Ce roman d’intrigue et de caractères est déjà une revue animée des travers ou des vices que la ville et la cour offraient aux regards d’un observateur dont la malice devance les Lettres Persanes de Montesquieu.
Ronsard lui-même en prit ombrage. « Les beaux dicts des Grecs et Romains, rémémorés par le doux Plutarchus », mirent en oubli les fades romans de chevalerie que lisait encore la cour dissolue des Valois.
Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ?
Il s’est mis en cause commune avec Socrate, Pascal, Cicéron, Franklin, Démosthène, saint Paul, saint Basile ; il s’est environné de ces grands hommes, comme d’une glorieuse milice d’apôtres de la liberté de penser, de publier, d’imprimer ; il les montre pamphlétaires comme lui, faisant, chacun de son temps, contre une tyrannie ou contre l’autre, ce qu’il a fait du sien, lançant de petits écrits, attirant, prêchant, enseignant le peuple, malgré les plaisanteries de la cour, le blâme des honnêtes gens, la fureur des hypocrites et les réquisitoires du parquet ; les uns allant en prison comme lui, les autres forcés d’avaler la ciguë ou mourant sous le fer de quelque ignoble soldat.
Et qui doit, en effet, servir Votre Majesté avec plus de zèle qu’un gentilhomme qui, n’étant pas né à la cour, n’a rien à espérer que de son maître et de ses services ?
Sa langue est devenue la langue de l’Europe ; tout y a contribué : les grands auteurs du siècle de Louis XIV ; ceux qui les ont suivis ; les pasteurs calvinistes réfugiés, qui ont porté l’éloquence, la méthode, dans les pays étrangers ; un Bayle surtout, qui, écrivant en Hollande, s’est fait lire de toutes les nations ; un Rapin de Thoyras, qui a donné en français la seule bonne histoire d’Angleterre ; un Saint-Évremond, dont toute la cour de Londres recherchait le commerce ; la duchesse de Mazarin, à qui l’on ambitionnait de plaire ; Madame d’Olbreuse, devenue duchesse de Zell, qui porta en Allemagne toutes les grâces de sa patrie.
La cour de Claudius, en esclaves fertile, Pour deux que l’on cherchait en eût présenté mille, Qui tous auraient brigué l’honneur de l’avilir : Dans une longue enfance ils l’auraient fait vieillir. […] L’empereur, il est vrai, ne vient plus chaque jour Mettre à vos pieds l’empire, et grossir votre cour ; Mais le doit-il, madame ?
C’était un bel-esprit de la cour de Louis XIV, un des écrivains les plus élégants et les plus polis de son siècle, mais dont le mérite se trouvait déprécié par un grand fonds d’amour-propre et de vanité. […] Mais ils renferment aussi bien des particularités concernant la régence du duc d’Orléans, et les portraits de plusieurs personnes des plus distinguées de la cour.
Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, etc. » Enfin le dénouement terrible approche ; le trait le plus frappant manque encore à cet éloquent tableau du néant de tout ce que notre erreur appelle et croit grand : « Enfin, la voilà malgré ce grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie !
Flore vient rétablir sa cour ; L’alcyon fuit devant Eole, Eole le fuit à son tour : Mais sitôt que l’amour s’envole, Il ne connaît plus de retour1.
Cabinet : ce mot, qui signifie, au propre, buffet à tiroirs, puis lieu de retraite pour travailler, a par extension le sens de secrets de cour, mystères politiques.
J’aimerais mieux passer mon temps à cultiver mes vignes que de le perdre ici en courses inutiles, et à faire encore plus inutilement ma cour.
Comparez l’enclos de Jocelyn : Une cour le précède, enclose d’une haie Que ferme sans serrure une porte de claie, Des poules, des pigeons, des chèvres et mon chien, Portier d’un seuil ouvert et qui n’y garde rien, Qui jamais ne repousse et qui jamais n’aboie, Mais qui flaire le pauvre et l’accueille avec joie ; Des passereaux montant et descendant du toit ; L’hirondelle rasant l’auge où le cygne boit.
