Mais si le temps m’épargne, et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé, je trouverai des vers, Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée, Aura ma dernière pensée, Comme elle eut mes premières amours.
Voix, n. f. son de la bouche.
L’humanité est simplement la voix, le mouvement instinctif de la nature.
Ces vers sont prosaïques et manquent d’élégance ; mais voyez comme Racine sait rendre la même pensée : Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune ; Je ne me souviens plus des leçons de Neptune : Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix. […] Mais vous n’écoutez pas ma voix qui vous appelle ; Aux poissons effrayés vous lancez des cailloux ; Vous allez du pécheur démarrer la nacelle, Et, penchés sur le bord, vous l’attirez vers vous… 3° Style naïf. […] Les vainqueurs ont parlé : l’esclavage en silence Obéit à leur voix dans cette ville immense.
Au bout de quarante ans de travail2, vous vous résolvez à chercher dans les cabales ce qu’on ne donne jamais au mérite seul ; vous vous intriguez comme les autres pour entrer dans l’Académie française, et pour aller prononcer, d’une voix cassée, à votre réception, un compliment qui le lendemain sera oublié pour jamais3. […] On lit ailleurs : « Nous pouvons nous dire l’un à l’autre ce que nous pensons du public, de cette mer orageuse que tous les vents agitent, et qui tantôt vous conduit au port, tantôt vous brise contre un écueil ; de cette multitude qui juge de tout au hasard, qui élève une statue pour lui casser le nez, qui fait tout à tort et à travers ; de ces voix discordantes qui crient hosanna le matin, et crucifige le soir ; de ces gens qui font du bien et du mal sans savoir ce qu’ils font. […] On se contentait à Berlin de lever les épaules, car le roi ayant pris parti dans cette malheureuse affaire, personne n’osait parler ; je fus le seul qui élevai la voix.
177J’ai cherché ce bonheur qui fuyait de mes bras, Dans mes palais de cèdre, au bord de mes fontaines : Je le redemandais aux voix de mes sirènes ; Il n’était point dans moi, je ne le trouvais pas. […] Que l’on essaie maintenant d’appuyer cette morale sublime, cette grande doctrine des tombeaux sur une base purement mythologique, et bientôt la voix éloquente d’Young se perdra stérilement dans le néant, avec les ombres auxquelles s’adresse sa douleur.
Comme Protée résiste aux prières des mortels, strophe 1, et le prêtre de Delphes au Dieu qui l’agite, strophe 2, ainsi, quand l’enthousiasme poétique veut s’emparer de moi, je lutte longtemps pour échapper à sa puissance, strophe 3, mais une fois vainqueur, il m’enlève jusqu’au sublime ; Ce n’est plus un mortel, c’est Apollon lui-même Qui parle par ma voix. […] Et qu’est donc devenu le Pindare de tout à l’heure, le poëte qui, prenant sa mission au sérieux, luttait contre le Dieu, et ne cédait enfin que pour laisser Apollon lui-même parler par sa voix ?
Le paysan au XVIIe siècle L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. […] Il n’y a pas deux voix différentes sur ce personnage ; l’envie, la jalousie parlent comme l’adulation : tous se laissent entraîner au torrent qui les porte ; qui les force de dire d’un homme ce qu’ils en pensent ou ce qu’ils n’en pensent pas, comme de louer souvent celui qu’ils ne connaissent point.
. — Qu’appelez-vous trop friand, dit alors mon flatteur d’un ton de voix élevé : vous n’y pensez pas, mon ami ; apprenez que vous n’avez rien de trop bon pour le seigneur Gil Blas de Santillane, qui mérite d’être traité comme un prince. » Je fus bien aise qu’il eût relevé les dernières paroles de l’hôte, et il ne fit en cela que me prévenir.
Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler.
La foudre est peur lui la voix d’une puissance formidable et irritée contre la terre ; le zéphir est le souffle d’un génie bienfaisant : le bruit du ruisseau, c’est la plainte d’un être souffrant ; au retour du printemps, la terre se réveille et sourit de plaisir ; en hiver, elle est triste et désolée.
Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix. […] Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Pour toi, pour l’Univers est mort en ces lieux mêmes, En ces lieux, où mon bras le servit tant de fois, En ces lieux, où son sang te parle par ma voix. […] Tels sont les mots faut-il vous rappeler, dans ces beaux vers de la Tragédie d’Athalie, par Racine : Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours Des prodiges fameux accomplis en nos jours ; Des tyrans d’Israëla les célèbres disgrâces, Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ; L’impie Achabb détruit, et de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avait usurpé ; Près de ce champ fatal, Jezabelc immolée, Sous les pieds des chevaux cette Reine foulée ; Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et de son corps hideux les membres déchirés ; Des Prophètes menteurs la troupe confondue, Et la flamme du ciel sur l’autel descendue ; Elled aux éléments parlant en souverain ; Les cieux par lui fermés et devenus d’airain ; Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ; Les morts se ranimant à la voix d’Éliséee ?
Au seul son de sa voix, la mer fuit, le ciel tremble ; Il voit comme un néant tout l’univers ensemble. […] On dit que l’âme s’élève, que les idées s’étendent, que le génie étincelle, que Dieu vole sur les ailes des vents, que son souffle anime la matière, que sa voix commande au néant. […] Nous disons le coloris des idées, la voix des remords, la dureté de l’âme, la douceur du caractère, l’odeur de la bonne renommée.
Que le cœur en soit épris ; que l’amour en devienne plus actif, à mesure que la connaissance en devient plus parfaite ; que la mémoire vous redise tous les jours : ceux qui nous l’ont acquise, sensibles au cri de l’honneur, à la voix de l’opinion, savaient braver les dangers.
Je n’ai pas encore trouvé un second exemple de ce verbe ainsi employé à la voix moyenne.
Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Après son départ, le tiers État resta dans la salle commune, et quand le grand-maître des cérémonies vint le sommer de se retirer, Mirabeau, alors député du tiers, s’écria au nom de ses collègues : Vous qui n’avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !
Comme j’étais à l’une des portières avec Mademoiselle de Vendôme, je demandai au cocher pourquoi il s’arrêtait, et il me répondit avec une voix fort étonnée : « Voulez-vous que je passe par-dessus tous les diables qui sont là devant moi ?
A la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des cieux ? […] On lit dans La Bruyère : « Théodote, avec un habit austère, a un visage comique, et d’un homme qui entre sur la scène ; sa voix, sa démarche, son geste, son attitude, accompagnent son visage ; il est fin, cauteleux, doucereux, mystérieux ; il s’approche de vous, et il vous dit à l’oreille : Voilà un beau temps, voilà un grand dégel.
À l’époque mémorable que nous venons de parcourir, l’on eut plus d’une fois, sans doute, à gémir sur cet abus des talents ; le règne du sophisme, et l’esprit de chicane et de subtilité avaient déjà, plus d’une fois, dénaturé les meilleures causes, et obscurci, dès leur aurore, les beaux jours de notre éloquence politique : mais la raison, du moins, élevait encore la voix de temps en temps, pour la défense et le maintien de la vérité ; mais l’ascendant victorieux des vrais talents reprenait encore ses droits sur l’insolente médiocrité.
Il attendit, il fut étranglé bel et bien, Et, mourant, il criait d’une voix enrouée : Cela… cela ne sera rien 2.
Car, comme ceux qui imitent avec les couleurs et le trait exécutent les uns par certaines règles de l’art, les autres par l’habitude seule, quelques-uns par la voix ; de même dans les espèces dont nous venons de parler, et qui imitent avec le rythme la parole et le chant, l’imitation se fait ou par un seul de ces moyens ou par plusieurs ensemble. […] Un autre endroit sera justifié par la métaphore : Tous les dieux dormaient… Lorsqu’il jetait les yeux sur le camp troyen… La voix des flûtes et des hautbois. […] Dans toutes ces définitions, Aristote a toujours conservé le même genre, φωνή, voix, son, auquel il a ajouté par degré les différences propres de chaque espèce.
