Né à Bourges, fils d’un avocat, tourmenté dès l’enfance par le désir de se consacrer à Dieu, il se déroba aux vœux de sa famille, qui le destinait à la robe, et se jeta dans le noviciat des Jésuites (1648) à l’âge de seize ans.
Cette confusion de sentiments divers qui se précipitent à la fois, ce désordre qu’ils jettent nécessairement dans les idées, comportent nécessairement aussi un désordre dans les mots, qui ajoute à l’effet du discours, mais que l’on ne peut qu’indiquer dans la traduction. […] Ce front terrible qui jette l’épouvante dans des armées entières ; ce front que les Romains eux-mêmes ne peuvent soutenir, tu en pourras braver l’aspect ?
C’est de la tête aux pieds un homme tout mystère, Qui vous jette en passant un coup d’œil égaré, Et, sans aucune affaire, est toujours affairé. […] Là, votre pruderie et vos éclats de zèle Ne furent pas cités comme un fort bon modèle ; Cette affectation d’un grave extérieur, Vos discours éternels de sagesse et d’honneur, Vos mines4 et vos cris aux ombres d’indécence Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence, Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous, Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous, Vos fréquentes leçons et vos aigres censures5 Sur des choses qui sont innocentes et pures, Tout cela, si je puis vous parler franchement, Madame, fut blâmé d’un commun sentiment.
« Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration.
Cependant tous les gens eurent le temps de se sauver, et onze chevaux s’étant jetés dans l’eau, malgré la rapidité du fleuve, gagnèrent tous les bords, à la faveur des feux qu’on y avait fait allumer aux endroits où ils pouvaient prendre port.
Sa jeunesse jeta des étincelles de son mérite.
L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie : l’autre jette d’abord une si vive lumière qu’elle n’ose l’attaquer. — Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire, comme un David, comme lui meurt dans son lit, en publiant les louanges de Dieu et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douleur de sa mort ».
Or, un joyeux bouvreuil, Son poitrail rouge au vent, son bec ouvert, et l’œil En feu, jetait au ciel sa chanson matinale4, Hélas !
Rousseau nous en donne un exemple brillant dans son discours sur l’influence des lettres et des arts : — « Aujourd’hui que des recherches plus subtiles et un goût plus fin ont réduit l’art de plaire en principes, il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule. » — Voilà l’idée générale.
Mais souvent dans ce style, un rimeur aux abois Jette là de dépit la flûte et le hautbois, Et follement pompeux dans sa verve indiscrète, Au milieu d’une églogue entonne la trompette. […] Sans mentir, l’avarice est une étrange rage, Dira cet autre fou, non moins privé de sens, Qui jette, furieux, son bien à tous venans, Et dont l’âme inquiète à soi-même importune, Se fait un embarras de sa bonne fortune. […] Voilà le précipice où l’ont enfin jeté, Les attraits enchanteurs de la prospérité. […] Tantôt, tout plein de l’objet qu’il se représente, il se jette, pour ainsi dire, brusquement au milieu de son sujet ; et dans un emportement soudain, il débute par de riches comparaisons et de brillantes images.
Jetez les yeux de toutes parts.
Qu’il n’aille pas se jeter brusquement avec ses passions vraies ou feintes à la traverse des esprits.
Son fils s’était jeté sur lui avec des sanglots. « Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer », s’écria Saint-Hilaire ; et montrant Turenne étendu : « Voilà ce qu’il faut pleurer éternellement, voilà ce qui est irréparable. » 1.
Grattez du peigne à la porte De la chambre du roi ; Ou si, comme je prévoi, La presse s’y trouve forte, Montrez de loin votre chapeau, Ou montez sur quelque chose Pour faire voir votre museau ; Et criez, sans aucune pause, D’un ton rien moins que naturel : « Monsieur l’huissier, pour le marquis un tel. » Jetez-vous dans la foule, et tranchez du notable ; Coudoyez un chacun, point du tout de quartier ; Pressez, poussez, faites le diable Pour vous mettre le premier.
