C’est à ce titre qu’il a prononcé de nombreux éloges, qui sont autant de pages accomplies.
Prosper Mérimée a été un des rares écrivains qui ont su le mieux économiser l’emploi de leur talent, faire attendre et désirer leurs œuvres, les polir à loisir, et compter leurs pages, comme d’autres comptent leurs volumes.
J’entends qu’on prenne une page, par exemple, d’un bon auteur quelconque, qu’on la lise attentivement deux ou trois fois, de manière à en bien retenir toutes les pensées ; qu’ensuite on le mette le livre de côté, et qu’on essaye d’écrire ce morceau de mémoire, aussi bien qu’on pourra le faire. […] Voir page 71 [= p. 98, § Péroraison, parallèle de Condé et de Turenne par Bossuet]. […] Voir page 40 [= p. 41, § Style élevé, péroraison de la Milonienne : « Pour moi, juges, mon cœur se déchire… »]. […] Voir page 46 [= § Style élevé, péroraison de l’éloge d’Agricola : « S’il est un lieu réservé aux mânes… »]. […] Voir page 44 [= § Style élevé, discours de Pacuvius à son fils qui veut assassiner Annibal : « Mon fils, je vous prie et je vous conjure… »].
Voir page 55. […] Sans doute on ne prend point en société le ton de la déclamation publique, parce qu’une anecdote n’a pas besoin, pour être intelligible, d’être narrée avec une certaine affectation ; de même, en lisant quelques pages à haute voix, le geste ne doit point accompagner le débit. […] Nous en avons cité un exemple, page 342.
L’éloquence de ces pages est une sorte de mépris irrité contre le vice que Fénelon voudrait extirper jusqu’en ses racines. […] Comparez Balzac, page 9, même recueil.
Pour se faire une idée de la puissance de la parole à Rome, qu’on lise ce que disent Aper et Maternus dans cet excellent Dialogue des orateurs, chef-d’œuvre de raison et de style, qu’il soit de Tacite, de Quintilien, ou de tout autre, préface naturelle de tout ouvrage où il est question d’éloquence, et dont plusieurs pages semblent écrites d’hier, tant il y a de rapprochements entre notre état social et politique actuel et celui de Rome aux derniers temps de la République et aux premiers de l’Empire.
On peut voir le récit de cette bataille dans le même volume, page 59.
Dans cette page, on croit l’entendre causer.
Il convient de lire après cette page celle de Bossuet que voici : « L’homme a presque changé la face du monde ; il a su dompter par l’esprit les animaux qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale, et contraindre leur liberté indocile ; il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ?
Alfred de Musset se distingua tout d’abord par un air cavalier, et par une turbulence mutine qui ressemblait à l’espièglerie d’un page.
Pour en juger, comparez telle page de Montaigne à telle autre de Pascal se rencontrant sur le même sujet ; vous verrez que la différence ne tient pas seulement aux esprits, mais à la langue, qui n’a plus le même âge, et dont la virilité commence. […] C’est un problème difficile à résoudre, et des plumes adroites n’y ont réussi qu’à peu près : Paul Louis Courier lui-même, auquel les maîtres du xvie siècle étaient si familiers, trahit son docte labeur jusque dans ses pages les plus raffinées.
C’est celle où se trouvait Paul-Louis Courier quand il se servait de la langue d’Amyot pour corriger les contre-sens d’Amyot, ou pour ajouter à la traduction de Daphnis et Chloé celle de quelques pages récemment découvertes.
Voir plus haut, page 165 [2e partie, chapitre premier, § IX] ce qui a été dit sur le sublime dans le style.
Villemain une page d’excellente critique sur cet épisode : « Ces trois périodes, dit l’éminent écrivain, présentent tout le tableau de l’histoire du monde.
On retrouvera à chaque page de ce cours l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu en les appelant a l’étude et à l’admiration du beau et du vrai ; de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie ni sensibilité sans vertu, comme il n’y a rien de solide ni de profitable dans le talent sans la conduite et les mœurs.