De là ces traditions populaires, qu’à la voix d’Orphée, les tigres et les lions dépouillaient leur fureur ; qu’aux accents d’Amphion, ce divin fondateur de Thèbes, les rochers se mouvaient en cadence, et que les doux accords de sa lyre attiraient les pierres obéissantes. […] Depuis, les oracles ne répondirent plus qu’en vers ; la morale parla le même langage ; pour gagner la faveur des rois, on emprunta la douce voix des neuf sœurs ; enfin, c’est la poésie qui nous donna le théâtre, délassement si doux après les pénibles travaux. […] 262Quelquefois, cependant, 263même la comédie élève la voix, 264Chremesque iratus : et Chrémès irrité 265gourmande son fils 266d’une bouche gonflée-par-la-colère ; 267et bien-souvent aussi 268l’acteur-tragique (la tragédie) 269se plaint en un langage pédestre (simple) : 270Télèphe ou Pélée, 271lorsque l’un-et-l’autre 272 est pauvre et exilé, 273rejette les paroles-ampoulées 274et les mots d’un-pied-et-lemi (l’emphase), 275s’il tient à émouvoir 276par sa plainte 277le cœur du spectateur. […] 615Ainsi, encore, 616les voix (les tons) s’accrurent 617aux lyres jadis sévères, 618et l’éloquence rapide 619prit un langage inaccoutumé ; 620et la pensée du Chœur, 621pleine-de-sagacité 622dans les choses (les conseils) utilos, 623et prophétisant l’avenir, 624ne différa point (ne différa plus) 625 du ton de Delphes qui-rend-des-oracles. […] 1053O toi, l’ainé des deux jeunes Pisons, 1054quoique non-seulement 1055tu sois formé au bien 1056par la voix de-ton-père, 1057mais encore que tu aies-du-goût 1058par toi-même (naturellement), 1059mets-dans-ta-mémoire 1060cette parole dite à toi, savoir : 1061que le médiocre et le passable 1062en certaines choses, 1063sont permis (tolérés) avec-justice.
La césure est un repos de la voix, qui coupe le vers, et suspend souvent la pensée. […] Action et Mémoire. — L’action est la traduction du discours par la voix et le geste. […] Sera-ce entre ces murs, que mille et mille voix Font résonner encor du bruit de ses exploits ? […] « Que sera-ce, quand Jésus-Christ paraîtra lui-même à ces malheureux, et qu’il leur dira d’une voix terrible : « Pourquoi me déchirez-vous par vos blasphèmes, nation impie ? […] « Parce que cette syllabe frappoit trop rudement leurs aureilles, et que cette voix leur sembloit malencontreuse, les Romains avoient apprins de l’amollir ou de l’estendre en périphrases : au lieu de dire, il est mort : « Il a cessé de vivre, disent-ils, il a vescu : pourveu que ce soit vie, soit-elle passée, ils se consolent.
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance.
Ce fut à l’Hôtel-Dieu, et huit jours avant de mourir, que Gilbert, réalisant en quelque sorte la charmante fiction de l’antiquité sur la voix du cygne, composa ces strophes, son dernier et son plus bel ouvrage, où l’on aperçoit les traces de l’imitation de plusieurs psaumes.
Après avoir monstré derechef congnoissance qu’elle avoit de ses pechés pour en demander pardon à Dieu, et la certitude qu’elle avoit de son salut, mettant sa confiance en un seul Jesus, et ayant3 à luy tout son refuge, sans estre incitee de nul4, elle commença à prononcer le Miserere, comme nous le chantons à l’Église, à haulte voix et forte, non sans grand peine, mais elle pria qu’on lui permist de continuer.
De grandes acclamations couvrirent la voix de son contradicteur.