Ce sont des aventures particulières qu’un des personnages raconte, et qui peuvent jeter quelque variété sur l’ensemble de l’ouvrage.
: [Avant que le sommeil te ferme la paupière], Sur les œuvres du jour jette un regard sévère ; ou la principale renfermant la subordonnée, qui alors s’appelle incidente, ex.
Le sujet doit d’abord occuper la pensée ; lorsqu’il est choisi, on en jette le plan et on le développe par la méditation. […] Il faut d’abord éviter le galimatias ; il se produit quand la perception intellectuelle n’a pas été parfaite, comme dans cette phrase : La naïveté est une grande ressemblance de l’imitation avec la chose ; c’est de l’eau prise dans le ruisseau et jetée sur la toile. […] — La troisième est la transition oratoire, que la pensée couvre, et qui ne se trahit que par un mot jeté comme au hasard et difficile à remarquer. […] C’est un vêtement de grand seigneur jeté sur un bon bourgeois. […] Elle participe par quelque côté à la nature des quatre genres d’éloquence ; mais ce qui la distingue d’un discours, c’est la brièveté : il ne lui est pas permis, en effet, de chercher de longs développements et de se jeter dans l’amplification des preuves.
On n’y voit que les malheureux que les tempêtes y ont jetés, et on n’y peut espérer de société que par les naufrages ; encore même, ceux qui venaient en ce lieu n’osaient me prendre pour me ramener ; ils craignaient la colère des dieux et celle des Grecs. […] Ce Gavius était un citoyen romain qui s’était échappé de la prison où le préteur l’avait fait jeter. […] « On peut même remarquer, dit à ce sujet d’Alembert33, que ce fut M. de Tourreil, écrivain d’ailleurs peu ascétique, qui réussit le plus heureusement dans cette paraphrase, et qui, comme le dit alors un écrivain satirique, enleva ce prix aux capucins. » On aurait tort, cependant, de vouloir, aujourd’hui, jeter du ridicule sur les matières édifiantes que l’Académie a si longtemps proposées à l’éloquence des jeunes littérateurs.
Si vous le saluez quelquefois, c’est le jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non ; et, pendant qu’il délibère, vous êtes déjà hors de portée. […] où aller, où me jeter, je ne dis pas pour trouver rien de meilleur, mais quelque chose qui en approche ?
Cominius dans un repas, il essaya de lui jeter à la tête la coupe qu’il tenait en main, et qu’il le fit ensuite enlever de la salle, garrotter et renfermer dans un cachot. […] vous ne l’avez pas jetée au fond de la mer, et vous n’avez pas purifié ce lieu avant d’entrer dans Rome et de vous présenter à cette assemblée ! […] Alors la multitude fut révoltée de voir les plus honnêtes gens et les plus estimés de leur ville jetés dans les prisons et dans les fers, tandis que Cléomène, parce qu’il participait aux crimes et à l’infamie du préteur, était son ami intime. […] Servilius, citoyen romain, ancien négociant dans la ville de Palerme, ait été jeté par terre devant votre tribunal, à vos pieds, à force de coups de verges ? […] Ces hommes riches et honorables déposeront que leurs associés et leurs affranchis ont été pillés, ruinés, jetés dans les fers, ou mis à mort dans la prison, ou frappés de la hache.
Les poëmes d’Ossian jetés en France à la fin du xviiie siècle, et qui plaisaient tant à Napoléon, exercèrent une fâcheuse influence sur la littérature.
Mais pauvre, et n’ayant rien pour payer mon passage, Ils m’ont, je ne sais où, jeté sur le rivage.
Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces pages ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres4.
