L’avocat poëte avait, dès l’âge de vingt-trois ans, placé sur la scène, dans une pièce intitulée Mélite, une aventure qui lui était personnelle, et, encouragé par le succès, il avait fait suivre cette comédie de quelques autres ; à vingt-neuf ans, abordant la tragédie, il avait dans Médée trouvé quelques traits sublimes ; à trente, il faisait paraître le Cid : et la France ravie saluait de ses applaudissements enthousiastes le nom du grand Corneille. […] Ici c’est le poëte qui parle, et non plus le personnage : Voltaire blâme judicieusement ces hyperboles poétiques qui affaiblissent le pathétique de ce discours. […] « La facilité plaisante des mensonges de Dorante, observe La Harpe, et la scène entre son père et lui, où le poëte a su être éloquent sans sortir du ton de la comédie, font toujours revoir le Menteur avec plaisir. » — Corneille donna plus tard la Suite du Menteur ; mais, quoique cette seconde pièce ne manquât pas de détails agréables et de vers heureux, elle fut très-éloignée d’avoir de même accès que la première.
Buffon a l’imagination du poëte : il peint des tableaux qu’il n’a pas vus. […] Il semble qu’en nous élevant avec elles, nous prenons un essor de l’âme plus haut, un regard plus profond, et ce n’est pas en vain que le poëte a dit : Jéhovah de la terre a consacré les cimes. […] Rappelons ici quelques lignes de Condorcet : « M. de Buffon, dit-il, est poëte dans ses descriptions ; mais, comme les grands poëtes, il sait rendre intéressante la peinture des objets physiques en y mélant avec art des idées morales qui agissent sur l’âme, en même temps que l’imagination est amusée ou étonnée. » 2.
Le poète, alors, ne se contentait pas de censurer en général les vices et les travers de l’homme, il traduisait les individus sur la scène, avec leur nom, leur costume, leur physionomie : cette licence ne put être arrêtée que par des lois sévères.
Mais, d’autre part, je ne voudrais pas, avec Condillac et quelques autres rhéteurs, montrer au poëte une sévérité déplacée, et le traiter moins en poëte qu’en philosophe.
Assez ordinairement l’Orateur ne persuade, qu’en peignant avec force et avec vérité : bien souvent aussi le Poète, en présentant des tableaux énergiques et vrais, parvient jusqu’à émouvoir et à persuader. […] S’ils ont été inventés, il suffit qu’ils soient aussi vraisemblables qu’ils puissent l’être, et que par conséquent il y ait des raisons de croire que, dans leur réalité, ils se seraient passés de la même manière que nos deux Poètes le supposent dans la fiction qu’ils emploient.
Tout, dans les inventions de l’art, fut modelé sur les exemples de point d’honneur chevaleresque, de dignité sévère, de bienséance pompeuse, qui brillaient autour du souverain ; et dans les sujets empruntés à l’histoire, la vérité des peintures souffrit souvent de cette préoccupation involontaire de l’écrivain et du poëte. […] Vous avez su être original en les imitant ; et quelquefois le souvenir ou la contre-partie d’une idée de ce grand poëte vous a fourni toute une pièce nouvelle.
Elle se montre aussi fort souvent dans les œuvres de l’historien, du philosophe et du poète. […] C’est ce que fait Cicéron dans la défense du poète Archias : il démontre que son client est citoyen romain, et il charme ses auditeurs par l’éloge du poète et des lettres elles-mêmes. […] On cite comme modèle l’endroit où Cicéron fait l’éloge des lettres dans son discours pour le poète Archias. […] Lorsque le génie du poète produit des tableaux qui nous frappent et nous élèvent au-dessus de nous-mêmes, lorsqu’il nous présente de grandes scènes qui nous émeuvent et font couler nos larmes, ce poète est éloquent. […] Plusieurs poètes avaient souvent chanté que tout était plein de Jupiter ; Homère et quelques autres, que l’homme était de la race des dieux.
Expression qu’on trouvait dans le poëte Timothée.
L’auteur anonyme de la Vie d’Eschyle, le cite, en altérant son nom, comme un des acteurs employés par ce poëte.