XII En français, on emploie de préférence la voix active, quand le sens et l’harmonie de la phrase ne s’y opposent pas ; mais en latin la voix passive est plus usitée et plus conforme au génie de cette langue, surtout après les verbes qui expriment une idée de volonté, de commandement, de nécessité, comme volo, nolo, malo, jubeo, impero, oportet, necesse est, etc. […] XIV Plusieurs verbes intransitifs s’emploient élégamment à la voix passive, sous une forme impersonnelle, comme itur, vivitur, ventum est, favetur, invidetur, etc. […] A la voix passive, cette construction est plus usitée et plus élégante que le supin avec iri, pour exprimer un temps futur10.
Les juges vont aux voix, l’arrêt se prononce, l’injustice triomphe, et le sage est condamné.
Les maîtres les lui ont tracées, et leur voix ne fut que l’écho de la raison et de la justice éternelle.
La critique a beau élever sa voix sévère, le mal est plus fort que la raison et la vérité36.
Saint Bernard est autrement ému quand il dit : « Le voilà enfant et sans voix ; et si ses vagissements doivent inspirer la crainte, ô homme !
Que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée, et un tour de visage bizarre, que son barbier l’ait mal rasé, si le hasard l’a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu’il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur.
Tout ce que des Anglais la muse inculte et brave, Tout ce que des Toscans la voix fière et suave, Tout ce que les Romains, ces rois de l’univers, M’offraient d’or et de soie, a passé dans mes vers.
L’archevêque s’avança d’abord vers moi, et me demanda, d’un ton de voix plein de douceur, ce que je souhaitais.
Par exemple, Boileau, dans le dernier chant de son Art poétique, interrompt la série de préceptes qui constitue l’art qu’il enseigne, pour introduire le tableau des bienfaits de la poésie, qu’il raconte en ces termes : Avant que la raison, s’expliquant par la voix, Eût instruit les humains, eût enseigné des lois, Tous les hommes suivaient la grossière nature ; Dispersés dans les bois, couraient à la pâture ; La force tenait lieu de droit et d’équité ; Le meurtre s’exerçait avec impunité. […] Viens, parle, et s’il est vrai que la fable, autrefois, Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix, Si sa main délicate orna ta tête altière, Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi sur tes pas permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits et non pour les cacher.
Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit1 Corneille se juge lui-même 2 La fausse humilité ne met plus en crédit ; Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit ; Pour me faire admirer, je ne fais point de ligue, J’ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue ; Et mon ambition, pour faire plus de bruit, Ne les va point quêter de réduit en réduit1 ; Mon travail sans appui monte sur le théâtre, Chacun en liberté l’y blâme ou l’idolâtre ; Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, J’arrache quelquefois leurs applaudissements ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres amis je n’éblouis personne. […] Enfin ils n’ont des mains que pour faire figure ; Leurs pieds, s’il faut marcher, n’y sauraient consentir ; Et s’ils ont un gosier, il n’a point d’ouverture Par où leur voix daigne sortir.
Sur ceste oppinion, ilz la levarent et commensarent à crier tous d’une voix : « Laissés-nous aller, car nous n’arresterons jamais3 que nous ne soyons aux espees. » Et baisarent la terre.
Dans un vaisseau brisé, sans voile, sans cordage, Triste jouet des vents, victime de leur rage, Le pilote effrayé, moins maître que les flots, Veut faire entendre en vain sa voix aux matelots, Et lui-même avec eux s’abandonne à l’orage. […] On vit errer la nuit des spectres lamentables ; Des bois muets, sortoient des voix épouvantables ; L’airain même parut sensible à nos malheurs ; Sur le marbre amolli l’on vit couler des pleurs ; La terre s’entr’ouvrit, les fleuves reculèrent, Et, pour comble d’effroi…. les animaux parlèrent. […] De l’honneur que tu fais, elle suit trop les loix, Et tu prends faussement et son nom et sa voix. […] L’encre de la chicane et sa barbare voix N’y défiguroient point l’éloquence et les loix. […] Ce chef des rois de la Grèce ne pouvant étouffer la voix de la nature, qui crie encore plus fortement dans son cœur, à l’approche du jour où Iphigénie doit arriver, charge Arcas d’aller au-devant d’elle et de Clitemnestre, à laquelle il écrit de retourner à Argos, parce qu’Achille a changé de dessein.