La naïveté est une grande ressemblance de l’imitation avec la chose, c’est de l’eau prise dans le ruisseau et jetée sur la toile (Did.) […] Que l’on compare ce magnifique parterre à une prairie de mai liée de fleurs si l’on veut, mais où tout est jeté pêle-mêle, où l’on ne peut avancer sans une fatigue extrême, et l’on sentira combien il est important de bien distribuer ses ornements. […] Il est difficile de l’apercevoir ; souvent elle ne se trahit que par un mot jeté comme au hasard. […] En procédant ainsi par voie de raisonnement, l’on est sûr de rencontrer les sophismes ou arguments faux, malgré tout le coloris jeté habilement sur la pensée. […] C’est un vêtement de grand seigneur jeté sur un bon bourgeois.
Il est pourtant nécessaire, même dans ce genre, que les ornements soient dispensés avec un sorte de sobriété et de sagesse, et l’on doit surtout y jeter une grande variété. […] Il ne lui est pas permis en effet de chercher de longs développements, de se jeter dans l’amplification des preuves. […] Ainsi que nous l’avons dit, nous n’avons pas pour but, en consacrant un paragraphe au plaidoyer, de nous jeter dans l’étude des lois, des règlements de toutes sortes, et des arrêts de cour, qui constituent sa jurisprudence.
On croirait que, jaloux d’un repos que l’envie et la haine laissent rarement au talent, il a jeté comme une expiation de son génie, dans ses ouvrages les plus parfaits, des imperfections volontaires, ou qu’il a pensé vivre encore dans cet âge de goût et de raison où le plus judicieux des critiques écrivait : Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis Offendar maculis8. […] J’y ai jeté, autant que j’ai pu, la magnificence des mots ; et, à l’exemple des anciens poètes dithyrambiques, j’y ai employé les figures les plus audacieuses, jusqu’à y faire un astre de la plume blanche que le roi porte ordinairement à son chapeau, et qui est, en effet, comme une espèce de comète fatale à nos ennemis, qui se jugent perdus dès qu’ils l’aperçoivent.
Les premiers disent qu’elle dégrade l’action tragique, qu’elle y jette la fadeur et la langueur, que les Grecs et les Romains n’en ont point fait usage, qu’elle défigure et rabaisse les personnages historiques dont on emprunte les noms ; qu’enfin, peinte trop vivement, elle ne peut que corrompre l’esprit et amollir le cœur. […] Depuis, on a jeté des couplets dans toute la pièce, sans aucune nécessité, mais seulement parce que le chant fait plaisir aux spectateurs.
Je l’avoue ; mais un autre excès plus dangereux encore, c’est l’audace effrénée de la raison, cette curiosité inquiète et hardie, qui n’attend pas, comme la crédulité stupide, que l’erreur vienne la saisir ; mais qui s’empresse d’aller au-devant des périls ; qui se plaît à rassembler des nuages, à courir sur le bord des précipices, à se jeter dans les filets que la justice divine a tendus, pour ainsi dire, aux esprits téméraires : là, vient ordinairement se perdre l’esprit philosophique.
La méthode opposée jette indispensablement dans les lieux communs, et dans la nécessité de faire le discours pour l’exorde, au lieu d’adapter, comme on le doit, l’exorde lui-même au reste du discours.
Quand il entra dans la Franche-Comté2, il avait pris ses précautions si justes du côté de l’Allemagne, qu’en une province ouverte de toutes parts les ennemis ne purent, dans une occasion si pressante, se faire un passage pour y jeter le moindre secours.
Je suis comme cet ancien qui mourut accablé sous les fleurs qu’on lui jetait. » 1.
Le Galèse, aujourd’hui Cervero, se jette dans la mer, aux environs de Tarente.
Pour éviter la pauvreté, il se jetait dans le luxe.
Ses mémoires sur les grands jours d’Auvergne 1 sont une gazette où il jette des fleurs sur les récits les plus tragiques.
Pour commenter ces tristesses, rappelons ce passage de la lettre que madame de Staël adressait à l’empereur en lui offrant son livre De l’Allemagne : « La disgrâce de Votre Majesté jette sur les personnes qui en sont l’objet une telle défaveur en Europe, que je ne puis faire un pas sans en rencontrer les effets : les uns craignant de se compromettre en me voyant, les autres se croyant des Romains en triomphant de cette crainte, les plus simples rapports de la société deviennent des services qu’une âme fière ne peut supporter.