Il a fait des vers fort heureusement2, il a réussi dans la prose : les savants ont été contents de son latin ; la cour a loué sa politesse.
Par conséquent il doit parler la langue de tous les états, c’est-à-dire, se faire également entendre du bourgeois et de l’homme de cour, de l’ignorant et du savant. […] La plupart des seigneurs de la cour de Louis XIV, dit Voltaire, vouloient imiter cet air de grandeur, d’éclat et de dignité qu’avoit leur maître. […] Les pièces qu’on appelle Héroïques, et qui sont les meilleures en ce genre, sont Don Sanche d’Aragon, par Corneille ; la Princesse d’Élide, par Molière ; l’Ambitieux par Destouches ; Esope à la Cour, par Bt. […] Cette veuve d’Hector étoit esclave avec son fils Astyanax à la cour de Pyrrhus, fils du meurtrier de son époux. […] Je te fis prisonnier, pour te combler de biens ; Ma cour fut ta prison, mes faveurs tes liens.
Il avait cependant été attaché à la cour ; mais chargé d’enseigner l’histoire au petit-fils du grand Condé, qui tira trop peu de fruit des leçons d’un tel maître, il ne profita de sa situation auprès du prince, qu’il ne quitta plus, que comme d’un poste favorable d’observation, pour étudier et peindre les sentiments et les passions des hommes, surtout leurs prétentions et leurs travers.
Vous êtes toujours ce modeste Virgile qui eut tant de peine à se produire à la cour d’Auguste.
Alexandre prit des femmes de la nation qu’il avait vaincue1 : il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi ; le reste des Macédoniens suivit cet exemple.
Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir4 Liv.
Je viens pourtant ici souvent faire ma cour ; Mais vous jouez la nuit et vous dormez le jour.
Fier et passionné, il s’égara sans jamais s’abaisser ; infidèle à la cause de son pays, il se dévoua sans réserve, quel que fût le péril, à la cause de son maître ; ambitieux, capricieux, déréglé, il savait pourtant aimer, estimer, résister et servir le roi contre la cour, et tout en poussant avec ardeur sa fortune, braver de puissantes défaveurs.
Thémistocle, banni par l’ostracisme, alla chercher un asile à la cour du roi de Perse, Artarxercès. […] Un seul homme, Démarate de Lacédémone, réfugié à la cour de ce prince, osa lui dire la vérité. […] Quand nous aurons conclu la paix, j’espère que vous prendrez le parti qui me sera le plus agréable et en même temps le plus avantageux pour vous : vous passerez avec moi en Épire, pour tenir le premier rang à ma cour et partager ma puissance. […] Après la bataille de Zama, Annibal s’était réfugié à la cour d’Antiochus III, dit le Grand. […] Depuis qu’il était retiré à la cour de Prusias, Annibal avait prédit le sort qui l’attendait, connaissant la haine implacable des Romains et n’ayant d’ailleurs aucune confiance dans la parole des rois.
Ce prince, amateur des arts eut toujours des gens de lettres à sa cour. […] Après avoir donné à sa patrie les lois les plus sages, et qui sont encore admirées, Solon voyagea d’abord en Égypte, et passa ensuite à la cour de Crœsus, roi de Lydie, province de l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie).
ta muse aisément s’en console, Louis ne te fit point un luxe de sa cour ; Mais le sage t’accueille en son humble séjour ; Mais il le fait son maître, en tous lieux, à tout âge, Son compagnon des champs, de ville, de voyage ; Mais le cœur te choisit, mais tu reçus de nous, Au lieu du nom de Grand, un nom cent fois plus doux ; Et, qui voit ton portrait, le quittant avec peine. […] Tout lecteur remarque les mots Reine des nuits, cette périphrase est bien connue, mais elle est placée là si à propos que la lune ressemble à une reine assise sur un trône de nuages, et entourée de toute la pompe d’une cour splendide.