Là où les imaginations ont perdu cette première candeur, le poète épique ne saurait naître ; il appartient à la jeunesse des nations et des idiomes ; seulement, si la nation est rude et l’idiome grossier, on a ces longs récits en vers qui amusaient nos aïeux ; si, au contraire, la nouvelle langue est belle et forte dès son origine, on entend la voix du Dante.
Pour toi pour l’univers est mort en ces lieux mêmes ; En ces lieux où mon bras le servit tant de fois En ces lieux où son sang te parle par ma voix. […] Quand on entend parler, le ton de la voix indique clairement l’ironie, mais quand on lit, il est plus difficile de remarquer la figure ; il faut avoir connaissance des sentiments de celui qui parle et du mérite de la chose ou de la personne qu’on tourne en raillerie. […] Par la Prosopopée on découvre un tombeau, Le mort parle, et sa voix rend le discours plus beau. […] Aussi le sublime se trouve-t-il presque dans ce vers d’un autre poète : Dieu parle, et le chaos se dissipe à sa voix. […] A sa voix est de trop, et suffit pour empêcher le sublime pariait.
instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature ; sans toi, je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilége de m’égarer d’erreurs en erreurs, à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principes2. […] Pourquoi y a-t-il une voix dans le sang, une parole dans la pierre ?
Il faut à la modestie de l’expression joindre encore celle des regards, du geste et du ton de voix.
Devant un peuple assemblé, l’éloquence prend un autre ton, un autre caractère ; elle s’adresse moins à la logique qu’à la passion ; elle emprunte plus de puissance à la voix, au geste, au regard, aux images, qu’à l’enchaînement des mots et des idées ; elle sait que son triomphe tient à l’ébranlement momentané des cœurs.
C’est ainsi qu’on lit dans les Mémoires de La Rochefoucauld : « Le premier président et le président de Mesmes répliquèrent qu’il n’y avait plus lieu de délibérer, que c’était une nécessité absolue de fléchir sous la volonté des peuples, qui n’écoutaient plus la voix du magistrat… » 2.
Il ne semble pas qu’un homme seul y puisse suffire, ni par la quantité des choses dont il faut être instruit, ni par celles des vues qu’il faut suivre, ni par l’application qu’il faut apporter, ni par la variété des conduites qu’il faut tenir et des caractères qu’il faut prendre : mais la voix publique répondra si M. d’Argenson a suffi à tout.
Chénier (1764-1811) : Quand Sous le crime heureux tout languit abattu, Malheur au citoyen coupable de vertu, Et dont la gloire pure offensa, dans l’armée, Tibère impatient de toute renommée, Les délateurs, vendant leurs voix et leurs écrits, Viennent dans son palais marchander les proscrits ; Lui seul des tribunaux fait pencher la balance ; Le sénat le contemple, et décrète en silence ; Les regards sont muets, les lois n’osent parler ; Tibère à ses genoux voit l’univers trembler, Et, subissant lui-même un tyrannique empire, Éprouve, en l’ordonnant, la frayeur qu’il inspire.
Il pense avoir ôté à Rome jusqu’à la liberté de la voix et de la respiration : ou les pauvres Romains sont muets, ou ils n’ouvrent la bouche que pour flatter le tyran.
Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël !
Toutes les voix étaient libres.
Là, soit que le soleil rendît le monde au jour, Soit qu’il finît sa course au vaste sein de l’onde, Sa voix faisait redire aux échos attendris Le nom, le triste nom de son malheureux fils.
Les concetti foisonnèrent : Il n’y eut roc qui n’entendît leurs voix : Leurs piteux vers firent cent mille fois Pleurer les monts, les plaines et les bois. […] Elle fut un écho, non pas une voix.