La seconde manière consiste à se jeter brusquement au milieu des événements pour faire dire ensuite à son héros ce qui a précédé l’événement par lequel le récit a été commencé. […] L’Énéide, commençant à la tempête qui jette Énée sur la côte d’Afrique, renferme, suivant le calcul le plus élevé, un an et quelques mois, tandis qu’il ne s’est pas écoulé moins de six ans de la ruine d’Ilion à la mort de Turnus.
Jeté en prison, Jacques Cœur réussit à s’échapper et mourut, après une carrière très-agitée, en 1461 : il a trouvé, de nos jours, plusieurs biographes.
Ils convinrent qu’il fallait déférer la couronne à celui qui était le plus juste, et ils jetèrent tous les yeux sur un vieillard vénérable par son âge et par une longue vertu.
L’âme mourante alors, flambeau sans nourriture, Jette par intervalle une lueur obscure.
« Tu ne peux point nier, puisque tu n’as pas craint de le dire publiquement, que tu n’aies fait planter l’instrument de son supplice dans cet endroit de la ville, qui est près du détroit, afin que celui qui se disait citoyen romain, pût du haut de cette croix jeter ses derniers regards sur l’Italie et sur sa propre maison. […] il met dans le sénat un pied téméraire ; il prend part aux délibérations de ce corps vénérable ; il jette sur chacun de nous des regards sanguinaires ; il marque de l’œil la place où il veut enfoncer le poignard ». […] Jetez les yeux de toutes parts ; voilà ce qu’ont pu faire la magnificence et la piété, pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de cc qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant : et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs, que celui à qui on les rend.
L’expérience le prouve tous les jours, et un coup d’œil rapidement jeté sur l’origine du style figuré, rendra cette vérité encore plus sensible. […] Valois se réveille, ses regards sont éblouis du jour importun : ils ne distinguent rien ; et bientôt fatigué de ce moment de réveil, le prince se jette dans les bras du sommeil, et se rendort.
Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. […] Boileau emploie une élégante périphrase pour dire qu’il a une perruque et cinquante-huit ans passés : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blancs déjà toute chenue, A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants, Onze lustres complets, surchargés de trois ans… Casimir Delavigne, voulant parler d’un fiacre, dit : Visitez donc les grands, durement cahoté Sur les nobles coussins d’un char numéroté !
Songez qu’une bouteille qui a été fêtée quand elle était pleine d’eau des Barbades, est jetée dans un coin dès qu’elle est cassée, et qu’elle reste en morceaux dans la poussière ; que voilà ce qui arrive à tous ceux qui n’ont songé qu’à être admis à quelques soupers ; que la fin d’une vieillesse inutile, infirme, est une chose bien pitoyable. […] Parlez-lui des simples vertus de nos aïeux, des désordres où nous ont jetés le luxe et le goût des frivolités, il vous dévisagera.
« C’est moi que j’étudie, disait Fontenelle, quand je veux connaître les autres. » Car c’est en nous surtout qu’il nous est pleinement loisible d’apprécier et de suivre la nature ; chez les autres, elle s’enveloppe souvent d’un voile que leur volonté jette autour d’elle, et dont il ne nous est pas toujours donné de la dégager.