Buffon la regarde comme facile à acquérir par la lecture des poètes et des orateurs. […] Le style suppose la réunion et l’exercice de toutes les facultés intellectuelles ; les idées seules forment le fond du style, l’harmonie des paroles n’en est que l’accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes : il suffit d’avoir un peu d’oreille pour éviter les dissonances, et de l’avoir exercée, perfectionnée par la lecture des poètes et des orateurs, pour que mécaniquement on soit porté à l’imitation de la cadence poétique et des tours oratoires. […] Mais le ton de l’orateur et du poète, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît ; et que, devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent ainsi partout employer toute la force, et déployer toute l’étendue de leur génie. […] Corneille est de tous nos poètes celui dans lequel on trouve le plus de sentiments sublimes.
Un poëte du XVIe siècle, Tabourot (1549-1596), admirateur de Ronsard, a exprimé les vœux que voici : Sais-tu, mon Chanlecy, comme j’aurois envie De vivre pour passer heureusement la vie ? […] La Bruyère a jugé ainsi La Fontaine : « Un autre, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits sujets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire ; toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au delà de ses modèles ; modèle lui-même, difficile à imiter. » 3. […] Je me persuade qu’à force de rêver, le poëte en avait fait un art à son usage, choisissant à dessein les chimères les plus impossibles, non pas l’élection, mais l’amour du peuple ; et sachant bien aussi que les chimères les plus impossibles sont celles qui plaisent le plus. […] Le poëte prépare ici son dénoûment.
De tels sujets pouvaient ne pas ouvrir une carrière très vaste au génie du poète ou de l’orateur ; mais ils n’offraient pas du moins à leur imagination les écarts dangereux qui devaient bientôt outrager l’éloquence, la langue et la raison.
Rapprochez ces vers de Vauquelin de la Fresnaye, poëte normand, connu par son Art poétique : — Quelle es-tu, dis-le moy, si povrement vestue ? […] Godean, poëte du temps, avait dit Mais leur gloire tombe par terre, Et comme elle a l’éclat du verre, Elle en a la fragilité. […] « Corneille, plus qu’aucun autre poëte, a mis des contrastes dans ses tragédies, non pas seulement le contraste des passions, qui fait le fond nécessaire des tragédies, ou celui des bons et des méchants, de la vertu persécutée par le vice, mais le contraste de la grandeur et de la bassesse, qui, selon une poétique étroite, est moins propre à la tragédie.
Enfin, songeant aux résultats souvent prodigieux de toutes ces combinaisons, il arrive à cette conclusion incroyable : la beauté du style ne consiste ni dans l’heureux choix des expressions, ni dans la savante construction des phrases, mais dans l’harmonie à laquelle le poëte et l’orateur doivent tout sacrifier. […] Dès qu’on travaille sérieusement, c’est de la pensée qu’on doit s’occuper et des moyens de la rendre avec le plus de force, de clarté, de précision qu’il est possible79. » Indispensables au poëte, ces exercices préparatoires ne le sont guère moins au prosateur.
Mais pour ce que j’oserai appeler la véhémence préparée, pour celle de l’historien, du poëte, du dramatiste, il n’en est plus de même. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ?
Conseils au poëte Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant ou sublime, Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime : L’un l’autre vainement ils semblent se haïr ; La rime est une esclave, et ne doit qu’obéir1 ; Lorsqu’à la bien chercher d’abord on s’évertue, L’esprit à la trouver aisément s’habitue2. […] Je demande un poëte aimable, proportionné au commun des hommes, qui fasse tout pour eux. et rien pour lui.
Ses personnages ont une physionomie si distincte qu’ils s’imposent à la mémoire de la postérité, et bien qu’ils soient contemporains du poëte, tous les âges se reconnaissent en eux ; car ils sont à la fois des individus qui ont leur date dans l’histoire des mœurs, et des types qui demeureront à jamais. […] Contre l’abus des règles Lysidas, poète ; Dorante, Uranie.
Vous verrez la différence du moraliste au poëte pittoresque, au peintre.
Cet ouvrage est-il le rêve d’un utopiste et d’un poëte, ou le vœu d’un philosophe et d’un sage ? […] Je demande un poëte aimable, proportionné au commun des hommes, qui fasse tout pour eux et rien pour lui. […] D’ailleurs, un poëte est un peintre qui doit peindre d’après nature, et observer tous les caractères.
