Pourquoi montrerait-il une injuste rigueur ?
Il faut aussi montrer un auteur en place dans son siècle, et mettre son lecteur au point de vue qui l’éclaire.
Lui laissant la gravité, la noblesse et la pompe, il fut son rival dans le genre, épistolaire, qui était alors un jeu de salon : il s’y montra coquet, sémillant, joli, précieux, et passa toute sa vie à broder des gentillesses galantes, à voltiger sur des pointes d’aiguille, à enfler des bulles de savon, à distribuer des compliments comme des dragées dans une bonbonnière, en un mot à charmer par des bagatelles souvent prétentieuses les coteries et les ruelles où l’on se disputait comme des faveurs ses moindres billets.
Mais où Silius Italicus s’est montré vraiment digne de son modèle, c’est dans cette belle pensée rendue par une image si imposante : Fallit te mensas inter quòd credis inermem : Tot bellis quæsita viro, tot cædibus armat Majestas æterna ducem. […] Montrez au peuple romain la petite-fille d’Auguste, la veuve de Germanicus ; présentez-lui nos six enfants : le cri de la pitié publique s’élèvera avec la voix des accusateurs ; et ceux qui supposeront des ordres coupables ne trouveront ni croyance ni pardon ».
Renfermée alors dans les paisibles fonctions de la magistrature, et réduite à ne plus se montrer que dans les jours d’apparat, elle ne parle plus qu’un langage étudié, étranger aux beaux mouvements de la véritable éloquence, et froidement subordonné aux convenances, qui glacent à tout moment son enthousiasme, et viennent arrêter son essor.
Sans amener continuellement des réflexions philosophiques et morales, l’historien doit donner aux faits leur vrai caractère, et montrer partout l’expression d’une âme honnête et vertueuse ; le récit n’en devient que plus sympathique et plus intéressant : c’est là ce qui fait de Tacite un historien admirable et complet.
S’il nous représente ce caractère aussi élevé, aussi vertueux qu’il puisse l’être, et comme ayant été le principe des plus grandes et des plus brillantes actions que ce souverain a faites, ou qu’il a pu faire vraisemblablement ; il imitera la belle nature, il nous montrera le beau qui plaira à notre esprit.
Il leur a montré que de cent cinquante et tant d’opinions1 qui visaient au souverain bien, il n’y en avait pas une qui eût touché au but : vous pouvez voir et compter ces opinions dans les livres de la Cité de Dieu de saint Augustin2.
Il y aperçoit une pauvre cabane, il y frappe ; il en sort un vieux hernouten à barbe blanche. « Mon père, lui dit l’officier, montrez-moi un champ où je puisse faire fourrager mes cavaliers. — Tout à l’heure », reprit l’hernouten.
Il rentra ensuite dans le monde, et par une excellente comédie, l’une des pièces dont la réputation s’est maintenue au premier rang après celles de Molière2, il montra combien il avait étudié avec fruit la société de son temps, combien il en savait reproduire les mœurs et parler le langage.
Je ne suis pas de ceux qui estiment que les larmes et la tristesse n’appartiennent qu’aux femmes, et que pour paraître homme de cœur on se doive contraindre à montrer toujours un visage tranquille.
Un homme qui montrait la lanterne magique Avait un singe dont les tours Attiraient chez lui grand concours ; Jacqueau, c’était son nom, sur la corde élastique Dansait et voltigeait au mieux, Puis faisait le saut périlleux ; Et puis, sur un cordon, sans que rien le soutienne, Le corps droit, fixe, d’aplomb, Notre Jacqueau fait tout au long L’exercice à la prussienne1 Un jour qu’au cabaret son maître était resté, (C’était, je pense, un jour de fête)2, Notre singe en liberté Veut faire un coup de sa tête.
Ambroise, marquis de Spinola, né à Gênes en 1571 et mort en 1630, n’embrassa la carrière des armes qu’à trente ans, et se montra sur-le-champ doué des plus grands talents militaires.
Par là se vérifie ce que dit l’Apôtre : « Que Dieu est heureux et le seul puissant, Roi des rois et Seigneur des seigneurs » ; heureux, dont le repos est inaltérable, qui voit tout changer sans changer lui-même, et qui fait tous les changements par un conseil immuable ; qui donne et qui ôte la puissance ; qui la transporte d’un homme à un autre, d’une maison à une autre, d’un peuple à un autre, pour montrer qu’ils ne l’ont tous que par emprunt, et qu’il est le seul en qui elle réside naturellement. […] À mesure qu’il approchait, je la voyais disparaître ; le faible croissant diminuait peu à peu ; et quand le soleil se fut montré tout entier, sa pâle et débile lumière, s’évanouissant, se perdit dans celle du grand astre qui paraissait, dans laquelle elle fut comme absorbée. […] J’entre dans la vie pour en sortir bientôt ; je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître.