Il s’éleva hautement contre le matérialisme de son siècle, et ces pages qui honorent son talent doivent nous rendre plus sévères pour celles qui en furent un emploi pernicieux. […] Rapprochez cette page de Massillon (Panégyrique de Saint Louis) : « A la tête des armées, ce n’était plus ce roi pacifique, accessible à ses sujets, assis sous le bois de Vincennes avec une affabilité que la simplicité du lieu rendait encore plus respectable ; réglant les intérêts des familles, réconciliant les pères avec les enfants, démêlant les passions de l’équité, assurant les droits de la veuve et de l’orphelin, paraissant plutôt un père au milieu de sa famille qu’un roi à la tête de ses sujets, entrant dans des détails dont des subalternes se seraient crus déshonorés, et ne trouvant indigne d’un prince et indécent à la majesté des rois que d’ignorer les besoins de leurs peuples.
Je sais peu de pages historiques plus belles que celles-là. » Cours de philosophie.
C’est une règle qu’oublient plusieurs des romanciers actuels, ceux surtout qui écrivent d’ordinaire pour le théâtre ; ils multiplient singulièrement le dialogue ; l’habitude de la scène les emporte à chaque page.
« La rhétorique, dit avec raison Quintilien, serait chose par trop facile, si on pouvait la renfermer tout entière dans quelques pages de règles… Ses préceptes ne sont pas des lois et des plébiscites dont on ne puisse s’écarter.
S’il en était ainsi, les kermesses de Teniers appartiendraient sans doute au style simple, et les grandes pages de Rubens au sublime.
C’est une grande faute, et qui, dans un génie d’ailleurs si fécond et si puissant, gâte beaucoup de bonnes pages.
Voyez plus haut page 47.
Nous avons essayé de résumer en un petit nombre de pages les réponses aux questions du programme officiel ci-dessous, où rentrent tous les points essentiels de l’étude des lettres. […] Que dire des prosateurs qui ont affecté d’écrire des pages entières en vers blancs ? […] Havet, page 445.) […] V. plus haut page 14, Art poétique et poésie. […] Gaillard, page 401.
., on réduirait à un bien petit nombre de pages la plus longue de ces productions.
Il vint trois gentilshommes, qui pensèrent mourir en voyant ce portrait : c’étaient des cris qui faisaient fendre le cœur ; ils ne pouvaient prononcer une parole ; ses valets de chambre, ses laquais, ses pages, ses trompettes, tout était fondu en larmes et faisait fondre les autres.
Puis, quand ils sont bien animés, j’écris sous leur dictée rapide, sûr qu’ils ne me tromperont pas, que je reconnaîtrai Bazile, lequel n’a pas l’esprit de Figaro, qui n’a pas le ton noble du comte, qui n’a pas la sensibilité de la comtesse, qui n’a pas la gaieté de Suzanne, qui n’a pas l’espièglerie du page, et surtout aucun d’eux la sublimité de Brid’oison : chacun y parle son langage.
III) de belles pages sur l’influence littéraire de Louis XIV.
L’épigramme suivante peut être mise au nombre des meilleures : Un certain sot de qualité, Lisait à Saumaise un ouvrage, Et répétait à chaque page : Ami, dis-moi la vérité.
Il me parle latin, il allègue, il discourt, Il réforme à son pied les humeurs de la cour : Qu’il a pour enseigner une belle manière, Qu’en son globe il a vu la matière première ; Qu’Épicure est ivrogne, Hippocrate un bourreau, Que Bartole et Jason ignorent le barreau ; Que Virgile est passable, encor qu’en quelques pages Il méritât au Louvre être chiffré26 des pages ; Que Pline est inégal, Térence un peu joli : Mais surtout il estime un langage poli. […] Nos extraits seront empruntés aux Poésies diverses qui offrent aussi des pages dignes d’être lues, étudiées, admirées.