Qu’un orateur, vieilli au métier, ait consacré à parler de son art les loisirs que lui laissaient la tribune et le barreau, c’est déjà pour nous une rare fortune : mais que cet orateur se soit trouvé être en même temps un philosophe, un poëte, un érudit, un des plus grands écrivains de son siècle, c’est un concours de circonstances heureuses qui ne s’est reproduit, que je sache, à aucune autre époque, et qui donne à ses Traités un prix inestimable. […] Je me souviens qu’enfant j’admirais comme le nec plus ultra de l’éloquence judiciaire le discours que le poëte Ovide prête à Ulysse, lorsque ce héros dispute à Ajax les armes d’Achille, devant les Grecs assemblés. […] Est-ce qu’un poëte ne s’identifie pas avec les personnages qu’il a créés ? […] Au théâtre où le poëte, tenant dans ses mains tous les fils de l’action, dispose à son gré de nos impressions, comme de ses incidents et de ses personnages, le succès appartient souvent à celui qui frappe fort.
Elle a des philosophes, des historiens, des poètes du premier mérite ; et il serait difficile aux autres nations de trouver beaucoup d’hommes à opposer aux Newton, aux Hume, aux Pope. etc.
» Le poème de Fontenoy présentait le même contraste, le même fonds d’idées : rapprochons un moment le poète de l’orateur.
Sur ce poëte, qui a son importance littéraire, « parce qu’il est comme un anneau qui lie, dans notre histoire de la poésie, deux hommes de races très-diverses, Malherbe et La Fontaine », on peut voir un article plein d’intérêt de M.
J’aurais cependant fort souhaité de pouvoir être témoin de votre conduite ; je m’attends que vous m’en rendrez compte ; car, sans cela, au lieu de prospérités, je vous souhaite les jalousies réciproques, l’incompatibilité d’humeur, une belle-mère acariâtre, des beaux-frères querelleurs, des belles-sœurs ennuyeuses et aimant lire de mauvais romans, de la fumée en hiver, des moustiques en été, des fermiers qui payent mal, de fâcheux voisins, des procès à foison, des valets qui vous volent, un méchant cuisinier, une femme de chambre maladroite, un carrosse mal attelé, un cocher ivrogne, de l’eau trouble, du vin vert, du pain de Beauce2, des créanciers impatients, un bailli3 chicaneur, des lévriers au coin du feu, des chats sur votre lit, un curé qui prêche mal et longtemps, un vicaire mauvais poëte.
Son style, d’ordinaire simple et nu, serait parfois brusque et sec s’il n’avait de temps en temps des saillies de poëte, des traits lumineux qui font éclair, et découvrent des horizons lointains ; Mais alors l’image se lie si étroitement à la pensée qu’elle en est inséparable.
Le goût de la tragédie ayant été réveillé par le talent de mademoiselle Rachel, le poëte profita des applaudissements donnés à l’artiste, et toutes ces causes concoururent à un légitime succès qui prit les proportions d’un événement. […] Vous êtes historien et poëte, quand vous faites parler ces trois hommes, qui, à peine vainqueurs de leurs ennemis communs, se sont insupportables l’un à l’autre, et qui, venus en apparence pour se mettre d’accord, ne font que se mesurer du regard pour la lutte à mort à laquelle ils sont préparés.
Sans doute, c’est la nature qui fait les orateurs, comme l’on a dit qu’elle faisait les poètes, nascuntur poetæ ; c’est-à-dire que c’est elle qui donne aux uns et aux autres ce génie actif qui s’élance hors de la sphère commune ; cette âme de feu qui sent et qui s’exprime avec une vigueur qui étonne, et une chaleur qui entraîne l’auditeur.
Ils traitent surtout de ridicules ces endroits merveilleux où le poëte, afin de mieux entrer dans la raison, sort, s’il faut parler ainsi, de la raison même.
Que de tristes déceptions, que d’affreuses misères dues à une éducation qui ne tend qu’à former des hommes de lettres et des poètes ! […] On sait que tout homme a une manière de penser ou de s’exprimer qui tient au tour particulier de son esprit, à son caractère ; c’est ce qui, dans le même genre, distingue un poète, un orateur, un historien d’un autre. […] Mais en littérature, la langue que nos grands poètes et nos bons orateurs ont trouvée si riche, peut facilement se passer d’acquisition nouvelle. […] Le poète dans ses descriptions peut "étaler toutes les richesses d’une imagination féconde ; l’orateur dans ses tableaux doit se tenir plus près de la vérité, mais il a besoin de les varier, de les embellir, de les animer. […] Les poètes abondent en similitudes ; en éloquence rien de plus noble que celle par laquelle Bossuet compare la fermeté de la reine d’Angleterre aux colonnes qui soutiennent un temple ruineux ; le grand Condé à un fleuve majestueux ; la bonté des princes à une fontaine publique.