Je réponds qu’il n’est pas rare qu’on délibère sur des intérêts actuels, et que, si le jugement porte toujours sur le passé, il en est fort souvent de même de l’éloge ou du blâme, qui ne sont en définitive qu’une espèce de jugement, sauf la sanction pénale ; d’où il suit aussi qu’il y a presque toujours du démonstratif, c’est-à-dire de l’éloge ou du blâme dans le judiciaire et même dans le délibératif ; que le délibératif, en traitant de l’honnête, peut par la même aborder le vrai et le juste aussi bien que le judiciaire ; que si le beau du démonstratif est purement artistique, c’est resserrer le genre dans des bornes trop étroites ; s’il est moral, il rentre dans le vrai, le juste et l’honnête des deux autres genres ; que, tandis que les deux premiers ont un double élément, d’une part, la destination des œuvres oratoires à telle ou telle tribune, de l’autre la nature des idées, le démonstratif n’a que ce dernier, ce qui jette une sorte de confusion dans la division ; que d’ailleurs si cette division pouvait paraître complète dans l’antiquité, elle ne l’est pas pour nous, car à quel genre rattacher l’éloquence de la chaire, qui n’a assurément rien de judiciaire, qui peut passer pour un mélange du délibératif et du démonstratif, sans être absolument ni l’un ni l’autre, et dont il serait peut-être mieux de faire un quatrième genre que l’on pourrait nommer protreptique ou hortatif ?
Or il suffit de jeter les yeux sur ces dernières pour voir qu’elles se rapprochent plus de Teniers lui-même que de Raphaël, par exemple.
À cet effet, on peut recourir : 1° à de courts épisodes, qui, loin de partager l’intérêt, puissent le fortifier ; quand le sujet est fort intéressant par lui-même, il serait mieux de négliger l’épisode ; 2° à quelques réflexions vives que l’on jette, comme en passant, dans le récit.
Péroraison de l’Éloge funèbre du Prince de Condé Jetez les yeux de toutes parts ; voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend.
Ainsi, la définition oratoire accumule les traits, les circonstances qui caractérisent la chose, et anime le tableau qu'elle en fait des couleurs les plus vives et les plus brillantes qu'offre le sujet ; et la définition poétique est plus brillante et plus variée encore ; elle jette ses couleurs dans le discours de manière que le mélange des ombres et de la lumière ajoute à leur éclat. […] Château-briand a dit : « Les anciens n'ont connu que l'éloquence politique et l'éloquence judiciaire : la morale, c'est-à-dire la science de tout pays, de tout gouvernement, n'a été éloquente qu'avec la loi évangélique : Démosthène combat un adversaire ou tâche de rallumer l'amour de la patrie chez un peuple dégénéré ; Cicéron défend un client ou dénonce un tyran cruel ; l'un et l'autre ne savent qu'exciter les passions, et fondent toutes leurs espérances de succès sur le trouble qu'ils jettent dans les cœurs. […] Mais quels que soient le génie et le savoir de celui qui jette à l'aventure des traits de lumière, quelque justes que soient les pensées, quelques beautés qu'offrent les détails, son ouvrage, dont l'esprit ne peut saisir l'ensemble, ne touche que faiblement.
C’est leur plus grand mérite ; c’est là proprement ce qui fait dire qu’elles éclairent le sujet, qu’elles y jettent du jour. […] Mais pour produire cet effet, il faut une main habile ; car le moindre défaut d’exactitude peut faire courir le risque de jeter de la confusion sur l’objet, au lieu d’y répandre le jour. […] Les transitions adroites et délicates consistent dans une pensée ou une réflexion qui, paraissant sortir comme d’elle-même du fond du sujet, a une liaison également sensible avec ce qui a été dit et avec ce que l’on va dire, ou qui, jetée d’avance et comme sans préméditation, prépare le lecteur et le fait passer doucement d’un objet à un autre.
Helvetii Cœsaris ad pedes sese projecerunt, les Helvétiens se jetèrent aux pieds de César. […] Ne le ferez-vous pas jeter dans les fers et condamner au dernier supplice ? […] Alors les ayant renversés et déchirés de coups, ils les jettent, morts la plupart, devant les retranchements ou dans le fleuve du Rhin.