Et enfin, les autres se tuent315 pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu’ils les savent ; et ceux-là sont les plus sots de la bande, puisqu’ils le sont avec connaissance, au lieu qu’on peut penser des autres qu’ils ne le seraient plus, s’ils avaient cette connaissance. […] Mademoiselle de Vertus n’avait qu’à se montrer ; ce retour si précipité marquait bien quelque chose de funeste. […] Je l’ai montrée de temps en temps à ceux qui s’approchaient, et je l’ai considérée de toutes manières pour vous mander ce qu’il m’en semble. […] Il a été bien combattu ; Dieu a montré qu’il aimoit mieux le droit que la force ; la victoire nous a été absolue ; l’ennemi tout rompu, les reîtres en partie défaits, l’infanterie rendue, les Bourguignons malmenés, la Cornette blanche et le canon pris, la poursuite jusqu’aux portes de Mantes. […] Il y une troupe de satyres impudents et moqueurs, qui font les postures les plus bizarres, qui rient, et qui montrent du doigt la queue d’un poisson monstrueux, par où finit le corps de ce bel enfant.
Mais puisqu’il est impossible de passer sur des choses que tant de sang répandu a trop vivement marquées, montrons-les du moins avec l’artifice de ce peintre, qui, pour cacher la difformité d’un visage, inventa l’art du profil.
Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.
Les bergers peuvent montrer de l’esprit, mais un esprit toujours naturel, ennemi de l’affectation et de tout ce qui peut paraître recherché. […] … On ne m’éblouit point d’une apparence vaine ; La vertu d’un cœur noble est la marque certaine, Si vous êtes sorti de ces héros fameux, Montrez-nous cette ardeur qu’on vit briller en eux, Ce zèle pour l’honneur, cette horreur pour le vice. […] L’âme du poète doit être toute remplie de son objet toute pénétrée des malheurs qu’il veut déplorer, et se montrer tout entière dans l’élégie. […] Des Dieux et des mortels le monarque suprême Armé de ses carreaux, se montrât-il lui-même ; Le devoir parle au sage ; il n’a point d’autre loi.
L’histoire de l’homme ne consiste pas seulement dans les événements extérieurs et publics, qui ne nous montrent guère que des princes, des héros, et les actions mémorables des grands hommes ; l’humanité a encore une autre face : c’est la vie privée, c’est la multitude, ce sont les passions, les intérêts, les accidents de tous les jours, les vertus, les vices, les mœurs, les usages, les caractères de la vie commune ; c’est l’histoire de chacun et l’histoire de tous : tels sont les éléments variés et féconds où le roman puise ses peintures et ses récits.
Mademoiselle de Vertus n’avait qu’à se montrer ; ce retour si précipité marquait bien quelque chose de funeste.
[Notice] Né en 1632, à Pernes, dans le comtat d’Avignon, d’une famille d’artisans, Fléchier fut l’un de ceux qui, sous un roi habile à juger les hommes et à les placer à leur rang, se créèrent leur noblesse par leur supériorité personnelle et montrèrent que le mérite allait devenir en France le premier des titres.
La princesse de Conti lui disait un jour : « Je veux vous montrer les plus beaux vers du monde, que vous n’avez point vus. — Pardonnez-moi, madame, répondit-il, je les ai vus ; car s’ils sont les plus beaux du monde, il faut nécessairement que ce soit moi qui les aie faits. » Il n’était donc pas plus modeste en prose qu’en vers.
À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie, Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. […] Les ornements du style se montrent sous trois formes distinctes, qui sont : i" les figures, 2° les splendeurs, 3° les secrets. […] Sous combien de formes se montrent les ornements du style ? […] Il serait indécent d’indiquer avec un seul doigt ; il faut le faire le pouce un peu en avant, posé sur les quatre autres doigts pliés en dedans, mais sans raideur, pour ne pas montrer le poing, ce qui serait inexcusable et la plus lourde faute contre la politesse de l’action : car, en aucun cas, il n’est permis de menacer du poing. […] Le but de la lettre de remerciement est de montrer qu’on sent le prix d’un bienfait qu’on a reçu.