Si vous l’aimez, si vous le réclamez dans l’art, soyez du moins conséquents, et reprenez-le dans la vie réelle ; s’il vous faut toujours Quasimodo pour faire ressortir Esmeralda, rétablissez la cour des Miracles au cœur de Paris, et donnez à vos officiers des gardes des hauts-de-chausse mi-partis rouge et bleu.
Tandis que la fierté indomptable et la téméraire ardeur de la jeunesse respiraient sur son front et dans ses regards, l’amère ironie, le profond mépris pour Rome et la cour esclave qu’elle s’asservissait, se peignaient dans les coins relevés de cette bouche dédaigneuse.
À peine de la cour j’entrai dans la carrière.
Pour bien achever un jour si saintement commencé, les anciens du village viennent, à l’entrée de la nuit, converser avec le curé, qui prend son repas du soir sous les peupliers de sa cour.
Sans moi, il n’y aurait pas dans votre cour un homme libre, ou qui du moins, vu l’intimité et la familiarité invétérées, pût, comme moi, sans offenser les bienséances, le paraître hautement et publiquement.
Passant des cellules de Port-Royal aux salons de la Fronde, il devint presque le contemporain chevaleresque des grandes dames qui posèrent devant sa toile, entre les figures imposantes des deux ministres dont la grandeur se mêla aux intrigues d’une cour romanesque.
Un village de çent feux ; Ou le tout pour la partie : Une chambre commence l’énoncé d’un arrêt par cette formule : La cour, après avoir délibéré… C’est une synecdoche.
Aussi dans la solitude de ses prisons Mirabeau devint un redoutable polémiste, et dans les nombreux ouvrages qu’il publia jusqu’en 1788, il se montra le promoteur hardi des idées nouvelles, l’adversaire violent de la cour et des ministres. […] Aussi, quoi qu’en dût souffrir sa popularité, il n’hésita pas à combattre la minorité anarchique qu’il voyait s’élever dans l’assemblée, et au mois de mai 1790 il entra en relation directe avec la cour. […] Pour bien achever un jour si saintement commencé, les anciens du village viennent, à l’entrée de la nuit, converser avec le curé, qui prend son repas du soir sous les peupliers de sa cour. […] Un coup décisif, jusque-là tenu en réserve, fut résolu : Pym, appelant la peur à l’aide de la vengeance, vint dénoncer le complot de la cour et des officiers pour soulever l’armée contre le parlement. […] Le seul évêque de Londres, Juxon, lui conseilla de suivre sa conscience ; tous les autres, l’évêque de Lincoln surtout, prélat intrigant, longtemps opposé à la cour, le pressèrent de sacrifier un individu au trône, sa conscience d’homme à sa conscience de roi.
Vous n’avez pas chez vous ce brillant équipage, Cette foule de gens qui s’en vont chaque jour Saluer à grands flots le soleil de la Cour. Mais la faveur du ciel vous donne en récompense Du repos, du loisir, de l’ombre et du silence, Un tranquille sommeil, d’innocents entretiens ; Et jamais à la Cour on ne trouve ces biens. […] La cour ne peut plus m’éblouir.
Il n’y a rien qui : prévienne en sa faveur : il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits. […] Le doux mais faible Pavillon fait sa cour humblement à madame Deshoulières, qui est placée fort au-dessus de lui. […] Le Camus, premier président de la cour des Aides. […] Aimera-t-il mieux le siècle précédent, où l’on tuait le premier ministre69 à coups de pistolet dans la cour du Louvre, et où l’on condamnait sa femme à être brûlée comme sorcière ? […] Enfin ce mot de vis-à-vis, qui est très-rarement juste et jamais noble, inonde aujourd’hui nos livres, et la cour, et le barreau, et la société ; car dès qu’une expression vicieuse s’introduit, la foule s’en empare.
