odes d’Horace, en particulier les trois premières du livre III, nous pouvons citer en ce genre une ode de Joachim du Bellay sur la Vertu ; l’ode à la Fortune, d’Horace, mise en vers français par La Harpe, et comprenant l’O diva gratum et le Parcus deorum cultor ; celles de J.
Que nos efforts ont été trompés par la fortune qui décide de tout.
Il sait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la vérité avec le plaisir que la surprise leur cause, et il tempère avec tant d’art le mélange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses héros n’est ni lente ni précipitée, et le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-même une révolution semblable à celle que le poëte nous présente. » Enfin le dénoûment doit être rarement pris en dehors de l’action, et s’il en est ainsi, que l’intervention de l’agent étranger et supérieur soit toujours justifiée par la nécessité : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus.
on fut longtemps à délibérer ; et, dans une affaire aussi délicate, on crut qu’il fallait tout donner au conseil, et ne rien laisser à la fortune. […] Si l’équité régnait dans le cœur des hommes, — si la vérité et la vertu leur étaient plus chères que les plaisirs, la fortune et les honneurs, 2. […] Tout se confond ; la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile.
Boileau dit dans son épître sur le passage du Rhin : De tant de coups affreux la tempête orageuse, Tient un temps sur les eaux la fortune douteuse. […] C’est Louis XIV qui commande à la fortune : le destin de la guerre dépend de lui : sa présence rend ses soldats invincibles : dès qu’il paraît, on est assuré de la victoire.
Songez que le ministre Necker, pour remédier à l’embarras des finances, ne demandait rien moins que le quart de la fortune de chaque citoyen ; songez quelle opposition devait soulever et souleva réellement l’idée d’un si formidable impôt ; songez que l’orateur avait déjà parlé trois fois dans la séance, qu’il était plus de quatre heures, ce qui répond à six ou à sept dans nos habitudes actuelles, que l’attention de tous était fatiguée, épuisée par la longueur et la violence de la discussion.
lui répond le prince ; c’est que nous y sommes allés deux ou trois cents, et nous en sommes revenus deux ou trois mille. » Napoléon lui fit comprendre un jour que l’origine de sa grande fortune était suspecte à bien des gens. — « Rien de plus facile à expliquer, sire ; j’ai beaucoup acheté la veille du 18 brumaire, et j’ai tout revendu le lendemain. » On ne pouvait se tirer d’affaire avec plus de finesse.
Louis XIV, ce monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l’État, plus héros dans le déclin des années et dans l’adversité, que dans le brillant de la jeunesse et de ses victoires, et dont la vertu éprouvée par la disgrâce, força enfin la fortune à rougir de son inconstance, lui fit sentir sa faiblesse, lui apprit qu’il ne lui appartient ni de donner, ni d’ôter la véritable grandeur ; Louis XIV avait vu passer comme l’ombre sa nombreuse postérité.
Voyant la splendeur non commune Dont ce maraud est revêtu, Dirait-on pas que la fortune Veut faire enrager la vertu ?
Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier !
Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne. […] La dame7 de ces biens, quittant d’un œil marri Sa fortune ainsi répandue, Va s’excuser à son mari, En grand danger d’être battue.
Ce ne sont point, Messieurs, de ces faux amis du jour, esclaves de la fortune, et toujours prêts à nous abandonner dans l’adversité ; martyrs généreux de l’amitié, on les voit s’échapper de l’asile doré de l’opulence, où l’on veut les retenir captifs, et mi, où comme tant de parasites qui sont loin de les valoir, ils seraient traités magnifiquement, pour retourner dans l’humble galetas du pauvre auquel ils sont attachés par un lien que l’amitié rend indissoluble.
Gallet, joueur célèbre qui perdit sa fortune sur un coup de dés, et mourut dans la misère.
N’a-t-il pas ces lâches courtisans de la faveur, ces perfides adorateurs de la fortune, qui vous encensent dans la prospérité et vous accablent dans la disgrâce2 ?
Les juges se sont habitués à les considérer comme des girouettes parlantes, qui tournent au gré du vent de la fortune.
Telles sont ces paroles d’Henri IV, adressées à ses troupes, avant la bataille d’Ivry : Mes amis, vous êtes Français, je suis votre roi, voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune ; je veux vaincre ou mourir avec vous.
Moi, je sais mieux la vie ; et je pourrai te dire, Quand tu seras plus grande, et qu’il faudra t’instruire, Que poursuivre l’empire, et la fortune et l’art, C’est folie et néant ; que l’urne aléatoire2 Nous jette bien souvent sa honte pour la gloire, Et que l’on perd son âme à ce jeu de hasard !
. — Fortunatus, qui est favorisé de la fortune. […] Virg. — Socius (de sequi), associé, compagnon de fortune. […] Au pluriel, il désigne aussi les biens, la fortune des particuliers. […] Vos juvabo opibus meis. — Divitiæ, grande fortune, biens, richesses.
La muse tragique et comique La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau, quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes ; et quand, pour la difficulté, vous mettriez un peu plus du côté de la comédie, peut-être que vous ne vous abuseriez pas ; car enfin je trouve qu’il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments, de braver en vers la fortune, accuser les destins, et dire des injures aux dieux, que d’entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde.
Depuis qu’il ne sert plus la défense commune, Le sceptre n’a servi qu’à sa propre fortune ; Affranchi du péril de nos rivaux anciens, Il s’essaye à présent contre les citoyens.
Au milieu d’un peuple à la fois législateur et juge, devant qui l’on plaidait, non-seulement pour la fortune et la vie du citoyen, mais pour l’utilité, la gloire et le salut de la république ; dans un État où chacun aspirait à dominer par la parole, que des hommes, sans cesse en guerre dans la lice de l’éloquence, pour leurs amis ou pour eux-mêmes, et qui venaient y décider, comme des gladiateurs, de leur perte ou de leur salut, aient attaché à ce grand art tout l’intérêt de leur sûreté, de leur fortune et de leur gloire, rien de plus naturel : mais quel serait pour nous le fruit, l’emploi de ces longues études ? […] Ceux qui, par leur condition, se trouvent exempts de la jalousie d’auteur ont ou des passions, ou des besoins qui les distraient et les rendent froids sur les conceptions d’autrui : personne presque, par la disposition de son esprit, de son cœur et de sa fortune, n’est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage. […] Qui pourrait rendre raison de la fortune de certains mots et de la proscription de quelques autres ? […] Je crus en être quitte pour ce petit retardement, et que nous allions arriver au temple sans autre mauvaise fortune ; mais la route est plus dangereuse que je ne pensais. […] Il est inconnu aux familles bourgeoises, où l’on est continuellement occupé du soin de sa fortune, des détails domestiques, et d’une grossière oisiveté, amusée par une partie de jeu.