. — Ostendere (quasi os tendere), montrer, faire voir. Ostende mihi, quæso, epistolam tuam. — Ostentare (fréquentatif d’ostendere), montrer souvent, faire parade, montrer avec soin. […] Id. — Dicere (de δειϰω, montrer), exposer une suite de pensées. […] — Recludere (claudere retrò), montrer le dedans, ôter la clôture, ouvrir. […] Cic. — Monstrare, montrer, faire voir.
« Ces saints prédicateurs, dit l’Abbé Fleury, dans son ouvrage des mœurs des premiers chrétiens, n’étaient pas des discoureurs oisifs, comme les sophistes qui disputaient dans les écoles profanes, par une mauvaise émulation de se contredire et de raffiner les uns sur les autres, ou qui écrivaient dans leur cabinet, pour montrer leur érudition et leur bel esprit. […] C’est ainsi que Bossuet dans son Oraison funèbre du grand Condé 95, se propose de montrer « que ce qui fait les Héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble, valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité du génie, voilà pour l’esprit, ne seraient qu’illusion, si la piété n’y était jointe, et enfin que la piété est le tout de l’homme ». […] Il ne se permettra jamais la plaisanterie ; et encore moins la satire, pas même dans la réplique, quoiqu’il puisse quelquefois s’y montrer moins grave que dans le plaidoyer.
Elle soutiendra votre courage, elle ranimera vos défaillances, elle vous montrera un but que vous ne perdrez plus de vue dès que vous serez convaincus qu’on peut l’atteindre ; qui croit, espère ; habenda fides est vel in hoc ut, qui crediderit, et speret .
Je lui montrerai l’art, ignoré du vulgaire, De séparer aux yeux, en suivant leur lien, Tous ces métaux unis dont j’ai formé le mien.
Quand Dieu par plus d’effets montra-t-il son pouvoir ? […] « Sa férocité était extrême et se montrait en tout : c’était une meule toujours en l’air, et dont ses amis n’étaient jamais en sûreté ». […] Il nous suffira, pour en montrer le ridicule, de citer la satire et la fable, que l’on rangeait parmi les petits genres ou genres secondaires. […] 2° Le poète dramatique doit présenter les personnages de la manière la plus intéressante, les prendre dans la nature et les montrer d’accord avec eux-mêmes jusqu’à la fin de la pièce.
Je me souviens qu’un jour on montra à une personne de grande qualité et de grand esprit un ouvrage d’ivoire d’une extraordinaire délicatesse2.
Et cette division logique, en vous ouvrant comme une route entre les objets de votre enseignement, vous a montré la méthode que vous deviez suivre.
Il fut sans doute d’un caractère âpre, d’une langue mordante et libre jusqu’à l’excès ; mais d’un cœur invincible aux passions et d’une rigide probité ; plein de mépris pour la faveur et la richesse, il montrait, pour supporter la fatigue et le péril, un corps et une âme pour ainsi dire de fer. […] Il ne convient à l’historien de montrer ni faveur ni haine. — 6. […] Marcus Livius fut condamné par sentence du peuple au sortir du consulat ; supportant avec peine cet affront, il se retira à la campagne, et pendant plusieurs années il ne se montra ni à la ville ni dans aucune réunion. — 12. […] Nous devons dans notre vie nous montrer fidèles, et dévoués au bonheur de l’humanité. — 6.
S’il y a eu quelque dérangement dans les premières années de ce prince, l’âge y eut plus de part que le cœur : l’occasion put le trouver faible ; elle ne le rendit jamais vicieux ; et le reste de ses jours, passés depuis dans la règle, montrent assez que l’égarement n’avait été qu’un oubli, et qu’en se rendant au devoir, il s’était rendu à lui-même ».
S’il en montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir ; il me tient trop tendu, et sa lecture me devient une étude.
Les passions et les caractères de l’épopée doivent nous montrer l’humanité sous un côté héroïque et grandiose, pour exciter en nous des émotions généreuses.
Virgile, en parlant des deux colombes qui apparaissent à Enée pour lui montrer la place du rameau d’or : Et viridi sedere loco…… 3.