Il sort de ses yeux mourans je ne sais quoi de sombre et de farouche qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse, du fond de sa tristesse, des paroles entrecoupées de sanglots, qu’on n’entend qu’à demi, et qu’on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées ; il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou l’espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment : il entre dans des saisissements ou l’on ignore si c’est le corps qui se dissout, ou l’âme qui sent l’approche de son juge : il soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs, ou le désespoir de quitter la vie.
Mais aujourd’hui que le salut de tous les citoyens et le sort de la republique dépendent de la conduite que vous tiendrez, vous êtes loin d’avoir achevé le grand édifice qui doit être votre ouvrage ; vous n’en avez pas même jeté les fondements.
Si vous introduisez dans ces sortes de dialogues des personnages historiques ou fictifs, conservez à chacun son caractère réel ou vraisemblable, ou du moins jetez dans leur langage la variété et les contrastes.
Ce qui le caractérise principalement, ce sont les pensées brillantes, les belles images, l’éclat des figures, l’agrément des digressions, la variété des tours, cette cadence nombreuse et périodique, cette harmonie de style qui charme l’oreille, et jette l’esprit dans une espèce d’enchantement.
Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et, tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés, et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés au groupe des mortels révérés : Que diraient-ils de nous 1 ?
Voilà le précipice où l’ont enfin jeté Les attraits enchanteurs de la prospérité. […] Déjà de tous côtés s’avançaient les approches : Ici courait Mimas ; là Typhon se battait, Et là suait Euryte à détacher les roches Qu’Encelade jetait.
Au sortir de leurs mains je suis passé par des lieux où il y avait une garnison espagnole, et là, sans doute, j’ai couru plus de dangers, on m’a interrogé : j’ai dit que jetais Savoyard ; et, pour passer pour cela ; j’ai parlé, le plus qu’il m’a été possible, comme M. de Vaugelas : sur mon mauvais accent, ils m’ont laissé passer. […] Ex. : Il jette ses regards et les nations sont dispersées.
Les fleuves asservis et les vallons comblés, La machine de Walt, en sifflant élancée, Du bruit de ses pistons frappant l’air agité, Volait, rasant le sol, par la vapeur poussée, Et défiant, dans sa rapidité, L’attelage divin par Homère chanté, Comme une comète enflammée Elle jetait aux aquilons, En épais et noirs tourbillons, Sa chevelure de fumée. […] Le causeur est l’homme qui sait lancer le volant, et qui sait le recevoir, qui jette et ramasse la balle à propos, qui ne la garde pas longtemps.
Avant de lire ce que d’autres ont écrit sur la matière qui vous occupe, méditez-la vous-même et jetez sur le papier toutes les idées qui naîtront en vous de cette méditation originelle.
Jeter des mots éblouissants et sonores sur des idées pauvres et stériles, ce n’est plus de la richesse, c’est une parure de faux brillants, c’est le clinquant des acteurs sur un théâtre.
« Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend.
On sait qu’un pupitre placé et déplacé, qui avait jeté la discorde dans un chapitre de Paris, celui de la Sainte-Chapelle si habilement restaurée aujourd’hui, fut le sujet du Lutrin de Boileau, sujet que le président F. de Lamoignon l’avait, dit-on, défie de traiter.
Ils jettent leurs drapeaux, ils courent, se renversent, Poussent des cris affreux, se heurtent, se dispersent : Les uns, sans résistance, à leur vainqueur offerts, Fléchissent les genoux et demandent des fers ; D’autres, d’un pas rapide évitant sa poursuite, Jusqu’aux rives de l’Eure emportés dans leur fuite, Dans les profondes eaux vont se précipiter Et courent au trépas qu’ils veulent éviter.
Lucien a fait aussi des dialogues pour censurer les vices des hommes, pour jeter du ridicule sur les faux dieux et sur les philosophes du paganisme.
À regarder ce genre trop en savant, on se jette, comme Lessing1, dans des subtilités.
« Heureusement pour vous et pour vos pareils, dans un de ces moments où Dieu parle au cœur des bons Rois, celui qui nous gouverne a jeté les yeux sur la pauvre noblesse de son Royaume.