Il en eût fait autant chez lui, dit-il pour se justifier ; mais il ignorait la différence entre la valeur nominale et la valeur réelle de cette monnaie de cour.
Ou Mellusine, nom de fée maussade que la malignité mondaine donnait à Mme de Montallais, dame de la cour.
De Maistre 1753-1821 [Notice] Né à Chambéry, dans une province où notre langue fut souvent parlée avec distinction, patricien de vieille roche, ancien sénateur du Piémont, représentant d’un souverain à demi-dépouillé, ministre plénipotentiaire de Sardaigne à la cour de Russie, Joseph de Maistre voua une haine mortelle à toutes les idées de la révolution, et s’instituant le défenseur du droit divin sous toutes ses formes, recula jusqu’aux siècles des Grégoire VII et des Innocent III.
Hommes de la cour, qui fréquentent la cour, qui vivent auprès des princes. […] « Vaincu par lui, j’entrai dans une autre carrière, « Et mon âme à la cour s’attacha tout entière. […] Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays, comme un Judas le Machabée ; l’armée le pleure comme un père, et la cour et tout le peuple gémit ; sa piété est louée comme son courage, et sa mémoire ne se flétrit point par le temps ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire comme un David, comme lui meurt dans son lit en publiant les louanges de Dieu, en instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douceur de sa mort.
La Fontaine 1622-1695 [Notice] Né en Champagne, à Château-Thierry, élevé un peu à l’aventure, maître des eaux et forêts, charge dont il fit une sinécure poétique, pensionné par Fouquet, à la cour duquel il risqua de s’assoupir parmi les délices, sauvé du péril par cette mémorable disgrâce qui révéla tout ensemble le génie et le cœur du favori reconnaissant, ami de Molière, de Racine et de Boileau qui furent plus ou moins ses mentors, Jean de La Fontaine ne cessa jamais de vivre au jour le jour, sans souci du lendemain, en rêveur épris de ses beaux songes. […] Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir1.
« La langue eut, comme la cour, sa sévère et vétilleuse étiquette, ses grandes et petites entrées pour les mots qui avaient fait leurs preuves de noblesse, ses exclusions pour les bourgeois et les vilains.
Ainsi dans Bossuet : « Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré. » N’est-ce pas aussi à l’ellipse qu’appartient l’anacoluthe, littéralement, absence de compagnon, construction où l’auteur laisse désirer certains mots qui régulièrement devraient accompagner les autres ?
« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts.
Court, cour (de cort, chortem, basse-cour, ferme, résidence rurale d’un grand seigneur).
Il quitta le service par vanité et la cour par nécessité.
Cette nouvelle arriva lundi à Versaillesa : le Roi en a été affligé, comme on doit l’être de la mort du plus grand Capitaine et du plus honnête homme du monde : toute la Cour fut en larmes, et M. de Condom1 pensa s’évanouir.
Amelot de la Houssaye a traduit de l’espagnol un fort bon ouvrage, intitulé : L’Homme de cour, par Balthasar Gracïan.
Elles regardent : 1° l’orateur lui-même : un prince ne s’exprime point comme un simple particulier, un prédicateur comme un avocat ; 2° l’auditeur : on ne parlera point à des académiciens comme à des hommes peu instruits ; 3° les tiers : s’il s’agit d’un homme respectable, on le traite avec égard ; ou répand de l’intérêt sur la position de ceux que l’on défend ; 4° le temps ; si l’on n’a qu’une heure pour parler, il ne faut pas étendre son discours de manière à le aire durer plus longtemps ; 5° les circonstances : elles peuvent être affligeantes ou joyeuses, solennelles ou ordinaires, il faut y conformer le ton du discours ; 6° enfin le lieu : dans un camp, dans une assemblée politique, à la cour, au barreau, à l’église, etc., le langage ne sera pas le même.