En abattant d’une main ce qu’il a élevé de l’autre, l’orateur chrétien ne se combat point lui-même ; il ne combat que des illusions, et avec d’autant plus de supériorité, qu’après avoir, comme par complaisance, accordé ce qu’il devait au siècle et à ses coutumes, il semble se jouer de toute la pompe qu’il a étalé un moment, et fait voir à ses auditeurs détrompés combien ce qu’ils admirent est peu de chose, puisqu’il ne faut qu’un mot pour en montrer le vide, et qu’un instant pour en marquer le terme. […] Pensées ingénieuses, expressions frappantes, tours et figures agréables, métaphores hardies, arrangement nombreux et périodique, en un mot, tout ce que l’art a de plus magnifique et de plus brillant, l’orateur peut non-seulement le montrer mais même en quelque sorte en faire parade, pour remplir l’attente d’un auditeur qui n’est venu que pour entendre un beau discours, et dont il ne peut enlever les suffrages qu’à force d’élégance et de beauté. […] Il serait indécent d’indiquer avec un seul doigt ; il faut le faire le pouce un peu en avant, posé sur les quatre autres doigts pliés en dedans, mais sans raideur, pour ne pas montrer le poing, ce qui serait inexcusable et la plus lourde faute contre la politesse de l’action : car, en aucun cas, il n’est permis de menacer du poing.
Je vois un homme de tête, qui remue tout sans se montrer, parce qu’il a bien pris son parti. […] Il expose dans tout leur jour, les faits qui nous montrent la durée perpétuelle de la religion, et ceux qui nous découvrent les causes des changements arrivés dans les empires.
Si, malgré les efforts de son zèle et sa profonde admiration pour Homère, Rochefort est évidemment faible ici, Pope s’y va montrer étonnant : I turnd’ my eye, and as I turn’d swey’d, A mournful vision !
Toute cette partie de l’art oratoire appartient au raisonnement ; et c’est là que l’avocat doit se montrer logicien aussi profond qu’orateur habile.
Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
Condillac, dans l’Art d’écrire, se proposant de montrer comment se fait l’analyse de la pensée dans les langues formées et perfectionnées, a choisi pour objet d’étude la plus grande partie de ce morceau.
Dans son Histoire de l’Académie des sciences, qui renferme les Eloges des académiciens et passe pour le modèle du genre, Fontenelle s’est dégagé des défauts dont ne sont pas exempts ses autres ouvrages, l’affectation et la subtilité : car il y a eu, comme on l’a fort bien dit, deux hommes en lui, l’un qui, faute de ce goût élevé que le cœur inspire, s’est attiré les justes railleries de Racine, de Boileau et de La Bruyère ; l’autre, et c’est celui qui doit nous occuper, disciple de Descartes, mais sans abdiquer son indépendance, que Vauvenargues a honoré de ses éloges, dont l’esprit s’est montré vaste, lumineux, universel, et qui a peint avec vérité les physionomies de ses savants confrères, en présentant avec intérêt une analyse fidèle de leurs écrits.
La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, où d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence ; montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.
Cette pièce est le chef-d’œuvre et la condamnation du genre, c’est-à-dire de cette poésie artificielle qui décrit pour décrire et montrer son savoir-faire.
Il me fit un salut d’ami, Et, se détournant à demi, Me montra du doigt la colline2… Un an après, il était nuit ; J’étais à genoux près du lit Où venait de mourir mon père3, Au chevet du lit vint s’asseoir Un orphelin vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère.
Montrez qu’il faut rejeter les mauvais ouvrages.
Montrez-vous circonspect dans le choix de vos mots ; Ils plaisent rarement, trop vieux ou trop nouveaux.
Delille, s’inspirant de ces vers, a montré aussi dans ses Jardins, chant II,… Le pas leste et vif de la jeune laitière, Qui, l’habit retroussé, le corps droit, va trottant, Son vase en équilibre, et chemine en chantant.
La verdure a pris, durant la nuit, une vigueur nouvelle : le jour naissant qui l’éclaire les premiers rayons qui la dorent, la montrent couverte d’un brillant de rosée qui réfléchit à l’œil la lumière et les couleurs.
Je ne suis pas de ceux qui estiment que les larmes et la tristesse n’appartiennent qu’aux femmes, et que pour paraître homme de cœur on se doive contraindre à montrer toujours un visage tranquille.
Vers le soir, le vent du nord reprit son cours ; l’air perdit sa chaleur cuisante, les sables tombèrent du ciel et laissèrent voir les étoiles : inutiles flambeaux qui me montrèrent seulement l’immensité du désert. » 1.
Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter.
S’il eu montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir : il me tient trop tendu, la lecture de ses vers me devient une étude ; tant d’éclairs m’éblouissent : je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux. » (Lettre à l’Académie, V.) […] Un géomètre plus savant, nommé Kœnig, bibliothécaire de la princesse d’Orange à la Haye, lui fit apercevoir qu’il se trompait, et que Leibnitz, qui avait autrefois examiné cette vieille idée, en avait démontré la fausseté dans plusieurs de ses lettres, dont il lui montra des copies.