Ce sont toujours des hommes, aussi, quand ils font des rôles de femmes, le son mâle de leur voix constitue une invraisemblance qui étonne au premier abord. Heureusement leurs masques, en figurant les traits des personnages qu’ils représentent, viennent compenser cet inconvénient, sans compter qu’ils ont, m’a-t-on dit, un autre avantage, qui est de renforcer leur voix. […] Dès 1612, un littérateur, David Rivault, publia une brochure intitulée : Du dessin d’une académie, et de l’introduction d’icelle en la cour ; mais sa voix n’eut pas d’écho. […] On pourrait lui appliquer ces vers de Boileau : Heureux qui, dans ses vers, sait, d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] Je ne veux pas dire par là que notre grand Corneille ait enfin trouvé un rival ou un successeur, quoique la voix publique le proclame ; la voix publique a souvent tort, dans ces matières délicates.
Si parfois la poésie fait encore entendre de nos jours une voix aussi pure et aussi brillante que dans les temps antérieurs, ce ne sont que des accents personnels, en quelque sorte, presque toujours sans écho, perdus dans la foule qui ne les écoute pas, et auxquels renonce le poëte lui-même, à mesure qu’il avance dans la société et se mêle à la vie active et réelle.
Mais autant les hommes de génie sont rares, autant l’inspiration du ciel visite rarement l’homme de génie lui-même ; il a ses moments d’enthousiasme, comme le volcan ses éruptions flamboyantes ; puis il retombe dans le silence et l’obscurité, comme s’il était consumé par ses propres efforts : Ainsi, quand l’aigle du tonnerre Enlevait Ganymède aux cieux, L’enfant, s’attachant à la terre, Luttait contre l’oiseau des dieux ; Mais entre ses serres rapides L’aigle, pressant ses flânes timides, L’arrachait aux champs paternels, Et, sourd à la voix qui l’implore, Il le jetait, tremblant encore, Jusques aux pieds des immortels.
» Puis il s’écria d’une voix sévère : « Je vois bien ce que c’est, ô Troglodites !
Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines1.
Quand les rudes aquilons ont ravagé la terre, vous appelez le plus faible des vents ; à votre voix, le zéphyr souffle, la verdure renaît, les douces primevères et les humbles violettes colorent d’or et de pourpre le sein des noirs rochers1.
S’il ose proférer la teneur du décret, la voix toute-puissante de la vérité ne s’élèvera-t-elle point pour étouffer celle du héraut, et pour publier la honte du décret ?
Un ton de voix toujours égal, et une douce contenance toujours grave et polie ont l’air de la simplicité, mais n’en sont pas.
Alors Eudore d’une voix sourde : Où sont les aigles ? […] Cette petite composition, qui tient une sorte de milieu entre les ouvrages sérieux et ceux de simple amusement, est destinée à transmettre à une personne absente ce qu’on désirerait lui faire connaître de vive voix. […] Il faut le connaître par soi-même ou par la voix publique.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
C’est avec un pareil langage que l’on touche, que l’on pénètre les cœurs les plus indifférents, et que l’on porte la persuasion dans les moins disposés à se laisser persuader ; parce qu’avec un léger retour sur soi-même, il est impossible qu’on ne trouve passa conscience d’accord avec l’orateur, et que l’on ne se rende pas à sa voix.
Il devrait dire simplement et d’une voix entrecoupée : — Hippolyte est mort, un monstre l’a fait périr ; je l’ai vu. — Il est aisé de répondre à ces critiques, et Voltaire l’a fait avec beaucoup de justesse.
Bientôt après, le front élevé dans les airs, L’enfant, tout fier de sa victoire, D’une voix triomphante en célébrait la gloire, Et semblait pour témoin vouloir tout l’univers.
Ce n’est là rien de plus qu’un juste tribut payé à leur renommée ; en d’autres termes, c’est la modestie convenable à tout individu, de penser que son jugement inexpérimenté est sujet à se méprendre plutôt que la voix unanime du public.