Telle est cette pensée du bon roi Robert de France, lorsque douze personnes de sa cour eurent conspiré contre ses jours.
Au nord, correspond à ce jardin une vaste cour formée par des bâtiments de ferme très-réguliers, et où chantent des coqs et nasillent des canards qui de temps en temps comparaissent par devant nous.
C’est à la cour de Ptolémée que Théocrite écrivit les premières pastorales que nous connaissions, et c’est à la cour d’Auguste que Virgile les imitait. […] Il sourit quand il censure ; mais lorsqu’en philosophe profond il dicte les lois de la morale, il montre encore l’urbanité d’un homme de cour. […] La mort de Priam est surtout un chef-d’œuvre ; lorsque le vénérable monarque apprend que les ennemis se sont emparés de la ville, il revêt ses armes ; il rencontre sa famille éplorée qui cherche un asile auprès de l’autel élevé dans la cour du palais, et bientôt entoure son illustre chef ; il voit avec indignation Pyrrhus égorger l’un de ses fils, et lui lance un trop faible javelot ; Pyrrhus, dans sa fureur brutale, donne la mort à l’infortuné vieillard.
Que d’arguments moraux peuvent être tirés de cette définition piquante fournie par La Fontaine : Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au prince, ou, s’ils ne peuvent l’être, Tâchent, au moins de le paraître ; Peuple caméléon, peuple singe du maître. […] Il s’humilia sous la main qui s’appesantissait sur lui ; sa foi ôta même à ses malheurs la nouvelle amertume que le long usage des prospérités leur dorme toujours : sa grande âme ne parut point émue ; au milieu de la tristesse et de l’abattement de la cour, la sérénité seule de son auguste front rassurait les frayeurs publiques. […] le lieu : Ma cour fut ta prison. […] Cette éloquence du cœur est assurée de trouver un écho dans la sympathie de l’homme pour l’homme ; en effet le triomphe de la nature sur l’art le plus habile, ce fut le succès qui répondit à ce généreux appel ; saint Vincent de Paul le fit entendre à un auditoire composé des dames de la cour et au même instant l’hôpital des Enfants trouvés fut fondé et doté de quarante mille livres de rente. […] 2° Les épithètes de caractère, plus expressives déjà, servent à désigner un homme ou une chose par sa qualité distinctive, par l’attribut qui le sépare de son espèce, — Ainsi Bossuet appelle Cromwell un de ces esprits remuants et audacieux qui sont nés pour changer le monde. — Massillon nomme la cour qui l’écoute : Cette assemblée la plus auguste du monde.
Aucun soin n’approchait de leur paisible cour : On reposait la nuit, on dormait tout le jour.
Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour.
Comme je me promenais un jour dans une grande cité, en passant derrière un palais, dans une cour retirée et déserte, j’aperçus une statue qui indiquait du doigt un lieu fameux par un sacrifice2.
A voir ces élégants, si jolis, si aimables, si mignons, vous croyez peut-être que cela ne sait que chanter, danser, faire la cour aux dames : détrompez-vous, cela sait aussi manier le poignard et verser le poison.
Les Épîtres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit des grandes actions du jeune roi et devient flatteur.
Rassure-toi ; même à la cour La bergère sait plaire encore : On aime l'éclat d'un beau jour Et les doux rayons de l'aurore. […] Aimable fleur, De l'amitié sois l'apanage ; Brille à sa cour ; que tes parfums Embaument l'air dans le parterre, Nous t'offrirons tous les matins Une eau limpide et salutaire.
il n’avait eu d’autres relations à la cour que celles que lui donnèrent ses affaires ou ses devoirs ? […] Ce fut lui (Joyeuse) que Paris vit passer tour à tour Du siècle au fond du cloître et du cloître à la cour.
J’aimerais mieux passer mon temps à cultiver mes vignes que de le perdre ici en courses inutiles, et à faire encore plus inutilement ma cour.