Hunyade, à l’âge de seize ans, était page du prince de Servie. […] On peindra la désolation du jeune page ; il y aura entre lui et le prince une conversation courte et animée. […] Duguesclin y arrive avec ses chevaliers ; et ce sont les pages mêmes et les écuyers du captal, faits prisonniers, qui servent les Français à table. […] Barrau ; 3e édition, page 285. […] L’explication de ce sujet est extraite du Livre de morale pratique, pages 164 et suiv.
Considérée sous ce rapport, on la trouve à chaque page non-seulement dans les poètes, mais encore dans les prosateurs. […] Bossuet est l’orateur qui a su mettre souvent la majesté de son style à la hauteur de ses sujets, et l’on peut voir un exemple parfait de style majestueux dans la période carrée que j’ai citée page 80. […] Les vers cités à cet article (page 166) sont un exemple remarquable de dureté. […] Tel autre montait sur un toit ; tel autre n’écrivait que la nuit ; j’en connais qui ne peuvent tracer un mot, si leur chambre n’est dans le plus grand désordre, et couverte de livres ouverts ; je pourrais même nommer un auteur pieux non-seulement dans ses écrits, mais encore dans sa conduite, qui s’énivre de tabac et trace ses plus belles pages au milieu d’une atmosphère suffocante, Ces moyens divers sont purement mécaniques ; il faut les abandonner entièrement aux natures exceptionnelles qui s’en accommodent.
Cet adjectif a déjà fini l’un des vers de la page précédente : on a remarqué qu’il revenait fréquemment sous la plume de Voltaire.
Après qu’on a lu un certain nombre de pages, tout vous échappe ; on sait seulement que l’auteur a dit des choses ingénieuses, et a souvent parlé en orateur.
Aristote, aussi lui, a consacré une belle page au même sujet.
Il vint trois gentilshommes, qui pensèrent mourir en voyant ce portrait : c’étoient des cris qui faisaient fendre le cœur ; ils ne pouvaient prononcer une parole ; ses valets de chambre, ses laquais, ses pages, ses trompettes, tout était fondu en larmes et faisoit fondre les autres.
Appliquée à l’histoire des beaux-arts et au jugement des chefs-d’œuvre de la peinture2, elle a, dans des pages d’une justesse et d’une finesse exquises, tracé l’histoire des grandes écoles et appelé sur l’œuvre du plus doux et du plus expressif de nos peintres, Eustache Lesueur, un retour de célébrité auquel est associé désormais son historien.
Il est telle fable de La Fontaine, telle page de Racine ou de Bossuet, qui renferme à la fois les tons les plus divers. […] À chaque page, à chaque phrase même, ils savent varier leurs couleurs. […] La lecture, telle que nous l’entendons ici, ne consiste pas à parcourir rapidement les pages d’un livre pour charmer ses loisirs ou pour satisfaire une curiosité frivole. […] On dévore des pages en courant, et il ne reste rien ni dans l’esprit ni dans le cœur. […] Il existe assez de belles pages sur la littérature, mais les livres qui en résument bien les préceptes seront toujours assez rares.
Cette construction se rencontre à chaque page des écrivains latins119.
On peut recourir, en cherchant ses preuves, aux lieux communs dont j’ai déjà parlé (pages 21 et 22) en y ajoutant l’intention, la circonstance, la cause, l’effet, etc.
Mais il est quelques pensées d’élite qui brillent dans les pages des bons écrivains et qui y répandent de l’éclat.
Comparez cette belle page de madame de Staël : « Tout ce qui est vraiment beau est inspiré, tout ce qui est désintéressé est religieux.
Entre tant de pages, également inspirées par la vertu et le génie, notre choix était bien difficile.
Mais aller chez des gens que l’on connaît à peine, Pour échanger sans but quelque parole vaine2 ; Avoir des rendez-vous ; savoir l’heure qu’il est ; S’arracher avec peine aux lieux où l’on se plaît ; Quitter le coin du feu, la page commencée, Et le fauteuil moelleux où s’endort la pensée ; Se parer, s’épuiser en efforts maladroits Pour enfoncer sa main dans des gants trop étroits, Et pouvoir se montrer, d’une façon civile, En deux salons placés aux deux bouts de la ville3 ; Bref, d’invitations incessamment pourvu, Ne pas se réserver un jour pour l’imprévu, Et gaspiller le temps d’une œuvre sérieuse Dans cette oisiveté rude et laborieuse4 ; Est-ce vivre ?