Montrez que la poésie s’attache au choix des pensées. […] Montrez 1° que la rime est défectueuse, lorsqu’elle a lieu entre un singulier et un pluriel ; 2° qu’un mot terminé par un s ne peut rimer avec celui qui finit par un r, un t, etc.
Ici, l’âme du poète doit être toute remplie de son objet, toute pénétrée des malheurs qu’elle veut déplorer, et se montrer tout entière. […] Les Italiens modernes se sont montrés moins graves : leur imagination singeresse et imitatrice , comme dit Montaigne, a voulu essayer de tout ; ils se sont exercés dans la poésie dithyrambique, et pensent y avoir excellé.
Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.
Après cette préparation générale, les préparations particulières coûtent peu ; au lieu que, quand on ne s’applique qu’à des actions détachées, on en est réduit à payer de phrases et d’antithèses ; on ne traite que des lieux communs ; on ne dit rien que de vague ; on coud des lambeaux qui ne sont point faits les uns pour les autres ; on ne montre point les vrais principes des choses ; on se borne à des raisons superficielles et souvent fausses ; on n’est pas capable de montrer l’étendue des vérités, parce que toutes les vérités générales ont un enchaînement nécessaire, et qu’il faut les connaître presque toutes pour en traiter solidement une en particulier. » Mais de toutes les études préliminaires de l’écrivain, la plus importante est celle de la philosophie et surtout de la logique, qui enseigne la nature, les lois et les formes du raisonnement.
Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous, Et vous avez montré par une heureuse audace Que le fils seul d’Achille a pu remplir sa place.
Ainsi, quand la Phèdre de Racine, poursuivie par les remords, fuit jusqu’au fond des enfers, et y trouve son père qui tient l’urne fatale et juge tous les pâles humains ; ainsi quand le Fabricius de Jean Jacques cherche vainement dans la Rome de marbre et d’or, esclave et énervée, ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ; ainsi quand tout à l’heure Massillon nous montrait, en frissonnant lui-même, le tableau terrible du jugement dernier.
La langue de Platon lui devint familière comme la sienne ; l’éloquence lui apprit à parler aux hommes ; l’histoire lui apprit à les juger ; l’étude des lois lui montra la base et le fondement des états : il parcourut toutes les législations, et compara ensemble les lois de tous les peuples.
Mais, d’autre part, je ne voudrais pas, avec Condillac et quelques autres rhéteurs, montrer au poëte une sévérité déplacée, et le traiter moins en poëte qu’en philosophe.
Tout ce qu’elle peut faire, c’est de montrer, par l’analyse des pensées où se rencontrent ces qualités, sous quelles formes elles se produisent.
« Le moment arrivait où ce mérite si modeste devait se développer aux yeux de l’Univers, et par tous les services qu’un sujet peut rendre à son roi, se montrer digne de tout ce qu’un roi peut faire pour son sujet.
Telle est cette petite narration de notre vieux Saint-Gelais : Un charlatan disait en plein marché Qu’il montrerait le diable à tout le monde.
Il sait combien la tête du requin ou du cachalot lui fournira de barriques d’huile ; son épingle déliée pique sur le carton des musées l’élégant papillon qu’il a saisi au vol sur le sommet du mont Blanc ou du Chimboraço1 ; il empaille le crocodile, il embaume le colibri ; à son ordre, le serpent à sonnettes vient mourir dans la liqueur conservatrice qui doit le montrer intact aux yeux d’une longue suite d’observateurs.
À son approche, le président de l’Académie se leva fort honnêtement et lui montra d’un air triste l’emblème fatal de son exclusion, souriant à cet aspect, le jeune Égyptien comprit aisément ce dont il était question, et ne se déconcerta point. […] Ces premières loges, où brillaient, la veille, les plus jolies femmes de Paris ; cet orchestre, ces balcons, où se montraient nos jeunes élégants ; ce parterre, où s’organisait une cabale, sont uniformément remplis, sans distinction d’âge, de sexe ni de rang, par la fruitière en battant-l’œil1, par le fort de la halle en chapeau gris, par le charbonnier et le perruquier, chacun dans son habit de poudre.
D’argent point de caché3 ; mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor. […] Elle est aussi vaniteuse que le corbeau lâchant son fromage pour montrer sa voix.