On sait que le Tasse est le poëte de la Jérusalem délivrée, et l’Arioste celui de Roland furieux. […] Opéra de Quinault, poëte lyrique français, né en 1635, mort en 1688.
Ce trait est d’un poëte 8.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Chez les poètes, ce vers est uni à des iambiques de six pieds, ou à des hexamètres.
Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier ; ils savent l’histoire avec les femmes ; ils sont poëtes avec un docteur, et géomètres avec un poëte. […] Le poëte Santeuil aimait beaucoup les serins, et en avait sa maison remplie : quelques traits de ce caractère pourraient bien s’appliquer à lui.
Mais ce n’est ni le cas, ni la place de tout dire à ce sujet ; et nous nous bornerons à conclure, avec le poète Martial, que c’est quelque chose que de savoir se taire ; res est magna tacere, Matho .
Voilà pourquoi Socrate, voulant se faire poëte après avoir été toute sa vie l’athlète de la vérité, et par cela même pauvre inventeur de fictions, mit en vers les fables d’Ésope, ne pensant pas qu’il pût y avoir de poésie sans fiction. » (De la Manière d’entendre les poëtes, chap.
Sa réputation comme poëte ne lui a guère survécu, et ses pièces si vantées ne nous offrent aujourd’hui presque aucun charme ; mais, comme prosateur, il a laissé des pages dignes encore d’être relues.
Quel est le but du poète en nous présentant cette suite d’images douces ou terribles ? […] Vous aurez donc à signaler les tons divers du style du poète. […] Voyez si dans la peinture de la nature laide, le poète a su prendre le pittoresque, et éviter les détails hideux. […] On veut terminer le repas par des chants, on fait venir un poète. […] Exposez la situation de Lusignan, et dites-nous si le poète a su lui prêter un langage convenable.
Cependant quand le poète ou l’historien introduisent dans leurs ouvrages un personnage qui parle réellement ; quand, par les discours qu’ils lui prêtent, ils lui font dire ce qu’il est supposé avoir dit en effet, l’art de l’écrivain peut être plus strictement regardé comme imitation, et c’est le cas où se trouve l’art dramatique ; mais cette dénomination rigoureuse ne peut convenir ni aux narrations, ni aux descriptions10.
Voici une épigramme de Lebrun qui a le mérite d’être courte et acérée : Églé, belle et poète, a deux petits travers : Elle fait son visage, et ne fait pas ses vers.
Tel est, en outre, le mérite de ses vers : aussi aurons-nous l’occasion de parler de nouveau et plus longuement de Molière, en le considérant comme poëte.
Chaulieu, poëte gracieux, mais trop léger (1639-1720).
Autrement on s’attirerait l’épigramme ou le conseil que Maynard adressait à un poète de son temps : Ce que ta plume produit Est couvert de mille voiles : Ton discours est une nuit Veuve de lune et d’étoiles ; Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique ; Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique ; Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi, qui peut t’empêcher De le servir du silence ? […] Les poètes recherchent beaucoup ce genre de beauté qui convient aussi parfaitement à la prose, toutes les fois qu’il s’agit de décrire.
Lorsqu’un objet important exaltait son âme, et exigeait de la force et de l’indignation, il abandonnait le ton déclamatoire, et le remplaçait par la force et la véhémence ; et l’homme vraiment éloquent, qui foudroie Antoine, Verrès et Catilina, n’est plus l’orateur fleuri, l’écrivain élégant qui parlait pour Marcellus, pour Ligarius ou pour le poète Archias.
Dans l’enfance des peuples, les souvenirs historiques se conservent par la tradition orale, par les chants des poètes ou par des monuments simples et grossiers.
Enfin, quoique son aigre et déchirante voix De sa rauque allégresse importune les bois, Qu’il offense à la fois et les yeux et l’oreille, Que le châtiment seul en marchant le réveille, Qu’il soit hargneux, revêche et désobéissant, À force de malheur l’âne est intéressant ; Aussi le préjugé vainement le maltraite, En dépit de l’orgueil il aura son poète.