Il est temps qu’on mette à leur portée les pages les plus exquises qu’on réservait jadis aux élèves de nos lycées. […] Si l’on ôte de beaucoup d’ouvrages de morale l’avertissement au lecteur, l’épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre. […] Mais la Critique, ayant lu, par malheur pour lui, quelques pages de son Enéide en vers français, le renvoya assez durement, et laissa venir à sa place Madame de la Fayette, qui avait mis sous le nom de Segrais le roman aimable de Zaïde et celui de la Princesse de Clèves. […] Voiture et Sarasin n’ont pas à eux deux plus de soixante pages. […] Mais il l’a déjà dit quatre fois en trois pages.
Par ce moyen, l’élève fixe d’abord son attention sur ce qu’il y a d’essentiel dans chaque page ; son intelligence et sa mémoire sont aidées par le premier regard qu’il jette sur son livre, et il distingue sur-le-champ ce qu’il doit apprendre et retenir mot à mot. […] Laurentie, elle tonne contre les passions du haut d’une tribune ; d’autres fois elle parle à la raison dans les pages muettes d’un livre. […] Lisez saint Grégoire, saint Jérôme, saint Augustin et saint Bernard : vous sentirez à chaque page une âme brûlante de charité et vous ne trouverez jamais que des sentiments nobles et purs. […] Un récit de deux pages sera court s’il ne contient que ce qui est nécessaire ; un récit de vingt lignes sera long s’il peut être renfermé dans dix. […] Une page de Rodriguez, parfaitement débitée, produira plus d’effet que le plus beau sermon de Bourdaloue et de Massillon, prononcé mollement et sans énergie.
Appliquant un cristal sur ses yeux obscurcis, Et du jeune lecteur dirigeant les récits, Le vieillard lui disait : Lisez ces pages saintes ; Abel, le juste Abel, de son sang les a teintes.
L’auteur du Chemin de traverse sait, aussi bien que tous ces messieurs, et il l’a montré dans bien des pages excellentes, que la métaphore est défectueuse quand elle est forcée, quand l’analogie entre les idées comparées n’est ni assez naturelle, ni assez sensible, et cependant il a écrit : « On voyait au bout du jardin, dont il avait l’air d’être le dogue fidèle, le Rhône qui se déroulait en aboyant… le Rhône a une grande voix et de grands bras, il est limpide, il étincelle, il marche à grands pas, toujours en poste, faisant claquer son fouet comme un gentilhomme en vacances !
Un certain sot de qualité, Lisait à Saumaise 156 un ouvrage, Et répétait à chaque page, Ami, dis-moi la vérité.
En condamnant les pages où il fit de son génie un emploi pernicieux, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui, par sa prestesse et sa justesse, prête de l’agrément à toutes les idées.
Je lis ailleurs cette belle page du grand poëte sur le curé de campagne : « Il a dans ses attributions les fautes, les repentirs, les misères, les nécessités, les indigences de l’humanité ; il doit avoir le cœur riche et débordant de tolérance, de miséricorde, de mansuétude, de compassion, de charité et de pardons !
La concision de Bossuet n’est pas celle de Montesquieu, dont les Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains sont contenues dans quelques pages du Discours sur l’histoire universelle (IIIe partie, chap. […] II, page 187.)
Ce doux titre de père est celui que prend Salomon dans le livre des Proverbes, et ce titre est justifié à chaque page, à chaque mot, par la nature même des choses, et par la manière dont elles sont exprimées.
Aussi restera-t-il voisin de nous ; son talent lui fera pardonner ses misères, et la postérité n’oubliera pas plus ses touchantes ballades que la farce anonyme de Maître Pathelin (xve siècle), chef-d’œuvre impérissable comme une page de Molière.