L’abbé Girard a dit : ce n’est pas les plus honnêtes gens de la cour qu’il faut choisir pour soutiens de sa fortune ; mais ceux qui ont le plus de crédit auprès du Prince . Suivant la règle que j’ai exposée ailleurs, il aurait dû, dans le premier membre de la phrase, mettre le verbe être au pluriel, et, suivant la règle dont il s’agit ici, le répéter dans le second, en disant : ce ne sont pas les plus honnêtes gens de la cour qu’il faut choisir pour soutiens de sa fortune ; mais ce sont ceux qui ont le plus de crédit auprès du Prince.
Il décrit alors le palais de la Sottise et cette déesse elle-même : Stupidité (c’est un nom de la belle), Paraît aux yeux un vrai caméléon, Toujours changeant d’habitude et de ton ; Variant tout, excepté sa prunelle, Où l’on ne vit jamais une étincelle Du feu divin que l’on nomme raison ; Tel que Virgile a peint le vieux Protée, Qui, pour tromper les efforts d’Aristée, À ses regards devenait, tour à tour, Arbre ou rocher, quadrupède ou reptile ; Telle, aux regards de la stupide cour, La déité plaisamment versatile Change de forme à chaque instant du jour.
Ce que n’a pu jamais combat, siége, embuscade, Ce que n’a pu jamais Aragon, ni Grenade, Ni tous vos ennemis, ni tous mes envieux, Le comte, en votre cour, l’a fait presque à vos yeux3 ; Jaloux de votre choix, et fier de l’avantage Que lui donnait sur moi l’impuissance de l’âge.
Il exerça les fonctions de directeur de la librairie avec une tolérance éclairée ; exilé dans ses terres à la fin du règne de Louis XV, rappelé par Louis XVI, rétabli dans sa charge de premier président de la Cour des aides et bientôt nommé ministre de la maison du roi, il quitta son portefeuille avec Turgot.
Tantôt le corps : — Demoiselle belette au corps long et fluet… Tantôt les lieux : Le lapin à l’aurore allait faire sa cour Parmi le thym et la rosée.
Aucun soin n’approchait de leur paisible cour : On reposait la nuit, on dormait tout le jour, etc.
La Mollesse, dans Boileau, peint la cour des rois fainéants pour faire ressortir l’ardeur guerrière de Louis XIV. […] Colletet, en faire remonter l’origine probable aux « poëtes qui florissaient en la cour de nos premiers roys. » Transporté en Italie, il y fit la gloire de Pétrarque.
Les jeux sont devenus ou des trafics, ou des fraudes, ou des fureurs » ; plus bas : « La ville est une Ninive pécheresse ; la cour est le centre de toutes les passions humaines. […] Telle fut cette réponse d’un courtisan qui, longtemps favori du prince et venant de perdre son crédit, trouva ou descendant les degrés du grand escalier, son heureux rival qui, se rendant chez le prince, lui demanda s’il n’y avait rien de nouveau à la cour : « Rien, dit-il, si ce n’est que je descends et que vous montez. » Au sens propre de ces deux mots substituez le sens figuré et vous en reconnaîtrez la portée. […] Il n’avait eu d’autres relations à la cour que celles que lui donnèrent ses affaires ou ses devoirs.
Il n’est personne qui ne l’ait éprouvé : si pour me dire que vous vous êtes empressé de faire une visite de bon matin, vous me racontez que vous vous êtes levé, que vous avez pris vos vêtements, que vous avez descendu l’escalier à la hâte, franchi en courant le vestibule, la porte, la cour, traversé ta place et la rue, etc., je vous crie : Eh ! […] « La nature des Tropes, dit Condillac, est de faire image en donnant du corps et du mouvement aux idées. » A la ville, à la Cour, dans les champs à la halle, L’éloquence du cœur par des Tropes s’exhale.