Si le versificateur décrit un objet avec cet art, ce coloris qui nous fait prendre l’image de l’objet pour l’objet même ; si, par exemple, en nous traçant les agréments de la campagne, il nous en fait une description si vive et si animée, que nous croyions être transportés au milieu des champs, voir de nos propres yeux les beautés que la nature y étale, et partager même, avec ceux qui les habitent, les plaisirs purs qu’ils y goûtent, ce versificateur sera vraiment poète.
Dieu est le poëte et les hommes ne sont que les acteurs4.
Un poëte contemporain a exprimé la même pensée dans ce beau vers : L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
Madame de Maintenon 1635-1719 [Notice] Élevée dans le calvinisme, qu’elle abjura sans contrainte, réduite à la condition la plus précaire par la mort de ses parents, mademoiselle d’Aubigné, petite-fille de l’énergique champion de la réforme, épousa en 1642 le poëte Scarron, qu’avaient touché ses infortunes.
Orpheline dès son enfance, elle fut mariée jeune au poëte Scarron, très-célèbre dans le genre burlesque et doué d’une humeur joviale qui résista jusqu’au bout aux maux physiques dont il était assiégé.
C’étaient le chanoine Pierre Le Roy, le facétieux rimeur Gilles Durand, le conseiller Jacques Gillot, Florent Chrestien, l’ancien précepteur d’Henri IV, Nicolas Rapin, prévôt de la connétablie, le jurisconsulte Pierre Pithou, émule de l’Hôpital, et Passerat, savant helléniste, poète ingénieux, buveur émérite, en un mot la fleur des érudits et des honnêtes gens.
Poëte de transition, il clôt une époque, et en prépare une autre.
répondit le poëte.
XIX Les poètes et même les prosateurs mettent quelquefois à l’accusatif le nom qui désigne la partie à laquelle se rapporte l’action du verbe. […] Cette construction est très-fréquente chez les poètes. […] Il faut aussi remarquer que les poètes et ceux des prosateurs qui se servent d’expressions poétiques, Tacite principalement, mettent le génitif après un grand nombre d’adjectifs. […] Les poètes aussi ont donné lieu d’examiner ce en quoi ils diffèrent des orateurs.
C’est au poète, à l’historien, à l’orateur, de bien étudier les ressources et le génie de sa langue, et d’en tirer le meilleur parti possible.
De plus, chez une nation si heureusement née pour les arts, la fiction appelait naturellement les vers ; et l’on ne serait pas descendu de ces belles fables, si bien chantées par les poètes, à des récits en prose qui n’auraient renfermé que des mensonges vulgaires.
Un poëte du dix-huitième siècle.
Cette première étude était suivie de celle des langues, de la lecture des poètes, et de la connaissance des manuscrits, qui, en attendant l’invention de l’imprimerie, tenaient lieu de livres.
Parlons d’abord du poète, de ces Tragiques, monument unique en notre Histoire, étrange épopée où d’Aubigné se fait le Tyrtée, l’Homère huguenot de la guerre civile.
Peintre romanesque, moraliste poëte, disciple de Rousseau, dont il n’a pas la force, mais qu’il surpasse par la portée morale de son talent, Bernardin est le précurseur de M. de Chateaubriand.
C’est le style d’un poëte lyrique.
Un autre3, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits objets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire ; toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au delà de ses modèles, modèle lui-même difficile à imiter. […] Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier ; ils savent l’histoire avec les femmes ; ils sont poëtes avec un docteur et géomètres avec un poëte.
Archiloque, poète satirique, né à Paros vers 700 av.
Madame de Maintenon 1635-1719 [Notice] Élevée dans le calvinisme, qu’elle abjura sans contrainte, réduite à la condition la plus précaire par la mort de ses parents, Mlle d’Aubigné, petite-fille de l’énergique champion de la réforme, épousa en 1642 le poëte Scarron, qu’avaient touché ses infortunes.
Alexandre fut grand guerrier ; on le dit, je le veux croire ; mais Homère est grand poëte ; je le vois, j’en juge moi-même, et si je l’admire, c’est avec pleine connaissance, non sur la foi des traditions.
Aussi lorsque le redoublement est si bien compris dans l’idée qu’il redouble, qu’il serait impossible de concevoir l’une sans l’autre, le poète latin, comme tout autre, est inexcusable de le présenter.