Comparez à une page de Louis XIV sur la royauté.
Comparez une page de madame de Staël (même recueil).
Dans cette page, on croit l’entendre causer.
On a vu avec peine quelques pages seulement renfermer l’analyse de tout Molière, et un demi-volume consacré à Beaumarchais ; deux volumes à l’analyse de quelques tragédies de Voltaire ; un gros volume, à l’examen de quelques opéras-comiques que personne n’a jamais songé à lire, etc.
Les livres saints offrent presque à chaque page des exemples de ce genre de sublime.
On trouvera ce passage dans les Morceaux choisis pour la classe de sixième, page 20.
Page 158, version 89, lig. 4, pænurià, lisez : penurià. Page 230, version 28, lig. 6, ipse Peloponnesus, lisez : ipsa Peloponnesus. Page 246, version 37, lig. 9, posthumum, lisez : postumum. Page 324, version 80, lig. 13, cœnaturam confirmans, lisez : cœnaturam. Page 326, version 81, lig. 20, in amico, lisez : in animo.
Bouillet est, en ce genre, un véritable tour de force : il n’a que 2000 pages et contient environ 40 000 notices historiques ou géographiques.
Son travail, cependant, n’est pas tout à fait indigne de lui ; il y a de très belles pages, ce sont celles que M. […] Que l’on essaye de traduire en anglais quelques pages seulement des romans de Marivaux, et l’on sentira combien, dans de tels sujets, nous sommes pauvres d’expressions, aussi la langue française est plus abondante qu’aucune autre pour peindre la délicatesse, la gaité ou le plaisir ; elle est de toutes les langues du monde la plus heureusement formée pour la conversation ; mais c’est avec raison que l’on pense que la langue anglaise lui est bien supérieure dans les compositions d’un genre élevé. […] Dans son traité intitulé Avis à un auteur, il consacre deux ou trois pages à Aristote, sans le nommer jamais autrement que « le modèle des critiques, le grand génie ou le grand juge de l’art, le prince des critiques, le grand maître de l’art, le philologue consommé ; » c’est encore ainsi que, dans un autre endroit de ce traité, pour désigner Homère, Socrate et Platon, il les appelle « le père vénérable de la poésie, le patriarche des philosophes, et son noble disciple, ce puissant génie. » Cette manière d’indiquer les personnes marque beaucoup d’affectation ; mais elle n’est cependant pas aussi opposée à la précision que les fréquentes circonlocutions qu’il emploie pour exprimer des idées morales, cherchant toujours bien plus la pompe et l’ornement que la clarté, à, laquelle, comme écrivain philosophe, il devait donner tous ses soins. Le sens moral est, par exemple, d’après sa définition, un terme clair et parfaitement intelligible ; mais combien il rend cette idée vague lorsque, dans la page suivante, il appelle ce sens moral « une affection naturelle, une imagination prématurée qui constitue le sens du bien et du mal !
Son discours, armé contre les passions qu’enfante l’égoïsme, doit s’animer de toutes celles que la loi morale autorise ; par elles, il foudroie tout ce qui lui résiste, il impose à son gré la conviction, et tous ces milliers d’hommes qui se pressent silencieusement autour de lui, ou qui ont les yeux attachés sur les pages qu’il a tracées, ne vivent plus qu’en lui et n’ont plus d’âme que la sienne.
(Voyez variété, page 166.)
Que vous servira d’avoir tant écrit dans ce livre, d’en avoir rempli toutes les pages de beaux caractères, puisque, enfin, une seule rature5 doit tout effacer ?
qu’une page pleine dans les livres est rare !
Tendre et passionnée avec sa fille ; légère et piquante avec Bussy-Rabutin ou avec M. de Coulanges ; éloquente et profonde en peignant la douleur de madame de Longueville, la mort de Louvois et la mort de Turenne, elle prend tous les tons et toutes les formes, sans effort, sans contrainte, par l’instinct naturel de son âme ; et pourtant elle est partout elle-même ; on la reconnaît à une page, à une phrase, à un mot.